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Deuxième partie Les activités récréatives dans les forêts périurbaines d'Alençon, de Blois et du Mans

Chapitre 5 La méthodologie d'enquête et la présentation des usagers

5.1/ La méthodologie de l'enquête menée auprès des usagers

5.1.2/ Le choix du type d'enquête et des méthodes d'interviews

L'un des enjeux de cette enquête était de produire des données précises à l'échelle locale mais d'une portée épistémologique plus globale. L'observation des pratiques et les interviews d'usagers devaient donc concerner un public suffisamment large pour minimiser les données paroxysmiques. Avec la méthode choisie, un échantillon de plusieurs centaines d'individus devait pouvoir être interviewé précisément mais aussi aisément.

5.1.2.1/ Le choix du type d'enquête

Compte tenu des hypothèses de la recherche, de la posture adoptée et des moyens à disposition, le choix d'une enquête qualitative s'est naturellement imposé.

Les enquêtes qualitatives présentent des avantages multiples. Elles peuvent être basées sur des données sociologiques diverses et elles sont très explicatives de la réalité perçue et vécue par les usagers (Beaud 1996 ; Becker, 2002 ; Kaufmann, 2008 ; Paillé, Mucchielli, 2008). La synthèse et l'analyse des données produites dans le cadre d'une enquête qualitative permettent parfois de saisir des phénomènes sociaux latents et émergents qui seraient à peine perceptibles dans le cadre d'une enquête strictement quantitative.

Une enquête qualitative présente aussi l'avantage de pouvoir évoluer pendant sa réalisation. Les interviews et l'observation des pratiques peuvent induire des hypothèses et de nouvelles théories (Kaufmann, 2008). En fonction des caractéristiques du terrain et des individus interviewés, les questions peuvent évoluer pour répondre aux nouvelles hypothèses de travail. Les références à un corpus bibliographique fourni et varié, montrent aussi qu'il est possible d'observer des pratiques variées et de réaliser des entretiens avec des individus très différents grâce à une méthode souple et pourtant rigoureuse (Arborio, Fournier, 2008 ; Becker, 2002 ; Kaufmann, 2008 ; Paillé, Mucchielli, 2008).

Pour produire des données utilisables et les plus complètes possibles à partir d'une population d'usagers très différents, une méthode de questionnements et d'entretiens variables et adaptables

aux individus a été mise au point. Un questionnaire69 relativement précis a été rédigé pour qu'une

brève interview permette de le compléter rapidement (cf. chapitre 5.1.2.2). Il comportait aussi des questions permettant de lancer des discussions et des entretiens avec les usagers qui ont souhaité s'exprimer plus longuement ou de façon plus précise sur les sujets qui les intéressaient (cf. chapitre 5.1.2.3).

Le choix a donc porté sur une méthode qualitative basée sur un échantillon assez large et sur des entretiens à plusieurs niveaux. Bien qu'elles ne soient pas représentatives de la population globale, certaines données de cette enquête ont été traitées quantitativement quand cela s'est avéré possible, car elles décrivent et illustrent épistémologiquement les pratiques et les perceptions des usagers. Les entretiens et toutes les données sociologiques connexes au questionnement (observations, anecdotes, communications non-verbale) ont fait l'objet de prise de notes. Elles ont aussi été analysées et utilisées pour aider à comprendre les différences d'usages et de comportements des usagers.

La méthode qualitative choisie est basée sur la production de données issues d'interviews réalisées

in situ. Toutefois, pour refléter la diversité des usagers sur le terrain, leurs pratiques et leurs

motivations, le nombre de personnes interviewées devait être assez équitablement réparti entre les aires urbaines d'Alençon, de Blois et du Mans, et chacun des espaces laboratoires.

L'échantillon des usagers n'a pas été constitué selon la technique des quotas qui est essentiellement destinée aux enquêtes quantitatives (Lebaron, 2006 ; Pierru, Spire, 2008) mais d'une façon aléatoire. Les individus ont été interrogés parce qu'ils étaient présents dans un espace boisé pendant leurs temps de loisirs. L'échantillon n'est donc pas représentatif de la population nationale ou locale à travers des critères tels que les classes d'âge, les professions et les lieux de résidence de la population globale. Toutefois, il présente l'avantage de ne concerner que des personnes qui fréquentent au moins occasionnellement, les forêts périurbaines.

Le nombre de personnes à interroger n'a pas été fixé à l'avance, la seule obligation était de constituer une population assez fournie et équilibrée pour chacun des espaces laboratoires. En pratique, le nombre d'interviews a été jugé suffisant après 10 jours de travail en équivalent temps plein, dans les forêts périurbaines de chacune des aires urbaines choisies. Les jours et les heures d'enquête ont été répartis sur l'ensemble de la semaine, sans favoriser les mercredis ou les weekends. Cette détermination du nombre d'interviews en fonction du temps passé dans des espaces où les usagers ne sont pas toujours nombreux, a l'avantage d'induire un nombre d'interviews un peu plus importants dans les bois les plus fréquentés, même si ces écarts ne sont pas l'exact reflet statistique des niveaux de fréquentation dans chacune des forêts.

5.1.2.2/ Le questionnement des usagers

Selon les modèles académiques, l'entretien directif est basé sur un questionnaire précis. Il s'agit de la méthode généralement utilisée pour les enquêtes quantitatives (Abric, 2010 ; Lebaron, 2006). Ce type d'entretien peut être aussi utilisé dans le cadre d'une enquête qualitative mais il ne constitue alors qu'une source de données parmi d'autres. Ces entretiens directifs sont relativement rigides mais ils ont l'avantage de pouvoir être réalisés rapidement. L'objectif de ce type d'entretien est de remplir un questionnaire dont les réponses sont analysées qualitativement alors qu'elles sont traitées quantitativement (Paillé, Mucchielli, 2008).

Un questionnaire a été élaboré pour réaliser des entretiens directifs avec tous les individus. Ce questionnement devait ensuite permettre de glisser vers des entretiens semi-directifs quand les usagers exprimaient des idées personnelles, entamaient des discussions ou racontaient des anecdotes aux forts contenus sociologiques (Beaud, 1996).

Le questionnaire comporte une quarantaine de questions. Une vingtaine sont relatives aux détails pratiques des sorties et des activités en forêt, les autres visent plus spécifiquement les perceptions des usagers. Quelques questions font partie d'un quiz destiné à mieux connaître les usagers en évaluant leurs centres d'intérêts et certaines de leurs connaissances, tout en les incitant à la discussion.

La partie directive des interviews est basée sur des questions fermées ou semi-ouvertes alors que les entretiens compréhensifs sont davantage basés sur l'écoute et des questions ouvertes. Dans le cadre de cette enquête, quel que soit le type d'entretien, les individus ont été invités à répondre à toutes les questions, et c'est la demande de formulation des réponses qui a varié. Les usagers pressés ou peu loquaces ont été invités à répondre d'un mot, tandis que les usagers qui semblaient avoir du temps et des informations intéressantes ont été invités développer leurs idées.

D'un point de vue technique, plusieurs questions sont fermées car les réponses possibles sont limitées à une affirmation, une négation et un avis non tranché. Par exemple, l'une des questions fermées est : « avez-vous déjà été gênés par la chasse ? » Aucune réponse n'est proposée, mais les personnes interviewées ne peuvent répondre que « oui », « non » ou « ça dépend ».

Le questionnaire comporte plusieurs questions semi-ouvertes. Dans ce cas, le nombre de réponses possibles est limité. Il s'agit par exemple de : « à quelle fréquence venez-vous ici, dans cette forêt ? ». Les usagers peuvent répondre de façon diverses telles que « une fois par mois » ou « deux à trois fois par mois ». Avec ce genre de questions, les réponses sont ensuite synthétisées grâce à une grille d'évaluation faite à postériori qui permet de les lisser et de combler quelques imprécisions (cf. chapitre 6.1).

Certaines questions sont totalement ouvertes et elles appellent implicitement au dialogue les usagers qui estiment avoir quelque chose à dire. Il s'agit par exemple de : « que ressentez-vous quand vous êtes dans cette forêt ? ». Selon la disponibilité des usagers, les réponses peuvent être exprimées en un mot tels que « le calme » ou « du bien-être ». Mais elles peuvent aussi être beaucoup plus détaillées et dépendre des circonstances.

Dans un espace boisé de loisirs, un individu ne ressent pas la même chose et n'a pas forcément le même discours, s'il fait du sport en solitaire ou s'il se promène avec sa famille. Selon les usagers, la description de leurs perceptions relatives à leurs loisirs en forêt entraine parfois des explications détaillées et davantage apparentées à un entretien, plutôt qu'une réponse basique destinée à en finir rapidement avec le questionnaire. Cependant, grâce à des réponses demandées « en un mot », toutes les questions ouvertes ont pu être intégrées au questionnaire directif spécialement destiné aux usagers peu loquaces.

Les entretiens directifs ont parfois été très rapides mais cette étape a rarement duré moins de 10 minutes. Grâce à un questionnement bref, des usagers peu disponibles ou peu disposés à répondre ont donc participé à cette enquête, alors que leurs activités et leurs opinions les plus basiques n'auraient pas été prises en compte s'il leur avait été demandé d'accorder 20 minutes de leur temps de loisirs pour répondre à une enquête.

5.1.2.3/ Les entretiens compréhensifs et semi-directifs

Pour répondre aux questions de recherche et aux objectifs de la méthode choisie, les entretiens avec les usagers ont été conçus de façon évolutive. Le questionnement directif a concerné l'ensemble des usagers pour évaluer leur diversité et leurs principales habitudes, et au-delà des réponses basiques certains entretiens sont devenus compréhensifs ou semi-directifs.

Les entretiens permettent de recueillir des données plus personnelles, plus adaptées aux motivations et aux sentiments des usagers (Abric, 2010 ; Kaufmann, 2008). Dans ces entretiens, l'usager est guidé par des questions qui lui permettent d'exprimer ses opinions de façon détaillée et circonstanciée. Les informations recueillies au cours de ces entretiens compréhensifs sont retranscrites et sont ensuite analysées qualitativement. Ces données peuvent éventuellement donner lieu à un traitement quantitatif grâce à un système de mots clés. Dans ce cas, le travail de synthèse et d'analyse est lourd et minutieux. Les propos des usagers sont résumés sous la forme d'une variable ou d'une expression clé et les comparaisons quantitatives deviennent possibles après l'élaboration de tableaux de distribution (Martin, 2007).

enquête, ils éprouvent parfois le besoin d'aller au-delà des questions, de préciser et de développer leurs pensées. Ces individus prolixes et ceux qui semblent avoir des choses à dire peuvent alors être sollicités, par des relances basées sur des « comment ? » et occasionnellement par des « pourquoi ? » (Becker, 2002 ; Kaufmann, 2008).

Quand les usagers avaient des idées à exprimer, des détails ou des anecdotes à raconter, les entretiens ont pu durer une trentaine de minutes. Compte tenu des lieux et des modalités pratiques et physiques de l'enquête qui s'est déroulée dans les bois, les usagers et l'enquêteur étant debout en face à face, les entretiens pouvaient difficilement durer plus d'une demi-heure (cf. chapitre 5.1.3). Les discussions avec les usagers ont donc été relativement limitées dans le temps. La diversité des terrains d'enquête et la taille de l'échantillon (cf. chapitre 5.2) permettent toutefois de penser que les données recueillies décrivent une grande partie des perceptions et des préoccupations des usagers pour leurs espaces de loisirs.

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