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PRESENTATION DU TERRAIN : LA SITUATION SOCIOLINGUISTIQUE DE LA REUNION

2. Les évolutions possibles de la diglossie

Kremnitz (1981 : 66) montre que la diglossie peut évoluer dans au moins deux directions possibles : elle peut aller dans le sens de la normalisation99 de la langue dominée,

ou au contraire dans le sens de la substitution de cette dernière à la langue dominante. Dans les deux cas, l'issue du conflit et de l'affrontement linguistique mènerait ainsi forcément à éliminer l'une des deux langues en présence. Le premier cas s'apparenterait ainsi à un changement de pouvoir dans la mesure où la langue minorée tendrait à s'imposer comme modèle linguistique de référence et pourrait entraîner la disparition de la langue anciennement dominante. Dans le deuxième cas de figure, à l'inverse, c'est la langue dominante qui ferait disparaître la langue dominée, ce qui reviendrait à "l'acculturation de la population entière aux modèles dominants" (Kremnitz, ibid.). La substitution ne prend pas forcément la forme d'un interventionnisme autoritaire. La plupart du temps en fait, on vient de le voir, elle se fait de façon beaucoup plus insidieuse, dans la mesure où elle s'inscrit dans l'imaginaire et la conscience collective, sous forme de dévalorisation de la langue dominée et survalorisation de la langue dominante, dont la maîtrise se met à équivaloir à une ascension et une reconnaissance sociale.

La seule issue de la diglossie, en tant que processus conflictuel, serait ainsi la victoire de l'une des deux langues et la disparition de la seconde. Pourtant, si l'on part du principe que les conflits linguistiques tiennent essentiellement au fait que la hiérarchisation sociale des langues marquent également leurs locuteurs, on peut se demander si un bilinguisme généralisé à tous les membres d'une communauté linguistique, dans la mesure où il amènerait de fait une égalité de compétence et de reconnaissance sociale sur le plan linguistique, ne pourrait pas aboutir à une déconflictualisation de la situation de diglossie.

Il semble bien, en effet, que la condition sine qua non d'une idylle sociolinguistique telle qu'elle est sous-entendue par la définition fergusonienne de la diglossie, serait le bilinguisme de l'ensemble des locuteurs, autrement dit l'absence totale de moments de gêne linguistique, de sentiment d'infériorité, voire de mutisme langagier (comme dit le proverbe "quand on ne sait pas, on se tait"). Dans cette optique, le bilinguisme apparaîtrait ainsi comme un remède possible au mal diglossique.

99 Comme le soulignent Didier de Robillard (in Moreau (éd.), 1997 : 214), mais aussi Daniel Baggioni (in Moreau (éd.), 1997 : 215-216), il est d'usage de distinguer la normalisation d'une (variété de) langue, qui correspond à un processus relativement "spontané" par lequel cette (variété de) langue tend à s'imposer comme modèle de référence, avec la standardisation linguistique, qui ressortit avant tout à un travail délibéré et interventionniste dans le cadre d'un projet d'aménagement linguistique, visant à la description et à la fixation d'une variété standard au sein d'une communauté linguistique donnée. Toutefois, Daniel Baggioni souligne la difficulté d'opérer une réelle opposition entre les deux termes, qui correspondent davantage à "deux aspects d'un même procès […] [qu'à] deux phases chronologiquement distinctes" (1997 : 216).

129 Néanmoins, si on s'est de nos jours rendu compte que le bilinguisme n'était pas une "infirmité" linguistique, mais bel et bien une compétence (socio)linguistique et communicationnelle double, on s'est aussi aperçu qu'il est plus proche d'un idéal linguistique difficilement accessible que d'une réalité. Le fait est, mais nous y reviendrons s'agissant de l'insécurité linguistique, qu'il est permis de se demander dans quelle mesure la situation de diglossie, qui a comme conséquence la dépréciation sociale et culturelle de telle ou telle langue, et donc sur tels ou tels groupes de locuteurs, n'a pas des conséquences sur les apprentissages linguistiques, et ne rend justement pas plus difficile l'accès à une compétence bilingue.

Ainsi, dans la mesure où sa réalisation effective semble rarissime, et ce, peut-être en raison de l'existence même de la réalité diglossique, nous arrivons encore au même type de conclusion sur ce point : le concept de bi- ou plurilinguisme donne une vision pacifique et idéale du contact de langues, qui suppose pourtant, à quelque degré que ce soit, une subordination sociolinguistique, résultant d'une prise de pouvoir politique, économique ou culturelle, et de ce fait possède toujours une dimension conflictuelle.

Il apparaît donc, pour revenir à la conception qui sert ici de point de départ à la réflexion sur la diglossie, que la notion de complémentarité fonctionnelle énoncée par Ferguson présente l'inconvénient de gommer l'arrière-plan des forces socio-historiques qui détermine les enjeux, en impliquant l'idée selon laquelle la répartition des langues dans l'espace énonciatif est à la fois harmonieuse, régulière et circonscrite, et ce dans la mesure où les variétés seraient dotées de fonctions sociales bien définies et complémentaires. Si l'on situe l'analyse à un niveau micro-sociolinguistique et que l'on observe la réalité des pratiques linguistiques en situation de contacts de langues, on s'aperçoit que celles-ci se rencontrent constamment au sein des mêmes situations de communication, et que les discours des locuteurs alternent fréquemment d'une (variété de) langue à l'autre. C'est la deuxième critique qui est adressée à la conception fergusonienne de la diglossie.

III.L'A

LTERNANCE CODIQUE

La définition de la diglossie telle qu'elle est énoncée par Charles Ferguson précise qu’il existe entre les (variétés de) langues en présence un rapport de complémentarité fonctionnelle : chaque langue a ses propres fonctions, ce qui lui attribue des domaines énonciatifs spécifiques. Ces ensembles de domaines et de fonctions s'excluent mutuellement, et se complètent. En d'autres termes, il existerait un certain nombre de situations "prototypiques", déterminant de manière presque obligée l'emploi d'une langue. De nouveau ce type d'observation tient à l'approche macro-sociologique dans laquelle se situe l'analyse de Ferguson, car l'étude micro-sociolinguistique des interactions verbales en situation de contacts linguistiques amène toujours à constater la présence fréquente d'interférences100 entre

100 Comme le rappelle Josiane F. Hamers (in Moreau (éd.) 1997 : 178), le terme interférence "réfère aussi bien à l'interaction de deux processus psycholinguistiques, qui fonctionnent habituellement de façon indépendante chez un individu bilingue, qu'au produit linguistique non conscient de cette interaction. Ce produit se définit dans tous les cas comme une déviation par rapport aux normes des deux langues en contact".

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les (variétés de) langues en présences, d'emprunts linguistiques, de mélanges et / ou de rencontres de codes.

1. Généralités

Il s'agit ainsi de se demander si l'on peut prétendre que le caractère de la conversation - pour dire vite, bavardage quotidien ou sujet important - et le type de situation de communication (formelle / informelle) implique automatiquement l’emploi de telle ou telle langue ou variété.

Une analyse des interactions verbales dans la situation réunionnaise de contacts de langues (Bretegnier, 1994) nous a ailleurs permis de montrer que le choix de l'emploi d'une (variété de) langue ne dépend pas autant du caractère formel ou informel de la situation dans laquelle se déroule l'interaction que ne l'implique la notion de "complémentarité fonctionnelle", et ne semble ni constant, ni tout à fait prédictible.

On observe en fait sans cesse, au cours des échanges conversationnels, des changements de registres, de tons, et de langues, qui sont autant de "réajustements" (Goffman, 1974, 1987) que les partenaires de l'interaction opèrent pour maintenir l'échange et le faire avancer. Ces observations n'ont rien d'original : quiconque procède à une analyse conversationnelle, que ce soit du reste dans une situation linguistique monolingue ou plurilingue, en fera rapidement de similaires.

Que l'on adopte la logique de la notion de "répertoire verbal" propre à l'approche interactionnelle, ou celle de la variation "stylistique" (ou registrale) dont parlent William Labov ou Pierre Bourdieu, on voit qu'il existe peu de différences, sur le plan du fonctionnement de la pratique verbale, entre les situations dites monolingues, et celles dites plurilingues. Dans tous les cas, les locuteurs opèrent des choix linguistiques101 en fonction de

la situation dans laquelle ils se trouvent, mais aussi de leur position sociale et / ou de l'image qu'ils veulent projeter, de la position sociale de leur(s) interlocuteur(s) (réelle ou fantasmée par le locuteur), du but de l'interaction, des moments de l'échange, etc., choix qui se manifestent par des changements constants de leur "façon de parler", qui peut, en situation plurilingue, revenir à un changement de langue.

Ainsi, que l'activité langagière s'opère en communauté "monolingue" ou "plurilingue", le discours alterné est régi par un ensemble de règles sociales, de conventions sociolinguistiques, ce que Goffman (1974) désigne comme des "normes d'interaction". Dans une communauté monolingue, on observera des variations dans le discours qui pourra être modifié du point de vue lexical, syntaxique, prosodique, etc. Dans les deux cas, les locuteurs se servent de la connaissance qu'ils ont des normes d'usages pour produire un discours approprié à la situation de communication.

101 Cette notion de "choix" n'est d'ailleurs pas toujours appropriée, car elle implique que les locuteurs aient toujours conscience à la fois des raisons qui les poussent à changer de langue, de registre, etc., et des moments où les alternances s'opèrent, ce qui, nous allons le voir, n'est pas toujours le cas. En outre l'alternance ne correspond certainement pas forcément à un choix délibéré de la part du locuteur, alors que ce sont parfois les paramètres de la situation de communication, voire ses interlocuteurs qui le contraignent à modifier sa position (au sens goffmanien) linguistique.

131 Bernard Py (1986), qui travaille sur le terrain suisse, rend compte de fréquents passages "du discours monolingue au discours bilingue". Ces changements de langues sont désignés comme des "alternances codiques", que John Gumperz (1989b), principal initiateur des études dans ce domaine, définit comme :

"[…] la juxtaposition à l'intérieur d'un même échange verbal de passages où le discours appartient à deux systèmes ou sous-systèmes grammaticaux différents." (1989b : 57)

Par définition, l'alternance codique est donc la production d'un locuteur alternant d'un code à l'autre, que ce code s'apparente à une (variété de) langue ou à un style contextuel, au cours d'une même interaction, et / ou à l'intérieur d'une même intervention. La présence d'alternance codique dans les discours (observable par le biais d'analyses micro- sociolinguistiques) amène ainsi à réviser l'idée de prédictibilité systématique de l'emploi des langues en regard du type de situation de communication dans laquelle se trouve le sujet parlant, et donc la notion de complémentarité fonctionnelle.

John Gumperz (1989b) distingue l'alternance codique de l'emprunt lexical, qu'il définit comme l'introduction dans un système B de mots isolés ou d'expressions idiomatiques brèves, figées, appartenant à un système A. Les emprunts, précise Gumperz, sont traités comme appartenant au lexique de la langue qui emprunte, en en revêtant les caractéristiques morphologiques, et en entrant dans ses structures syntaxiques. Ils se fondent ainsi dans le lexique de la langue d'accueil, au même titre que les autres éléments lexicaux, et suivent les mêmes règles grammaticales. À l'inverse, dans l'alternance codique, les expressions offrent les caractéristiques internes des deux systèmes grammaticaux de façon distincte. La co- présence linguistique est doublée de l'autonomie de chaque langue qui fonctionne à l'intérieur de la séquence selon ses propres règles.

Cette première série de réflexions conduit de façon évidente à se poser un certain nombre de questions en ce qui concerne les situations de contacts linguistiques et / de diglossie, dans lesquelles on sait bien que, dans la réalité des productions discursives, la règle est souvent moins la présence de langues bien circonscrites et bien limitées que celle de variétés "interlectales" (Prudent, 1981), entre lesquelles il n'est pas toujours aisé de définir des frontières claires. En outre, si l'on considère que l'établissement de frontières est possible, et donc que l'on peut effectivement bien montrer les moments où s'opère l'alternance codique, un autre problème se pose quant à la distinction qu'opère Gumperz entre "emprunt" et alternance codique en fonctions des critères que nous venons de citer, dans la mesure où l'autonomie syntaxique et même lexicale n'est pas toujours évidente entre les variétés qui se situent précisément dans la zone linguistique intermédiaire, qu'on la baptise "interlecte" (Prudent, 1981, 1982), ou "mésolecte"102 (Carayol et Chaudenson, 1976, 1978). L'exemple de

la Réunion est particulièrement parlant sur ce point, comme nous le verrons dans le prochain paragraphe.

Une des questions qui se posent est de savoir si l'alternance codique relève d'un phénomène collectif (et par conséquent d'une certaine manière prédictible), ou si au contraire

102 La différence essentielle qu'exprime ces choix terminologiques est que le mésolecte implique une relation implicationnelle, sur le plan syntaxique, entre les grammaires des systèmes organisés en continuité (Bickerton, 1975), ce que n'implique pas l'interlecte, à propos duquel l'hypothèse est que les productions interlectales ne peuvent être prédites par les systèmes grammaticaux d'aucun des deux pôles (Prudent, 1981).

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elle correspond à un comportement seulement personnel. Pour John Gumperz (1989a et b) nous l'avons vu, les interlocuteurs progressent dans l'échange en se servant de leur compétence de communication qui leur sert à détecter (et à produire) des "indices de contextualisation", qui constituent des outils au moyen desquels ils interprètent l'activité communicationnelle en cours, précisent la manière dont le contenu sémantique de ce qui est dit doit être compris, donc déterminent les intentions d'autrui, construisent leur propre discours, etc. Or Gumperz (1989a : 29) montre bien que les changements de langue, de variété, de registre, etc., font partie des indices de contextualisation que construisent et / ou interprètent les interlocuteurs, ce qui implique que l'alternance codique ne peut pas constituer un phénomène idiosyncrasique.

Cette hypothèse peut s'étayer par l'analyse des réseaux sociaux qui fait directement ressortir les liens sociaux que les locuteurs tissent entre eux au cours de leurs activités routinières. En réseau fermé, on peut observer que le discours est marqué par de nombreux syntagmes idiomatiques. Si certains sociologues, comme Bernstein (1971), interprètent cette constatation comme un rapport évident entre classes sociales et compétences linguistiques, Gumperz (ibid.) y voit plutôt la preuve que l'interaction exclusive entre individus d'un même environnement social, culturel, professionnel, etc., aboutit à des présupposés de communication non verbalisés, liés au contexte. À l'inverse, les situations de communication en réseaux ouverts sont plutôt marquées par la diversité des normes et des attitudes, ainsi que par la diversité des conventions de communication. Pour communiquer de façon efficace, c'est-à-dire pour pouvoir produire du sens en étant compris de l'autre, et comprendre en retour les messages qu'on lui adresse, le locuteur doit être conscient des différents processus d'interprétation.

Cet ensemble de considérations amènent dès lors quelques questionnements s'agissant des phénomènes de sécurité et d'insécurité linguistique dont nous avons fait l'hypothèse qu'ils pouvaient aussi être considérés comme l'un des paramètres des situations de communication dans le sens où ils sont susceptibles d'intervenir sur le déroulement d'un échange verbal, en provoquant des changements de "position" chez les interlocuteurs. On a du reste également fait l'hypothèse que l'insécurité linguistique pouvait à ce titre constituer une des cartes du jeu interactionnel, une stratégie possible pour les interlocuteurs (qui peuvent par exemple provoquer des sentiments d'insécurité linguistique chez leurs partenaires, de façon à les dérouter, voire même à masquer leur propre insécurité).

En regard de ce qui vient d'être dit on peut faire un pas de plus dans la construction de nos hypothèses en tentant de les relier aux phénomènes d'alternance codique, et à la problématique de la situation de diglossie conçue comme lieu d'affrontements linguistiques conflictuels. Cela montre du reste bien l'importance de considérer les phénomènes d'alternance codique d'une part effectivement en partant de l'étude des sujets en interactions et de leurs discours, mais aussi en n'oubliant pas que ces interactants se différencient les uns des autres du fait de leur position sociale dans le schéma général de l'organisation sociale à laquelle ils appartiennent. Dans tous les cas, l'emploi de telle langue, de telle variété, ou l'adoption de telle "position" interactionnelle, ne sont jamais neutres mais au contraire socialement signifiants, car ils sont une des manifestations des rapports sociaux qui se jouent en interactions.

Par exemple on peut se demander si le changement de langue (ou de variété de langue) doit plutôt être considéré comme révélateur de sécurité ou d'insécurité linguistique. On

133 pourrait en effet être tenté de faire l'hypothèse que l'alternance codique est plutôt le signe de sécurité linguistique dans le cas où elle manifeste une certaine habileté linguistique, une maîtrise des différentes (variétés de) langues, et / ou rendent compte d'une bonne compétence de communication, d'une capacité à mettre en œuvre l'ensemble des savoirs communicationnels partagés au sein de la communauté, d'une aptitude à se servir des différents indices de contextualisation pour se positionner et s'adapter au déroulement de l'échange, etc. En retour, l'alternance codique pourrait également, comme le suggère très justement Didier de Robillard (1994), être interprétée en terme d'insécurité linguistique si elle constitue pour le locuteur une manière de fuir, de se réfugier dans une autre (variété de) langue sitôt qu'il ne se sent plus sûr de lui sur le plan linguistique, qu'il a peur de faire des fautes, etc.

Ces premières questions en appellent à leur tour au moins deux. La première concerne le rapport entre alternance codique et compétence linguistique. Si on s'en tient en effet à la définition de l'insécurité linguistique comme sentiment (ou peur) de produire des énoncés fautifs, on se doute qu'elle est liée au niveau de compétence linguistique du locuteur ou en tous cas de la représentation qu'il a de ce niveau de compétence. La seconde renvoie au caractère conscient ou inconscient de l'alternance codique.

Par ailleurs, la théorie des réseaux sociaux ouverts et fermés permet de faire un rapprochement à la fois avec les réflexions entamées au sujet de la communauté linguistique organisée en une série d'étagements, et par conséquent de la norme, élément unificateur de ces différents étages communautaires. On pourrait peut-être s'attendre, en raison de la compréhension tacite partagée sur laquelle elle s'appuie, à ce que l'alternance codique soit plus fréquente en réseaux fermés, qui correspondent à des environnements socio- interactionnels restreints, et qui peuvent de ce fait s'apparenter aux étages inférieurs103 de la

communauté linguistique. Or, les normes qui unifient ce type de communauté linguistique sont vraisemblablement, on l'a vu, des normes de type communicationnelles, définies et validées par les membres du groupe. En ce sens, il semble bien que les réseaux fermés constituent des espaces relativement sécurisants pour leurs membres. On serait donc effectivement plutôt tenté de voir dans la présence d'alternance codique le signe une certaine sécurité linguistique.

Encore faudrait-il, cependant, que les alternances relèvent bien de choix communicationnels de la part des locuteurs, ce qui suppose à la fois qu'elles soient conscientes et que les locuteurs aient une bonne compétence dans les deux langues, et choisissent, parce qu'ils considèrent que pour dire telle chose ou arriver à tel objectif, telle (variété de) langue convient mieux que telle autre. On se trouve ainsi devant la nécessité de s'interroger le lien entre l'alternance codique et la compétence linguistique des locuteurs, ainsi que sur son caractère conscient ou inconscient.