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II- Choix méthodologique

2.5 L’analyse thématique

Notre démarche de recherche en est une de compréhension des intentions, des motivations et des représentations des participants. Différentes stratégies d’analyse qualitative amènent le chercheur à structurer sa compréhension de son objet d’étude. Nous avons privilégié un mode opératoire qualifié d’analyse thématique qui vise essentiellement à « dégager un portrait d’ensemble d’un corpus » donné (Paillé et Mucchielli, 2016 : 17). Selon ces auteurs, l’analyse thématique a deux fonctions. Le repérage consiste à dégager les thèmes pertinents se rapportant à la question de recherche par un travail essentiellement de saisie informatique. La documentation est la démarche qui consiste à mettre en parallèle, à recouper les différents thèmes en les documentant de commentaires, d’annotations qui soulignent les récurrences, les divergences ou les oppositions (Paillé et Mucchielli, 2016 : 236). L’analyse de l’ensemble de notre corpus débutait à la retranscription des verbatims. La retranscription systématique des entrevues aussitôt celles-ci terminées correspondait, en effet, à une première lecture de l’entretien permettant d’avoir une idée générale des propos tenus. Une deuxième lecture plus attentive des entretiens entièrement retranscrits nous permettait à la fois de cibler par des codes de couleur les propos qui nous semblaient répondre à notre question de recherche en même temps que nous les annotions de remarques spontanées nous aidant à faire des liens

avec nos lectures ou des propos tenus par d’autres participants. À partir des thèmes et des sous-thèmes de notre guide d’entretien, nous avons reporté dans un fichier Word, toutes les citations codées de la même couleur en les associant aux différents thèmes. En ne perdant pas de vue notre question de recherche, les lectures et relectures des citations regroupées par thème (et des entretiens desquels elles proviennent au besoin) nous ont permis d’affiner nos thèmes et sous-thèmes de manière à structurer la trame interprétative de notre analyse en différents segments qui témoignent des dynamiques à l’œuvre dans le parcours de ces jeunes étudiants Réunionnais qui composaient notre échantillon. Le schéma ci-dessous récapitule le déroulement de notre méthode d’analyse précédant l’écriture proprement dite de notre mémoire. La partie I rapporte les thèmes et les sous-thèmes tels que présentés dans notre guide d’entretien (annexe 9). À l’étape de l’analyse des verbatims et des extraits codés (partie II du schéma), nous avons résumé par des mots-clés ce dont il est question dans les extraits des verbatims pour chaque thème et sous-thème abordé. Ces mots-clés nous permettent en quelque sorte d’identifier et de comprendre les dynamiques à l’œuvre du processus que nous cherchons à cerner. Il est question dans les extraits des verbatims du thème I de la manière dont les jeunes de notre échantillon perçoivent leur futur professionnel en demeurant à La Réunion (appréhension du futur et projection de soi). Le projet de migration est formulé en référence à cette anticipation. Dans les extraits des verbatims du thème II, les jeunes de notre échantillon relatent la découverte et l’apprivoisement de leur nouvel environnement physique et social (configuration de l’espace et relations sociales) qui les ont amenés à faire une distinction entre différentes villes du Québec, tant d’un point de vue géographique, que matériel et social (notamment la différenciation des espaces urbains et sociaux). Les extraits des verbatims du thème III sont axés autour du déroulement de leur expérience de migration dans leur ville d’accueil (expériences vécues) et de la manière dont ces expériences ont eu un impact sur leurs attentes et leurs aspirations (projection de soi). Considérant leur expérience avant la migration, leurs motivations au départ de La Réunion, leur confrontation à certaines réalités au Québec et dans leur ville d’accueil, une question s’impose aux termes de leur temps formel de migration : faut-il partir ou rester? La mise en relation de ces différents thèmes nous a permis de valider la pertinence des notions et concepts, définis dans les sections suivantes, qui ont guidé notre réflexion et notre approche de recherche (représentations et projets). Il appert, en effet, que les jeunes étudiants Réunionnais de notre

échantillon rendent compte d’une manière de percevoir leur environnement d’origine qui leur est commune. Les référents communs aux membres d’un même groupe culturel ou social nous renvoient au concept de représentation. S’ils partagent la même vision d’un contexte pour justifier la migration au Québec, le rapport à ce contexte et à la migration diffère, donnant à voir des variations individuelles du rapport à l’objet représenté de sorte que leur engagement dans la migration mobilise des motivations personnelles. Ces motivations, toujours énoncées au Je traduisent en définitive la représentation d’un monde où la formulation [et la résolution] des questions existentielles transigent avec le(s) projet(s). Schéma analytique

I- Thèmes et sous-thèmes du guide d’entretien

II- Analyse du corpus

III- Interprétation

Représentations / Projets

Contexte prémigratoire Intégration et société d’accueil Intégration et lieu d’accueil Intentions avant le projet de migration Perception des perspectives d’avenir à La Réunion Préparation du projet de migration Appropriation de l’espace d’accueil

Espaces sociaux et lieux de vie personnelle Expérience de formation professionnelle Expérience de migration et lieu d’accueil Appréhension du futur Projection de soi Migration Configuration de l’espace Relations sociales

Différenciation des espaces urbains et sociaux

Expériences vécues Projection de soi

Chapitre 5. Cadre conceptuel

Nous avons présenté au chapitre 2 les deux grands paradigmes sociologiques qui théorisent les phénomènes de migration. La manière que nous avons choisi d’appréhender l’objet d’analyse qui nous intéresse ici, l’installation à long terme des jeunes étudiants Réunionnais dans les villes à très faible migration, se veut une approche transversale. La sociologie de l’immigration de même que la sociologie des migrations nous semblent ne privilégier qu’une des facettes de l’étranger et de manière exclusive : celui dont la présence « permanente » dans la société d’accueil est donnée à voir et se pose en termes d’intégration; celui dont la présence dans la société d’accueil est presque furtive, insaisissable tant il est mu par la mobilité. La durée de l’établissement du nouvel arrivant en un lieu résulte de conditions multiples, complexes et dynamiques qui viennent brouiller le rapport à l’espace habité non seulement pour le chercheur, mais pour la personne elle-même qui (im)migre. Sur la base de cette conviction, nous avons fait le choix de placer notre analyse dans un cadre conceptuel qui, selon nous, offre plus de souplesse à la compréhension de notre objet observé. Nous présentons et définissons ci-dessous les notions et concepts qui composent notre grille d’analyse.