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Méthodologie pour la recherche : l’enquête de terrain

4.2. La collecte des données

4.2.1 Les publics et les activités observés

Sur le terrain principal, nous avons observé l’ensemble des acteurs impliqués dans l’expérimentation :

18 Les mêmes tendances et répartitions de l’activité de terrain sont observées par la suite, cf l’analyse succinctement développée dans le paragraphe suivant.

19 Bien que l’expérimentation soit terminée, comme nous l’avons expliqué plus haut, les tablettes ont été laissées à disposition des collèges ayant participé à l’expérimentation.

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- les élèves des deux classes de 6ème équipées de tablettes en mode individuel à partir de septembre 2013 et ceux des deux classes de 5ème et de 4ème entrant dans le projet à partir de janvier 2014. Au début de la recherche, nous prévoyons majoritairement d’observer la cinquantaine d’élèves équipés de 6ème. Puisqu’ils sont les premiers à entrer dans l’expérimentation et sont a

priori le public qui sera le plus longtemps mobilisé, c’est sur eux que nous

concentrons tout d’abord notre attention20. D’autre part, toutes les classes de 6ème ont une heure hebdomadaire de cours d’éducation aux médias et à l’information avec le professeur documentaliste. Cette situation multiplie les occasions d’observation et participe également à ce choix d’observation privilégiée21 ;

- les élèves des classes non équipées de tablettes - pour comparaison - et si possible, pour faciliter l’observation comparée, nous projetons plus particulièrement l’observation d’une classe de 6ème non équipée, pendant le cours d’éducation aux médias et à l’information22 ;

- les enseignants de discipline exerçant dans les classes équipées de tablettes, y compris les enseignants dont la discipline d’enseignement ne fait pas partie du projet ;

- les enseignants de discipline n’exerçant pas dans les classes équipées ; - le professeur documentaliste, dans son activité d’enseignant avec les deux

classes de 6ème équipées et les autres classes de 6ème non équipées, durant les cours d’éducation aux médias et à l’information. Son activité spécifique de coordonnateur TIC et de référent TED est également observée ;

- les autres adultes de l’établissement, non enseignants mais engagés dans l’expérimentation.

20 Dans le déroulé expérimental prévisionnel, les élèves des classes équipées durant l’année de 6ème

doivent rester ensemble et rester équipés pendant tout le temps de l’expérimentation. Comme le mode d’équipement du collège évolue en cours d’expérimentation, le suivi des élèves d’une même classe ne sera pas possible. Nous revenons sur ce point à la fin du chapitre.

21 Nous rappelons qu’en début d’enquête notre projet porte prioritairement sur l’activité instrumentée dans le contexte d’enseignement de l’éducation aux médias et à l’information (EMI).

22 Quand, plus tard dans le projet, les classes sont toutes équipées en mode collectif, nous maintenons notre observation prioritaire des élèves de 6ème car c’est le public auquel nous avons le plus facilement accès du fait des heures d’EMI inscrites dans leur emploi du temps et de la collaboration spécifique du professeur documentaliste.

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Nous avons estimé qu’il est important d’observer les activités et le contexte dans lequel elles se déroulent. Par contexte, nous entendons majoritairement le temps et le lieu de l’activité, de même que nous tenons compte d’une variable contrainte ou liberté de l’activité.Cette attention à l’observation des temps et des lieux et plus largement aux conditions dans lesquelles se déroule l’activité est l’une des « ficelles du métier » soulignée par Howard Becker (2002) : « tout se passe dans un lieu et à un moment

précis. ».

Sur le terrain principal, les activités choisies pour l’observation sont :

- l’activité instrumentée des enseignants et des élèves, avec une priorité prévisionnelle accordée à l’observation de l’activité instrumentée avec tablette mais l’observation de l’activité avec les ordinateurs est également prévue ; la comparaison d’une même activité conduite avec des outils différents est plus particulièrement attendue afin d’évaluer l’impact de l’équipement sur l’activité des publics et de comprendre comment s’effectuent les choix (des élèves et des enseignants) d’utiliser tel ou tel équipement (tablette ou ordinateur) pour telle ou telle activité ;

- l’activité non instrumentée des enseignants et des élèves et si possible, nous projetions de comprendre ce qui préside au choix d’utiliser ou non la technologie, ce qui conditionne le fait d’utiliser ou non la technologie (ou y participe) ; selon ce même objectif de mesurer la plus-value ou moins-value des instruments selon les types d’activités, nous avions aussi pour intention d’observer une même activité conduite avec ou sans technologie.

Pour les contextes, temps, lieux et conditions de l’activité, nous avons pris en compte :

- les temps scolaires : temps de cours en classe avec un enseignant ou bien temps scolaire hors temps de cours, ce qui correspond au temps libre passé au collège, durant la journée scolaire et sous la responsabilité d’un adulte, enseignant ou non ;

- les temps non scolaires. Au début de l’enquête, les élèves sont équipés en mode individuel et les tablettes circulent de l’école au domicile, ce qui justifie notre intérêt pour les temps hors école. Par la suite, les élèves sont

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équipés en mode collectif et ne rapportent plus les tablettes chez eux mais nous avons continué à nous intéresser aux temps instrumentés hors école, notamment afin d’évaluer l’effet de l’équipement personnel sur les pratiques scolaires instrumentées23 ;

- les espaces dans lesquels se déroule l’activité observée : salle de cours de l’enseignant, CDI, salle des professeurs, salle informatique, autres lieux dans l’établissement, par exemple salle de restauration ou bureaux administratifs ;

- les conditions de contrainte ou de liberté. Nous nous attachons à observer et à intégrer dans notre analyse si l’activité des publics, qu’elle soit instrumentée ou non, est plus ou moins contrainte ou imposée, par le programme de cours, le projet expérimental ou le projet d’un acteur. Durant l’observation, ou après celle-ci, lors du traitement des données, nous cherchons à savoir si l’activité est décidée et conduite de manière non prescrite et si cette condition a un effet sur la manière dont les acteurs utilisent l’objet.

Ces données ont été recueillies par observation directe du public élève et complétées au moyen du logiciel libre CDIStat, installé sur l’un des ordinateurs du CDI. A leur arrivée au CDI, les élèves s’inscrivent et choisissent parmi une liste fermée de propositions, l’activité qu’ils prévoient d’avoir durant ce temps passé au CDI, de manière libre et autonome24.

Conformément à notre choix méthodologique initial de type ethnographique, nous avons cherché à multiplier les angles de vue et les sources de données, ce qui nous a conduite à recueillir d’autres données sur d’autres terrains d’enquête25. Les observations conduites sur les terrains secondaires s’effectuent de manière irrégulière, en fonction des opportunités saisies ou créées au cours du temps long de la recherche. Du fait de la diversité des terrains et du mode de recueil ponctuel et discontinu, ces

23 Nous nous référons ici aux travaux de Cédric Fluckiger et plus particulièrement à son travail de thèse : L’appropriation des TIC par les collégiens dans les sphères familiales et scolaires, ENS Cachan, 2007.

24 Une présentation plus complète du logiciel et un traitement des données recueillies par CDIStat sont proposés dans les chapitres suivants (chapitres 5 et 7).

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données se caractérisent par leur variété et leur unicité. Malgré leur caractère unique et varié, nous avons toujours recherché d’éventuels points communs, qui pourraient permettre une comparaison avec les données du terrain principal. Ces autres données ont donc été construites comme données secondaires dont la fonction principale est de compléter le terrain principal et de l’informer, au sens propre de mettre en forme et structurer.

L’ensemble des données recueillies sur les différents terrains est noté au moyen d’un journal de recherche (Coulon, 1997) ouvert dès le début de l’enquête, en juillet 2013 et tenu jusque fin 2016. Ce journal de recherche se compose de trois grands carnets, paginés et numérotés et d’un journal récapitulatif et synthétique des données recueillies, nommé « journal de synthèse » dans lequel apparaissent seulement les éléments estimés les plus saillants26. Durant la relecture, synthétisation et organisation de toutes les données, en même temps que l’élaboration du journal de synthèse, nous avons constitué plusieurs tableaux récapitulatifs (voir Annexes 4 et 5).

La rédaction des différentes synthèses a été réalisée en vue d’établir la typologie des observations faites et le décompte de chacun des types d’observation différents, car, comme le souligne Henri Peretz : « l’observation n’est donc pas simplement une

démarche qualitative au sens où elle ignorerait le comptage des personnes, des actes, des paroles ou des objets constituant les éléments du milieu étudié. » (Peretz, 2004).

Ainsi, au moment de l’analyse et de la synthétisation de toutes les notes d’observation ou de propos en situation, pour en faciliter le décompte et l’exploitation, nous les avons regroupés et classés. Nous avons effectué un codage, opération qui consiste selon Peretz en « l’inventaire exhaustif des données recueillies, leur examen systématique, leur

interprétation au moyen de catégories générales, leur classement, leur insertion dans le compte-rendu et la réflexion sur leur pertinence » (Peretz, op. cit.). Ce travail de

codification des données se rapporte dans notre travail aux méthodes d’observation mises en œuvre (voir Annexe 3).

26 Nous appelons ce journal de recherche « Journal de terrain », numéroté en JT1, JT2, JT3 (Journal de terrain n°1, n°2, n°3) ; le journal de synthèse est également paginé et apparaît dans nos notes de travail et dans les tableaux récapitulatifs sous l’abréviation JS.

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