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Un portrait stéréotypé des Italiens

Chapitre II : Le tourisme français en Italie

Carte 4. Distribution des préférences des touristes français par région italienne

2. Un portrait stéréotypé des Italiens

Ces voyageurs lettrés ont, en contrepartie de leur fascination pour les paysages et le patrimoine de la Péninsule, laissé dans la conscience collective une image ternie de ses habitants. Yves Hersant note dans la préface de son Anthologie des voyageurs français aux XVIIIe

et XIXe

siècles que c’est au XVIIIe

siècle que « naît la triste habitude d’allier l’amour de l’Italie à l’abaissement des Italiens »488

. Au siècle suivant, Chateaubriand s’est tout particulièrement distingué dans ce registre en mettant l’accent sur le thème de la décadence du peuple italien au regard de la richesse de son passé. D’une manière générale, Philippe Gut observe pour cette époque :

« L’abondance des lieux communs rencontrés par dizaine – et il n’est pas de récits qui y échappent – des préjugés condescendants concernant tout particulièrement les habitants de la Péninsule, majoritairement péjoratifs, propose au total un tableau minoré de l’Italie et des Italiens. »489

Comme leurs illustres prédécesseurs, les auteurs des guides publiés entre 1958 et 1969 se font observateurs de la vie quotidienne des Italiens. Certains, nous l’avons dit, y consacrent de longues pages au point d’en faire l’objet principal de leur propos. Tous se défendent de reproduire clichés et préjugés. Au contraire, ils prétendent en offrir, par la démonstration, un démenti. À lire l’introduction du Guide Marabout, l’œuvre serait utile :

« Et les mendiants ? Et les voleurs ? Et le bruit ? Et la saleté ? Et l’eau non potable ? Et la familiarité excessive ? J’ai compris. Vous êtes un peu inquiet. On vous en

487 Guide Michelin, op. cit., p. 3.

488 Y. HERSANT, op. cit., p. VIII.

489 P. GUT, « Les stéréotypes dans les récits de voyage en Italie (1830-1880) », Franco-Italica, n°8, 1995, p. 55-65. Pierre Milza ne dément pas cette analyse dans sa thèse (P. MILZA, Français et Italiens…, op. cit., p. 333-350).

a tant dit ! Non, je ne hausse pas les épaules. Avant d’aller en Italie, j’ai eu les mêmes inquiétudes. On m’en avait aussi tant dit […]. »490

L’auteur se veut rassurant et propose alors la « vérité ». Pourtant, force est de constater, que comme les autres, il n’évite pas pleinement l’écueil. Et, au fil des pages de l’ensemble des guides consultés, se dessine un portrait stéréotypé des Italiens, dont nous reprendrons les traits les plus saillants. Ce portrait, outre la reprise par de nombreux guides des mêmes clichés, présente la particularité d’être fortement contrasté, chaque qualité typique étant associée à un défaut, constituant des manifestations différenciées, voire opposées d’une même « nature » italienne. La différence culturelle est ainsi envisagée sous l’angle souvent simplificateur d’une forme de théorie des climats qui attribue à chaque peuple un caractère national propre, intangible et invariant, plus ou moins finement analysé selon les ouvrages.

a) L’Italien accueillant

La première préoccupation des guides étant de faciliter le séjour à l’étranger de leurs lecteurs, ils s’attachent plus particulièrement à la description des traits de caractère qui peuvent concerner les voyageurs. La question de l’hospitalité est ainsi très souvent abordée, à l’avantage des Italiens. C’est d’ailleurs dans leurs contacts avec les Français que l’on reconnaît aux habitants de la Péninsule leurs principales qualités. George Mikes indique que « la générosité est la règle générale »491

, tandis que le Guide vivant de l’Italie souligne que « L’Italien est un hôte gai et agréable »492

, « toujours prêt à rendre service »493

pour le Guide Michelin. Dans le même sens, le Guide Marabout prévient ses lecteurs :

« À chaque pas, vous vous trouverez devant tant de gentillesse naturelle, tant d’amabilité, tant de galanterie réelle, tant de visages souriants. »494

Un tel sens de l’accueil présente des avantages pratiques pour les touristes. Dans son Italie ensoleillée, Corona Berg écrit en effet :

« Sa sociabilité instantanée et la joie manifeste qu’il éprouve à rendre service à autrui, confèrent à l’Italien un aptitude particulière pour le rôle d’hôtelier et de garçon de café. » 495

Le Guide vivant de l’Italie remarque :

490 Guide Marabout, op. cit., p. 7.

491 G. MIKES, op. cit., p. 42.

492 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 153.

493 Guide Michelin, op. cit., p. 10.

494 Guide Marabout, op. cit., p. 9.

« Nombre de voyageurs étrangers sont agréablement surpris de découvrir qu’en Italie à peu près n’importe où, ils n’ont pas à se soucier de l’heure d’arrivée à l’hôtel ou au restaurant, le service est assuré. »496

Toujours selon le même guide, particulièrement laudateur en la matière :

« L’étranger en quête d’information se verra rarement repoussé avec un « no lo so » ou un « no capisco ». L’Italien tente toujours de comprendre, de répondre courageusement dans la langue de l’hôte. »497

Les Italiens semblent d’ailleurs très à l’aise avec leurs voisins puisque selon le Guide Michelin, « le français est la langue la plus connue chez eux »498

. La qualité de l’accueil reconnue quasi unanimement souffre cependant du pendant négatif d’un tel dévouement. Il est ainsi écrit dans le Guide Marabout :

« Dans un certain sens, c’est de la familiarité […] L’Italie est le pays où l’on se tape sur l’épaule après trois phrases. »499

Pour les Français, que l’on dit soucieux de conserver une certaine distance avec autrui lorsque qu’il ne s’agit pas d’un familier500

, ce type de comportement risque bien d’être jugé comme un manque de civilité. Et George Mikes conseille à ses lecteurs :

« Si vous voulez vous faire apprécier en Italie, laissez donc chez vous vos bonnes manières. »501

Par ce type d’avertissement, les guides signalent aux touristes l’écart qui sépare leurs comportements sociaux de ceux de leurs hôtes.

b) L’Italien exubérant

De la même manière que ce qui caractérise le mieux le paysage italien est la lumière, ce qui caractérise le mieux la vie italienne est le bruit, ce qui caractérise le mieux le caractère italien est l’exubérance. Ce trait distinctif, nous l’avons vu, se traduit positivement par une joie de vivre fréquemment relevée comme un élément propre à créer des conditions favorables

496 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 113.

497 Ibid., p. 25.

498 Guide Michelin, op. cit., p. 10. Sur la pratique du français en Italie voir chapitre VIII (I. B. 1).

499 Guide Marabout, op. cit., p.9.

500 Robert Mengin écrit à ce propos : « Pour un étranger, s’adresser à un Français est un problème. Par son regard, son ton, son attitude, le Français […] vous donne l’impression que vous l’avez offensé[…] », (R. MENGIN, op. cit., p. 27).

au bon déroulement des vacances. Par leur attitude souriante et leur faconde, les Italiens contribuent à renforcer un idéal touristique fondé sur une rupture radicale avec les affres de la vie quotidienne. Néanmoins, ce changement d’horizon désiré sous l’angle géographique doit composer avec une prise de conscience d’une différence socioculturelle. Or, les guides démontrent que celle-ci est acceptée, et même vantée, si elle ne constitue pas une nuisance au bien-être des touristes.

Nous trouvons la démonstration de ce principe dans le traitement réservé par les guides aux usages de la route en Italie. Pour des raisons pratiques liées au nombre important des déplacements touristiques routiers dans la Péninsule, une place de choix est accordée à cette question. Tous les guides appellent à une extrême prudence. L’auteur britannique de L’Italie sans peine, George Mikes, pose clairement le problème :

« Les Italiens ne sont pas comme les Français des conducteurs prudents et, de surcroît ils sont beaucoup plus rapides. »502

L’exubérance des Italiens trouverait donc sur la route un terrain d’expression privilégié qui ne manque pas d’inquiéter. Le guide Petite planète pousse à l’extrême le sentiment d’appréhension en écrivant :

« L’Italien au volant se transforme en être étrange, une créature d’une autre planète ».503

Plus que le goût de la vitesse, la conduite d’un véhicule automobile révèle des traits présumés profonds du caractère italien. L’indiscipline des Italiens est un de ces éléments récurrents qui ne cessent de revenir au fil des pages et qui affleurent manifestement sur la route. Dans Le Guide vivant de l’Italie, on peut ainsi lire :

« Le respect du code de la route et des règles de circulation paraît être le dernier des soucis de l’automobiliste italien. »504

Les anecdotes, qui se veulent plus savoureuses les unes que les autres, foisonnent en la matière. L’individualisme, autre trait de caractère supposé des Italiens, trouve une confirmation dans leur façon de conduire une automobile. Le Guide Larousse note :

« À les voir faire, on a l’impression que chacun jouit d’une priorité absolue ; on roule avec un complet dédain des autres et des piétons. »505

502 Ibid., p. 60. Le titre original de l’ouvrage est Italy for beginners.

503 P. LECHAT, op. cit., p. 42.

Les véhicules à moteur révèlent également « l’amour des Italiens pour le bruit »506

. Le haut niveau sonore des villes italiennes où circulent une « incroyable abondance de voitures, scooters, cyclomoteurs, motos pétaradant »507

est très souvent souligné. À propos des scooters et des cyclomoteurs, en passe de devenir les objets emblématiques d’un mode de vie urbain à l’italienne, Paul Lechat écrit dans le guide Petite planète, non sans ironie :

« Je ne suis pas loin de penser que les merveilleuses petites machines qui ont chassé à jamais la paix des villes italiennes, les Vespa et les Lambretta, auraient rencontré un moindre succès auprès du public national si elles avaient fait moins de bruit. »508

Le Guide Marabout prend d’ailleurs soin de prévenir les candidats au voyage en Italie que « le bruit est un facteur dont il convient de tenir compte »509

. L’attitude corporelle des Italiens elle-même n’échappe pas à cette dimension sonore et exubérante, qui peut apparaître aux yeux du touriste mal informé, comme une marque d’agressivité. L’art de la conversation est ainsi caractérisé par sa proximité inquiétante ou amusante avec une forme d’art de la dispute : les paroles sont des cris, les gestes des numéros de mines.

c) L’Italien sensible, l’Italien sensuel

Les guides accordent par ailleurs une place de choix aux rapports entre les Italiens et les domaines de l’esthétique et de la sensualité, qui sont d’ailleurs parfois confondus. Leur goût pour les manifestations sonores sait parfois prendre un tour que l’on juge nettement plus agréable. Le Guide vivant de l’Italie observe :

« La chanson domine la vie du peuple italien d’une telle façon que pour cette seule raison, les lieux communs répandus à l’étranger ont leur part de vérité. »510

Le guide Petite planète n’évite pas le cliché puisque l’on peut y lire :

« Aucune nation n’est plus douée pour le chant. »511

Plus généralement, on remarque que les cicérones attribuent aux Italiens un talent inné pour les disciplines artistiques, prenant à témoin la richesse des musées ou la décoration des églises et des palais. Mais, cette inclinaison pour les diverses facettes de la production

505 Guide Larousse, op. cit., p. 92.

506 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 46.

507 Guide Michelin, op. cit., p. 16.

508 P. LECHAT, op. cit., p. 5.

509 Guide Marabout, op. cit., p. 19.

510 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 87.

artistiques renforce aussi en creux l’image de l’Italien superficiel, accordant du prix aux choses les plus futiles.

N’est-ce pas ainsi que les lecteurs des guides interprètent également les paragraphes consacrés à l’élégance italienne ? Dans ce domaine, le Guide Michelin avertit ses lecteurs :

« Les gens, même de condition modeste, sont presque toujours vêtus avec recherche. »512

Faisant écho à cette observation, le Guide Larousse affirme:

« Les vêtements ont une importance extrême pour les Italiens. Au point qu’hommes et femmes envisagent très aisément de se priver sur le chapitre de la nourriture ou sur celui des menus plaisirs pour satisfaire leur goût de l’habillement et s’acheter le costume ou la robe qui fera qu’ils ne passeront pas inaperçus. »513

Le soin accordé aux tenues vestimentaires traduit un ardent désir de paraître – Le guide Petite planète indique que « les Italiens sacrifieront toujours les nécessités de l’être à celles du paraître »514

– qui prend sa forme la plus pittoresque, selon les guides, dans la pratique de la promenade nocturne, la passeggiata. Cette coquetterie donne plus d’allure et de charme à des hommes et des femmes, à qui l’on reconnaît de grandes qualités esthétiques naturelles. Pour le guide Petite planète, « la beauté des Italiennes et des Italiens n’est pas inférieure à sa réputation »515

.

Il semble d’ailleurs, d’après les guides, que les Italiens ont une conscience aiguë de leurs atouts et de leur valeur. Le cliché de l’homme italien grand séducteur a en effet la vie dure et Jack Chargelegue, dans L’Italie 25 francs par jour, met en garde les jeunes femmes voyageant seules, qui pourraient connaître des « mésaventures »516

. Le guide Petite planète n’écrit pas autre chose :

« La femme pour l’Italien est un objet de désir, de conquête, de jouissance sensuelle, de délectation esthétique. »517

On voit poindre ici l’image d’une société machiste dans laquelle les femmes demeurent soumises à l’emprise masculine qui leur attribue, alternativement ou successivement, deux rôles : satisfaire les désirs des hommes et prendre en charge les tâches domestiques. À côté de la ragazza que l’on peut admirer au moment de la passeggiata, les guides oublient rarement d’évoquer la mamma, possessive, excessive et d’une infinie indulgence envers ses enfants et

512 Guide Michelin, op. cit., p. 10.

513 Guide Larousse, op. cit., p. 89.

514 P. LECHAT, op. cit., p. 31.

515 Ibid., p. 9.

516 J.CHARGELEGUE, op. cit., p. 295.

surtout ses fils. Dans ce domaine, les Italiens décrits par les guides révèlent une autre facette de leur tempérament. De la sensibilité à la sensiblerie, le pas est vite franchi et le regard attentif aux subtilités de la beauté et de l’élégance devient béat devant les petits rois de l’Italie. De nombreux guides accordent d’ailleurs des passages voire des chapitres à ce phénomène qui apparaît comme particulièrement typique. Corona Berg parle du « paradis des enfants »518

, tandis que le Guide Larousse évoque « L’enfant roi »519

. C’est, selon le Guide vivant de l’Italie, un bon sujet de conversation, surtout dans le Sud, où l’on se montre intarissable à ce propos520

. Intarissable et susceptible. Le Guide Marabout prodigue quelques conseils au voyageur sur ce sujet délicat :

« Un conseil pour vous, monsieur, si vous voyagez en chemin de fer. Fatalement vous vous trouverez installé un jour à côté d’une plantureuse mamma accompagnée de ses gosses. Brusquement, sans que vous puissiez deviner ce qui s’est passé, le bambino sera dans vos bras. Ne le rendez pas à sa mère ! Gardez l’enfant, extasiez vous sur sa beauté, ne soyez pas surpris de la grosseur de sa tête (beaucoup de bambini ont une tête très développée). Cela durera un quart d’heure. »521

d) L’Italien fier

Dans le domaine plus difficile à cerner du caractère, les Italiens apparaissent pour les guides particulièrement enclins au sentiment de fierté. Ils ont, selon le Guide vivant de l’Italie, une « attitude de grand seigneur »522

que Georges Mikes explique par le fait que « les Italiens

ont une très haute opinion d’eux-mêmes »523

. Pour certains de ces cicérones observateurs, la fierté des Italiens s’intègre dans le portrait haut en couleur que l’on se plaît à dessiner. Corona Berg estime, dans son Italie ensoleillée :

« Leur vantardise et une certaine attitude théâtrale ne sont pas autre chose qu’une naïve affirmation de soi-même à laquelle il leur est difficile de renoncer. »524

Mais d’autres donnent une portée plus large et plus politique à ce trait de caractère qui serait propice au développement d’un sentiment nationaliste. Paul Lechat dans le guide Petite planète remarque :

518 C. BERG, op. cit., p. 19.

519 Guide Larousse, op. cit., p. 90.

520 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 28.

521 Guide Marabout, op. cit., p. 14.

522 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 156.

523 G. MIKES, op. cit., p. 44.

« L’esprit et le style de Déroulède et de Maurras, on ne les rencontre pas seulement dans un journal de parti ou dans un milieu de jeunes réactionnaires, mais ils s’étalent sans réserve dans les pages des journaux à grand tirage, dans les discours officiels, les inaugurations et les cérémonies. »525

Le Guide vivant de l’Italie est loin de partager ce point de vue. Rapportant, non sans humour, la façon dont n’importe quel garçon de café florentin traite ses clients étrangers, issus souvent d’un milieu social très aisé, il conclut :

« Dans cette manière manifestée par bien des petites gens, on serait tenté de voir un nationalisme chauvin et cocardier. Rien de plus faux. »526

La divergence des interprétations sur la prétendue nature orgueilleuse des Italiens traduit le caractère relatif et subjectif de ce type de considérations.

e) L’Italien du Nord, l’Italien du Sud

Pour finir ce portrait des Italiens, tracé à gros traits à travers les guides touristiques, il faut souligner la prise en compte des diversités régionales. Sans aller jusqu’à dresser une typologie des différents caractères régionaux italiens, ce que certains guides n’hésitent tout de même pas à faire527

, les touristes sont prévenus de la variété des comportements selon les régions qu’ils souhaitent visiter. Luciano Zeppegno, rédigeant un bréviaire des sujets de conversations par villes ou par régions à destinations des lecteurs du Guide vivant de l’Italie, insiste sur la nécessité pour les touristes de signaler systématiquement à leurs interlocuteurs locaux leurs « différences avec les autres Italiens »528

. Il esquisse également une classification des types régionaux, relevant leurs caractéristiques physiques mais aussi morales :

« La courtoisie des piémontais, hospitaliers, amicaux envers l’étranger, est aussi sincère que légendaire. […] La ténacité est une autre grande vertu du Piémontais. »

« Travailler est la religion de tout bon Milanais. […] Le Milanais a des manières franches et brusques, sincères, et se montre parfois grincheux. Volontiers ironique, mais jamais cruel, il manque du sens de l’humour et se montre très susceptible, supportant mal les critiques ou les observations. »

525 P. LECHAT, op. cit., p. 116.

526 L. ZEPPEGNO, op. cit., p. 156.

527 Le Guide Michelin et le Guide Vivant de l’Italie se présentent comme les plus complets sur la question.

« Les Émiliens sont en général robustes et de taille plutôt élevée, bruns et vigoureux, ils ont un parler ample et caractéristique. »

« Les Liguriens sont laborieux au-delà de toute comparaison possible. »

« Les Toscans sont des gens assez pratiques, vifs, malicieux et astucieux […] quelque chose d’aristocratique et de raffiné dans le caractère et l’allure. Les Toscans sont apparemment les gens les plus inhospitaliers de la Péninsule mais il ne s’agit que d’une impression superficielle. »

« Les Napolitains rendent acceptables presque tous les lieux communs sur leur compte : acteurs dans leur vie, personnages de la commedia dell’ arte […]. »529

En fait, la principale distinction régionale effectuée par les guides relève du traditionnel partage Nord-Sud de la Péninsule. Le guide Petite planète en offre une des expressions les plus claires :

« De part et d’autre d’une frontière qui commence au sud de Rome et s’élève obliquement vers l’est jusqu’aux abords d’Ancône, sont établis deux types de civilisations qui se définissent par des qualités, une histoire, une économie et un développement propre, et aussi par leur volonté de se différencier l’une de l’autre. »530

Bien sûr, il ne s’agit pas ici à proprement parler d’une révélation, tant l’image dichotomique de l’Italie est diffusée en France par de multiples vecteurs. L’évocation d’un contraste entre un Nord industrieux et développé et un Sud rural où règne la misère et des mœurs semi-féodales n’est pas l’apanage de la littérature touristique. Plus intéressant en revanche pour notre propos est d’observer que dans le Mezzogiorno, les traits de caractères et les comportements, évoqués précédemment, prennent un tour plus affirmé. Sous cet angle, le Napolitain fait figure d’archétype italien dans ce que l’on considère être ses bons et ses mauvais aspects. Si l’exubérance y est encore plus bruyante qu’ailleurs, celle-ci est le plus