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Deuxième partie Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 4 – Les espaces de la recherche

4.1/ Les aires urbaines et leurs contextes démographiques et forestiers

Les données territoriales et démographiques des aires urbaines d'Alençon, de Blois et du Mans sont essentielles pour évaluer les fréquentations forestières dans chacun des types d'espaces boisés. Les statistiques forestières départementales sont aussi des données importantes même si elles ne sont qu'indicatives de la situation des aires urbaines.

4.1.1/ Le choix des aires urbaines

L'évolution des très grandes villes et les activités récréatives que leurs habitants pratiquent dans les forêts périphériques sont assez bien connues (Aubépart, 1996 ; Balny, 1999 ; Boutefeu, 2005, 2009 ; Maresca, 2000 ; Urban Woods for People, 2002). Par contre, les loisirs dans les forêts périurbaines des villes de taille intermédiaire semblent surtout observées et analysées dans les régions connues pour leurs très grandes forêts ou pour leur taux de boisements importants (Boutefeu, 2007 ; Cazaly, 2002 ; Claeys-Mekdade, Jacque, 2000 ; Husson, 1996, 2009).

Une recherche centrée sur les aires urbaines des villes intermédiaires de l'Ouest semblait donc présenter plusieurs caractéristiques intéressantes, puisque les habitudes récréatives de leurs populations ne semblent pas aussi bien connues que celles des très grandes villes ou des régions de l'Est et du Sud. Pour des raisons pratiques et épistémologiques, le quart sud-ouest du Bassin parisien a été choisi comme région d'étude, car de nombreuses villes et aires urbaines s'y individualisent

nettement (carte n°2 ; page 58). D'un point de vue sylvicole, l'Ouest de la France est souvent perçu comme un espace peu forestier, pourtant dans certaines périphéries urbaines, des forêts existent et elles sont parfois réputées et très fréquentées.

D'un point de vue organisationnel, il importait de ne pas disperser les espaces de recherche. La région des Pays-de-la-Loire ayant initié depuis plusieurs années des recherches sur la périurbanisation (Devisme, 2007), il a semblé intéressant de centrer la recherche sur le Mans, puis de choisir une ou deux villes dont les caractéristiques socio-spatiales et forestières permettent des comparaisons porteuses de sens (Fournier, Sabot, 2001).

Certaines villes un peu trop importantes territorialement (chefs-lieux de région) ou trop petites (en nombre d'habitants) n'ont pas été retenues malgré la qualité de leurs environnements. Il s'agit notamment de Nantes, de Caen ou de Saumur. Malgré les multiples qualités de nombreuses villes de l'Ouest (Angers, Tours, etc.), outre le Mans, le choix a porté sur les villes d'Alençon et de Blois. Ces trois villes sont les chefs lieux de trois départements voisins qui appartiennent à trois régions culturelles et administratives différentes. Alençon est en Basse-Normandie, Blois dans le Centre, et le Mans dans les Pays-de-la-Loire. Les aires urbaines de ces trois villes présentent simultanément des aspects génériques en termes territoriaux et environnementaux mais aussi quelques spécificités socio-spatiales qui permettent de construire des espaces laboratoires relativement homogènes en incluant des éléments de caractères.

Selon les critères de l'INSEE (2011a), ces trois agglomérations sont catégorisées comme étant de grands pôles urbains marqués par des phénomènes de périurbanisation relativement identiques. Entre 1999 et 2008, l'aire urbaine du Mans a connu une croissance moyenne et une extension modérée de la couronne alors que les aires urbaines d'Alençon et Blois étaient en croissance faible, avec une densification et une extension moyenne. Ces trois villes font partie des 241 grands pôles urbains français mais leurs zones d'influence territoriale et l'importance de leurs populations les distinguent des très grandes agglomérations.

Malgré quelques disparités (la Région Centre est plus boisée que la Normandie ou les Pays-de-la- Loire), dans ces trois aires urbaines existent de nombreuses forêts, et certaines d'entre elles (forêts domaniales de Blois et de Bercé) comptent parmi les plus réputées au niveau national (Plaisance, 1997). Parmi les autres caractéristiques forestières de ces aires urbaines, des forêts privées plus ou moins vastes existent dans chacun de ces périmètres, et certaines d'entre elles sont partiellement accessibles au public. Chacune des villes centres dispose aussi de parcs et d'espaces naturels suburbains boisés et accessibles au public.

Dans les années soixante et soixante-dix, Alençon, Blois et le Mans ont connu l'urbanisation des ZUP qui a durablement marqué certains de leurs quartiers. Puis, dans le cadre des évolutions

territoriales, le Mans et Alençon se sont organisées en communauté urbaine, tandis que Blois et sa périphérie optaient pour une communauté d'agglomération. Actuellement, chacune de ces villes développe une stratégie de mise en valeur de son environnement naturel et culturel qui correspond au moins en partie, aux attentes des populations en matière de cadre de vie et de loisirs.

Ces trois aires urbaines présentent donc quelques spécificités sociales et spatiales, alors que leurs espaces boisés ont souvent des caractéristiques communes. Dans le cadre de leurs loisirs habituels ou occasionnels, les habitants d'Alençon, de Blois et du Mans peuvent accéder à des espaces boisés suburbains et à de vastes forêts domaniales qui ne sont jamais très éloignées des villes centres. D'un point de vue épistémologique, le choix de ces villes relativement proches et répondant à un modèle commun d'évolution spatiale, permet l'appariement de deux types d'espaces laboratoires pour faire une recherche comparative.

4.1.2/ Les chiffres de la population

Le tableau n°1 présente les chiffres de la population des trois villes et de leurs aires urbaines. Il apparaît clairement que la ville et l'aire urbaine du Mans sont les plus densément peuplées. Avec 167 habitants/km², la densité de l'aire urbaine mancelle est toutefois moins importante que la moyenne des 241 grandes aires urbaines françaises (239 habitants/km² en 2008).

Avec 1 310 habitants/km², la ville de Blois semble moins densément peuplée qu'Alençon et le Mans, mais cette comparaison est biaisée par la présence d'une forêt domaniale sur le territoire communal (cf. chapitre 4.3.3.1).

Tableau n° 1 - Populations et densités par ville et aire urbaine

Source : INSEE (Les chiffres publiés en 2011 correspondent à la population française de 2008)

Les chiffres relatifs à ces trois espaces urbains et périurbains semblent montrer une certaine logique. La ville du Mans, plus peuplée que Blois et qu'Alençon, polarise davantage sa périphérie, et son aire urbaine est plus grande et plus densément habitée. Avec 94 habitants/km², l'aire urbaine d'Alençon est moins peuplée que la moyenne du territoire national (115 hab/km² en 2008), mais c'est plus que la moyenne des seules couronnes périurbaines dans lesquelles résident 18 % de la population nationale avec une densité de 70 habitants/km² (INSEE, 2011a).

Les habitants & les espaces urbains en 2008 Alençon Blois Le Mans

Nombre d'habitants en ville 27 325 49 062 142 281

Surface en km² 10,68 37,46 52,81

Densité en ville, en hab/km² 2 559 1 310 2 694

Nombre d'habitants dans l'Aire urbaine 68 088 124 814 338 404

Les chiffres de l'INSEE (2011b) montrent que ces trois aires urbaines connaissent globalement les mêmes évolutions démographiques que celles de la population française. Dans les espaces périurbains d'Alençon, de Blois et du Mans, les personnes âgées de plus de 45 ans sont devenues majoritaires entre 1999 et 2008. Dans chacun de ces espaces, la PCS des retraités est la plus représentée et c'est aussi celle qui connait la plus forte augmentation. Entre 1999 et 2008, dans l'aire urbaine d'Alençon, la proportion des retraités dans la population âgée de plus de 15 ans, a augmenté de plus de 5 points. Elle est passée de 23,6 % à 29 %. Dans l'aire urbaine de Blois, elle est passée de 23,9 % à 27,5 %, et dans l'aire urbaine du Mans elle a augmenté de plus de trois points en passant de 23,3 % à 27 %.

Aujourd'hui, les retraités représentent plus du quart de la population de plus de 15 ans. Ces personnes disposent de beaucoup de temps libre et les recommandations de leurs associations et du corps médical en général, leurs enjoignent de faire de l'exercice physique pour garder la forme et la santé le plus longtemps possible. L'importance croissante de cette PCS dans la population française, signifie que le nombre d'individus disposant du temps et des moyens de sortir dans les espaces boisés pour leurs loisirs, est certainement en augmentation.

4.1.3/ Des statistiques forestières départementales

Au début des années 2000, dans des régions où les forêts représentent moins de 10 % de la superficie globale (9,5 % en Basse-Normandie et 9,8 % dans les Pays-de-la-Loire), le taux de boisement de l'Orne (15,7 %) et celui de la Sarthe (17,3 %) font figures d'exceptions (IFN, 2003a ; 2005). Le Loir-et-Cher est beaucoup plus boisé (IFN, 2003b), car avec 32,4 % de couverture forestière il dépasse la moyenne de la région Centre (22,4 %) et la moyenne nationale (29 %).

Tableau n° 2 – Les surfaces forestières dans les trois départements

¹ Chiffres en hectares – Source IFN (2003a ; 2003b ; 2005)

Depuis le début des années 2000, il n'y a plus de publication monographique par département. Les chiffres présentés dans ce tableau ont plus d'une dizaine d'années. Cependant, ils ne sont pas déconnectés de la réalité eu égard à la stabilité de la propriété forestière et à l'évolution lente des taux de superficie boisée.

Départements 15,7 17,3 32,4 Année d'inventaire Forêts domaniales¹ Forêts privées¹ Total¹ Superficie départementale boisée (en %) Orne  2001  24838  69524  95790  Sarthe  1999  14171  92544  107589  Loir-et-Cher  1998  17631  187549  205668 

Entre les trois départements, des différences sensibles existent quant à l'aspect foncier des espaces boisés. Ainsi, l'Orne est le département le moins boisé mais avec 24 838 hectares, la superficie des forêts domaniales est beaucoup plus importante que dans les autres départements. Les forêts privées sont beaucoup plus étendues dans le Loir-et-Cher, et plus spécifiquement dans sa partie Sud (cf Chapitre 4.3.1), car la Sologne a fait l'objet d'importants programmes de reboisement au XIXe siècle (Chalvet, 2011).

L'importance de ces différentes forêts dans chacun des départements ne présage pas de leur importance quant aux niveaux de fréquentation et de satisfaction qu'elles génèrent. Les paysages solognots du Loir-et-Cher sont davantage forestiers mais ils sont aussi marqués par l'enclosure artificielle et par les interdictions d'accès qui sont clairement exprimées sur de nombreux panneaux. Les chiffres globaux de couverture forestière expriment donc une réalité spatiale qui ne décrit pas de façon précise le rôle de l'environnement et des forêts locales. Quant aux forêts domaniales de la Sarthe, qui sont moins nombreuses (14 171 hectares) que dans les autres départements, elles sont de grandes qualités et sont particulièrement appréciées des usagers. Dans ce département, la forêt de Bercé est un emblème qui sera probablement labellisé comme une « forêt d'exception ».

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