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La République reine d’un Petit Rambouillet (1870-1995)

II- Un mode de gouvernement : le parc de chasse

2- Du Parc aux Lapins au Petit Parc

Le Parc aux Lapins est une création du début XVIIIe siècle. Situé au nord-est du Grand Parc,

il n’existe pas en 1706 quand le comte de Toulouse acquiert le domaine. Et il n’apparaît pas sur la Carte particuliere de la forest de Saint Leger et Rambouillet avec leurs environs, datant de 1708, conservée au Pavillon de la Faisanderie de Rambouillet. En revanche il apparait sur le

160 ADY, 2604W 94.

161 ADR, chasses présidentielles (avant 1995). 162 ADR, chasses présidentielles (avant 1995).

163 Cet usage est attesté depuis au moins le duc de Penthièvre qui mentionne les promenades dans l’Atlas de Réformation générale des bois des parcs de Rambouillet, ADY, 2604W 94.

Plan géométral du Parc de Rambouillet en 1716164. Pierre de Janti écrit qu’il est créé entre

1712 et 1713 et contient une superficie de 462 arpents165. Il s’agit de la même année proposée

par l’historien-veneur pour la construction des murs du Grand Parc. La construction de ce parc de 225 hectares, peut donc être placée avec certitude entre 1708 et 1716166.

Tout comme le Grand Parc si la superficie n’évolue pas à partir de 1716, les pratiques, les usages et les paysages évoluent en fonction des activités humaines entre 1716 et 1995. Entre 1716 et 1782 il n’est pas entièrement boisé. En 1716, il est à moitié boisé et l’autre moitié est une garenne comme le confirme la Carte géométrale du grand chemin de Chartres à Paris a

commencer à la sortie de Rambouillet, qui indique une garainne au Sud du parc167. Cet usage

qui disparaît au cours du XVIIIe siècle est resté dans la toponymie : Parc aux Lapins, Grille aux Lapins.

En 1764, la carte Réduction de la carte topographique des environs de Rambouillet fait apparaître le processus de recouvrement de la garenne par les bois168. Le milieu normalement

maintenu ouvert par les lapins semble perdre peu à peu sa vocation, les bois referment cet espace progressivement. En 1782, le duc de Penthièvre reconvertit certains espaces cynégétiques du domaine, les plattes-bandes dans le Grand Parc et ce qu’il reste de la garenne dans le Parc aux Lapins. L’Atlas de la Réformation générale des bois du domaine documente la volonté du duc d’achever la fermeture du parc par le couvert forestier : des plantations sont effectuées dans le coin sud-ouest du parc. Le refermement progressif de l’espace, les décisions du duc de Penthièvre et le nouveau nom donné à ce parc invitent à s’interroger sur la disparition des lapins de cet espace.

Le nom du parc change entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle. Il est

appelé Parc aux Lapins du comte de Toulouse jusque sur la Carte des Chasses Impériales de 1807. Il est également appelé sur la même période le Petit Parc. Ce dernier nom supplante l’appellation d’origine, en lien avec la disparition des lapins de cet espace sur la période. L’atlas de Réformation générale de 1782 le désigne comme le petit parc aux Lapins169. Louis XVI dans son Livre des Chasses utilise également l’appellation petit parc. En 1830, le cadastre

164 Voir DE JANTI Pierre, op. cit., p. 62-63. Cette carte a disparu. 165 Ibid.

166 Musée de la Chasse et de la Nature, 006.79 : Livret des Chasses du roi pour l’année 1826, op. cit., p. 199. 167 BNF, GE DD-2987 (846B) : Carte geometrale du grand chemin de Chartres a Paris a comencer a la sortie

de Rambouillet jusque'a la porte du petit parcq de Versailles, s.l.n.d. 33 x 107 cm.

168 BNF, GE C-6186 (A): Réduction de la carte topographique des environs de Rambouillet, 1764. 169 ADY, 2604W 94.

napoléonien pour Rambouillet est publié, et le parc est désigné pour la première fois sur un document cartographique selon sa nouvelle appellation : Le Petit Parc170.

Suite à l’abandon ou perte de cet usage – est-ce une décision du duc lui-même de supprimer le parc aux lapins pour en faire un parc de bois ? – la fonction du parc change au XIXe siècle. Napoléon dès 1806 y fait placer le gibier qu’il reçoit en cadeau des princes

allemands récemment conquis sont donc placés cerfs, biches et daims171. Le Petit parc permet

d’accueillir les couples reproducteurs, de protéger les faons et les jeunes cerfs de la dent des loups et des balles des braconniers. Ils sont ensuite panneautés pour être placés en forêt ou dans le Grand Parc selon les besoins et les envies. En 1816, ce sont par exemple neufs cerfs et deux daims qui sont placés du Petit au Grand Parc172. Les hommes effectuent donc des reproductions

sous surveillance à Rambouillet : sélections de couples, protection par les murs et les gardes, nourrissages hivernaux.

Louis XVI y chasse une fois le 23 mai 1785 et y tue quatre pièces. Après cette unique date, il n’y pas une seule chasse organisée dans cet espace jusqu’aux Chasses présidentielles de la Troisième République. Des Petites Chasses y sont organisées en petit comité avec des tableaux plus modestes. Le 6 novembre 1892, se retrouvent ainsi le Général Saussier, le général Brugère, Cunisset-Carnot, Ernest Carnot, Col. Pistor, Weiss et Récopé pour une chasse dans le Petit Parc et font un tableau de 132 pièces de gibier : 40 faisans, 85 lapins, 3 chevreuils et 4 bécasses. Le parc se situant aux abords directs du Grand Parc les faisans s’envolent et viennent peupler les abords directs.

Le domaine de Rambouillet perd l’usage du Petit Parc entre 1914 et 1918. Après la guerre, on perd sa piste dans les archives et il s’évanouit probablement dans la forêt domaniale dans laquelle il se trouve actuellement. Une affaire de braconnage en 1951 évoque des brèches dans le mur du Petit Parc, l’une d’elle sert au braconnier à poser son collet173. Des échanges au

domaine de Rambouillet permettent de documenter l’usage des pierres des murs du Petit Parc dans l’établissement de routes. Le mur d’enceinte est aujourd’hui presque en ruines. Demeurent un angle de murs le long de la route départementale 937. Des éléments de murs jonchent la route forestière perpendiculaire à la RD 937, aux abords du bâtiment de l‘ancienne Porte de Saint-Léger (reconvertie en location de vélo) et aux abords de la maison forestière de la Porte de Houdan. La porte de Saint-Léger et la Porte de Houdan conservent les maisons forestières

170 ADY, 3P 2/257/13 Section F1 dite du Parc, 98 x 98 cm, 1 : 2500, 1830. 171 ADY, 6Q 503.

172 ADY, 6Q 507.

historiques qui remontent au XVIIIe siècle. En revanche, les portes de Coupe-Gorge et la Porte Blanche ont disparu. Il faut également signaler que la carte IGN commet une erreur sur l’emplacement de la porte Blanche, qu’elle situe un carrefour trop à l’Est. Une enquête de terrain et la découverte d’une borne en grès permet de documenter cette erreur d’emplacement. Il s’agit d’une borne angulaire en grès destinée à la protection des maçonneries des roues de carrosse, au niveau des passages de portes.

La dernière modification paysagère d’importance qui peut être reliée à un phénomène environnemental très récent et la disparition d’un bassin d’eau dans le Petit Parc. Située le long de l’ancienne route de Chartes (actuelle RD 937), cette pièce d’eau peut être confirmée par les cartes historiques et par les vestiges archéologiques : bassin de retenue et digues existent encore malgré le manque d’entretien. Cette pièce d’eau est reliée à l’étang du Gruyer et constitue une étape intermédiaire vers l’étang de Groussay puis les canaux de Rambouillet. Disparus toutes deux : la pièce d’eau du Petit Parc et l’étang de Groussay étaient destinés à la retenue de l’eau et probablement à des usages domestiques et piscicoles. Les eaux ont débordé de cet espace lors des inondations de mai 2016, qui ont recouvert le quartier de Groussay à Rambouillet d’un mètre quatre-vingt d’eau pendant plusieurs jours174.

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