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S CIENCE ET INDUSTRIE : UNE ORGANISATION DICHOTOMIQUE

1.1 L’institutionnalisation politique d’un cadre dichotomique entre la science et l’industrie

1.1.3 Implications organisationnelles de l’organisation dichotomique entre la science et l’industrie

1.1.3.2. L’organisation de la recherche

D’un point de vue général, un des principes fondamentaux de l’organisation de la recherche consiste en une évaluation et une validation par les pairs des résultats obtenus. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales pour lesquelles la production scientifique ne constitue pas un bien marchand. Plus précisément, c’est la communauté scientifique qui décide de l’acceptabilité des résultats qui sont alors soumis à des procédures rigoureuses concernant notamment les discussions et les publications de chaque contribution. « Les chercheurs les

plus subventionnés sont ceux qui jouissent de la plus grande reconnaissance de leurs pairs. Les activités y contribuant, comme publier dans les revues les mieux cotées et participer aux forums les plus fréquentés par ses pairs, sont fortement prisées » (Dalpé et Ippersiel, 2000, p.

109). Les projets qui vont être entrepris sont sélectionnés au regard de la qualité de la recherche scientifique qui est, elle-même, évaluée par la communauté des chercheurs. Cette évaluation par les pairs s’explique par le fait que la recherche est perçue comme trop complexe et hermétique pour être convenablement comprise par des individus externes aux communautés scientifiques. Il apparaît alors clairement que les chercheurs qui seront les plus

subventionnés seront ceux qui bénéficient de la plus grande reconnaissance de la part de leurs pairs. Les seuls juges demeurent la communauté scientifique, la plus à même d’appréhender la pertinence et la validité des recherches. Même en cas de contestations ou de rivalités entre équipes pour l’allocation des moyens indispensables à la poursuite des activités de recherche, l’arbitrage ne peut être extérieur. Ainsi, « la rationalité dont dépend la scientificité des

résultas et donc leur acceptabilité par la communauté des chercheurs compétents dans un domaine déterminé implique l’universalisation au moins potentielle, même si elle est parfois différée, des énoncés qui s’intègrent dans le corpus des connaissances tenues pour vraies dans le contexte d’un paradigme communément reconnu. » (Tinland, 2004, p. 93). Même si

elle dépend de financements externes (notamment émanant du gouvernement), l’activité est en quelque sorte auto-normée, en ce sens où elle répond à sa propre logique, à ses propres règles et ce, de manière volontaire. C’est elle qui impose la reconnaissance de ce qu’elle produit sans recours, ni contraintes extérieures, en répondant elle-même à ses propres exigences en terme de vérification et de validation. « Même s’il n’en est guère conscient, le

chercheur fait vœu d’obéir à l’obligation qu’il s’impose à lui-même en se soumettant aux exigences de scientificité qui font de lui un membre de cette communauté qui constitue la seule référence en matière d’acceptabilité de ses résultats » (ibid., p. 94).

Ces mécanismes de fonctionnement, comme on l’a dit, ne répondent pas à ceux mis en œuvre dans le cadre d’un marché. Notamment, au regard des mécanismes de validation et d’évaluation de l’output scientifique développés dans le contexte de la science, la production scientifique ne peut aboutir à un bien marchand. En effet, ce qui distingue la science de l’industrie réside dans les différences que présente l’output scientifique, celles-ci induisant des mécanismes alternatifs de fonctionnement et de financement. Ainsi, à l’époque où est mise en place la dichotomie entre la science et l’industrie, la publication consistait en l’output quasiment exclusif de la science. Il en a résulté d’une part, en raison du problème d’inappropriabilité, le nécessaire soutien public au financement des activités scientifiques et, en tant que conséquence de ces deux éléments, une organisation particulière de la production scientifique conduisant à cette dichotomie science/industrie. Certes, d’autres formes d’output scientifique existent, comme lorsque les activités de recherche impliquent des acteurs différents, par exemple d’autres institutions ou des entreprises. Dans ce cas, la vision de l’output évolue. Il en résulte que la question du marché en matière de production scientifique est davantage un problème d’offre que de demande. C’est la manière dont les connaissances scientifiques sont produites, dépendant de l’usage qui va alors en être fait, qui détermine les caractéristiques particulières de l’output.

Pour aller plus loin dans la présentation de cette organisation dichotomique de la recherche, si on considère que l’allocation optimale de la science et des connaissances scientifiques consiste non seulement en la production de connaissances nouvelles mais aussi en la diffusion de ces dernières (surtout que la récompense relative à la découverte de nouvelles connaissances dépend des mécanismes de divulgation de ces connaissances), il en résulte que les institutions doivent aussi développer des règles de transmission. Ainsi, la science et l’industrie sont considérées comme des institutions où les connaissances sont divulguées respectivement en tant que biens publics et biens privés. A la fois la science et l’industrie se présentent donc comme des organisations collectives, des communautés, avec des règles particulières qui sont observées par ceux qui souhaitent être reconnus comme membres participants. L’une d’elles est que les scientifiques ont l’obligation de divulguer et diffuser toutes les nouvelles découvertes et de les soumettre à une inspection critique des autres membres de la communauté, c’est-à-dire une évaluation par les pairs comme nous l’avons évoquée précédemment. En matière de divulgation, la différence entre science et industrie réside dans le fait, qu’alors que les scientifiques se pressent de publier et donc de divulguer, les « technologistes », comme les appellent Navaretti et al. (1996, p. 15), restent réticents et tendent à privilégier le secret. Pour caricaturer cette généralisation, ces auteurs écrivent : « scientists only write, engineers only read » et précisent « if one joins the science

community, one’s (final) discoveries must be disclosed completely and speedily, whereas if one joins the technology community, such findings must not be fully revealed (immediately or eventually) to society at large, and possible not to one’s fellow-technologists ». A noter que

l’obligation des chercheurs académiques de divulguer les nouvelles connaissances a pour conséquence de réduire, voire de supprimer, les incitations à produire ces dernières en raison d’une impossible appropriation des résultats de la recherche. Ainsi, pour résoudre ce problème, des instances publiques, à qui des fonds sont alloués, produisent ces connaissances. Et c’est pour garantir que les scientifiques ne négligent pas leurs efforts et les inciter non seulement à produire de nouvelles connaissances mais aussi à les divulguer, que la règle de priorité a été instaurée. Plus précisément, la règle de priorité, par laquelle les scientifiques sont récompensés pour leurs découvertes, répond au moins à deux finalités : favoriser la divulgation des résultats et établir un contexte, une course à la découverte scientifique. Elle est d’autant plus centrale que nous nous situons en plein problème d’agence en ce sens que ni l’effort ni l’intention ne pouvant être contrôlés et donc évalués, la récompense ne peut être basée sur ces derniers. C’est l’une des raisons pour lesquelles un scientifique n’est pas admiré pour un échec dans une trajectoire de recherche, alors même que savoir qu’une trajectoire de

recherche n’aboutit pas constitue une information importante pour éviter qu’elle ne soit refaite. A l’inverse, le succès, si bien sûr il est divulgué, peut être contrôlé et examiné. La récompense peut alors être basée sur cette réussite. Elle peut revêtir plusieurs formes comme une augmentation de salaire, des subventions de recherche, des prix scientifiques, un éponyme et plus généralement l’estime par ses pairs. A noter que la récompense revient au premier qui annonce sa découverte. En effet, il ne peut être établi de rang qui indiquerait où se situent les « perdants » par rapport au « vainqueur » de la course scientifique au moment où ce dernier annonce sa découverte. Ceux qui n’ont pas trouvé les premiers pourraient très bien avoir copié les résultats du vainqueur et déclarer qu’ils les ont atteints indépendamment (ibid., pp. 19-21).

Une fois que la découverte scientifique est réalisée, annoncée et divulguée entièrement, personne ne peut alors plus s’approprier la nouvelle information afin d’en tirer un profit. Sa commercialisation n’a plus de raison d’être. Elle est définitivement sortie des mécanismes marchands. C’est une des raisons pour lesquelles la pratique de la science n’est pas une activité orientée par le marché. A l’inverse, le système de récompenses mis en place dans le Royaume de la technologie est lié à l’appropriation de la connaissance en vue de réaliser des profits. Celui qui veut acquérir davantage de connaissances doit alors payer pour les obtenir, ce qui crée la possibilité d’un système de récompenses qui n’est pas étroitement lié à la priorité des découvertes. En effet, une application commerciale fructueuse qui s’appuie sur des principes scientifiques acceptés depuis longtemps va récompenser les « adaptateurs » et les « adopteurs » de la théorie, et non celui qui en est à l’origine (ibid. p. 22). Le système des brevets permet en principe aux individus de divulguer leurs découvertes sans complètement avoir à partager les profits qu’ils peuvent gagner. Le système offre une récompense privée pour la divulgation et base la récompense sur la priorité de la divulgation. En liant la divulgation avec le droit d’usage exclusif des découvertes, le système des brevets entreprend de résoudre le problème de financement de la poursuite des connaissances scientifiques qui sont publiquement divulguées. Le système des brevets permet aux inventeurs de faire connaître ses droits quant à la possession de connaissances utiles, mais en même temps en ne divulguant pas entièrement cette connaissance aux autres. Il est en effet reconnu que l’expérience de recherche conduisant à une invention brevetable génère de la connaissance technique tacite (comme un savoir-faire par exemple) qui n’est pas contenue dans le brevet lui-même et donc, qui n’est pas révélée. L’enjeu de la frontière entre la science et l’industrie intervient également au niveau de la délimitation de ce qui est brevetable et ce qui ne l’est pas, en ce sens qu’un élément important de cette détermination réside sur le fait qu’une fois publiée et donc divulguée, la découverte entre dans le domaine public. A ce titre,

elle ne peut plus faire l’objet d’un dépôt de brevet. Or, le fondement même de la recherche académique et de son financement public repose sur la divulgation de ses résultats.

Science et industrie induisant des objectifs différents, l’une et l’autre vont donc adopter des attitudes distinctes vis-à-vis de leurs résultats. La rationalisation économique qui peut être faite de ces phénomènes de divulgation et de secret est que l’objectif à atteindre de la science est d’accroître le fonds de connaissance en encourageant l’originalité, alors que l’industrie recherche les rentes qui peuvent être gagnées de ces connaissances (ibid., p.15). De nouvelles connaissances sont produites suivant ces deux modes d’organisation qui suivent leurs propres objectifs. Le premier permet d’accroître le fonds de connaissances qui, à terme, permettra peut-être d’aboutir à une innovation. C’est une logique plus incertaine et suivant un horizon à long terme qui n’est pas compatible avec les objectifs de rentabilité du deuxième mode de production des connaissances. Ces exigences de rentabilité induisent que le secteur privé délaisse des pans entiers de recherche jugés trop incertains. Ce qui renforce cette idée selon laquelle la recherche privée consiste en de la recherche appliquée et la recherche publique, sous entendue académique, en de la recherche fondamentale.

Un autre point caractéristique de la recherche académique qui mérite d’être souligné est que cette dernière doit être menée de manière autonome. Cette autonomie se justifie par le fait que seuls les scientifiques sont à même de juger des thèmes de recherche à suivre, de la qualité et de la validité des résultats et des travaux. D’ailleurs, concernant les activités scientifiques, Valentin et Lund Jensen (2003, p. 2) soulignent l’importance d’une organisation de ces dernières au sein d’institutions autonomes en soulignant le fait que « for quite

fundamental reasons, substantial parts of scientific activity must be funded and organised in autonomous institutions, separate from firms and other key recipients and beneficiaries of the outcome of scientific activity. The social contract behind this autonomy gives public science the dual mandate of both advancing scientific knowledge and of delivering benefits to society in return for resources and autonomy ». De plus, la contribution des chercheurs au

développement économique est maximisée lorsqu’ils définissent leurs projets selon leur curiosité intellectuelle et moins quand le sujet leur est imposé par un individu ne connaissant pas leur champ de recherche. Les entreprises puiseront ensuite dans le vaste fonds de connaissances pour développer de nouvelles technologies (Kleinman et Solovey, 1995). Dans « Leçon sur le vinaigre de vin » en 1867, Louis Pasteur écrivait d’ailleurs : « au début des

recherches expérimentales sur un sujet déterminé quelconque, l’imagination doit donner des ailes à la pensée ». Dans la même optique, au cours d’une leçon inaugurale, qui eut lieu le

quantique, mit en exergue le fait que les chercheurs ont besoin de cette liberté en matière de recherche, d’assouvir leur curiosité et non de se limiter à chercher à répondre à un problème donné. Il est nécessaire de leur laisser toute latitude pour mener à bien leurs travaux. Parfois, sans que ce ne soit l’objectif initial, une découverte, une nouvelle piste peut survenir, il est alors important de ne pas avoir à l’abandonner sous prétexte que cette dernière n’est pas en rapport avec le problème à résoudre. « Ce qui stimule la recherche est avant tout la curiosité

gratuite, le besoin de comprendre la nature intime des choses. Les applications ne viennent qu’ensuite, et souvent là où on ne les attend pas. Lorsqu’en 1960 le premier laser est apparu, nul ne savait à quoi il servirait. On l’appelait alors – en ne plaisantant qu’à moitié – « une solution à la recherche d’un problème ». Ni le laser, ni l’ordinateur portable, ni l’IRM n’auraient pu naître d’une programmation utilitariste. Il y a un aspect commun à ces inventions. Toutes ont conduit à des instruments que nous utilisons avec l’indifférence blasée qu’apporte l’habitude, sans avoir conscience que leur fonctionnement dépend de phénomènes microscopiques subtils » (Haroche, 2004, pp. 21-22).

En effet, rares sont les découvertes scientifiques qui ont été obtenues en tentant de résoudre un problème social urgent. Si, inversement, de grandes découvertes scientifiques, de la radioactivité à la pénicilline, ont été attribuées au hasard par leurs découvreurs eux-mêmes, elles n’ont pu voir le jour que dans des esprits préparés. Les découvertes faites « au hasard » n’ont pu être détectées, mises en exergue que parce que les chercheurs disposaient alors des compétences nécessaires pour les détecter. La science ne peut fonctionner qu’en élaborant elle-même ses propres questions, à l’abri de l’urgence et de la déformation inhérentes aux contingences économiques et sociales (Les Etats Généraux de la Recherche, 2004). Si la recherche est réalisée dans un cadre d’expansion trop restrictif car trop lié à l’objectif à atteindre, les chercheurs pourraient passer à côté de découvertes, ou alors auraient à les délaisser, car n’entrant pas dans les préoccupations sociales ou même scientifiques du moment. « C’est à ce prix, en passant par des détours parfois surprenants, que certaines

questions peuvent, souvent après de multiples reformulations, être en partie résolues. L’électricité n’a pas été inventée en cherchant à perfectionner les bougies… Beaucoup pensent que si la recherche voulait bien se concentrer sur quelques questions posées par des « demandes » sociales ou économiques, elle serait bien plus pertinente. Rien n’est moins sûr : l’un des guides les plus fiables de la qualité d’une recherche est celui de l’excitation intellectuelle de la connaissance, apportée à ses auteurs par ce processus créatif, et de la confrontation des faits expérimentaux et des modèles théoriques selon les seuls critères de la raison. Tout en acceptant pleinement l’intervention démocratique dans la détermination des

moyens accordés à la recherche publique et des priorités qui lui sont imposées, la recherche a besoin d’une autonomie dans son organisation, indispensable tant pour faire progresser les connaissances que pour être en définitive mieux à même de répondre aux attentes des citoyens » (ibid., p. 108).

La nécessaire autonomie de la science, notamment en matière de choix des projets de recherche, constitue en fait la réponse apportée aux critiques tenues à l’encontre de la science, dans le sens d’une certaine inefficience de la recherche et d’un problème de gaspillage des ressources allouées. En effet, au début de l’institutionnalisation de la recherche scientifique aux Etats-Unis, l’administration de l’époque avait annoncé son scepticisme quant à la manière dont était menée la recherche scientifique et plus précisément quant aux duplications des recherches et donc au meilleur usage des fonds limités alloués à la recherche fondamentale.

« There is a conviction that the Federal government is currently spending too much money on research and development programs, that there is considerable unnecessary duplication, that the programs underway need to be revalued, and that these and other circumstances result in an uneconomical use of scientific personnel which is not in the best interests of the Government, of industry, and of science » (Dodge 1953). Cette question de la duplication des

efforts a souvent servi d’argument aux pouvoirs publics dans leur volonté de restreindre les ressources allouées à la recherche fondamentale ou de réorganiser la répartition des fonds. Or, si on regarde plus précisément la question de la duplication, on voit rapidement qu’il ne s’agit en rien d’un simple gaspillage de ressources et que les retombées positives d’une telle stratégie peuvent se montrer supérieures à son coût. Si on considère l’effet net de la duplication, on peut noter qu’il consiste, au contraire, en un accroissement de la probabilité d’un succès intervenant plus rapidement. Ceci pour au moins trois raisons (Tisdell, 1981) : (1) la concurrence entre les différents groupes de recherche peut guider et stimuler chaque groupe ; (2) chaque groupe peut adopter une méthode ou une approche différente, surtout que l’on ne peut savoir à l’avance quelle méthode aboutira à des résultats, ni laquelle le fera le plus rapidement ; (3) différentes approches pouvant fournir différentes techniques, la duplication permet alors d’en tester plusieurs. Ainsi, par ces effets, dupliquer les efforts de recherche et donc, par là même, les fonds à allouer à un type particulier de projet, peut permettre de réduire le temps nécessaire à l’aboutissement des travaux de recherche et donc à la réalisation d’une nouvelle découverte. D’ailleurs, considérant le temps qui est au final épargné jusqu’au moment de la percée scientifique, grâce à la duplication des efforts de

recherche, on peut par exemple reprendre les résultats de Scherer et de Mansfield (1965)16. Ces derniers indiquent en effet, qu’en fait, à un faible niveau du montant de financement alloué à la recherche, la duplication des efforts accroît le temps nécessaire pour arriver à une percée scientifique. Mais, par contre, ce temps est réduit dès que l’on arrive à un niveau plus élevé de ressources allouées (Figure 2).

Figure 2 : Efficacité et inefficacité de la duplication de l’effort de recherche

Source : Tisdell, 1981, p. 61

Ce temps allongé lorsque les ressources allouées sont plus faibles et que les efforts de recherche sont dupliqués, s’explique en partie par l’existence de seuil en matière de ressources et de quelques économies d’échelle dans les projets de recherche. Par contre, s’agissant d’un projet de recherche suffisamment financé dans lequel des résultats sont vivement et rapidement attendus, la duplication des efforts de recherche risque d’être une stratégie optimale. Sur le graphique, on voit d’ailleurs bien que la meilleure stratégie à suivre

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