• Aucun résultat trouvé

transport/territoire

II.1 Un ensemble de processus récents

II.1.1 La métropolisation, une concentration quantitative et qualitative

On peut considérer que la fin du XXe siècle a marqué un décalage entre deux générations. S‟il se manifeste le plus évidemment sous un versant culturel et social, il est aussi le fruit de changements profonds sur les plans économiques, institutionnels, technologiques, environnementaux et dans les rapports à l‟espace.

Aujourd‟hui plus vite qu‟avant, les mentalités, les modes de vie et les mécanismes qui les régulent ont évolué et, par agrégation, les structures autour desquelles les sociétés s‟organisent s‟en trouvent renouvelées. Ces « processus généraux techniques et économiques

qui transforment le monde » (Ferrier 2001), désignés par le terme de globalisation, ont bien

sûr un impact capital sur les territoires.

Considérant la territorialisation comme le processus selon lequel les individus et les sociétés « humanisent » l‟espace, et comprenant tous les procédés d‟appropriation, on peut définir la métropolisation comme une nouvelle étape de territorialisation de l‟espace géographique mondial. Ce caractère nouveau du phénomène relève d‟un discours désormais répandu.

Ainsi Jacques Lévy (Lévy 2003b) pense que se référer au terme métropolisation est encore malaisé car le modèle n‟est pas encore arrivé à maturité. Il sépare le processus de métropolisation de celui d‟urbanisation, comme l‟approche de la sociologie urbaine (Bassand, Kaufmann et Joye 2007).

J.-P. Ferrier va plus loin, il présente, dans une approche « topochronique » des processus de métropolisation (Ferrier 2000), une époque de “Modernité 3”, dont la métropolisation est le

63

processus spatial. Ainsi, il propose l‟époque de la métropolisation comme celle du post-urbain, entendant le métropolitain comme le nouveau qualificatif du territoire.

Figure II- 1 : Les trois modernités des rapports des sociétés à l’espace (Ferrier 2000)

La figure II-1 résume les idées de Ferrier. La Modernité 1 commence à l‟Antiquité grecque et est caractérisée par une géographie apportant une connaissance « objective » des territoires. Elle prend fin au début du XXe siècle quand lui succède la Modernité 2, identifiée par le développement de l‟analyse spatiale, soit l‟étude des processus qui transforment le territoire (territorialisation). La Modernité III, et l‟intérêt pour la territorialité, aspects subjectifs du territoire comme par exemple le paysage5, doivent attendre les années soixante-dix et la chute du fordisme pour apparaître.

La métropolisation est donc un phénomène récent et bouleversant les rapports de l‟Homme à l‟espace. Sa nature est moins aisée à définir. Jacques Lévy définit la métropole comme une « configuration qui rend possible l’accès à un niveau d’excellence à l’échelle mondiale » (Lévy 2003b). On perçoit ainsi le rôle de la ville, porte d‟accès vers l‟économie-monde. Les travaux de C. Lacour sur l‟intégration économique des espaces partagent cette opinion. Ainsi, la définition de la métropole du dictionnaire de la géographie et de l‟espace des sociétés comme un « espace urbain, qui, tout en permettant la participation des acteurs aux processus

d’échelle mondiale, reste une société locale » insiste sur ce point, tout comme les écrits

d‟Ascher (Ascher 2003) ou beaucoup d‟autres.

D‟un point de vue étymologique, le terme de métropole provient d‟une racine gréco-latine,

metropolis, signifiant une forme urbaine de grande taille issue d‟un noyau initial, le meter (la

mère). Le vocable métropolisation, au contraire, est très récent. Son sens a quelque peu évolué avec le temps, car son importance grandissante dans le monde changeant a nécessité des réajustements, afin de lui donner la signification la plus précise et complète possible.

Les premières recherches sur les « grandes villes » manifestant les premiers intérêts pour ces ensembles géographiques, datent de plus d‟un siècle et concernent les chercheurs étasuniens, comme le montre Guy Di Méo (Di Méo 1993). On citera en particulier Vaughan 1892 sur les capitales du monde et Booth 1903 sur Londres. Mais, toujours selon Di Méo, il faut attendre les années 1960 pour que l‟engouement pour les villes de grande taille se matérialise par des monographies spécifiques : Gottmann 1961 sur la Megalopolis est-américaine puis Dalmasso 1971 sur Milan et Ferras 1977 sur Barcelone. Cependant c‟est essentiellement dans les années

5 Le paysage est défini comme l’ « agencement matériel d’espace naturel et social tel qu’il est appréhendé visuellement, de manière horizontale ou oblique, par un observateur » (Tissier 2003).

64

quatre-vingts, puis quatre-vingt-dix, en réponse aux mutations économiques et sociales, que les géographes ont perçu la nécessité du concept de métropole et surtout de métropolisation (Gottmann et Harper 1990).

Le terme métropole a donc été entendu dans un premier temps comme désignant une grande ville, soulevant alors des interrogations pour en déterminer le seuil démographique. Gilles Antier propose d‟ailleurs un classement cohérent, basé sur les définitions de l‟ONU (Antier 2005), figuré sur le tableau 1.

Grande Ville Métropole Grande Métropole Mégapole

200 000 habitant 1 million d‟habitants 2 millions hab 10 millions hab

Tableau 1 : Le classement démographique des villes (inspiré d’Antier 2005)

L‟auteur insiste sur le fait que ces chiffres ne sont pas déterminants en tant que valeurs brutes et que des phénomènes émergents se mêlent au simple décompte mathématique. En effet, Antier affirme qu‟un projet de quartier, même bien mené, ne peut être répété à l‟infini dans une métropole : l‟aménagement des territoires métropolitains ne peut être la somme des aménagements de ses quartiers (Antier 2005). Une métropole d‟un million d‟habitants ne se gère pas comme 10 villes de 100 000 habitants. C‟est une approche de la complexité métropolitaine qui indique que la métropole ne peut uniquement se définir par un critère de taille.

Ce phénomène suppose donc que certaines villes acquièrent un poids, une position dominante, une dimension qui les distinguerait irrémédiablement des autres. Nous pouvons citer à cet effet la définition de Marcel Roncayolo « une très grande ville, qui s’exprime par la taille de

sa population et celle de l’agglomération qu’elle anime, par son poids économique, politique, social et culturel ainsi que par son pouvoir d’attraction et de diffusion ». Les premières

explications de ce phénomène se sont concentrées sur les transformations économiques, et en particulier la tendance à la concentration.

Un moteur économique

Le principal processus déclencheur de la globalisation est en effet précisément la naissance d‟une économie mondiale par l‟intermédiaire de l‟ouverture des marchés. Les firmes sont ainsi devenues multinationales. La nécessité de combattre à l‟échelon mondial et donc de contrôler les gros marchés a poussé les grandes entreprises à s‟internationaliser et ainsi fixer leurs sièges sociaux dans des villes possédant un marché important et un accès aux réseaux internationaux. La nouvelle division spatiale du travail, caractérisée par la recherche de la flexibilité et les fonctionnements par groupes, donnant naissance aux holdings, corporations, fédérations et autres a participé pleinement du processus. D‟autre part les entreprises externalisent une partie de plus en plus importante de leurs activités et la concurrence entraîne davantage qu‟avant la différenciation. La spécialisation est donc remplacée par les grandes

65

métropoles offrant un ensemble de fonctions d‟un niveau hiérarchique élevé. Le reste du territoire doit donc s‟organiser autour de ce pôle dominant.6

La globalisation de l‟économie est également caractérisée par une accélération des rythmes et une course effrénée à la compétitivité. Dans ce contexte d‟ « économie de l‟incertitude », la position des firmes dans la métropole leur assure une sécurité contre les imprévus. Accès aux réseaux internationaux, à l‟information, à l‟innovation mais aussi donnant des possibilités en terme de publicité, les métropoles concentrent donc les unités de production les plus importantes et deviennent le théâtre de l‟économie contemporaine. Pour François Ascher (Ascher 2003), “l’accumulation du capital (…) rend nécessaire et possible des regroupements

urbains de plus en plus importants.” Les entreprises trouvent donc dans l‟espace

métropolitain les sous-traitants, les organismes de services et la diversité de l‟offre de travail (en particulier la main d‟œuvre hautement qualifiée) qui leur assurent la meilleure localisation possible.

Paul Claval, (Claval 1976) voit également dans le phénomène de métropolisation une maximisation des contacts pour avoir des rapports directs et fréquents, ce qui est devenu nécessaire chez les directeurs de firme, en raison de l‟avènement de l‟économie en réseau (réseaux de sous-traitance, réseaux techniques d‟innovation etc.).

Fernand Braudel synthétise cette idée en affirmant que la dynamique de capitalisme repose sur le contrôle des échanges « stratégiques » en vue de générer le maximum de profits financiers, et que ce besoin de contrôle conduit irrémédiablement à la concentration (Braudel 1985).

La nouvelle organisation économique mondiale revient à comprendre la métropolisation comme un processus de concentration. Celui-ci a fait l‟objet d‟explications théoriques dans les sciences économiques. Ainsi les économistes spatiaux, menés dans les années quatre-vingt-dix par Paul Krugman, ont insisté sur l‟importance des rendements croissants et des effets de centralité (Krugman 2000). La densité réduit les coûts, en raison de la baisse du coût de transport en particulier, ce qui augmente le rendement.

Un ensemble d‟externalités positives va naître de la présence d‟équipements bénéficiant à toute activité économique, de structures informelles favorisant le face à face et l‟interaction spontanée, de la proximité entre centre de recherches, unités de production et main-d‟œuvre qualifiée pour favoriser l‟économie de l‟innovation et donc fortement inciter les firmes à se concentrer (Jourdan 2005, Parr 2003). La logique étant cumulative, une poche de concentration va attirer d‟autant plus les agents économiques, provoquant un effet d‟entraînement similaire aux mécanismes spéculatifs, sans fin tant que les rendements sont croissants. Comme l‟écrit Gabriel Jourdan, « la concentration appelle la concentration » (Jourdan 2005).

6 Notons que la métropolisation a engendré une forme différente de spécialisation, notamment par la création de technopoles sur le modèle de la Silicon Valley (comme Sophia-Antipolis), associant recherche et industrie de haute technologie ou encore par les clusters, regroupements d’activités spécifiques nécessitant une mutualisation des moyens (citons l’exemple des districts italiens dans la région romagnole autour de Bologne).

66

Une tendance lourde à la concentration

La métropolisation a donc pour origine des mutations économiques. La géographie des territoires va s‟en trouver modifiée. La concentration des agents économiques crée la métropole par sédimentation des vagues de population et croissance démographique.

Figure II- 2 : Les agglomérations européennes (FNAU 2006)

Par le même effet d‟entraînement décrit précédemment, la concentration des emplois et de la population va s‟accompagner de la concentration des activités, du capital, des richesses et des services.

La croissance démographique s‟accompagne d‟une extension spatiale des grandes villes qui peut s‟appréhender par l‟évolution de l‟artificialisation des sols, de la construction de logements ou par l‟apparition des aires urbaines. Ainsi, en 1999, 45 millions de personnes vivaient dans une aire urbaine (contre 41 millions en 1990) et la France métropolitaine

67

comptait 354 aires urbaines regroupant 77 % de la population (contre 361 aires urbaines rassemblant 73 % de la population en 1990). Le concept d‟aire urbaine, produit par l‟INSEE pour répondre aux dynamiques métropolitaines, est défini par la part de population communale résidente travaillant dans un bassin d‟emploi défini comme ville-centre d‟au moins 200 000 habitants. Il correspond à l‟idée d‟un territoire fonctionnel métropolitain, en constante croissance. Les géographes vont plus loin que l‟INSEE en proposant la « région

urbaine » ou l‟ « aire métropolisée » comme un territoire fonctionnel entre villes à une

échelle extrarégionale (Ascher 1995). Aux Etats-Unis, les bureaux de recnesement reconaissent des aires métropolitaines statistiques. C‟est aussi de ce pays que viennent les acceptions politiques des entités métropolitaines.

68

Figure II- 4 : L’extension spatio-fonctionnelle des aires urbaines (FNAU 2006)

Cette extension spatiale traduit une extension du territoire fonctionnel prenant appui sur des lignes de force qui parcourent des réseaux et élargit le territoire des groupes sociaux.

La définition de F. Ascher (voir précédemment) affirme que la métropole “reste une société

locale”, inscrivant ainsi dans l‟espace-temps du quotidien des populations les phénomènes

globaux.

J. Lévy (Lévy 1999) qualifie le système métropolisé de dense, divers et étendu. Pour P.-H. Derycke (Derycke 1997), la métropolisation se manifeste par l‟intégration physique et fonctionnelle d‟un grand nombre de communes.

L‟intégration régionale des espaces passe pour C. Lacour et F. Célimène (Lacour et Célimène 1997) par une intégration physique, par l‟automobile bien souvent, ou encore par absorption, ou fusion, de communes souvent rurales, dans des aires d‟attraction métropolitaines, bassins d‟emploi ou de loisirs.

Le système métropolisé est donc formé d‟éléments divers, ce qui signifie qu‟il contient des portions d‟espaces où la densité du bâti n‟est pas forcément discriminante. J. Beauchard, sous le nom de ville-pays, évoque ce territoire métropolisé composé d‟une agglomération et de son arrière-pays rural. Proposant une logique plus culturelle que fonctionnelle, il affirme la nécessité de créer une identité collective par l‟aménagement et par l‟hétérogénéité pour que l‟ « économie patrimoniale s’ouvre à l’économie monde ». C‟est également la vision que partagent C. Lacour et S. Puissant (Lacour et Puissant 1999), à savoir une conception naturaliste du développement, par l‟intégration et non la ségrégation. Les auteurs insistent également sur le fait qu‟une métropole peut à la fois être très efficace et attractive et posséder des espaces marginalisés et fragiles.

La lecture de cette littérature francophone renseigne aussi sur le territoire métropolitain, espace physiquement et fonctionnellement étendu qui se manifeste par une cohérence des considérations. Gilles Antier pense à ce sujet que la métropolisation doit plutôt être définie

69

comme une mise en commun de problèmes (Antier 2005). L‟entité formée par les groupes sociaux soumis à la résolution de ces problèmes est caractérisée par un sentiment d‟appartenance commune qui cimente le territoire métropolitain. Ce territoire est ainsi plus vaste que la métropole au sens strict. Signalons ici que le concept d‟« aire métropolitaine » (metropolitan area) est d‟abord de nature statistique et politique et a été institutionnellement créé en 1950 par le Bureau of Budget des Etats-Unis d‟Amérique. Leur définition était très proche de celle de l‟aire urbaine française développée par l‟INSEE.

Comme introduit précédemment, la métropolisation ne saurait cependant être réduite à un caractère quantitatif en terme de volume ou d‟extension spatiale. Elle présente un réel versant qualitatif : l‟économie s‟étant rebâtie autour de fonctions tertiaires et d‟industrie de pointe, les métropoles, lieux de richesse, d‟innovation et de contrôle, vont accueillir des fonctions supérieures, dites métropolitaines. Ainsi les sièges sociaux, les activités financières et bancaires à haute valeur ajoutée et en général les activités décisionnelles et de contrôle économique (bourses) ou politique (Cour de justice européenne, cours des Comptes européenne…) se concentrent essentiellement dans les métropoles, ou « villes globales » (Sassen 1996). Le caractère discriminant de la métropolisation étant également l‟ouverture qu‟elle procure sur l‟économie-monde, les fonctions présentes ont vocation au statut international. Les grands évènements culturels (foires internationales, festivals internationaux, congrès internationaux etc.), les grands équipements comme les aéroports, grands stades, monuments exceptionnels ou encore musées (le « Metropolitan museum » de New York porte d‟ailleurs bien son nom) ou encore les fonctions d‟échanges d‟ampleur internationale se concentrent donc dans des espaces métropolitains.

En outre, la notion de contrôle, d‟abord économique puis politique, tient aussi une place prépondérante dans le processus de métropolisation. En effet, la définition des métropoles de Baud, Bourgeat et Bras (Baud, Bourgeat et Bras 2003) « lieux de commandement de vastes

espaces » insiste fortement sur la notion de commandement, de pouvoir. On peut d‟ailleurs

remarquer que le mot métropole, dans son sens historique (la métropole par opposition à ses colonies), contient les notions de domination, de contrôle et également de pouvoir. D‟ailleurs, ce sens ancien a donné son nom à la « France métropolitaine », qui ne saurait donc être utilisé pour décrire la population ou l‟espace français des métropoles. Nous pouvons en outre ranger dans cette catégorie le pouvoir d‟information, capital au sein de cette « nouvelle économie de

l’information et de la connaissance » (FNAU 2006).

Cette concentration de fonctions de haut niveau étant nécessairement corrélée avec la distribution de la main-d‟œuvre qualifiée, un bon indicateur statistique de cette concentration sont les Emplois Métropolitains Supérieurs. Les EMS, créés par l‟INSEE, représentent les emplois de cadres et d‟ingénieurs dans des fonctions de direction et d‟encadrement, représentant 11 secteurs d‟activités (l‟art, la banque-assurance, le commerce, le commerce pour l‟industrie, la gestion pour l‟industrie, l‟information, l‟informatique pour l‟industrie, la recherche, les services aux entreprises, les télécommunications, les transports).

70

La part d‟EMS dans l‟emploi total français est passée de 7.1% en 1990 à 7.9 % en 1999. De plus, leur distribution est sans équivoque : 45% du total national sont localisés à Paris.

L‟accumulation de ces fonctions donne à réfléchir sur la métropolisation. En effet, jusqu‟ici elle a été considérée comme un processus géographique endogène. L‟accès à l‟économie- monde, la croissance économique, la présence de fonctions de commandement et de décisions laissent à penser que la métropolisation est aussi un objectif de développement. Ainsi, « si la

métropolisation ne se décrète pas, elle peut être stimulée par des politiques d’aménagement du territoire » (Jourdan 2005).

On considère donc aussi la métropolisation comme un ensemble de stratégies mobilisant les acteurs publics et privés. De nombreux auteurs ont d‟ailleurs encouragé un processus approchant une « gouvernance métropolitaine » (Goze 1998), capable de donner une conscience des intérêts collectifs aux différents acteurs de l‟aménagement du territoire, et également d‟arbitrer les conflits naissant entre ceux-ci (Bury 2001).

Des efforts ont en conséquence été faits par les pouvoirs publics pour apporter une cohérence institutionnelle aux territoires métropolitains, par l‟intermédiaire de la création d‟espaces de projet.

D‟une manière législative, ces actions se sont matérialisées par trois lois :

- la loi d‟orientation pour l‟aménagement et le développement durable du territoire (Voynet) du 25 juin 1999 ;

71

- la loi relative au fonctionnement et à la simplification administrative (Chevènement) du12 juillet 1999

- la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (SRU) du 13 décembre 2000.

La transversalité des politiques, en particulier la nécessité de confronter les choix d‟aménagement locaux aux intérêts globaux en était le principal objectif. Les différentes collectivités territoriales sont donc appelées à coopérer autour de projets communs. Ces projets métropolitains fédèrent les acteurs qui coopèrent selon leurs compétences, qu‟elles soient financières, organisationnelles ou autres.

Les processus de gestion et d‟établissement de projets politiques communs figurant comme gouvernance métropolitaine aboutissent donc à des structures souples, notamment composées de partenariats ou de « conférences » (FNAU 2006). Les illustrations de ces organisations sur le territoire français sont les appels à coopération métropolitaine lancés par la DIACT en 2004 qui se matérialisent par les projets de coopération métropolitains.

72

Si l‟objectif annoncé est de mobiliser différents acteurs locaux (entreprises, chambres consulaires, universités et recherche, milieux culturels, médias, en particulier à travers les conseils de développement) en prônant une forte coopération entre eux, la démarche relève surtout d‟une logique nationale de mise en compétition des territoires. Parallèlement à l‟émergence des « pôles de compétitivité économique » dans les appels à projets de la DATAR, cette politique est en effet fortement marquée par la volonté de compétitivité économique, suivant les directives européennes de la stratégie de Lisbonne, fondée sur l‟économie de la connaissance. Interviennent ici alors deux notions fortes de la métropolisation, celle de stratégie et celle de rayonnement.

Effectivement, dans ce contexte de concurrence accrue due à la libéralisation des échanges et à l‟ouverture des marchés, les espaces métropolitains se doivent d‟améliorer leurs performances économiques. Les pouvoirs politiques élaborent ainsi des stratégies de développement. La concurrence se manifeste principalement par la course aux capitaux, autant dire la course aux fonctions métropolitaines, comme nous l‟avons vu plus haut. Va alors se développer de la part des acteurs institutionnels des politiques de « marketing

urbain », qui prennent la forme de procédés publicitaires d‟attraction des richesses,

populations aisées ou entreprises performantes. Le rayonnement d‟une métropole définit ainsi sa « zone de chalandise », dans laquelle elle exerce son influence et surtout son pouvoir d‟attraction.

Les stratégies métropolitaines font ainsi partie intégrante du processus de métropolisation.

Les évolutions récentes de l‟économie mondiale ont donc un impact prépondérant sur l‟espace, traduit par les processus de concentration et de stratégie métropolitaine. Gilles