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Migration des usages vers le streaming et le téléchargement direct En 2007, un rapport d’ipoque, premier fournisseur européen de solutions pour la

comportements de consommation

1.3. Chronique d’une démocratisation de l’échange de fichiers

1.3.3. Migration des usages vers le streaming et le téléchargement direct En 2007, un rapport d’ipoque, premier fournisseur européen de solutions pour la

gestion et l’analyse du trafic des réseaux informatiques, confirme que le P2P est l’application qui génère le plus de trafic sur Internet (entre 49 % du trafic total au Moyen-Orient et 83 % en Europe de l’Est162). De même, une étude de 2008 du cabinet

de conseil et d’analyse de marché MultiMedia Intelligence prévoit que le trafic du P2P augmentera de 400 % dans les cinq prochaines années et remarque que les industries culturelles considèrent de plus en plus le P2P comme un moyen rentable de distribuer du contenu et des services à l’ère du numérique163.

Mais Big Champagne, spécialiste de la mesure d'audience sur les réseaux P2P, constate qu'entre mai 2006 et mai 2007, la progression du nombre d'internautes connectés simultanément sur les réseaux P2P est presque nulle, alors qu'elle avait été

de 32 % en 2004 et de 25 % en 2005164. La croissance semble se tasser. Tendance

161 Voir : KRONSCHNABL Ana & RAWLINGS Tomas, Pluginturnon – A Guide to Internet Filmmaking, London : Marion Boyars Publishers Ltd, 2004.

162 Voir : IPOQUE, Internet Study 2007, Ipoque [en ligne] [consulté le 18 mai 2009].

http://www.ipoque.com/resources/internet-studies/internet-study-2007

163 Voir : SIZEMORE Rick, « P2P: Content’s “Bad Boy”; Tomorrow’s Distribution Channel », MultiMedia Intelligence [en ligne], November 2008 [consulté le 18 novembre 2009].

http://www.multimediaintelligence.com/index.php?view=article&catid=37%3Afrontpagetitleonly&id=133%3Ap2p-traffic-to- grow-almost-400-over-the-next-5-years-as-legitimate-p2p-applications-become-a-meaningful-

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164 Voir : CHAMPEAU Guillaume, « La population P2P se stabilise mais BitTorrent explose », Numerama [en ligne], 6 juillet 2007 [consulté le 27 novembre 2009].

confirmée en 2009. Ainsi, à en croire un rapport de la firme Arbor Networks, qui équipe plus de 70 % des principaux FAI (fournisseurs d’accès à Internet) dans le monde, « le peer-to-peer vit ses dernières heures »165. L’équipementier estime que « le trafic lié au partage de fichiers ne représente déjà plus que 18 % de l’ensemble des données qui circulent sur les routeurs166, contre 40 % en 2007 »167.

1.3.3.1. Une propension à payer plus élevée pour le streaming illimité

Désormais, les internautes préfèrent le téléchargement direct et le streaming. Ces nouvelles méthodes de partage de fichiers connaissent un succès fulgurant. Ipoque estime que les solutions de stockage de fichiers (en particulier le stockage sur les

newsgroups168 et les sites comme Rapidshare et MegaUpload) sont toujours aussi

attrayantes et représentent désormais 15 à 35 % du piratage en fonction des régions169, devenant ainsi de véritables alternatives au P2P.

Arbor Networks, lui, révèle la progression des solutions de streaming, particulièrement aux Etats-Unis, sous l’impact positif de plateformes légales comme Hulu ou Netflix. Plus besoin de lancer BitTorrent ou eMule pour télécharger un film s’il est immédiatement disponible en streaming, légalement et avec une qualité certaine. Les services de streaming audio et vidéo, comme YouTube, Dailymotion ou Deezer, connaissent également une forte augmentation. Selon la société Sandvine, la nature du trafic Internet continue de se transformer à mesure que les évolutions techniques avancent. Ainsi, entre 2008 et 2009, le divertissement en temps réel a vu son trafic quasiment doubler170. Profitant de la démocratisation du très haut débit, les internautes s’inscrivent désormais dans une logique d’expérimentation en temps réel, rejetant progressivement les applications ou les habitudes nécessitant d’attendre ou d’expérimenter plus tard. Tendance confirmée par une étude d’Ipsos MediaCT qui montre que, même s’il est encore important de posséder le contenu et de pourvoir le lire sur différents terminaux, les internautes préfèrent payer pour des services illimités de streaming vidéo plutôt que de payer le prix fort pour du téléchargement à

http://www.numerama.com/magazine/4924-la-population-p2p-se-stabilise-mais-bittorrent-explose.html 165 « Le P2P est en voie d’extinction », Numerama [en ligne], 13 octobre 2009 [consulté le 27 octobre 2009].

http://www.numerama.com/magazine/14214-le-p2p-est-en-voie-d-extinction.html 166 Voir : Index.

167 Ibid.

168 Voir : Index.

169 Voir : « Le P2P est en voie d’extinction », op. cit.

l’unité et rencontrer ensuite des problèmes de stockage171.

1.3.3.2. La migration des usages dépend de la couverture réseau

L’étude de Sandvine montre néanmoins que « les zones émergentes sont toujours dans une sorte de transition. L’Afrique et l’Amérique latine voient l’usage du P2P se maintenir au-dessus de la barre des 33 %, tandis qu’aux Etats-Unis et en Asie, la part est sous les 20 et 10 % respectivement »172. En revanche, l’Europe « est à la croisée des chemins. Le peer-to-peer, le divertissement en temps réel et la navigation Internet semblent être en compétition pour remporter le leadership. Cette situation est principalement causée par la disparité entre les différents réseaux haut débit de chaque pays173. »

1.2.4.3. La peur du gendarme n’explique pas tout

En France, la loi HADOPI précipite, dans une certaine mesure, l’adoption de services de téléchargement direct et de streaming. En effet, cette nouvelle loi permet de relever les adresses IP174 des téléchargements illégaux, puis de les transmettre au juge

pour obtenir la suspension de l'accès Internet de l'abonné incriminé. Or, les adresses IP de ceux qui partagent des fichiers ne peuvent être obtenues qu'au sein des réseaux P2P. Les autres méthodes de partage de fichiers ne permettent pas de remonter jusqu'à l'abonné. Et c'est précisément ces nouvelles méthodes qui grimpent en flèche. Selon une enquête pour la HADOPI, menée auprès de deux échantillons représentatifs et présentée en janvier 2011, 25 % des internautes français sondés utilisent le P2P, 25 % le direct download et 54 % le streaming pour consommer gratuitement des produits culturels sur Internet175. Pour le magazine en ligne de l’actualité du numérique Numerama, ce phénomène est « l’effet secondaire de l’adoption de la loi

HADOPI »176. Patrick Waelbroeck, enseignant-chercheur à Telecom ParisTech et

http://www.sandvine.com/news/global_broadband_trends.asp

171 Voir : ALBRECHT Chris, « People Prefer Streaming Over Downloading », NewTeeVee [en ligne], 18 December 2008 [consulté le 5 mars 2009].

http://newteevee.com/2008/12/18/people-prefer-streaming-over-downloading/

172 « Etude : le déclin du P2P au profit du téléchargement », Numerama [en ligne], 27 octobre 2009 [consulté le 26 novembre 2009].

http://www.numerama.com/magazine/14374-etude-le-declin-du-p2p-au-profit-du-telechargement-direct.html

173 Ibid.

174 Voir : Index.

175 Voir : HADOPI, Biens culturels et usages d’Internet : pratiques et perceptions des internautes français, HADOPI [en ligne], 23 janvier 2011, 83 p. [consulté le 4 avril 2011].

http://www.hadopi.fr/download/hadopiT0.pdf

spécialiste du téléchargement illégal, affirme également que « la loi HADOPI a changé le comportement des internautes »177. Une étude de l’Université de Rennes montre ainsi que « la réduction du nombre d’internautes qui utilisent les réseaux

peer-to-peer s’est donc accompagnée d’une hausse des autres formes de piratage non

prises en compte par la loi HADOPI (+27 %) »178.

Mais la « peur du gendarme » n’explique pas tout puisque la baisse du téléchargement en P2P avait déjà commencé en 2006. Il n’en reste pas moins que la loi HADOPI pourrait avoir fait la promotion de certaines pratiques jusque-là méconnues, puisque l’étude précitée a montré179 que « bien que le nombre d’internautes fréquentant les

réseaux peer-to-peer ait diminué, le nombre de "pirates numériques" a légèrement augmenté depuis le vote de la loi HADOPI »180.

Avec les nouvelles possibilités qu'il offre, Internet bouleverse l'ordre social, les habitudes de travail, les relations humaines, la façon de penser et de consommer, la relation au temps, à l'espace, aux œuvres. Ce nouveau média déchaîne les passions et chacun a son avis sur le sujet. Une nouvelle culture est née, avec de nouvelles modalités de production et de réception des produits culturels. « Internet, obscure technologie qui n’avait guère d’application pratique hors des modes clos des théoriciens de l’informatique, des hackers et des communautés de la contre-culture, est devenu le levier du passage à une société de type nouveau – la société en réseaux – et à une nouvelle économie181. »

2.E-

COMMERCE

:

BOULEVERSEMENT DES MODELES DE

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