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PRESENTATION DU TERRAIN : LA SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DE LA REUNION

QUELQUES PERSPECTIVES

2. Évolutions sociolinguistiques et insécurité linguistique

Les différentes mutations sociales, économiques et politiques qu'a connu la Réunion sont ainsi à l'origine d'une situation complexe, mouvante, et largement instable. Sur le plan sociolinguistique, cette mouvance et cette instabilité se manifestent sans doute avant tout à travers l'importance grandissante du continuum linguistique, à l'origine de grandes difficultés, pour le linguiste mais aussi et surtout pour les locuteurs, à distinguer les différentes variétés, à situer les frontières, etc.176. En regard de ce qui vient d'être dit, il semble donc bien, non

seulement que décréolisation et continuum linguistique vont de pair, mais aussi que ces deux phénomènes peuvent être reliés avec l'insécurité linguistique.

2.1. Décloisonnement social, émergence de nouvelles normes et déplacement de l'insécurité linguistique ?

Les analyses sociologiques de la situation réunionnaise ne nous semblent pas toujours tenir compte de la particularité et de la complexité de cette situation. La plupart du temps, en effet, celle-ci est traitée en termes de stratification sociale, telle qu'on peut la trouver

175 Ce qui donne d'ailleurs à penser que les locuteurs ont peut-être conscience de l'ancien statut prestigieux attaché à cette variété.

176 C'est sans doute tout le problème que pose l'analyse et la description, en synchronie, du "français régional", dont nous allons présenter la problématique dans le prochain paragraphe.

195 classiquement dans d'autres situations, autrement dit opposant une élite, porteuse d'un modèle à la fois culturel, socio-économique et linguistique, et de catégories cherchant à se promouvoir socialement, et à accéder aux modèles véhiculés par cette élite. Encore faudrait-il s'entendre sur le sens de l'"ascension" ou de la "mouvance" sociales, et se demander si, à la Réunion, les individus économiquement dominants par exemple, sont aussi toujours ceux qui le sont sur les plans culturel et linguistique.

En d'autres termes, la question porte ici essentiellement sur la nature du "sommet" de l'échelle sociale réunionnaise : les individus cherchant à se promouvoir socialement, par conséquent à se voir conférer plus légitimité sociale, sont-ils à la recherche de plus de pouvoir économique, culturel, ou linguistique ? Est-ce que ces pouvoirs sont toujours aussi intimement liés que ne le donne à penser le schéma social classique qui présente une classe sociale dominante sur tous les plans ?

La départementalisation, nous l'avons dit maintes fois, a décloisonné la situation sociale en faisant émerger de nouvelles normes et de nouveaux modèles, mais ce faisant, elle a avant tout eu comme conséquence qu'en synchronie, la situation réunionnaise n'est plus une situation dans laquelle les groupes hégémoniques sur les plans socio-économique, culturel et linguistique coïncident forcément.

Il apparaît en effet qu'à la Réunion, la double équation locuteurs de la langue valorisée / classes sociales favorisées, et locuteurs de la langue dévalorisée / classes sociales défavorisées doit être nuancée, du fait que les catégories sociales situées dans la partie supérieure de la stratification ne constituent pas un groupe homogène.

Pour résumer les choses, et ainsi que nous l'avons dit, l'hypothèse est qu'il existe deux élites locales, qui se distinguent par le fait que l'appartenance à la première est héritée (transmission exclusive par l'appartenance familiale et socio-ethnique), tandis que l'accession à la seconde, et sa constitution, ont été rendues possibles par la voie de l'instruction. Ces deux élites sont en outre porteuses de systèmes de valeurs différents : le groupe de la grande bourgeoisie blanche, unique élite de la société coloniale de plantation, est désormais avant tout porteuse d'une légitimité d'ordre socio-économique, dans la mesure où elle détient encore à l'heure actuelle l'essentiel des capitaux fonciers, et occupe les postes supérieurs du tertiaire ; ce premier groupe se double désormais, nous l'avons expliqué, d'une néo-bourgeoisie qui se voit conférer une légitimité plutôt intellectuelle et culturelle. Ce second groupe est également souvent porteur (dans la mesure où les leaders du mouvement créoliste sont issus de cette catégorie) de la culture et de la langue créoles.

Pourtant, aucune de ces deux catégories sociales ne détient véritablement la légitimité linguistique en français, du fait du statut de département de la Réunion. Plus proche de la France, sur le plan symbolique, qu'elle ne l'était pendant la période coloniale, largement plus en relation avec elle, la norme linguistique de référence à la Réunion est, plus que jamais, celle du français "de France" (métropolitaine). Or cette norme est également physiquement présente dans l'île, en raison de la présence de locuteurs originaires de France métropolitaine qui représentent par conséquent les détenteurs de la norme du français standard, quelle que soit par ailleurs leur appartenance sociale, mais aussi leur compétence linguistique effective177. On a donc là une situation dans laquelle le pouvoir linguistique et le pouvoir

177 Ce qui constitue une nouvelle illustration de la dimension fantasmatique de la norme décrite par Daniel Baggioni (1979).

situation de contacts de langues : la Réunion.

socio-économique ne sont pas aussi intimement liés que ne le laissent à penser des analyses sociologiques ou sociolinguistiques "classiques", telles qu'on les trouve par exemple chez Labov (1976) ou chez Bourdieu (1982).

Dans le cas de la situation réunionnaise, deux choses, à notre sens, doivent être distinguées : d'une part la compétence linguistique des locuteurs et d'autre part la pratique (effective ou revendiquée), qui entretient un rapport direct avec les sentiments épilinguistiques. Du point de vue de la compétence, il semble assez évident de penser que plus un individu appartient à une catégorie sociale cultivée, plus il est susceptible d'avoir une compétence solide en français, dans une situation de contacts linguistiques entre créole et français. Toutefois, la compétence linguistique est loin d'être le seul déterminant des pratiques linguistiques. Dans l'actuelle île de la Réunion, bien peu de locuteurs restent unilingues créolophones, et pourtant bien rares également sont ceux qui, à l'inverse, accèdent au bilinguisme. Et s'il est sûr que ce sont souvent les locuteurs qui appartiennent aux catégories sociales supérieures qui possèdent une bonne compétence en français, c'est de ces mêmes groupes sociaux que proviennent la plupart des "défenseurs" du créole, revendiquant une pratique quotidienne et "aisée" de cette langue, alors que d'autres locuteurs, provenant de classes sociales intermédiaires ou inférieures, revendiquent plus volontiers une pratique du français, symbole de la reconnaissance sociale à laquelle ils aspirent.

Notre hypothèse ici est que les oppositions voire les rivalités entre les deux élites réunionnaises s'expriment à travers leurs attitudes linguistiques respectives (aussi bien vis-à- vis du français que du créole). Dans la quatrième partie de la thèse, et en regard de nos corpus d'enquêtes, nous tenterons du reste une comparaison entre ce que nous désignons comme les deux "élites" réunionnaises, en nous demandant quels sont les enjeux de pouvoir qui se jouent dans la revendication linguistique. Ce que l'observation participante (pratiquée quotidiennement pendant quatre ans) laisse penser, est qu'à la volonté de promotion sociale et de revalorisation du créole des membres de l'élite dite intellectuelle, s'oppose un conservatisme des élites blanches, qui ne souhaitent pas voir le créole disparaître, mais ne souhaitent pas du tout non plus le voir gagner de l'importance, et s'érigent même avec violence contre les tentatives concrètes d'aménagement et d'instrumentalisation du créole.

Ainsi, il apparaît que ceux qui étaient, avant la départementalisation, considérés comme représentant le modèle socio-économique et linguistique à la Réunion ont ainsi au moins partiellement perdu leurs pouvoirs. Sur le plan socio-économique d'une part, la départementalisation, en tant que redistribution des pouvoirs, a au moins en partie restreint l'hégémonie des membres de ce groupe socio-ethnique. D'autre part, sur le plan linguistique, la légitimité qu'ils détenaient en français a été remise en cause avec l'arrivée massive de Métropolitains, à qui semble conférée la plus grande légitimité linguistique dans cette langue. En outre, le décloisonnement social a fait apparaître l'idée d'une identité réunionnaise dite en créole, et donc d'une communauté créolophone, dont la grande bourgeoisie blanche semble symboliquement exclue. On peut ainsi se demander si l'insécurité linguistiqueest seulement, à la Réunion, le fait des catégories sociales dites intermédiaires.

Jusque-là, l'insécurité linguistique est surtout apparue comme une conséquence : conséquence de mutations sociales ; conséquence d'un décloisonnement de la situation sociopolitique, mais aussi du fait que ce décloisonnement est avant tout théorique, au moins pour les premières générations de locuteurs, qui d'une part commencent à concevoir la possibilité d'une promotion sociale, mais d'autre part se rendent bien compte qu'ils n'ont pas à

197 leur actif les atouts linguistiques qui permettrait cette ascension ; conséquence également de la confrontation de l'ouverture symbolique des groupes sociaux situés dans le haut de la stratification sociale, et des réticences, de la part des membres de ces groupes, à admettre ce qui constituait jadis la "masse de la population" dans leurs propres sphères sociolinguistiques. Il faudra se demander si l'on peut repérer, dans les productions mêmes, des signes ou des traces d'insécurité linguistique. C'est du reste l'idée de notre analyse formelle des entretiens telle que nous l'avons décrite en première partie. William Labov (1976) montre également qu'un des signes d'insécurité linguistique réside dans l'apparition d'une "fluctuation stylistique", sitôt que le témoin se trouve dans une situation qu'il juge formelle, qui entraîne de nombreuses corrections voire des hypercorrections en style soutenu. Aux Antilles, Lambert-Félix Prudent (1981) montre également que la zone interlectale a comme conséquence directe :

"[…] que le créolophone insécure qui "parle français" ne se contente pas simplement d'habiller sa syntaxe native d'oripeaux français, mais que l'utilisation du code prestigieux s'accompagne de gauchissements qu'aucune grammaire ne saurait prédire : il s'agit des hypercorrections et des hypercréolisations." (1981 : 30)

Toutefois, on peut se demander si l'on ne peut pas également poser le problème dans l'autre sens. Si l'insécurité linguistique est une conséquence, ne peut-elle pas également être considérée comme une cause ? Nous voudrions ici ouvrir une discussion suggérée à plusieurs reprises dans ce qui précède, mais jamais encore véritablement menée en nous interrogeant sur l'aspect pressenti stimulant de l'insécurité linguistique.

2.2. L'insécurité linguistique peut-elle être stimulante ?

À ce sujet, l'étagement de communauté linguistique le plus abstrait et le plus général que nous avons proposé en première partie, la communauté humaine et parlante, nous renseigne sur un point. On a en effet proposé de dire qu'à ce niveau d'abstraction, chaque individu se retrouve plongé dans une situation où il est obligé de parler pour vivre, ce qui l'insécurise dans la mesure où il n'est pas sûr de parvenir à exprimer et à transmettre sa pensée, et où en même temps, c'est bien l'insécurité, causée par l'insupportable sentiment de ne pas pouvoir entrer en communication, qui le pousse à apprendre à parler. Nous tenons là une idée qui nous semble intéressante pour ce qui est de la description de l'insécurité linguistique et de la recherche de ses origines. Car en fait, cela revient à dire que c'est parce qu'on est en insécurité linguistique que l'on se met à parler178, ou encore, en quelque sorte, que

les langues naissent de l'insécurité linguistique.

Or l'analyse des conditions dans lesquelles les variétés linguistiques réunionnaises ont émergé semble bien conforter cette hypothèse. Le français bourbonnais, pour reprendre la première de ces variétés, est bien né de la rencontre entre des individus multilingues, amenés à vivre ensemble en un lieu déterminé et dans des conditions sociales particulières, ce qui les a conduits, précisément pour pouvoir engager cette vie commune, à fonder une communauté linguistique. Il en va de même pour toutes les autres variétés, en n'oubliant pas que chacune d'elles est marquée sur le plan social, en fonction des groupes au sein desquels elles se constituent, de ceux qui se les approprient, voire en revendiquent l'usage, etc.

178 Nous reviendrons sur cette idée quand il s'agira de mettre en rapport l'insécurité linguistique avec les différents niveaux d'analyse de la communauté linguistique.

situation de contacts de langues : la Réunion.

En ce sens, les situations sociolinguistiques apparaissent bien comme des systèmes, au sein desquels les variétés n'ont de sens et d'existence que par rapport aux autres, dont elles se démarquent et se distinguent, et de façon corollaire, au sein desquels chaque groupe sociolinguistique ne peut se constituer, et se définir, que par rapport aux autres. Cette dernière remarque n'est du reste pas sans intérêt si l'on considère, comme nous l'avons suggéré précédemment, qu'une partie de la définition identitaire réunionnaise passe par la distinction d'avec le non-Réunionnais, autrement dit, pour dire très vite, d'avec le Métropolitain, ce qui montrerait bien qu'il s'agit d'un seul et même système.

Ainsi, pour reprendre le fil de notre réflexion, le créole par exemple, s'est bien constitué du fait du besoin, pour les populations présentes, de construire une communauté linguistique au sein de laquelle ils pourraient communiquer, et vivre. En retour, la décréolisation, au moins partiellement enclenchée, nous l'avons vu, par la volonté des individus de se promouvoir socialement, de changer de sphère sociale, et donc de changer de sphère linguistique, peut également se comprendre comme une volonté de rejoindre la ou les communauté(s) linguistique(s) emblématique(s) de cette promotion sociale, de s'en faire reconnaître, ce qui correspond à une démarche insécurisante par définition puisque l'on quitte une communauté à laquelle on appartient, et dans laquelle on est reconnu comme locuteur légitime, pour tendre, à travers une recherche de légitimitésociolinguistique, vers une communauté à laquelle on n'appartient pas (encore). Or cette démarche est peut-être d'autant plus risquée qu'il est difficile, nous y reviendrons, une fois le processus enclenché, de faire marche arrière. La quête de légitimité dans une nouvelle communauté linguistique peut signifier de renoncer à sa communauté originelle et à la légitimité qui y était accordée par les autres membres.

Il apparaît ainsi que la conceptualisation des phénomènes de sécurité et d'insécurité doit prendre en compte la notion de communauté linguistique. L'insécurité linguistique conçue comme sentiment de ne pas produire des énoncés conformes à une norme de référence trouve donc toute sa place dans un modèle de communauté linguistique à étagements successifs. La définition provisoire pourrait ainsi faire un pas de plus : on peut dès lors concevoir l'insécurité comme la peur de produire des énoncés non-conformes à la norme de référence prescrite par la communauté linguistique dans laquelle on se situe, ou plus exactement à laquelle l'interaction fait référence.

L'insécurité linguistique serait ainsi le sentiment ne pas être dans sa communauté linguistique, ou de ne pas être en communauté linguistique avec son interlocuteur. Face à un tel sentiment, deux postures semblent possibles : le locuteur peut choisir de sortir de l'échange, parce qu'il est trop insécurisé, ou qu'il sent son interlocuteur trop insécurisé, pour que la communication se fasse ; soit, en fonction du principe de coopération dont parle Erving Goffman (1974), l'un ou l'autre des deux interlocuteurs (ou les deux conjointement) prend (prennent) l'initiative de créer un terrain d'entente, fait (font) en sorte de réduire la disjonction linguistique. Il existe une pluralité de stratégies possibles qui permettent aux individus soit de faire en sorte, pour plus de sécurité, de se rapprocher de leur propre sphère linguistique, soit au contraire de se rapprocher de celle de l'autre. Nous avions ainsi donné l'exemple de la "déformalisation" d'une situation comme moyen de se sentir d'avantage en sécurité linguistique, ce qui souligne d'ailleurs le caractère variable de la formalité d'une situation. Une même situation pourra être considérée comme extrêmement formelle par tel locuteur, parce qu'elle ne fait pas partie des situations ordinaires auxquelles il a l'habitude de participer dans sa communauté sociale et linguistique d'origine, et comme peu formelle par tel autre,

199 parce que les usages et les pratiques propres à sa communauté sociale linguistique l'amènent à se retrouver fréquemment dans ce type de situation.

Ce modèle, qui prend ici comme illustration l'interaction sociale en face à face, peut parfaitement s'appliquer à des groupes plus importants qui, issus de communautés linguistiques diverses, sont amenés à vivre ensemble (de façon provisoire ou définitive), et donc à construire ensemble une communauté linguistique, construction de laquelle peuvent émerger une ou plusieurs variété(s).

En un sens, par conséquent, on doit pouvoir dire que l'insécurité linguistique est parfois relativement stimulante et est à concevoir comme l'un des moteurs de la dynamique sociolinguistique. Il n'est pas non plus impossible, nous y reviendrons, qu'elle ait contribué, à partir des années soixante, aux tentatives d'aménagement du créole. Le décloisonnement social, en effet, a également permis que s'amorce un décloisonnement linguistique, et que les langues commencent à sortir des carcans socio-situationnels dans lesquels elles étaient Jusque-là maintenues. Le créole a ainsi progressivement été utilisé dans des domaines énonciatifs nouveaux, en particulier dans des textes de revendication identitaire et culturelle, ce qui a nécessité des efforts de création lexicale. Cela suggère par ailleurs, mais nous y reviendrons, que l'insécurité linguistique peut également se décrire, dans une de ses facettes, comme une insécurité de la langue, pour sa langue, que l'on ressent fragile, menacée, et que l'on tente de transformer, pour la renforcer, pour lui donner plus de poids social, plus de chance de parvenir à la reconnaissance à laquelle on souhaite la voir accéder.

Ces quelques pistes ouvertes ne pourront être étayées qu'au moment où, ayant présenté les travaux sur l'insécurité linguistique et les théorisations proposées Jusque-là, nous formulerons notre propre problématique sur ces phénomènes, problématique naturellement envisagée par rapport à la situation sociolinguistique réunionnaise.

Pour l'instant, il nous semble urgent de procéder à la discussion sur le "français régional", variété qui pose à notre sens un certain nombre de problèmes. Comme nous l'avons dit plus haut, les linguistes qui s'attachent à la description de la situation réunionnaise s'accordent à reconnaître, depuis une vingtaine d'années (Chaudenson, 1974a ; Carayol, 1977), l'existence d'un français "régional" de la Réunion, ou français "bourbonnais", dont nous avons montré les origines. Toutefois, nous avons vu également à quel point la situation s'est complexifiée en particulier depuis le 19e siècle, mais aussi et de façon sans doute encore plus évidente au cours du 20e siècle, ce qui pose un problème lorsqu'il s'agit d'identifier, dans la mouvance du continuum linguistique, une variété qui serait effectivement l'expression actuelle de ce français (régional) réunionnais.

Si l'on se penche sur l'histoire de France, on comprend toute la réticence avec laquelle est parfois accueillie l'expression "français régional", qui, remise dans le contexte dans lequel elle a vu le jour, est largement stigmatisée. Il semble ainsi nécessaire, dans le cadre de la présentation de notre "terrain", de se concentrer sur cette question du français régional à la Réunion, sur la place qui lui est faite dans la situation linguistique réunionnaise, son statut linguistique, les représentations sociales qui y sont attachées, etc., questionnements que les travaux les plus récents en matière de description de ce français "régional" (Carayol (et al.), 1985 ; Beniamino, 1996) ne semblent pas, ou pas en ces termes, se poser.

situation de contacts de langues : la Réunion.

II.L

E FRANÇAIS REGIONAL REUNIONNAIS

:

DEFINITION

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