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Chapitre 2 – Les espaces périurbains et leurs forêts

2.3/ Des aspects du développement durable

A l'opposé des aménagements et des équipements conçus sans concertation, certains principes du développement durable relatifs à l'environnement se sont largement répandus à l'échelle des collectivités locales, grâce la gouvernance, à l'action d'une partie de la population et à quelques obligations légales. Ainsi, la Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable du territoire26 (LOADDT) de juin 1999, mentionne dans son article 23, que le Schéma de services

collectifs des espaces naturels et ruraux (SSCENR) décrit : « les mesures propres à assurer la

qualité de l'environnement et des paysages, la préservation des ressources naturelles et de la diversité biologique, la protection des ressources non renouvelables et la prévention des changements climatiques ». Face à l'étalement des zones sous influence urbaine, une certaine

protection de l'environnement a donc été officialisée.

La Loi de décembre 2000, relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU) a institué les SCOT et les PLU qui incluent obligatoirement un Projet d'aménagement et de développement durable (PADD). L'un des objectifs de la loi SRU est d'organiser le développement urbain tout en essayant de limiter la consommation d'espace dans l'optique d'un développement durable.

Dans les territoires, la préservation de l'environnement est rarement polémique car sa qualité concerne directement la plupart des habitants. Ainsi, les collectivités locales ont souvent baptisé « développement durable » des services dont l'action est centrée sur les questions d'environnement, sans intégrer ses aspects économiques et sociaux (Jollivet 2001).

Ces services de développement durable relaient les décisions des collectivités départementales ou régionales, qui s'inscrivent dans le cadre des recommandations du Grenelle de l'environnement et des agences nationales qui dépendent du ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l'Aménagement des Territoires.

Aujourd'hui, la notion de développement durable est donc largement connue et généralisée, mais elle apparaît parfois comme un fourre-tout politiquement correct. Malgré les critiques dont il est l'objet, le développement durable est toutefois une notion porteuse de sens pour les investisseurs et les scientifiques qui travaillent sur des pas de temps longs. Dans les territoires soumis à la

périurbanisation, ce type de développement n'est pas seulement une gageüre ou une contrainte, il offre des possibilités d'initiatives économiques et sociales qui peuvent avoir des conséquences bénéfiques sur l’emploi, la qualité de la vie et le maintien des forêts multifonctionnelles.

A la différence des environnements urbains les plus denses et qui sont essentiellement artificialisés, dans les couronnes périurbaines les agglomérations n'ont pas encore absorbé tous les espaces agricoles ou forestiers. Les villes centres peuvent aussi garder des continuums de nature dans leur sein ou leur périphérie, sous la forme de coupures vertes, de ceintures vertes ou intégrer des trames vertes qui aèrent les tissus urbains (Cormier, 2011 ; Howard, 1898). L'un des résultats des évolutions spatiales liées à la périurbanisation, est que les termes traditionnels sont devenus flous : la nature existe t-elle encore dans les périphéries urbaines ? Les villes peuvent-elles préserver des espaces de nature forestière et les ouvrir au public ?

Dans certains territoires, des interfaces nettes existent, mais des interrogations sont posées par les situations mixtes où les espaces s’entremêlent (carte n° 3, page 63). Entre la ville centre, la banlieue et la périphérie lointaine, le dégradé d’urbanisation est rarement homogène, des continuums d’espaces naturels s'avancent dans les villes alors que l’urbanisation s’étale ailleurs au dépens des terres agricoles et forestières (Hotyat, Bouchot, 1996 ; Devisme, 2007). Les noyaux et les corridors urbanisés se mêlent aux espaces agricoles et ruraux en une grande mixité de situations (Chapuis, 2008 ; Merlin, 2009 ; Peltier, 2010). A très grande échelle, aux limites des agglomérations et des périphéries, il est devenu difficile de définir certaines limites entre les territoires. Ces questions ne sont pas que théoriques, elles intéressent l'avenir des sociétés humaines dans tous les aspects du développement durable et notamment en matière d'environnement boisé. L'intrication des forêts dans la diversité des espaces urbanisés modifie t-elle leur fonction sociale ?

Carte n° 3 - Enchevêtrement des surfaces dans l'espace suburbain

La problématique de l'utilisation de l'espace et de l'étalement urbain est l'un des principaux thèmes de réflexion et de recherches des spécialistes du développement durable (Emelianoff, 2006 ; 2011), mais les aspects sanitaires de cette évolution spatiale ne sont pas toujours très bien perçus. En France, l'hygiénisme appliqué à la ville n'a pas toujours eu une bonne image. Certains auteurs estiment que la périurbanisation pourrait être une réaction à la ville hygiéniste et totalitaire (Muffat, 1999), tandis que d'autres pensent que l'environnement périurbain a pu pâtir de l'hygiénisme qui Cette carte illustre quelques effets de la périurbanisation sur le territoire de la commune d’Allonnes dans la banlieue du Mans. Plusieurs espaces boisés ont été happés par l'urbanisation et certains sont devenus des parcs publics alors que d'autres, tel que le Bois de la mission (80 ha) ont encore une fonction productive.

La présence de la plus grande zone industrielle du Mans près d'Allonnes révèle indirectement que la population de cette commune est plutôt populaire. Près de la rivière entre les surfaces urbanisées du Mans et d'Allonnes, d'anciens terrains agricoles permettent l’activité florissante d’un club équestre qui profite aussi de la création de la voie verte appelée Boulevard nature. La lecture de cette carte montre l'intrication des espaces agricoles et boisés à l'interface d'un espace urbain, mais ce sont les observations recueillies sur le terrain qui permettent d'expliquer le niveau des fréquentations récréatives du milieu naturel.

promeut l'ouverture et l'espace plutôt que la densité (Fleuret, 2012).

Au-delà des débats et des conceptions économiques et sociales, il apparaît clairement que la périurbanisation est à l'origine de plusieurs problématiques environnementales et hygiénistes. Cependant, les créations d'infrastructures prennent rarement en considération les dimensions de la santé publique, non par négligence, mais parce qu'il n'existe pas de texte ou de norme qui définissent préalablement ces mesures (W.H.O., 2010). Pour les experts de l'OMS, l'un des dangers de l'évolution périurbaine non-concertée et non-organisée, semble être la reproduction des erreurs du passé quand la place accordée au transport automobile a provoqué du stress, du bruit, de la violence et une importante pollution. Il semble donc que la ville telle qu'elle se bâtie tous les jours est encore largement contre productive pour la santé humaine puisqu'une synergie s'établit entre la pollution, le manque d'activité physique et le repli sur soi ( Weil, 2011 ; W.H.O., 2010).

Toutefois, quand elles existent, les infrastructures destinées aux déplacements actifs27 (pédestres et

cyclistes) et réalisées dans des environnements préservés par une urbanisation relativement lâche, présentent des caractéristiques de développement durable et de nombreux avantages en matière de santé publique (Weil, 2010 ; 2011 ; W.H.O., 2010). Selon plusieurs études menées par des géographes et des hygiénistes, dans l'environnement urbain et périurbain, le vélo et la marche devraient être privilégiés ainsi que les transports en commun (bus, trams etc.) surtout si les utilisateurs doivent commencer et finir leur parcours de manière active (Larochelle, 2012 ; Weil, 2011).

La préservation des espaces boisés ou la création de voies et de trames vertes dans les espaces périurbains peut donc induire des avantages sanitaires et financiers qui sont très rarement pris en compte dans les politiques de développement durable. La ville peu dense, peut donc présenter des avantages en terme de coûts sociaux puisque les populations sont moins soumises au stress, aux embouteillages, à la promiscuité et à la pollution avec tous les corolaires que ces problèmes entrainent sur la santé des populations (Bailly, Bourdeau-Lepage, 2011).

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