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Deuxième partie Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.2/ L'aire urbaine d'Alençon

4.2.5/ Les deux grandes forêts domaniales périurbaines d'Alençon 4.2.5.1/ La forêt d'Écouves

4.2.5.2/ La forêt de Perseigne

Bien qu'entièrement située dans le département de la Sarthe, la plus grande partie de la forêt domaniale de Perseigne est située dans l'aire urbaine d'Alençon (carte n° 8). Sa lisière nord-ouest est située à moins de 10 kilomètres de la ville d'Alençon et de son quartier d'habitat social appelé Perseigne.

La forêt recouvre un socle rocheux du Massif Armoricain qui domine les environs. Les pentes sont parfois assez raides et irrégulières, mais permettent de belles échappées visuelles sur la plaine d'Alençon et sur la forêt d'Écouves située plus au nord. Le point le plus haut de la forêt est le Signal de Perseigne qui culmine à 340 mètres. Quelques vallées profondes entaillent ce socle rocheux et elles déterminent des déclivités qui plongent vers les plaines du pourtour, la plus connue d'entre elles étant le Val d'Enfer (Dufour, 1997).

Carte n°8 – La forêt de Perseigne

La forêt est massive. A cause du relief, la plupart des routes et des voies forestières longent les pentes périphériques suivant le faîte du massif rocheux mais l'une d'entre elles passe par le Val d'Enfer. La plupart des usagers ont été interrogés près de la route du faîte car c'est la partie de la forêt la plus fréquentée par les usagers.

Historiquement et bio-géographiquement, la forêt de Perseigne est une forêt de marche de la Normandie (Dufour, 1979 ; Houzard, 1984). Le climat, la géologie, les sols mais aussi l'histoire du massif de Perseigne expliquent en grande partie les peuplements et les traitements forestiers actuels. Aujourd'hui, cette forêt est traitée en futaie régulière. Les parcelles feuillues couvrent plus de 80% de la surface du massif et sont essentiellement composées de chênes et de hêtres. Ailleurs, sur des sols moins favorables ou qui ont pâti des exploitations humaines, les parcelles sont enrésinées avec des pins sylvestres, des sapins pectinés ou de Nordman et des Douglas (Plaisance, 1997).

Au niveau biologique, plusieurs zones sont particulièrement intéressantes et certaines sont classées en ZNIEFF ou en espaces Natura 2000. La fiche de la ZNIEFF49 « Forêt de Perseigne entre le

belvédère, le puits de la Roche et le carrefour des Trois Ponts », précise que la zone abrite une espèce végétale rare qui traduit « un mésoclimat d'affinité sud-montagnarde ». Il s'agit de l'Oréoptéris à sores marginaux (Oreopteris limbosperma). Parmi les autres espèces remarquables de cette ZNIEFF, le lichen poumon (Lobaria pulmonaria) est aussi appelé "Lichen pollution zéro", car il est très sensible à la pollution atmosphérique (Daviau, Jegat, 2011).

Parmi les sites classés Natura 2000, l'un d'eux a été baptisé « Vallée du Rutin, coteau de Chaumiton, étang de Saosnes et forêt de Perseigne ». Dans cet espace vivent des oiseaux (ex : Locustelle tachetée), des mammifères (ex : Oreillard septentrional), des reptiles (ex : Lézard des souches) et des plantes ( ex : Helléborine blanche) inscrits dans la liste rouge nationale des espèces menacées. Pour les usagers, la forêt de Perseigne présente donc un relief accidenté et une nature rude mais préservée. L'endroit le plus fréquenté de la forêt est sans aucun doute le Signal de Perseigne. Sur ce sommet, un belvédère de 35 mètres de hauteur est accessible aux usagers depuis le printemps jusqu'à l'automne. Ce bâtiment (photo n°7- page 95) est un ancien poste d'observation construit par les Allemands lors de la Seconde Guerre mondiale. Il a été réhabilité au début des années 2000 par la Communauté de communes du Saosnois qui en assure la gestion. Certains dimanches, plus d'une centaine de personnes peuvent fréquenter cet espace où des jeux et un parcours de santé ont aussi été aménagés.

La forêt est parcourue par plusieurs sentiers balisés sur lesquels il est parfois rare de rencontrer des usagers. Hors des principaux itinéraires, notamment dans les endroits pentus, le niveau de fréquentation peut être faible. Les usagers en quête de calme et d'isolement trouvent là un espace qui répond à leurs demandes.

A Perseigne, les visiteurs locaux tiennent compte des fortes déclivités et ceux qui s'éloignent de leur véhicule et de la route du faîte ont généralement des tempéraments sportifs. Parmi les randonneurs,

les vététistes cherchent spécialement les pentes les plus raides. Dans cette forêt, plusieurs épreuves sportives de renommée inter-départementale sont organisées tous les ans. Le trail d'Enfer est l'une de ces manifestations organisées en partenariat avec l'ONF. Le parcours de cette compétition est naturellement structuré par le dénivelé, et quelques centaines de sportifs confirmés participent à cet événement (285 inscrits en 2010).

Au-delà des activités cynégétiques habituelles dans la région, quelques pratiques spécifiques existent à Perseigne. Dans ce massif, les chasses à courre sont populaires. Les meutes de chiens et les chasseurs à cheval traquant le gibier en musique, semblent un folklore suffisamment plaisant pour que des usagers passionnés et motorisés suivent les chasseurs au mépris des règlements forestiers et routiers. Face à des spectateurs peu respectueux du milieu naturel et des règlements, les forestiers de l'ONF, ont pendant un temps, craint les accidents. Aujourd'hui, pour éviter les problèmes, ils organisent un contrôle préventif du suivi des chasses et, pour quelques euros, les suiveurs peuvent s'aventurer en forêt. Des recommandations sont faites à ces spectateurs connus et encadrés, et il semble qu'en forêt, les poursuites automobiles effrénées n'existent plus.

L'autre caractéristique cynégétique de Perseigne est clairement élitiste. Pour des chasseurs passionnés et aisés, l'ONF vend quelques bracelets de chasse à l'approche. Contrairement aux chasses à l'affut qui sont pratiquées en groupe et qui utilisent des rabatteurs, la chasse à l'approche est individuelle et elle est pratiquée avec un fusil ou un arc. Ce type de chasse s'adresse donc à un public de connaisseurs qui ont les moyens car un bracelet peut couter plusieurs milliers d'euros. Dans l'aire urbaine d'Alençon, la forêt domaniale de Perseigne présente donc des similitudes avec celle d'Écouves. Ces forêts ont des caractéristiques biogéographiques et historiques assez semblables et elles servent de décor aux sorties des usagers locaux qui souhaitent profiter du calme et de la nature d'apparence assez sauvage.

Cependant, ces qualités environnementales ne conviennent pas à tous les usagers. Certaines personnes apprécient les espaces naturels mais n'aiment pas l'isolement des grandes forêts. De nombreux citadins restent donc dans les espaces naturels limitrophes de la ville. Dans l'aire urbaine d'Alençon, il existe donc une sorte de complémentarité entre la Fuie des vignes et les forêts domaniales de Perseigne et d'Écouves.

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