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Chapitre 2 – Les espaces périurbains et leurs forêts

2.6/ Concepts et typologies des forêts périurbaines

2.6.2/ Typologie axée sur la fonction sociale des forêts périurbaines

2.6.2.4/ Les forêts du domaine privé de l’État

Certains espaces boisés appartiennent à l’État ou à des établissements publics mais ils ne sont pas systématiquement accessibles au public. La distinction entre la partie publique et privée du domaine de l’État et de certaines personnes publiques n'est pas toujours très évidente au regard de certaines applications locales de la propriété et de l'accessibilité34. Au-delà des particularités juridiques, dans

le cadre de la fonction sociale des forêts, certaines de ces propriétés présentent des spécificités qui doivent être présentées.

Les forêts incluses dans les terrains militaires sont soumises au régime forestier. Elles sont publiques mais interdites d'accès. Ces terrains d'exercices occupent parfois de vastes espaces dans les aires urbaines. C'est par exemple le cas près du Mans où les centaines d'hectares boisés du camp d'Auvours sont un élément important dans le paysage à l'est de la ville. Les terrains militaires sont interdits d'accès au public mais ils sont aussi traversés par des routes sur le bord desquelles certaines personnes s'arrêtent pour se récréer ou faire des pauses.

Les lycées publics agricoles et forestiers sont parfois construits dans des espaces boisés qui sont gérés par l'ONF, leur accès est souvent interdit au public extérieur à l'établissement. Dans ces lycées, tel celui de la Germinière à Rouillon (72), les élèves apprennent leurs futurs métiers tandis que les forestiers gèrent la forêt et établissent, par exemple, des cartes du paysage. Le décor qu'offre la propriété boisée d'un tel établissement scolaire dominant la campagne environnante est la seule fonction sociale et récréative publique de cet espace.

Les hôpitaux ou les établissements publics de soins peuvent être construits dans des espaces naturels boisés dont ils peuvent être les propriétaires. Suite à la Loi du 21 juillet 2009 sur l'autonomie des hôpitaux, les propriétés foncières de ces établissements publics de santé ne sont pas soumises au régime forestier. Les parcs et les forêts des hôpitaux font partie de leur domaine privé, et ils peuvent donc être gérés par l' ONF ou par des entreprises privées. Quand les établissements de soins et leurs parcs forestiers sont mitoyens, les soignants, les patients et leurs visiteurs peuvent donc profiter de cet espace naturel pour se reposer ou se recréer. Les forêts des hôpitaux et des centres de soins ont donc une fonction sociale spécifique. Elles marquent les paysages locaux, tout en étant des lieux d'usages récréatifs pour des individus en souffrance.

Quel que soit leur éloignement par rapport à la ville, les espaces boisés du domaine privé de l’État et des personnes publiques ont comme toutes les autres forêts, une fonction paysagère, mais leurs rôles récréatifs sont souvent réservés à des publics particuliers (militaires, étudiants, malades, etc).

Conclusion du chapitre

La périurbanisation modifie les infrastructures des espaces de vie, en même temps que la répartition des populations dans les aires urbaines. Les divers processus engendrés par l'urbanisation des périphéries changent les perceptions individuelles ainsi que les façons d'habiter et de faire société dans les territoires périurbains. La diversité des évolutions sociétales, des choix de vie individuels et des pratiques socio-spatiales, semblent atomiser les comportements et les itinéraires personnels dans des territoires qui ne sont pas toujours structurés à l'échelle périurbaine (Fourny, et al., 2012 ; Lahire, 1998).

Les dispositions légales plus ou moins inspirées des principes du développement durable et relatives à l'urbanisation (Loi SRU) ou aux espaces naturels (Grenelle de l'environnement) permettent de limiter certaines dérives urbaines et d'organiser à minima la gestion environnementale. Des dispositifs tel celui de la trame verte et bleue peuvent contribuer à préserver les forêts et la biodiversité locale tout en créant des possibilités pour d'éventuels aménagements structurels dans les corridors environnementaux (Cormier, 2011). Les voies vertes créées dans les espaces périurbains sont parfois de vrais continuums écologiques, reliant les grandes forêts publiques périurbaines aux espaces verts suburbains en traversant ou en longeant des propriétés privées aux caractéristiques naturelles préservées (cf. chapitre 4).

Au-delà des définitions globales, les spécificités des espaces périurbains et la fonction sociale de leurs forêts ont été précisément définies pour permettre une recherche ciblée sur les pratiques et les perceptions des usagers. Une typologie des espaces boisés a pu être établie en fonction de leur accessibilité. Dans un contexte spatial en évolution, il est apparu que les forêts périurbaines sont parfois multifonctionnelles mais qu'elles ont aussi des caractéristiques variées, car elles répondent aux choix spécifiques des propriétaires privés ou des gestionnaires publics. Dans les espaces suburbains, des forêts d'agrément sont parfois aménagées grâce à des équipements lourds pour répondre à d'importantes fréquentations populaires, alors que dans la même couronne périurbaine, des forêts privées sont parfois inaccessibles malgré d'intéressantes caractéristiques naturelles et spatiales.

Dans les deuxièmes et troisièmes couronnes périurbaines, les pressions sur les milieux naturels semblent traditionnellement moins importantes qu'aux abords des villes (Moigneu, 2005 ; ONF, 2012). Des critiques existent à l'encontre de la gestion de ces forêts publiques mais elles semblent davantage émaner des environnementalistes que du public (Terrasson, 2007 ; Génot, 2003).

Les quatre catégories d'espaces présentées dans la typologie montrent que dans le cadre de leur fonction sociale, les principales caractéristiques des forêts périurbaines sont liées à leur accessibilité qui dépend essentiellement de leur nature foncière (publique vs. privée) et de leur éloignement par rapport à la ville centre où vivent et travaillent la plupart des usagers potentiels. Les équipements et les spécificités spatiales et environnementales de chacune des forêts, contribuent ensuite à les rendre plus ou moins attractives.

Au-delà des problèmes d'accessibilité aux forêts privées, leur diversité environnementale et leur importance spatiale dans les aires urbaines représentent un potentiel d'espaces naturels qui pourraient être mobilisés pour répondre au développement de la fonction sociale. La périurbanisation qui les insère dans des espaces artificialisés contribue à créer les conditions ou une

hausse de la demande d'espaces récréatifs pourrait être satisfaite grâce à la disponibilité de ces forêts devenues peu propices à la production. L'avenir de nombreuses forêts privées intriquées dans les espaces urbains et gérées dans le cadre du développement durable pourrait passer par une plus grande ouverture au public, à condition d'aborder la question du coût et du financement de leur fonction sociale (Buttoud, 2003).

Dans les espaces périurbains, les forêts répondent à une demande sociale exprimée par d'importantes fréquentations, cependant pour comprendre les niveaux d'usages, les souhaits et les opinions des usagers, il faut d'abord évaluer socialement et rationnellement les pratiques et les perceptions.

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