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Avant d’étudier les représentations et les pratiques en la matière, la démographie nous apprend qu’il naît, aujourd’hui comme hier, plus de garçons que de filles174. En effet, on compte environ 105 garçons pour 100 filles, soit 51,2 % de garçons, avec une tendance minime à la baisse de ce ratio tout au long du XIXème siècle. Si les raisons qui expliquent ce mécanisme restent obscures, ce déséquilibre a été repéré dès l’époque moderne et il incite les individus à agir pour favoriser le sexe masculin.

La « rage de faire des mâles »175

Aux siècles passés, avoir un garçon est le souhait de quasiment tous les parents. Venette note qu’« il s’est vu des hommes qui n’ont rien épargné pour avoir des successeurs, principalement du sexe le plus noble »176. Cette préférence pour les garçons s’explique par la différence des rôles féminins et masculins dans la société d’autrefois et par la transmission familiale patrilinéaire. Dans un monde où les hommes ont le premier rôle, il paraît indispensable aux parents d’avoir un héritier perpétuant le nom, la fierté de la race et à qui on transmettra le patrimoine familial. Avoir un garçon c’est aussi avoir le plaisir de mettre au monde le sexe paré des plus grandes vertus : « Les parents qui souhaitent connaître la joie d’avoir des enfants pleins de bon sens et aptes aux études de lettres et de sciences doivent faire en sorte que ce soient des garçons »177. La naissance d’une fille présente au contraire de multiples inconvénients, comme toute une littérature misogyne se plaît à le rappeler aux XVIIème et XVIIIème siècles. Pour Jacques Ollivier, auteur de l’Alphabet de l’imperfection et malice des

femmes178 :

Pour trois ou quatre belles raisons, les pères et les mères regrettaient anciennement la naissance des filles.

La première est que si elles sont belles et agréables, il faut trop de soin et de vigilance pour les garder.

La seconde parce qu’étant laides, difformes et contrefaites, il faut trop de moyens et de richesse pour les avancer au mariage.

La troisième, pour ce qu’étant inhabiles aux sciences et arts mécaniques, elles ne peuvent pas faire profit aux maisons et Républiques (…).

La quatrième est la vanité naturelle et coutumière des femmes179.

Si le trait est forcé et le propos volontairement provocateur, le texte met en évidence les points négatifs d’une descendance féminine. Outre les frustrations parentales liées à « l’inutilité sociale » d’une fille, il faut bien la marier et la doter, etc. Nombre de proverbes populaires illustrent d’ailleurs la faible valeur attribuée à la naissance d’une fille ; « Poundio par faire meis » : elle ne pouvait pas faire moins, dit-on d’une mère qui accouche d’une fille en Languedoc180.

Dans les écrits privés, les hommes expriment sans détour leur espoir d’avoir un garçon. Mme du Châtelet confie ainsi à son amant que « M. du Châtelet (…) me mande qu’il espère que je lui ferai un garçon »181. Certains conjoints n’envisagent même pas que l’enfant à venir puisse être d’un autre

174 La question fait cependant débat che certains chercheurs qui pensent que loin d’être un fait naturel, ce ratio pourrait être le produit d’une intervention sociale ; voir Brian (Eric), Jaison (Marie), Le sexisme de la première

heure : hasard et sociologie, Paris, Raisons d’agir, 2007 ; François Héran, « Les raisons du sex-ratio », dans : La Revue Internationale des Livres et des Idées, 07/04/2008, url: http://www.revuedeslivres.net/articles.php?idArt=116

175 L’expression est de Pierre Darmon ; Darmon (Pierre), Le mythe de la procréation…, op. cit., p. 149.

176 Venette (Nicolas), La Génération de l’homme…, op. cit., 1685, p. 336.

177 Huarte de San Juan (Jean), Examen des esprits..., op. cit., 1575 ; voir Fischer (Jean-Louis), « Le choix du sexe, le choix d’une histoire », dans Dasen (Véronique) dir., L’embryon humain à travers l’histoire. Images,

savoirs et rites, Paris, Infolio, 2007, pp. 239-255.

178 Olivier (Jacques), Alphabet de l’imperfection et malice des femmes, Rouen, 1623, éd. 1630, pp. 1 et sq. ; voir Darmon (Pierre), Le mythe de la procréation…, op. cit., p. 150.

179 Ibid., p. 262.

180 Laget (Mireille), Naissance et conscience de la vie…, op. cit., p. 285.

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sexe ; ils évoquent déjà explicitement pendant toute la grossesse leur « fils », parfois en le désignant par son prénom. C’est le cas des époux Roland ou Bombelles qui parlent systématiquement de leur premier enfant à venir au masculin, tout comme Balzac ou Michelet. Il n’est question que du « poupon », du « petit », du « fils ». Hoche indique également en 1795 que sa femme lui donnera « certainement » un fils, qui s’appellera Charles. L’enfant qui naît est malheureusement une fille ; ce qui lui fait dire « Ton enfant est une fille. Chéris-là. Dans un an, elle aura un frère »182. Parfois la famille formule aussi des vœux concernant le sexe de l’enfant à naître, bien souvent pour espérer un garçon. Ainsi pour le deuxième enfant de sa fille Henriette, Guizot indique : « Je désire, comme Conrad et toi, que ce soit un fils. Je suis sûr que vous prendrez de bonne grâce une fille, et moi aussi, certainement »183. Charles Mertzdorff, qui écrit à sa fille enceinte, Marie de Fréville vers 1880-81, est moins accommodant et a une idée beaucoup plus précise sur la question. Dans le contexte de l’après-guerre avec la Prusse, cet industriel lorrain sans descendance masculine souhaite un petit-fils, prénommé Robert, pour reprendre l’entreprise familiale : « Ce sera un nouveau spartiate, peu parisien. Il nous faut un bon soldat, pour ne pas dire un bon industriel, ne craignant pas la lutte, sentant sa force et sa volonté »184. Le souhait d’avoir un fils n’est pas uniquement masculin ; les femmes souhaitent aussi procréer des garçons car cela les valorise au niveau social, familial et auprès de leur mari. Une plus grande considération est en effet accordée aux femmes qui enfantent des fils, ce dont témoignent les coutumes qui suivent l’accouchement185

. Dans le journal des Goncourt, on trouve ainsi une allusion révélatrice :

Comme la femme d’Edouard était enceinte et qu’il disait qu’une fille ou un garçon lui était égal, sa belle-mère, tenant furieusement à un garçon, laissa échapper ce mots des entrailles de la femme : « Vous ne savez pas ce que c’est que le bonheur de créer un homme ! »186

Même les filles séduites et abandonnées par leur amant espèrent avoir un fils ; elles pensent souvent avoir plus de chance de se faire épouser si l’enfant est un garçon. Dans les couples unis par un profond amour conjugal, certaines femmes évoquent aussi la joie de donner naissance à un enfant qui ressemblera à leur mari et le perpétuera. Ainsi en 1882, Marie-Thérèse Ollivier, épouse d’Emile Ollivier, ministre de Napoléon III, souhaite un fils car « combien est grand le bonheur de la femme qui, comme moi, unie à un homme de bien et de génie, a fait naître d’elle un fils capable de continuer son père ! »187. Avoir un garçon, c’est aussi donner le jour à un être qui peut plus facilement trouver sa place dans la société de son temps, alors qu’enfanter une fille est parfois vécu comme une « consternante reproduction »188. Mme Bovary, de Flaubert, rêve ainsi de l’enfant qu’elle attend :

Elle souhaitait un fils ; il serait fort et brun ; elle l’appellerait Georges, et cette idée d’avoir pour enfant un mâle était comme une revanche en espoir de toutes ses impuissances passées. Un homme, au moins, est libre ; il peut parcourir les passions et les pays, traverser les obstacles, mordre aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement. Inerte et flexible à la fois, elle a contre elle les mollesses de la chair avec les dépendances de la loi. Sa volonté, comme le voile de son chapeau retenu par un cordon,

182 Alanic (Mathilde), Le mariage de Hoche ou le roman de l’amour conjugal, Paris, Perrin, 1928, 3ème éd.

183 Guizot (François), Lettres à sa fille Henriette (1836-1874), éd. de Laurent Théis, Paris, Perrin, 2002, lettre du 2 août 1854.

184 C’est pourtant une fille qui naît, Jeanne ; le petit garçon tant désiré naît en 1882, un an avant la mort de son grand-père ; Dauphin (Cécile), Lebrun-Pézerat (Pierrette), Poublan (Danièle), Ces bonnes lettres. Une

correspondance familiale au XIXème siècle, Paris, A. Michel, Bibl. Histoire, 1995, lettre de Charles Mertzdorff, à

Mme de Fréville, s.d.

185 Dans la Manche au XIXème siècle, « les femmes mariées qui mettent au monde un garçon se voient offrir une réconfortante rôtie-au-vin – c’est-à-dire du pain trempé dans du vin chaud sucré –, alors que la naissance d’une fille ne donne droit qu’à une pauvre soupe au lait salée » ; Houbre (Gabrielle), Histoire des mères…, op. cit., p. 24.

Dans des milieux favorisés, les femmes reçoivent des cadeaux parfois extravagants pour la naissance d’un premier garçon. C’est le cas notamment en Angleterre ; Schneid Lewis (Judith), In the Family Way.

Childbearing in the British Aristocracy, 1760-1860, New Bruns., New Jersey, Rutgers University Press, 1986.

186 Goncourt (Jules et Edmond), Journal…, op. cit., t. VI, octobre 1963.

187 Extrait du cinquième carnet de Marie-Thérèse Ollivier, conservé aux Archives Nationales (542 AP/46) ; 19 août 1882.

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palpite à tous les vents ; il y a toujours quelque désir qui entraîne, quelque convenance qui retient189.

Quand une ou plusieurs naissances féminines se sont déjà produites dans une famille, l’attente d’un garçon est encore plus forte. Ainsi, Benjamin de Chandieu se dit heureux d’avoir deux filles, mais il souhaite « malgré toute ma tendresse pour elles, leur donner un frere s’il plait a Dieu »190. Lors de la troisième grossesse de sa femme, il se dit las d’espérer ce fils tant attendu : « Mes esperances ne sont pas tout a fait aussy grandes sur l’enfant que sur la Mere, et je n’ose encore me flatter de me voir aussi un fils ; quand on a si souvent souhaité inutilement on se lasse d’esperer, comme de toute autre chose »191. La famille d’Alix de Lamartine compte également beaucoup de filles. Si les deux premiers nés sont des garçons, l’un meurt en bas âge et les six enfants suivants sont des filles, ce qui suscite des déceptions répétées mais ponctuelles, car les filles sont plutôt bien accueillies. Le phénomène se reproduit pour sa fille aînée Cécile. Sa mère indique ainsi en 1819 : « Elle vient d’accoucher d’une quatrième fille. C’est cependant un peu triste, on aurait bien voulu un garçon dans la famille, mais on finit par rire de cette quantité de filles et on les aime toutes ! »192. Dans certains cas, les parents se préparent d’avance au pire, afin de ne pas être déçus à la naissance, et parient sur une fille, même s’ils espèrent un garçon. C’est le cas de Narcisse, comte de Salvandy, qui parle constamment du deuxième enfant attendu par sa femme au féminin ; mais c’est un garçon qui naît, ce qui réjouit les parents193.

Cette « rage de faire des mâles » est particulièrement accentuée dans les couples royaux ; en France où la loi salique réserve la couronne aux seuls héritiers mâles, il faut impérativement un dauphin pour éviter une crise dynastique, toujours possible en l’absence d’héritier direct. La correspondance de Marie-Antoinette avec sa mère met bien en évidence cette obsession. Tant qu’elle n’a pas d’espoir de grossesse, Marie-Antoinette se contente d’évoquer le cas de ses sœurs ou de ses belles-sœurs et indique clairement le fait que la naissance d’une fille ne compte pas vraiment : « La reine [sa sœur Marie-Caroline de Naples] est bien heureuse, et moi aussi en ce moment de la savoir si bien délivrée. Quoique ce ne soit qu’une fille, je crois cependant qu’elle doit être contente par l’espérance que cela lui donne d’avoir un garçon »194. Moins d’un an après, en janvier 1773, alors que sa sœur est à nouveau enceinte, elle écrit : « Je suis enchantée que la reine se porte mieux. J’espère qu’elle aura le bon esprit de nous donner un garçon »195

; ou encore « Je désire fort qu’elle me donne un neveu »196. Presque à chaque fois qu’elle évoque la grossesse de sa sœur, elle mentionne l’espoir que celle-ci procrée un enfant mâle. Sa mère partage évidemment ses vues : « Je n’ai jamais vu de couche plus heureuse que celle de la reine197 (…) mais ce qui me fait encore plus de peine, c’est la troisième [fille] qu’elle doit encore avoir »198

. Même quand Marie-Caroline finit par mettre au monde un garçon, cela n’est guère jugé suffisant par sa mère, les milieux princiers n’étant guère épargnés par la mortalité infantile :

189 La suite est connue :

« Elle accoucha un dimanche, vers six heures, au soleil levant. - C’est une fille ! dit Charles

Elle tourna la tête et s’évanouit »,

Flaubert (Gustave), Madame Bovary, Paris, J’ai lu, 1969 (1ère éd. 1857), p. 129.

190 Chandieu (Benjamin), Gentilhomme lausannois…, op. cit., lettre du 1er décembre 1742 (orthographe respectée).

191 Ibid., lettre du 23 juillet 1744.

B. de Chandieu a dix enfants avec sa première épouse, dont seulement quatre filles survivent. Quand Mme de Chandieu-Montrond, meurt à 55 ans en 1777, Benjamin de Chandieu se remarie en 1779 à une jeune personne de 22 ans Marie-Angélique de Beausobre – union qui suscite des commentaires ironiques. Il convole à nouveau car il espère enfin un fils, dans cette famille qui a vu disparaître tous les mâles de sa lignée, mais cet espoir ne se réalise pas.

192 Lamartine (Alix), Journal…, op. cit., 9 mars 1819.

193 Lettre de Narcisse, comte de Salvandy à sa mère, 10 février 1830, papiers de Julie de Salvandy, Fonds Salvandy (152AP/7), Archives Nationales.

194 Marie-Antoinette, Correspondance…, op. cit., lettre à Marie-Thérèse, 13 juin 1772.

195 Ibid., lettre à Marie-Thérèse, 18 avril 1773.

196 Ibid., lettre à Marie-Thérèse, 14 juin 1773.

197 Marie-Caroline qui vient d’accoucher d’une fille, Marie-Louise.

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Nous avons encore ici, pour une quinzaine, mon fils et elle [Léopold, grand-duc de Toscane, et son épouse]. Elle est encore enceinte, de son onzième enfant (…) Je n’ai pu m’empêcher de vous souhaiter un couple des six garçons qu’ils ont. La reine de Naples avait son fils très incommodé, et elle-même depuis ses dernières couches n’est pas bien, et elle se désespère de n’être pas grosse. Je lui souhaiterais une couple de prince, car un seul est trop alarmant. Mon fils Ferdinand vient de perdre le sien. Il est inconsolable : il me fait grand pitié199.

Pour ses propres maternités, Marie-Antoinette espère évidemment un garçon et la première grossesse se révèle sur ce point décevante puisqu’elle donne le jour à Marie-Thérèse Charlotte, dite Mme Royale le 19 décembre 1778. Marie-Antoinette s’évanouit d’ailleurs quand elle apprend qu’il s’agit d’une fille. Marie-Thérèse d’Autriche n’a ensuite de cesse que les relations conjugales entre la reine et le roi de France reprennent, afin que sa fille donne naissance à un dauphin – qu’elle ne voit d’ailleurs pas naître puisqu’elle décède en 1780200

. Même dans des monarchies autorisant la transmission du trône aux filles et aux garçons, comme l’Angleterre, ces derniers sont préférés. La reine Victoria, enceinte de son premier enfant – ce qui ne lui procure guère de plaisir –, n’hésite pas à écrire le 15 juin 1840 : « La chose est odieuse et si, après tout ce que je subis, je devais avoir une sale fille, je crois bien que je la noierais. Je ne veux rien d’autre qu’un garçon. Je n’aurai jamais de fille »201

. Cinq mois plus tard, elle met pourtant au monde la première de ses cinq filles, sur les neuf enfants qu’elle comptera en tout. Dans des couples princiers – comme probablement dans les ménages plus humbles –, la naissance d’une fille procure la désagréable sensation d’avoir attendu et souffert pour « rien ».

Des filles parfois bien reçues

L’exigence de procréer un mâle est surtout valable pour les premières naissances ; une fois qu’un, deux ou trois garçons sont nés ; les parents se plaisent souvent à désirer une fille. Ainsi, le marquis de Bombelles ne se réjouit guère d’avoir un quatrième enfant (il a déjà trois garçons), mais il indique :

Nos vœux maintenant sont pour que le ciel nous accorde une fille. Elevée par sa mère, née de sa mère, elle aura des vertus, des qualités qui, aidées des bontés de madame Elisabeth, lui feront trouver, dans le temps, à bien se marier ; au lieu que de bien placer quatre garçons n’est pas assurément une chose aisée (…)202

.

Dans les familles populaires où hommes et femmes ont chacun des attributions complémentaires, avoir un enfant de chaque sexe paraît indispensable. Une famille qui ne possède pas garçon et fille est considérée comme incomplète. Pour les femmes des ménages populaires, avoir une fille c’est aussi avoir une aide au foyer. Un dicton du Dauphiné dit d’ailleurs qu’une femme avertie fait d’abord une fille pour l’aider : « La bonne ménagère fait sa servante la première »203

. Dans les milieux bourgeois, les mères souhaitent aussi avoir une fille dont elles peuvent assurer l’entière éducation et qui constitue comme un prolongement d’elle-même. Nous aurons l’occasion de revenir plus loin sur le fait que l’accroissement du rôle maternel en matière éducative accroit l’appréciation des enfants filles – voire les fait parfois préférer aux garçons204. Les mères voient également dans leur fille une possible confidente, une compagne de loisirs et une source d’affection. Ainsi en 1815, Nancy de Massa – déjà mère d’un garçon –, souhaite avoir une fille. Les allusions à l’enfant qu’elle attend dans sa correspondance sont d’ailleurs toujours sexuées. Son père, le maréchal Mac Donald, dont elle est très proche, semble partager ses vœux ; il évoque souvent « ta fille », « cette petite fille », « cette petite ». Il indique aussi :

J’attends avec impatience cet heureux moment qui te rendra mère d’une fille, dont tu seras aimée comme tu l’es de moi, je n’ai qu’un vœu à former, un souhait qui j’en suis sur sera

199 Ibid., lettre de Marie-Thérèse à Marie-Antoinette, 2 septembre 1776.

200 Voir détails sur ce point dans le chapitre VII.

201 Cité par Houbre (Gabrielle), Histoire des mères…, op. cit., p. 25.

202 Bombelles (marquis de), Journal, éd. par Jean Grassion et F. Durif, Genève, Droz, 1978, 23 décembre 1788.

203 Loux (Françoise), Le jeune enfant…, op. cit., p. 45.

204 Voir le chapitre VIII sur le sens donné par les femmes à la maternité et notamment le cas du couple Guébin qui préfère avoir une fille qu’un garçon pour premier né.

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rempli, c’est qu’elle te ressemble en tout, je me garantis ainsi son attachement et sa tendresse205.

Les grand-pères et les pères – notamment quand ils sont amoureux de leur compagne –, sont souvent ravis d’avoir une fille qui pourra ressembler à leur mère. Ce qui fait dire à Mirabeau :

Qu'appelles-tu ? égal... Il m'est égal d'avoir un garçon ou une fille !... Eh ! non, non, Madame : toi seule désirais un garçon ; pour moi je n'ai jamais formé des vœux que pour une fille, parce que mon cœur me disait qu'elle serait l'image de sa mère. Un garçon aurait eu mes défauts : il est bien plus dangereux de gâter notre sexe, parce qu’il est plus violent ; et je sens bien que je ne pourrai jamais gronder ton enfant206.

La littérature témoigne aussi au XIXème siècle du goût croissant qui se développe pour les filles. Dans

Les Mystères de Paris, le prince Rodolphe justifie sa préférence pour une fille :

Je l’aurais tant aimée !... Et puis il me semble que chez nous autres princes, il y a toujours