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PRESENTATION DU TERRAIN : LA SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DE LA REUNION

2. Le continuum linguistique

La notion de continuum linguistique a permis Michel Carayol et Robert Chaudenson (1976, 1978) de rendre compte de façon plus pertinente du fait que les langues et les variétés de langues en présence, linguistiquement proches les unes des autres, sont en fait organisées en un système continu, constitué de deux pôles, entre lesquels se trouvent degrés perméables les uns aux autres.

2.1. L'intérêt de la notion de "continuum linguistique" pour la description de la situation linguistique réunionnaise

Cette notion, qui a eu un succès particulier dans les travaux menés sur le créole dans les années soixante, et se retrouve en particulier dans les travaux de Dereck Bickerton (1975) est utilisée pour décrire l'ensemble des productions linguistiques qui se trouvent entre les deux pôles. Son émergence a ainsi complexifié la problématique des situations de contacts linguistiques, simplement décrites jusqu'alors en termes de domination d'une variété dite "prestigieuse" par rapport une variété posée comme "inférieure". La notion de continuum implique, non pas l'existence de variétés bien distinctes, mais au contraire une zone de contact

167 mal définie entre le français et le créole, zone mouvante rendant délicates les opérations de catégorisation linguistique visant à référer un énoncé à une variété.

L'ensemble des productions sont ainsi portées sur un même axe dont la variété standard du français occupe le pôle supérieur et constitue l'acrolecte, la variété de créole la plus éloignée du français se trouvant à l'autre bout : c'est le basilecte. Entre les deux pôles, se trouve la zone mésolectale dans laquelle se trouvent essentiellement le français régional et le français créolisé (ou créole acrolectal), ainsi, probablement, que le "créole francisé"145.

L'acrolecte du continuum correspond ainsi à la norme linguistique de référence, socialement prestigieuse, que les locuteurs ont à atteindre s'ils veulent être définis comme compétents sur le plan linguistique. La dévalorisation du créole se traduit par conséquent également par le fait que la progression sociale d'un individu ou d'un groupe vers l'acrolecte reflète - mais aussi détermine - son ascension sociale.

Michel Carayol et Robert Chaudenson (1978) montrent également que les théories appliquées à la notion de continuum peuvent être plus ou moins exigeantes et rigoureuses. L'une d'elles limite son usage aux cas où peuvent être mises en évidence des relations implicationnelles entre les variétés mésolectales : la connaissance et la pratique, par un locuteur, d'une des variétés du continuum implique qu'il connaisse et soit capable de pratiquer toutes les autres variétés présentes jusqu'à l'acrolecte.

Il apparaît ainsi que l'on peut établir un lien entre la situation sociolinguistique telle qu'elle peut s'observer en synchronie et le processus de créolisation, qui en lui-même correspond bien à un développement continu allant du français que parlaient initialement les colons au créole quand celui-ci s'est constitué comme système autonome du français. On peut dégager, au sein de ce processus de créolisation, un certain nombre d'"étapes" que constituent (et dont témoignent) les variétés qui ont émergé avant qu'il ne parvienne à son terme. Le fait qu'un certain nombre de variétés aient émergé, puis qu'elles se soient (relativement) stabilisées, conduit du reste à penser qu'elles ont correspondu, à un moment de l'histoire réunionnaise, à des besoins sociaux et sociolinguistiques, et qu'elles sont, dans la mesure où elles ont perduré, marquées socialement, emblématiques d'une certaine étiquette sociale.

La question qu'il convient de se poser est celle de savoir si le sens décroissant du continuum linguistique français / créole correspond au sens de la reconnaissance sociale des différentes (variétés de) langues en présence (du plus valorisé au plus dévalorisé). Nous verrons en fait que les choses ne sont pas aussi univoques et radicales que cela. On pourra par exemple se demander quelles sont les variétés de créole qui sont plutôt valorisées et celles qui sont plutôt dévalorisées, et si ces jugements sont les mêmes dans tous les groupes et / ou les communautés linguistiques.

Globalement, si l'on choisit pour le moment de laisser ce type de questionnements de côté, on peut se risquer à dire que l'espace linguistique réunionnais s'est constitué à l'image du processus de créolisation à la différence près que ce processus est réversible, ce dont atteste du reste l'émergence du continuum linguistique. Après l'autonomisation du créole dans sa variété basilectale, constitutive de la dernière étape de la créolisation, s'est en effet

145 Il semble que le créole francisé et le français créolisé puissent se distinguer en fonction de la structure grammaticale des énoncés (Chaudenson, 1979). Pour notre part, mais les deux points de vue se rejoignent certainement dans la réalité des productions, nous aurions plutôt tendance à dire que le créole francisé est un discours énoncé en français mais pensé en créole et traduit du créole. Nous y reviendrons.

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progressivement enclenchée une nouvelle évolution qui va cette fois dans le sens d'une décréolisation146, et qui doit être directement liée avec le fait que le créole n'était (n'est) pas

suffisamment normalisé pour se stabiliser et se fixer. L'apparition du continuum linguistique est du reste ancienne, puisque comme le note Robert Chaudenson (1981) :

"L'apparition d'une situation de continuum à la Réunion, qui a permis et engendré la disparition partielle d'une partie importante des structures basilectales au cours du XIXe siècle, tient, selon nous, en particulier à la structure de la situation réunionnaise." (1981, avant-propos : p. VI)

2.2. Continuum linguistique et identification des (variétés de) langues

Cette notion de continuum linguistique amène ici plusieurs questionnements et réflexions. En premier lieu, le continuum représente donc l'organisation linguistique sur une sorte de schéma continu, qui corrobore à son tour, dans les très grandes lignes, la structure sociolinguistique : plus la compétence linguistique globale d'un individu est située "haut" dans le schéma du continuum, plus le positionnement du locuteur sera élevé dans la stratification sociale. Le schéma du continuum, qui se représente comme un axe vertical allant de l'acrolecte au basilecte, s'inscrit ainsi dans la problématique de la hiérarchisation sociale des langues.

Naturellement, chaque point de l'axe ne figure pas un seul degré de compétence attribuable à un locuteur en particulier, dans la mesure où l'on sait bien que ce dont permet aussi de rendre compte le continuum est que chaque locuteur possède un répertoire verbal, qui lui permet précisément de se "promener" sur l'axe linguistique en fonction des situations dans lesquelles il intervient verbalement.

Toutefois, il est bien évident que tous les locuteurs n'ont pas un répertoire verbal identique, de sorte que tous les niveaux du continuum linguistique ne sont pas accessibles à tous les locuteurs. En ce sens, le continuum linguistique se doublerait d'un continuum de compétences linguistiques jouant un rôle dans la détermination du statut social des locuteur. Il existerait ainsi une sorte de "parcours" linguistique, allant d'un niveau socialement dévalorisé à un niveau socialement valorisé, avec comme objectif d'atteindre le pôle sociolinguistique supérieur, objectif qui, même s'il n'est pas partagé par tous les locuteurs, correspond tout de même globalement à un biais possible d'ascension sociale. Ainsi plus le degré de compétence d'un locuteur se rapproche de l'acrolecte, moins le parcours linguistique restant à faire pour atteindre l'objectif est long, et donc, plus le rattrapage s'avère facile.

Cette logique, qui entre dans celle, plus globale, de la mouvance ascensionnelle sur le plan social, semble aboutir au fait que le créole tend à être de moins en moins transmis comme langue première. Nos enquêtes montrent ainsi, nous le verrons, que les parents (tout au moins ceux qui ont le choix) transmettent soit le français, soit le français et le créole à leurs enfants comme langue(s) première(s), mais jamais seulement d'abord le créole.

146 La décréolisation peut se définir comme la déconstruction partielle et progressive du créole à partir de la variété basilectale, variété la plus éloignée du français, et dont l'émergence a entraîné son autonomisation. Le sens du processus est par conséquent inversé par rapport au processus initial, à la différence près que le processus de créolisation, à la Réunion, est allé des "français populaires et dialectaux", au créole, tandis que la décréolisation s'opère en direction du français standard.

169 Cet état de fait semble poser quelques questions dans la mesure où une partie sans doute non-négligeable de ces parents, créolophones de langue première, sont eux-mêmes en situation d'apprentissage de cette variété prestigieuse de référence et sont à ce titre locuteurs d'une "interlangue" d'apprenant (Selinker, 1972), que cette interlangue soit transitoire, en construction (dans la mesure elle est constitutive du processus d'apprentissage linguistique), ou fossilisée147. Pensant ainsi transmettre le français comme langue première à leurs enfants,

ils transmettent en réalité une variété qui ne correspond ni tout à fait au français, ni tout à fait au créole, mais à une interlangue d'apprenant créolophone ayant le français comme langue- cible.

Or, si la présence du continuum linguistique rend difficile la description de la situation linguistique et l'identification des variétés en présence par le linguiste, elle gêne également considérablement, en la rendant confuse, l'identification des variétés par les locuteurs eux- mêmes, qui ne sont pas toujours en mesure de donner une étiquette précise à leurs productions et / ou à celles des autres. Il n'est ainsi pas rare de rencontrer des locuteurs qui donnent à leur pratique langagière des étiquettes linguistiques qui ne correspondent pas à la réalité (ou en tous cas à l'étiquette plus généralement admise) : certains pensent parler français et parlent en fait une interlangue dans laquelle français et créole interfèrent l'un sur l'autre148, ou bien, à l'inverse, certains pensent (et disent) qu'ils parlent créole, quand ils ne

font qu'"habiller" leur discours en français de quelques tournures créoles classiques (emploi du pronom personnel "mi", au lieu de "je", etc.), et d'une intonation créolisante. Toutefois, mais nous y reviendrons, il est probable que, dans le second cas, les enjeux sociaux ne sont pas les mêmes que dans le premier cas de figure.

On est ainsi en droit de se demander si ces confusions ne sont pas d'autant plus importantes dans le cas où le locuteur a comme langue première l'interlangue que lui ont transmise ses parents, qui ne correspond pas à la variété en usage dans le milieu scolaire (et / ou celle qui est identifiée comme "français standard"), mais qui en même temps, est suffisamment démarquée du créole pour être assimilée à du français.

Cette difficulté de mettre une étiquette linguistique sur les usages, que rencontre le linguistique, est donc liée à l'organisation en continuum des variétés et à leur proximité linguistique qui entraîne des confusions pour les locuteurs eux-mêmes. Ce type d'organisation pose par conséquent un problème évident pour ce qui est d'une analyse des productions verbales en termes d'alternance codique.

2.3. Continuum linguistique et alternance

147 Selinker (1972), cité par Daniel Gaonac'h (1987) montre en effet que le processus d'apprentissage constitue, dans les très grandes lignes, une construction évolutive, à partir des systèmes de la langue première et de la langue-cible, de systèmes transitoires, destinés à être remis en cause et modifiés par la confrontation à la réalité linguistique (qui permet à l'apprenant d'opérer des reconstructions successives de son interlangue). Or ce processus peut s'interrompre sitôt que l'apprenant estime que sa compétence linguistique en langue-cible est suffisante pour lui permettre de couvrir les besoins socio-communicationnels qui sont les siens. Il s'agira, nous y reviendrons, de se demander si cette interlangue fossilisée relève d'un phénomène individuel, ou si elle possède au contraire un caractère collectif, relativement stable et un certain ancrage social qui lui conféreraient un statut au sein de la communauté linguistique. Si tel est le cas, on pourra substituer à cette notion d'"interlangue fossilisée" celle d'"entrelangue" proposée par Daniel Baggioni et Didier de Robillard (1990).

148 On entend ainsi fréquemment des énoncés de type : "moi je connais cause" (koz) le français, ou encore, "je gagne cause le français", etc.

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Nous ne reviendrons pas ici sur toutes les remarques que nous avons déjà faites à propos de la théorie de l'alternance codique, ni sur les pistes de recherche que nous avons ouvertes. Notre propos est de voir, en fonction de ce qui vient d'être dit sur l'organisation de la situation linguistique réunionnaise, dans quelle mesure une analyse des productions linguistiques en termes d'alternance codique reste pertinente.

Quiconque est un peu attentif aux échanges verbaux ordinaires et quotidiens qui se déroulent à la Réunion peut facilement observer que les discours comportent fréquemment à la fois du français et du créole, ou des productions qui semblent d'avantage s'apparenter au français et des productions qui semblent d'avantage s'apparenter au créole. La première difficulté pour le linguiste consiste effectivement, nous venons de la voir, à parvenir à nommer les variétés qui apparaissent dans le discours.

En outre, même si on dépasse cette première difficulté, la théorisation de l'alternance codique proposée par John Gumperz (1989) reste difficile à appliquer, sans réaménagement préalable, à l'analyse des productions verbales dans la mesure où elle suppose que les variétés soient à la fois syntaxiquement et lexicalement distinctes. Ce critère permet du reste à Gumperz de distinguer l'emprunt linguistique de l'alternance codique, ce qui ne va pas sans poser de problèmes dans la situation réunionnaise.

La proximité linguistique entre créole et français, due au fait que les deux systèmes ont toujours été en contact l'un avec l'autre, rend en effet l'étude des emprunts pour le moins épineuse, car les unités lexicales du créole ne sont, à quelques exceptions près, pas très différentes de celles du français. Si l’on s’accorde avec les chiffres que livre Annegret Bollée (1985) dans un article sur les "créoles français et français nord-américains", il apparaît que seulement 10 à 13 % du lexique créole est d’origine non française (ou inconnue), et que 87 à 90 % provient du français. En outre, 60 % des termes du lexique créole correspondent à ceux du lexique du français contemporain, ce qui signifie qu'une ou plusieurs de leurs significations se retrouvent dans un dictionnaire comme le Petit Robert.

La question que l'on se pose alors est de savoir comment on peut identifier un emprunt, et pour donner un exemple, dans quelle mesure peut-on reconnaître, dans un discours français, la présence d'emprunts lexicaux créoles, ou "créolismes"149 ? Une solution possible

(qu'adopte notamment Michel Beniamino, 1996) est de poser que si un lexème trouve son étymologie dans les français populaires et dialectaux du 17e siècle, il ne peut pas s'agir d'un emprunt mais d'un lexème archaïque français. Autrement dit, une production linguistique en français dans laquelle se trouvent des items issus de ces français du 17e siècle, ne doit pas, selon Michel Beniamino (ibid.) être identifiée comme une production "bilingue", mais comme un discours construit en "français régional". On entrevoit là les questions que peuvent poser ce postulat, dans la mesure où l'on sait bien que le lexique du créole s'est constitué à partir des formes dialectales et populaires des français du 17e siècle. Car si on pose que l'on ne peut pas reconnaître à ces items la valeur de "créolismes", on ne voit pas très bien quelle place il reste au lexique à proprement créole. À notre sens, il convient de faire une réelle distinction entre une perspective diachronique, dans laquelle les langues constituent leurs lexiques à partir d'autres langues, et une perspective synchronique, dans laquelle on pose que tel lexème appartient bien au lexique de telle langue. Nous y reviendrons.

149 On entre là en fait dans un vaste débat qu'il est un peu anticipé d'aborder ici, et sur lequel nous reviendrons dans le troisième chapitre de cette seconde partie, lorsque nous traiterons de la problématique du "français régional" de la Réunion.

171 Il reste encore d'une part la question de l'identification des variétés par les locuteurs eux-mêmes (critère de l'auto-définition, je parle français ou je parle créole) ; et d'autre part la question du caractère conscient / inconscient de l'alternance codique, qui semble pouvoir trouver des éléments de réponse dans l'analyse des causes du changement de (variété de) langue, et de ses conséquences sur le sens du message. Or ce n'est qu'en opérant une analyse des alternances dans le corpus, que nous parviendrons à faire apparaître leur signification et pourrons tenter de les interpréter en terme de sécurité ou d'insécurité linguistique.

Un travail antérieur à celui-ci (Bretegnier, 1994), qui consistait en une analyse d'interactions verbales enregistrées dans une émission radiophonique interactive à la Réunion, nous avait amenée, pour toutes les raisons que nous avons exposées en ce qui concerne la difficulté d'identifier les variétés en présence, mais aussi pour passer outre cette frontière emprunt lexical / alternance codique, trop problématique et trop incertaine pour être pertinente, à proposer de considérer le discours alterné comme un discours globalement "mixte". Ce travail, toutefois, partait de l'analyse d'un corpus de productions spontanées, dans le cadre relativement rassurant et anonyme que propose l'intervention, par téléphone, dans une émission de radio qui laisse d'emblée, comme en témoigne son titre même150, le choix

d'une parole créole, voire qui l'encourage.

Notre nouveau corpus a été établi à partir des données obtenues dans des entretiens semi-directifs, qui instaurent, nous l'avons vu en première partie, une situation de communication a priori relativement contraignante et insécurisante pour les témoins. Il est par conséquent vraisemblable que nous n'y trouverons pas autant de discours alternés que dans le premier corpus dans la mesure où les locuteurs font globalement plus attention à leur discours que dans une situation qui instaure des rapports d'une plus grande connivence et d'une plus grande familiarité. Cela semble d'ailleurs confirmer ce que nous écrivions à propos de la présence d'alternance codique en réseau de communication fermé.

En faisant appel à la notion d'alternance stylistique (ou registrale) de William Labov (1976), on pourra se demander si l'apparition des discours alternés coïncide avec des moments où l'entretien permet d'instaurer une relation moins formelle, moins distante. En outre, si ce corpus ne constitue pas une source véritablement riche (ce qui reste à voir) en ce qui concerne l'analyse des alternances codiques, la rareté (si elle se vérifie) de discours alternés pourra être elle-même analysée et interprétée, et nous renseignera sur les représentations sociales attachées à ce type de productions (valorisation / dévalorisation sociale ; mise en parallèle de l'alternance codique et des compétences linguistiques, statut du "créolisme" dans le discours, etc.). Ces interprétations seront également confrontées avec les discours épilinguistiques des témoins sur ces discours "mixtes".

L'idée sous-jacente à cette notion de discours "mixtes" est de permettre de mieux rendre compte de l'apparition dans les discours, de deux ou plusieurs variétés, trop proches sur le plan linguistique, pour les distinguer avec certitude, de déterminer des frontières entre elles, et donc d'identifier les moments précis où s’opère l'alternance. Cette idée se retrouve également dans les analyses menées, dans un cadre théorique interactionnel, par Jacky Simonin et Éliane Wolff (1992), qui proposent d'employer la notion de "parler réunionnais" dans la mesure où elle permet de rendre compte de façon plus juste de la réalité micro-sociale des pratiques linguistiques.

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Le reproche, toutefois, que nous pourrions adresser à cette notion est qu'elle ne prend pas en compte le contexte socio-historique et sociopolitique dans lequel ce "parler réunionnais" est apparu, ni les origines et les causes de son émergence progressive. De fait, elle gomme à son tour la réalité conflictuelle de la situation sociolinguistique. Or il semble bien que l'existence de cet ensemble de discours "mixtes" est à mettre en relation avec le continuum linguistique, et puisse être interprétée, nous allons y revenir, en termes de