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Chapitre 5 : Elaboration de la recherche

5. Les difficultés de la recherche

Dans le cadre de ce travail, nous avons rencontré plusieurs difficultés qu’il a fallu contourner pour atteindre notre objectif.

En premier lieu, nous avons été confrontée, comme d’autres avant nous (Denecheau & Blaya, 2013) à la pauvreté de la littérature scientifique sur le sujet étudié notamment en termes de données statistiques sur les caractéristiques des jeunes confiés à la protection de l’enfance. En effet, si les études sur le décrochage scolaire en général sont prolifiques, tandis que celles sur l’accrochage ou la persévérance scolaire tendent à se développer, il n’en est rien en ce qui concerne le décrochage scolaire, et encore moins l’accrochage scolaire des jeunes pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Seuls quelques chercheurs (Denecheau, 2012 ; Denecheau & Blaya, 2013 ; Sellenet, 1999) se sont intéressés à la question. Il en est de même en ce qui concerne la situation générale des enfants placés. En effet, si quelques ouvrages existent sur le sujet, il s’agit principalement de documents réalisés par des éducateurs, des psychologues, des responsables de foyers éducatifs dont les écrits ressemblent plus à des recueils de vie avec de nombreux témoignages de jeunes mais peu de statistiques ou d’analyse scientifique sur la vie de ces jeunes en général. De même, très peu d’études ont été réalisées sur la scolarité de ces jeunes malgré l’importance de cette dernière pour la vie future des sujets.

Ainsi, afin d’étayer la recherche de données statistiques, et bien que Grawitz souligne que l’outil mathématique n’est pas adapté au travail en sciences humaines (2001, p.362) même s’il admet que certaines sciences sociales sont davantage susceptibles que d’autres de se prêter au recueil quantitatif, nous avons tout d’abord tenté de recueillir des données quantitatives sur le

public des jeunes confiés à des familles d’accueil au niveau national afin de le comparer à celui des jeunes confiés à un service départemental. En effet, tout comme Reuchlin (1969) qui indique que le statisticien cherche à « recueillir et coordonner des faits nombreux dans chaque espèce, de manière à obtenir des rapports numériques sensiblement indépendants des anomalies du hasard et qui dénotent l’existence de causes régulières » (p.55), notre objectif était alors, dans un premier temps, de repérer d’éventuelles convergences et/ou différences de caractéristiques entre les jeunes confiés à des familles d’accueil au niveau national et ceux confiés à un niveau départemental. En effet, nous voulions alors savoir si l’accueil des enfants était le même sur tout le territoire français ou s’il pouvait exister des différences selon l’accueil en milieu urbain ou en milieu rural, ou en fonction des politiques publiques appliquées dans les régions, départements ou communes ; cela dans le but de voir si nous pouvions par la suite élargir nos résultats à toute la France. Nous nous sommes alors heurtée au fait qu’il existe très peu de données sur l’accueil des jeunes confiés à la protection de l’enfance et encore moins, sur la spécificité de l’accueil familial. En effet, malgré une volonté de centraliser les données départementales, l’ONED semble encore recueillir trop peu d’informations des régions et des départements pour pouvoir établir des statistiques précises sur ce public. Nous avons également interrogé l’ANPF (Association Nationale des Placements Familiaux) afin d’obtenir des données sur le nombre de familles d’accueil en France et leurs caractéristiques mais nos demandes sont restées sans réponses. Il apparaît donc qu’au cas par cas, certains services de protection de l’enfance relèvent quelques données (sexe, âge) concernant les jeunes qu’ils accueillent et établissent parfois quelques statistiques mais il semble que ces pratiques soient encore rares, non obligatoires et non recensées au niveau national ce qui fait cruellement défaut à la recherche sur ce thème. En effet, le manque de rigueur scientifique constaté lors de notre recherche documentaire est également ressorti de l’analyse que nous avons tentée de faire à partir des dossiers de jeunes confiés à la protection de l’enfance. Nous avions commencé ces recherches dans le cadre de notre mémoire de Master où nous avions eu accès à des dossiers de jeunes accueillis au sein d’une MECS et où nous avions alors pu constater un manque d’homogénéité dans les pratiques professionnels car chaque référent d’un jeune notait ce qu’il lui semblait important ou utile sans réelle obligation ce qui rendait alors l’analyse statistique impossible car certains dossiers ne comportaient que quelques mots. De même, dans le cadre de cette thèse, nous avons souhaité dans un premier temps travailler en collaboration avec un service d’Aide Sociale à l’Enfance

sein même du service de l’ASE. Nous avons donc contacté ce service afin de leur demander s’ils avaient en leur possession des données concernant le nombre de jeunes de moins de vingt-et-un ans accueillis au sein de l'ASE en précisant leur sexe, leur âge, le lieu de placement (collectif ou famille d'accueil), la durée moyenne du placement, l’âge du placement et le motif. Nous intéressant plus précisément aux jeunes accueillis en familles d'accueil, nous avons souhaité savoir combien d’enfants étaient accueillis ainsi, les motifs de ce choix d'accueil, leur moyenne d'âge, leur répartition par sexe et la durée de leur placement dans la même famille. Enfin, il nous semblait intéressant de connaître le nombre total de familles d'accueil sur un département, leur ancienneté moyenne, leur répartition géographique (milieu urbain ou rural) et leur composition familiale. Nous nous sommes alors adressée au service de l’ASE avec lequel nous avions commencé à travailler en leur demandant si des données statistiques existaient sur les jeunes qui leur étaient confiés. Ont alors été mises à notre disposition les quelques données dont le service dispose. Nous avons ainsi pu repérer les différentes tranches d’âges d’enfants accueillis par des familles d’accueil du département et le nombre de familles d’accueil sur ce département. Aucun document ne répertoriait alors les réponses aux autres questions que nous nous posions et qui nous semblaient importantes pour traiter ce sujet d’un point de vue quantitatif. Par conséquent, au regard du peu d’éléments recueillis et du manque d’homogénéité entre les différents services et départements, nous avons fait le choix d’abandonner l’approche quantitative et d’opter pour une approche uniquement qualitative.

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