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De la persévérance scolaire à la réussite scolaire : Quelle place pour l’accrochage

Chapitre 2 : Du Décrochage à l’Accrochage Scolaire : Un Détour Incontournable Par Les

2. De la persévérance scolaire à la réussite scolaire : Quelle place pour l’accrochage

Afin d’être rigoureux dans notre travail de recherche, il nous semble indispensable de clarifier les concepts que nous allons utiliser dans les parties à venir. En effet, souvent ambiguës du fait de la polysémie de ces notions, nous allons tenter de définir les concepts de réussite scolaire, de persévérance scolaire et d’accrochage scolaire.

2.1. La réussite scolaire : Entre subjectivité et objectivité

Selon Perrenoud (1998), « la réussite scolaire est une appréciation globale et institutionnelle des acquis de l’élève, que l’école fabrique par ses propres moyens, en un point donné du cursus, puis qu’elle présente sinon comme une vérité unique, du moins comme la seule légitime dès lors qu’il s’agit de prendre une décision de redoublement, d’orientation/sélection ou de certification » (p.37). La définition de Perrenoud, bien que pertinente nous paraît partiel dans la mesure où elle ne prend pas en compte l’obtention d’un diplôme comme déterminant de la réussite scolaire. Ainsi, nous retiendrons plutôt comme définition du concept de réussite scolaire celle rédigée par Baby (1992) pour le CRIRES et qui se réfère à « l’atteinte d’objectifs d’apprentissage propres à chaque étape des cheminements scolaires. Lorsque ces étapes coïncident avec la fin d’un cycle d’étude ou d’un ordre d’enseignement, la réussite scolaire se traduit généralement par l’obtention d’un diplôme ou d’un certificat et, ultimement, par une intégration réussie dans le monde du travail » (CRIRES, 1992, p.2). Dans la même idée, Bouchard et St-Amant (1996) définissent la réussite scolaire comme « l’atteinte d’objectifs de scolarisation liés à la maîtrise de savoirs déterminés, c’est-à-dire au cheminement parcouru par l’élève à l’intérieur du réseau scolaire. Ce cheminement suit le parcours des matières enseignées (le curriculum) dont les programmes sont définis par le ministère de l’Éducation Nationale. Il fait l’objet d’évaluations – indiquant la performance – et certaines étapes s’accompagnent d’une diplomation et permettent soit le passage à un niveau supérieur ou spécialisé, soit, en théorie, à une intégration au marché du travail » (p.4). Les auteurs sous-entendent donc que la réussite scolaire dépend de la persévérance scolaire de l’élève et rejoignent en cela le point de vue d’autres chercheurs comme Roy (2005). Notre travail de recherche s’inscrit dans cette vision de la réussite scolaire, dont la persévérance est un déterminant fondamental.

Concepts

2.2. La persévérance scolaire : Un facteur déterminant de la

réussite

Le concept de persévérance scolaire a été introduit au Québec dès le milieu des années 1950 (Groupe d’experts franco-québécois sur la persévérance scolaire et la réussite éducative, 2013). Selon le Dictionnaire actuel de l'éducation (Legendre, 2005), la persévérance scolaire apparaît comme étant « le fait, pour un élève ou une élève, de poursuivre ses études en passant à la classe suivante d'un programme d'études » (p. 980). Le Conseil régional de prévention de l'abandon scolaire de Saguenay Lac-Saint-Jean (CRÉPAS, 2016) ajoute la notion de diplomation à la définition de la persévérance puisque selon lui, la persévérance se définit comme étant « la poursuite d'un programme d'études en vue de l'obtention d'une reconnaissance des acquis (diplôme, certificat, attestation d’études, etc.) ». La persévérance scolaire recouvre donc à la fois, le fait de s’inscrire de manière continue dans un cheminement scolaire mais également le fait de viser comme finalité de ce cheminement, l’obtention d’un diplôme. En cela, la frontière entre la réussite scolaire et la persévérance scolaire est mince mais néanmoins délimitée par le fait que la réussite scolaire est le résultat du processus de persévérance scolaire engagé par l’élève depuis les premières années de scolarisation. La définition de la persévérance scolaire proposée en France, par l’académie de Versailles (2014), est pertinente et complémentaire aux deux premières car elle ajoute à la notion de poursuite d’études, celle d’« efforts constants déployés par les élèves ainsi que par les équipes pédagogiques pour favoriser l’apprentissage au quotidien » en vue d’obtenir un premier diplôme. Le triptyque, poursuite d’études, efforts constants et objectif d’obtention d’un diplôme constituent donc les principaux déterminants de la persévérance scolaire, telle que nous l’entendons dans notre travail de recherche.

2.3. De la persévérance à l’accrochage scolaire

Le terme d’accrochage scolaire a fait son apparition depuis quelques années dans le monde de l’éducation et de la recherche notamment pour expliquer les facteurs qui protègent, des élèves à risque, du décrochage scolaire. Les dispositifs qui permettent le raccrochage scolaire suite à une période de décrochage, sont en pleine expansion et les définitions concernant le raccrochage commencent à abonder. Ainsi, selon le CREPAS (Conseil Régional de Prévention de l’Abandon Scolaire, 2016) au Québec, le raccrochage se définirait comme la

période d’absence plus ou moins longue »14. Le raccrochage scolaire implique donc automatiquement une période de décrochage en amont.

Or, si le raccrochage scolaire semble assez simple à définir, le concept d’accrochage scolaire, c’est-à-dire le phénomène qui permet à un élève de s’accrocher à l’école malgré des facteurs de risque de décrochage, paraît beaucoup plus difficile à cerner. Denecheau (2013) propose la définition suivante :

« L’accrochage scolaire peut se rapprocher du terme de diplômation. Si le deuxième correspond aux diplômes décrochés et aux détails qui s’en rapportent (cela prend en compte le nombre et le type de ces diplômes), le premier correspond à l’acquisition par un individu d’au moins un diplôme. L'accrochage scolaire est ainsi une simple inversion du concept du décrochage : son étude ne peut pas se restreindre à la diplômation, l'accrochage est le résultat d'un parcours constitué de multiples processus complexes qui contribuent à cette diplômation » (Denecheau, 2013, p.99).

De ce fait, à l’instar du décrochage scolaire qui est le résultat d’un long processus de risques multifactoriels qui trouve son origine dès les prémices de la scolarité, l’accrochage scolaire se construit également sur plusieurs années grâce à la combinaison de multiples facteurs de protection. L’accrochage scolaire est le résultat d’un processus complexe dont la persévérance scolaire est un déterminant. Il est rendu possible grâce à la combinaison de plusieurs facteurs de protection intrinsèques et extrinsèques propres à chaque enfant, dont la finalité est la réussite scolaire, qui se caractérise a minima par l’obtention d’un diplôme et in fine par l’insertion professionnelle.

Conclusion du chapitre 2 :

En conclusion de cette partie nous pouvons dire que le décrochage scolaire n’est pas un état mais un long processus, résultat de facteurs cumulatifs liés au contexte personnel, familial, scolaire et environnemental des élèves. Il commence souvent dès la petite enfance, s’étend sur plusieurs années et trouve son apogée vers l’âge de quinze ou seize ans ce qui correspond, en France, à l’âge de la fin de la scolarité obligatoire.

Pour lutter contre le décrochage scolaire, certains chercheurs se sont en premier lieu attachés à repérer les facteurs de risque pouvant déclencher et/ou accentuer le processus de décrochage d’un élève. Désormais identifiés, le monde de la recherche s’intéressent à présent aux facteurs de protection du décrochage scolaire pouvant contribuer au processus d’accrochage scolaire. La persévérance scolaire est donc un déterminant de l’accrochage scolaire dont la finalité est la réussite scolaire de l’élève qui se traduit en premier lieu par l’obtention d’un diplôme puis se conclut par l’insertion professionnelle de l’individu.

Dans notre recherche, nous avons souhaité nous intéresser aux facteurs de protection qui favorisent l’accrochage scolaire des enfants confiés à une famille d’accueil. Le processus d’accrochage scolaire trouve son origine dès les premières années de vie de l’enfant, dans le rapport qu’il entretient avec son contexte scolaire. Concernant les enfants confiés à une famille d’accueil, ce contexte, est souvent mis à mal par la présence de multiples facteurs de risque qui ne peuvent être compensés que par la présence de facteurs de protection dans l’environnement de l’enfant.

Partant de ce constat, nous pensons qu’il est pertinent de nous intéresser, en premier lieu, au parcours scolaire des enfants confiés aux services de protection de l’enfance avant de nous focaliser dans un second temps sur le parcours scolaire de ceux qui sont parvenus à s’accrocher à l’école.

Chapitre 3 : La scolarité des enfants confiés à une famille

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