• Aucun résultat trouvé

a. Des pratiques traditionnelles étroitement liées la Nature contre la stérilité

Les pratiques magico-religieuses, en usage dans le monde rural jusqu’à une époque encore assez récente, se transmettent de diverses manières, souvent complémentaires. Les anciens, notamment les « grands-mères », et les individus connaissant les « remèdes », constituent un recours pour les particuliers désirant restaurer leur fécondité. Il s’agit en général des matrones, des guérisseurs ou des charlatans, mais aussi d’hommes dont le métier donne un savoir particulier sur le corps, comme le barbier ou le maréchal-ferrant288. Certains écrits recueillent aussi des « recettes » de remèdes à utiliser pour différentes pathologies, dont la stérilité. On trouve ainsi des almanachs, comme Le

Messager boiteux, de la littérature de colportage ou des manuels de vulgarisation médicale, comme le Recueil de remèdes faciles et domestiques de Mme Fouquet289. Des opuscules « magiques » fournissent aussi conseils et recettes en fonction des planètes et des signes du zodiaque, des minéraux et des végétaux ; les plus célèbres d’entre eux, Le Petit et Le Grand Albert, constituent une référence pour les guérisseurs et les sorciers290.

Derrière l’hétérogénéité apparente de ces croyances se cache en fait un système complexe et cohérent de correspondances entre le cosmos, la nature et l’homme. Certaines de ces pratiques nous semblent aujourd’hui particulièrement étranges, mais elles sont vivaces dans les sociétés rurales traditionnelles. Elles perpétuent souvent des cultes agraires extrêmement anciens – la terre étant la mère de toute chose – et sont plus ou moins assimilées par le christianisme. Ces rites sollicitent principalement « les forces vives de la nature, en s’inscrivant dans le temps cosmique. Dès lors, seuls les éléments primordiaux, la pierre, l’arbre, l’eau, le vent – les os, les muscles, le sang et la respiration profonde de la Terre-Mère – peuvent venir à bout d’une stérilité persistante interprétée comme un dérèglement de la nature de la femme. En établissant un contact intime avec le corps puissant de la grande génitrice, la femme espère bénéficier de sa fécondité rayonnante »291. Ces pratiques ont aussi pour fonction de relier la femme aux éléments naturels du terroir, à la terre des ancêtres qui détient la mémoire de la communauté, les morts mais aussi les enfants à naître. Le point commun de toutes ces coutumes est de faire intervenir directement le corps de la femme. Les rituels thérapeutiques, souvent d’ordre symbolique, doivent en effet s’enraciner dans des gestes précis, dans le concret du corps292

. Dans le cas de la lutte contre la stérilité, l’acte de procréation est souvent suggéré de manière plus ou moins symbolique. Certains de ces rites, gardant trop explicitement la trace du paganisme, se pratiquent surtout dans des lieux isolés, à l’écart des lieux de passage pour échapper au contrôle de l’Eglise ; ils favorisent ainsi la communion de la femme avec la nature.

Les pierres se voient souvent attribuer des vertus fécondantes293

On trouve un grand nombre d’exemples dans toute la France, les érudits locaux ayant recensés fréquemment ces cultes que l’Eglise a parfois essayé de christianiser en plantant des croix à proximité ou en installant des chapelles. Les mégalithes anciens sont un recours fréquent en cas de stérilité. C’est le cas de nombreux menhirs en Bretagne comme celui de Saint-Cado près de Ploërmel, mais aussi dans toute la ceinture Sud-ouest du Massif Central. La forme phallique ou anthropomorphe des roches

288 Loux (Françoise), Savoirs et pratiques populaires…, op. cit.

289 Voir dans le chapitre III des détails sur les livres de santé utilisés à l’époque moderne.

290 Albert Le Grand (auteur prétendu), Les secrets admirables du Grand Albert : comprenant les influences des

astres, les vertus magiques des végétaux, minéraux et animaux..., version collationnée sur l'édition latine de

1651, Paris, éd. Préfacier, 1895.

291 Gélis (Jacques), L’arbre et le fruit…, op. cit., p. 64.

292 Loux (Françoise), Savoirs et pratiques populaires…, op. cit., p. 175.

293 Pour ce passage voir : Saintyves (Pierre), Les Vierges Mères et les Naissances miraculeuses, Paris, Librairie critique, 1908, p. 24. Voir aussi : Béranger (Féraud), Superstitions et survivances, Paris, 1896 ; Dulaure, Des

86

passe en effet pour rendre les femmes fécondes. Elles ont ainsi pour habitude de s’allonger, de glisser sur ces pierres ou d’y frotter certaines parties de leur corps : le nombril ou le ventre, souvent à nu. Un contact physique est en effet souvent jugé nécessaire et constitue un simulacre de l’acte sexuel. Ainsi, au village de Saint-Ours, dans les Basses Alpes, se trouve une pierre sur laquelle les jeunes filles glissent pour trouver un mari et les jeunes femmes pour avoir des fils294. D’autres fois, le contact direct est remplacé par un saut, comme à la Pierre des Epousées près de Rennes. Parfois, l’efficacité est renforcée en ingérant des poussières de la pierre obtenues en la raclant. On peut voir dans ces pratiques un exemple de la théorie des signatures : le semblable engendre le semblable295. Les pierres ont en effet des formes qui rappellent les organes de la conception (surtout masculins) mais on trouve également des rochers en forme d’œufs ou de mamelles, comme le Menhir de Plouazel (Finistère) ou le Mégalithe de Ker-Rohan (Côtes d’Armor), évoquant aussi une symbolique de fécondité. La connotation sexuelle des roches n’est pas le seul élément qui explique ces rites. Ils renvoient également à la croyance en la Terre mère, Terra Mater, dispensatrice de toutes les fécondités et au culte des divinités chtoniennes. Les « pierres aux marmots » sont attestées dans de nombreuses régions françaises, notamment dans le Nord-Est. Les pierres percées, en particulier, permettaient d’entrer en relation avec le monde souterrain des ancêtres et des enfants à naître296. Beaucoup de ces « pierres matrices » sont à la fois « pierres à marier » les jeunes gens, « pierres à glissades » pour les femmes sans enfants, « pierre de guérison » pour les enfants débiles ou rachitiques et étaient invoquées aussi pour une bonne fructification des récoltes et la croissance des troupeaux297.

La vertu des eaux

Les eaux, les sources et les fontaines font aussi l’objet d’un culte, dont l’origine est extrêmement ancienne, là aussi souvent récupéré par le christianisme puisqu’elles sont en général placées sous patronage saint. L’eau, principe essentiel à la vie, permet la croissance des plantes en fertilisant les sols ; elle passe aussi pour avoir un pouvoir fécondant chez les femmes. Symbole traditionnel de la sexualité, l’eau est aussi un véhicule de germes de vie que la femme doit capter pour être féconde ; d’où le recours à des eaux vives et non à des eaux stagnantes298.

Un certain nombre de contes et de légendes évoquent d’ailleurs cette croyance qui fait venir les enfants de l’eau ; la médiation aquatique s’accordant d’ailleurs particulièrement avec la gestation d’un enfant299

. On voit ainsi des femmes demander à des divinités ou des fées des sources ou des fontaines d’obtenir un enfant. La fée Estérelle en Provence est réputée vivre près d’une fontaine où elle guérit la stérilité des femmes300. La croyance aux « puits » ou « sources à enfants » est aussi très répandue dans la France du Nord et du Nord-Est. Ainsi, de nombreux villages en Alsace ont leur « puits des origines » où l’on dit que les sages-femmes recueillent les enfants301. On retrouve ici la force de la pensée analogique qui rapproche le puits, réserve d’eau sortant d’un bâti cylindrique, et l’utérus féminin lors de l’accouchement : « comme l’eau sort du puits, la naissance se manifestera, précédée par les eaux amniotiques, porteuses des notions de fertilité-fécondité »302.

Dans les mentalités anciennes, la fertilité des femmes est en outre liée à l’humidité de la matrice ; le contact de l’eau est alors bénéfique pour équilibrer son tempérament en la tonifiant ou en tempérant ses ardeurs. L’eau peut donc agir dans le cadre d’une immersion du corps, en général partielle, qui permet aux substances fécondantes de l’eau de vivifier par contact les parties génitales de

294 Saintyves (Pierre), Les Vierges mères…, op. cit., p. 24.

295 La Théorie des signatures, professée notamment par Paracelse, est une méthode empirique qui associe des éléments du monde extérieur (minerais, plantes, animaux) avec une partie du corps humain que l'on souhaite soigner. Elle repose sur le principe similia similibus curantur : « les semblables soignent les semblables ». Les contraires peuvent aussi agir ainsi mais plus rarement.

296 Gélis (Jacques), L’arbre et le fruit…, op. cit., pp. 87-88.

297 Ibid., p. 86.

298 Ibid., p. 65.

299 Verdier (Yvonne), Façons de dire, façons de faire…, op. cit., p. 317.

300 Le monastère Notre-Dame de l’Estérelle serait bâti sur le lieu habité par cette fée ; voir Seignolle (Claude),

Traditions populaires de Provence, t. II : Les fêtes et les croyances, Maisonneuve et Larose, 1996, p. 208.

301 Ces croyances très anciennes ont finies par être supplantées par d’autres, notamment par celle de la cigogne porteuse de nouveau-né, mais elles demeurent vivaces jusqu’à la fin du XIXème siècle ; Gélis (Jacques), L’arbre

et le fruit…, op. cit., pp. 81-82.

87

la femme. Ainsi, à Bizernos en Béarn, ou à Plombières dans les Vosges, les femmes prennent un bain de siège dans l’eau de la fontaine sacrée303. Le plus souvent l’eau agit dans le cadre de rites de boisson. Elle est récupérée et bue ; une vertu particulière étant attribuée aux eaux bouillonnantes ainsi qu’aux eaux ferrugineuses de couleur rouge304. Des offrandes peuvent être aussi faites à ces points d’eau, notamment des petits beignets ou des petits pains qui figurent métaphoriquement les enfants. Ce don d’effigies est sensé apaiser ces sources féminines ambivalentes, productrices d’enfants mais dont on dit aussi qu’elles les avalent305.

Le pouvoir des plantes

Les végétaux peuvent également se voir reconnaître des propriétés fécondantes, par contact ou manducation306. Les arbres sont souvent présents dans les rites de fécondité, mais aussi plus largement au moment des noces ou quand on cherche un époux307. Ils peuvent être l’objet de rites de frottement ou d’embrassade, à la manière des roches. Ainsi les femmes de Collobrières glissent sur la grosse branche rompue d’un châtaigner ; celle-ci, dotée de deux bosses globuleuses à sa base constitue un symbole phallique très explicite308. Autre exemple, lorsqu’un couple de jeunes époux va en pèlerinage à la Sainte-Baume pour avoir des enfants, le mari et la femme doivent embrasser le premier tronc de gros chêne qu’ils voient en entrant dans la forêt, en demandant à Sainte Marguerite de leur accorder une progéniture. Dans d’autres cas, les arbres sont secoués dans le cadre de cérémonies particulières, comme à Marlieux dans la Dombe où les femmes stériles secouent particulièrement un cerisier, arbre à connotation sexuelle, pour avoir un enfant309. La forme phallique ou anthropomorphe des arbres ne suffit pas à expliquer leurs propriétés génératrices. On peut penser aussi que, par leurs racines, ils sont en contact avec la Terre Mère et ont ainsi les mêmes vertus que les pierres ; les âmes réfugiées dans ces arbres sacrés y attendraient leur réincarnation. On trouve d’ailleurs des « arbres à enfants » dans de nombreuses régions françaises, l’image de l’enfant, « rejeton » de l’arbre-mère », étant particulièrement vivace. En outre, la métamorphose annuelle de leur feuillage symbolise l’éternel recommencement de la vie. Certains arbres, par leur floraison précoce, comme l’amandier, constituent plus particulièrement une promesse de fécondité.

D’autres plantes, par leur apparence ou leurs qualités naturelles, ont des pouvoirs fécondants, en rapport avec la médecine des signatures. Outre le cas du chou, déjà évoqué précédemment, il s’agit souvent de fruits qui symbolisent particulièrement la fécondité, notamment quand leur forme rappelle les organes de la génération ou le produit de l’union sexuelle. C’est le cas de « fruits à sang » comme la grenade, mais aussi de la figue et du coing, ainsi que les fruits à coque comme les noix ou les amandes310. De la même manière, les pois chiches ou les fèves, par leur ressemblance avec un petit fœtus recroquevillé ou avec les testicules, symbolisent la fécondité ; elles sont par exemple consommées dans « gastel à fèves » réalisés en Occident à l’occasion de la fête des Rois311. Le poireau apparaît également dans les proverbes comme remède à la stérilité, peut-être à cause de sa forme

303 Gélis (Jacques), L’arbre et le fruit…, op. cit., p. 65.

304 La couleur rouge passait pour favoriser la fécondation ; ainsi s’explique l’usage du vin dans un certain nombre de rituels de fécondité, mais aussi en Alsace la consommation d’une bouillie de limaces rouges pour lutter contre la stérilité ; ibid., p. 66.

305 Verdier (Yvonne), Façons de dire, façons de faire…, op. cit., pp. 316-319.

306 Saintyves (Pierre), Les Vierges mères…, op. cit., pp. 55-85 ; Gubernatis (Angelo de), La mythologie des

plantes ou les légendes du règne végétal, Paris, Bernard Maille, 1878-1882.

307 Il était d’usage de planter des « mais », des arbres parés de rubans ou d’objets, lorsque les jeunes gens faisaient la cour aux jeunes filles, mais également à l’occasion d’anniversaires. En outre, il était courant de planter un arbre à la naissance d’un héritier ; cet arbre, planté par son père ou son grand-père, appartenait à l’enfant. Cet usage permettait de « perpétuer la lignée par le tronc » et se perpétue dans l’iconographie de l’arbre généalogique ; Bonnet (Jocelyne), Terres des femmes…, op. cit., pp. 206-210.

308 Saintyves (Pierre), Les Vierges mères…, op. cit., pp. 55-85.

309 Gélis (Jacques), L’arbre et le fruit…, op. cit., p. 69.

310 L’amande dans son enveloppe protectrice symbolise à la fois l’embryon, mais aussi les testicules ; le lait d’amande représente par analogie la semence fécondante. La distribution d’amandes sous forme de dragées aux baptêmes et mariages encore aujourd’hui rappelle leur lien symbolique avec la fécondité ; Bonnet (Jocelyne),

Terres des femmes…, op. cit., p. 189.

88

phallique. On dit ainsi : « Femme stérile mangeant poireaux, son ventre gros devient fertile », ou encore « Une vierge, au poireau doit la fécondité »312.

Un certain nombre d’herbes sont aussi réputées favoriser la procréation ; elles sont bien connues des populations rurales qui ont souvent recours aux « simples ». Elles ont pour fonction principale de remédier aux dérèglements de la matrice. Ces plantes ne sont pas cueillies n’importe où et n’importe quand. La nuit de la saint Jean est réputée propice, ainsi que les lieux proches de sources ou de vieilles pierres sacrées. Une des herbes les plus connues est l’armoise-femelle, l’herbe d’Artémise, qui passe pour aider à concevoir mais aussi pour favoriser la venue des règles, lutter contre les fausses-couches et aider à l’accouchement. Autre plante, l’Agnus castus, a des vertus génératrices semblables et favorise aussi l’érection masculine313. Les femmes utilisent ces herbes de différentes manières ; elles peuvent se baigner dans une décoction de ces plantes, se les appliquer sur le ventre, en faire des onguents ou les boire en tisanes.

Mais la plante la plus propice pour rendre les femmes fécondes est sans conteste la mandragore. Herbe-racine mythique depuis l’Antiquité, plante par excellence des magiciens et des sorciers, elle doit ses propriétés à son apparence humaine. En effet, ses racines ressemblent à un corps humain muni d’organes génitaux, parfois féminins parfois masculins. Poussant sous les arbres où se serait répandu le sperme de pendus, elle appartient à la fois au monde terrestre et souterrain ; ses caractéristiques la rattachant aussi aux trois règnes, végétal, animal et humain. On lui prête de multiples pouvoirs ; elle apporte la richesse, l’abondance, la fertilité, mais possède aussi des vertus aphrodisiaques, hypnotiques et narcotiques. Elle doit être extraite avec précaution, son arrachage s’apparentant à un quasi accouchement qui lui fait pousser des cris parfois mortels pour l’arracheur. Elle entre dans la composition de philtres divers mais peut aussi constituer un véritable fétiche que l’on porte autour de son cou ou que l’on garde à domicile dans un coffre, une fois lavé dans du vin et habillé d’un linceul…

Des recettes favorisant la fécondité

L’origine de ces recettes est également très ancienne. Celles-ci utilisent des ingrédients provenant d’animaux femelles associés à d’autres dont on a parfois perdu le sens symbolique. Les œufs interviennent souvent dans les rituels de fécondité. Ils sont par exemple utilisés en omelettes et placés sur le ventre et entre les cuisses des femmes en Languedoc314. Le plus souvent ils interviennent dans des pratiques christianisées, comme à Notre-Dame-des-œufs, près de Gréoux-les-Bains en Haute-Provence où les femmes stériles pratiquent tout un rituel avec des œufs qu’elles gobent ou enterrent, afin de devenir fécondes315. La coutume du « lapin de Pâques » qui « pond » des œufs participe de ce vieux fond de croyance. Le lapin, réputé pour sa force génésique (une femme ayant des naissances rapprochées est qualifiée de « lapine », son compagnon de « chaud lapin ») constitue un personnage mythique, lunaire, intervenant à Pâques et favorisant la fécondité printanière316. L’œuf de Pâques symbolise le renouveau de la vie et le retour de la fertilité. Outre les confiseries à destination des enfants, l’œuf est consommé partout en France sous forme d’omelette pendant la période pascale317

. Les qualités reconnues à l’œuf expliquent d’ailleurs qu’on le retrouve dans certains proverbes. Ainsi, « Il ne faut pas donner aux fillettes des œufs à deux jaunes, elles auraient des jumeaux » ; les propriétés de l’œuf sont telles qu’elles peuvent agir même si l’ingestion est très antérieure à une grossesse.

De manière générale, le contact ou la proximité avec un organe, un objet ou un être en rapport avec la gestation est censé apporter la fécondité et peut transmettre le pouvoir d’engendrer. On

312 Loux (Françoise), Sagesses du corps…, op. cit., p. 185.

313 On trouve de nombreuses recettes de ce genre dans l’ouvrage de Nicolas Venette ; nous utilisons, sauf mention contraire, l’édition suivante : Venette (Nicolas), La Génération de l’homme ou Tableau de l’amour

conjugal, Amsterdam, Ryckhoff, 1778.

314 Laget (Mireille), Naissance et conscience de la vie…, op. cit., p. 261.

315 Gélis (Jacques), L’arbre et le fruit…, op. cit., p. 54.

316 Bonnet (Jocelyne), Terres des femmes…, op. cit., pp. 156-159.

317 Pondant et fécondant les œufs, le lapin de Pâques « assure l’existence des enfants annuels qui naissent neuf mois plus tard dans l’espèce humaine », en novembre et décembre, à l’époque de la nativité. Cette croyance explique les expressions comme « fêter Pâques avant les Rameaux » (quand une fille tombe enceinte avant le mariage) ou le surnom « Pâques » donné dans le centre de la France aux enfants nés des relations sexuelles de la période pascale ; ibid., pp. 157-158.

89

retrouve ici la médecine des signatures qui agit par contigüité ou contagion et souvent par l’intermédiaire d’un objet. Ainsi, porter au cou des organes génitaux d’un animal (région de Castres), voire mettre une peau de brebis qui a des agneaux (Lodevois) doit favoriser la grossesse318. Une femme qui a eu des enfants peut aussi transmettre sa fécondité à celle qui est stérile, par exemple en lui prêtant sa chemise ou en la laissant se baigner dans la même eau après elle. De même, entrer la première dans la chambre d’une accouchée favorise la grossesse.

Ces rites d’origine païenne ne sont cependant pas l’unique recours en cas de stérilité ; les pratiques chrétiennes l’ont le plus souvent emporté ou les ont assimilées.