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Chapitre 5 : Elaboration de la recherche

3. La collecte des données de terrain

Dans le cadre de cette thèse de doctorat, nous avons privilégié une démarche qualitative à partir d’entretiens semi-directifs, qui, comme nous l’avons expliqué en amont, n’est ni entièrement ouvert, ni entièrement fermé. L’entretien compréhensif nous a permis de proposer un certain nombre de thèmes sur lesquelles nous avons souhaité que l’interviewé donne son avis. De ce fait, si l’élaboration préalable, d’un guide d’entretien (Cf : Annexe 2) a été indispensable, elle a été adaptée au fur et à mesure de l’entretien et nous a servi de canevas pour aborder les questions préétablies.

3.1. La rencontre avec le public : Au cœur du métier de

chercheur

Dans un premier temps, nous avons pris contact avec les sujets de notre enquête par téléphone ou par mail (le choix de l’outil de communication a été fait en fonction des coordonnées donnés par la famille d’accueil ou le service d’accueil familial). Nous avons alors brièvement expliqué les raisons de notre prise de contact et avons demandé à chaque personne si elle acceptait de nous rencontrer afin de discuter du déroulement de sa scolarité dans le cadre d’un accueil familial. Toutes les personnes que nous avons contactées ont accepté. Nous avons alors fixé un rendez-vous pour chacune. En ce qui concerne les horaires de rendez-vous, nous nous sommes adaptée aux disponibilités des personnes à interviewer. Tantôt le soir après le travail, durant les vacances scolaires ou le week-end. L’objectif étant de ne pas contraindre les personnes à accepter un rendez-vous sur un moment imposé par le chercheur ce qui aurait pu d’emblée les contrarier et parasiter de ce fait, l’échange à venir. Concernant le lieu de rendez- vous, nous avons laissé la personne proposer un lieu dans lequel elle se sente à l’aise mais en précisant qu’il nous fallait un endroit calme (sans bruit de fond) de façon à ne pas parasiter l’enregistrement de l’entretien. Nous avons de ce fait, profité de ce moment pour demander l’autorisation d’enregistrer notre rencontre et là encore, toutes les personnes ont accepté. Les lieux de rencontre ont été divers en fonction des préférences des personnes : bibliothèques (trois personnes), salle banalisée dans un lycée (une personne), salle de réunion au service de placement familial (quatre personnes), terrasse d’un café (une personne), lieu de travail (deux personnes), au domicile personnel du jeune (cinq jeunes), chez la famille d’accueil (douze personnes). Précisons que deux entretiens ont été réalisés via l’outil de communication à distance « Skype » car l’une vit actuellement en Angleterre et l’autre, habitant et travaillant

Concernant les dix familles d’accueil rencontrées, nous avons d’abord échangé par téléphone avec les assistantes familiales pour expliquer les raisons de notre prise de contact. Nous les avons ensuite sollicitées pour un entretien physique qu’elles ont accepté. Les entretiens se sont tous déroulés au domicile des familles d’accueil, dans le salon ou la cuisine. Elles ont toutes accepté que leurs propos soient enregistrés. Sur les dix entretiens réalisés, cinq l’ont été uniquement avec les assistantes familiales tandis que pour les cinq autres, les époux de ces dernières ont demandé s’ils pouvaient participer à une partie ou à l’intégralité de l’entretien ce que nous avons accepté dans la mesure où ils ont aussi participé à l’accueil des enfants et leur point de vue nous semblait donc très intéressant.

Le jour de l’entretien, nous avons commencé par remercier la personne de bien vouloir nous rencontrer puis nous avons rappelé l’objectif de notre rencontre à savoir que dans le cadre d’une thèse de doctorat, nous nous intéressions au sujet de la réussite scolaire des jeunes qui avaient été confiés à une famille d’accueil car le peu d’études existant sur le sujet ont tendance à montrer que ces personnes sont plutôt sujettes à des difficultés scolaires qu’à une réussite. De ce fait, dans une démarche qui se veut « positive » c’est-à-dire qui veut mettre en avant les réussites plutôt que les échecs, nous souhaitions chercher à comprendre les raisons de cette réussite dans le parcours de vie de chaque personne rencontrée. Nous avons par la suite expliqué que nous n’attendions pas de réponses précises et que l’objectif de notre rencontre était un échange sous la forme du discours afin de relever le point de vue des personnes qui étaient le plus à même de tirer une analyse de la situation c’est-à-dire la personne elle-même. Enfin, nous avons terminé notre introduction en redemandant (ou demandant pour certains) l’autorisation d’enregistrer la personne tout en montrant l’enregistreur en question qui s’est avéré être un petit MP4 de 3 cm sur 4 cm. Nous avons choisi ce modèle car il nous a semblé que sa petite taille ferait oublier sa présence et faciliterait ainsi l’échange avec un public qui n’est pas forcément habitué à donner son point de vue, notamment sur son parcours de vie difficile.

Lors des quatre premiers entretiens réalisés, nous avons commencé par poser des questions relatives à la situation personnelle et familiale du jeune (âge, situation familiale, situation professionnelle). Nous nous sommes alors aperçue que cette façon de procéder incitait les personnes à répondre sous forme de réponses courtes ce qui est un frein à l’objectif de l’entretien semi-directif qui cherche plutôt à obtenir des détails de vie que seule une discussion ouverte peut favoriser. Par conséquent, nous avons modifié notre façon de procéder sur les entretiens suivant en commençant par demander aux personnes comment

s’était déroulée leur scolarité. Cette façon de faire a alors été plus efficace puisqu’en commençant par raconter sous forme de récit le déroulement de leur scolarité, les personnes ont pris l’habitude de développer leurs réponses et au fur et à mesure des questions abordées, elles se sont senties davantage en confiance pour parler ce qui a facilité les échanges qui ont suivis.

Au cours de l’entretien, nous avons alors laissé les personnes interviewées parler librement de leur expérience et nous nous sommes servie du guide d’entretien préparé en amont, lorsqu’il nous semblait que la personne s’éloignait du sujet ou lorsqu’elle n’abordait pas d’elle-même certains points qui nous semblaient importants (ex : pratique ou non d’activités périscolaires). Outre la richesse de cette méthode d’enquête, son intérêt réside dans le fait de laisser le sentiment à la personne interviewée qu’elle est libre de parler ouvertement, dans les mots qu’elle souhaite et dans l’ordre qui lui convient, et ce dans un contexte moins rigide que celui d’un entretien directif. Cela est essentiel notamment lors d’entretiens réalisés avec des personnes peu expérimentées des interviews, comme ce fut le cas dans ce travail de recherche, et qui se demandent toujours si elles répondent correctement à la « question » posée.

Concernant les entretiens réalisés avec les jeunes ayant été confiés à une famille d’accueil, le temps de rencontre a été variable se situant entre 17 minutes et 1 heure et 25 minutes avec une moyenne de 34 minutes par entretien. Les familles d’accueil ont quant à elles été plus prolixe puisque la durée des entretiens a été comprise entre 33 minutes pour l’entretien le plus court et 1 heure et 17 minutes pour l’entretien le plus long avec une moyenne de 52 minutes par entretien. Dans l’ensemble, les personnes interviewées ont semblé à l’aise et ont apparemment parlé en toute sincérité. Le guide d’entretien a été utile afin de penser à aborder tous les points fixés au départ.

A la fin de l’entretien, nous avons remercié chaque personne en lui reprécisant combien son aide était précieuse pour la suite de notre recherche. Trois d’entre elles (les plus âgées de l’échantillon) nous ont remercié pour l’intérêt que nous portons à ce sujet et ont demandé à pouvoir prendre connaissance du travail terminé. Nous nous sommes engagée à leur faire part des conclusions de la recherche le moment venu.

3.2. La retranscription : Une expérience fastidieuse mais

nécessaire et enrichissante

La première phase du travail terminé, il a ensuite fallu retranscrire intégralement la totalité des quarante entretiens ce que nous avons souhaité réaliser par nous-même. Ce travail nous a pris de quatre à dix heures en fonction de la durée des entretiens. Nous avons alors retranscrit mot à mot tout ce que la personne interviewée a dit, sans modifier le texte, sans l’interpréter et sans abréviation. Nous avons fait ce choix car nous souhaitions nous imprégner du contenu de chaque entretien mais aussi du ton utilisé, revivant ainsi lors de chaque retranscription, ce que nous avions vécu le jour de l’entretien (regards, rires, pleurs, soupirs, gestuelle). Ce travail, bien que fastidieux et chronophage nous a semblé nécessaire et d’une richesse irremplaçable car lors de l’analyse, nous savions exactement qui des quarante personnes rencontrées avait abordé telle ou telle idée, chaque voix résonnant dans nos oreilles, ce qui nous a permis de gagner du temps lors de la phase de codage puis de la phase d’analyse. Par ailleurs, ayant commencé à retranscrire les entretiens dès le début, l’écoute attentive que nécessite la retranscription nous a rapidement permis de modifier notre façon de conduire les entretiens en nous efforçant de ne plus couper la parole par des mots parasites tels que « d’accord » et comprenant l’intérêt des silences que nous cherchions jusque-là à combler.

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