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Chapitre 5 Situation de carrière actuelle : immigrants créateurs et repreneurs d’entreprise

5.1 Profil des créateurs et des repreneurs d’origine chinoise dans la région de Québec

5.1.1 Caractéristiques sociodémographiques des entrepreneurs créateurs

La période d’immigration chez les sept créateurs s’approche l’une de l’autre. La majorité d’entre eux ont immigré autour de l’an 2000. Seulement trois créatrices sont arrivées avant 1995. Les créateurs sont jeunes au moment d’immigrer. Parmi les sept créateurs, cinq personnes ont immigré entre 30 et 32 ans. Deux personnes ont immigré alors qu’elles avaient moins de 28 ans. De manière générale, les immigrants créateurs rencontrés sont des femmes, il existe un seul créateur homme. Les créateurs ont tous eu l’expérience de travail dans leur pays d’origine, y compris les deux créatrices venues au Québec avec leur permis d’études. Ils travaillaient en Chine dans des secteurs divers : enseignement et recherche universitaire, entreprise privée et internationale ainsi qu’entreprise d’État et services publics.

Tableau 8. Professions exercées par les immigrants créateurs en Chine Profession exercée Nombre

Enseignement et recherches

universitaires 2 Entreprise privée et internationale 2 Entreprise d’État et de services publics 3

Tous les créateurs détiennent au moins un diplôme de premier cycle de la République populaire de Chine. Les deux créatrices arrivées avec un permis d’études ont continué leur formation dans des universités québécoises et ont obtenu un diplôme de deuxième cycle et des certificats. Deux autres créatrices recrutées en tant que travailleuses qualifiées ont refait des études au Québec dans leur domaine de spécialité. Au total, les créateurs ont obtenu sept diplômes universitaires dans leur pays de départ et quatre diplômes canadiens (diplôme universitaire, certificat professionnel). Par rapport aux répondants repreneurs, les créateurs ont obtenu plus de

diplômes, la formation continue qu’ils ont reçue au Québec répond à leur besoin de création de l’entreprise.

Afin de mieux cerner les processus d’entrepreneuriat, il faut savoir le nombre d’années que les immigrants ont passées au Québec avant la création d’entreprises. Trois répondants ont déclaré avoir créé leur entreprise durant les cinq premières années suivant l’immigration, ceux qui ont commencé l’entrepreneuriat entre leur sixième et leur onzième année après l’immigration sont aussi nombreux. Seulement une personne décide de se lancer en affaire 15 ans et plus après son arrivée au pays d’accueil, ce qui est plus inhabituel.

Tous les créateurs sauf F5 ont occupé des emplois entre leur arrivée et la création de leurs entreprises. Ils étaient repreneurs, employés dans une entreprise ethnique ou québécoise ou travailleurs dont les diplômes n’ont pas été reconnus durant leurs premières années d’intégration. Deux créateurs d’entreprise (F4 et H7) ont déclaré avoir eu l’expérience de reprise d’entreprises; deux autres (F8 et F10) ont déclaré avoir travaillé dans une entreprise québécoise; pour les deux derniers (F6 et F7), il s’agit d’emplois sous-qualifiés sur le marché ethnique et non ethnique.

En ce qui concerne les secteurs d’activité dans lesquels leurs entreprises sont créées, on constate qu’elles se situent dans le secteur tertiaire et dans le marché non ethnique. Ce constat correspond bien aux résultats d’études réalisées par Li (1993) sur l’entrepreneuriat chinois : « Besides the traditional type of family-operated and individual-owned Chinese businesses mainly in personal services such as food services and retailing, the postwar decades have witnessed the emergence of Chinese-owned businesses in professional services » (Li, 1993 : 242).

Tableau 9. Secteurs d’activité des entreprises créées Secteur d’activité Créateur

Restauration F633

33F6 a créé deux entreprises dans différents secteurs (une dans le secteur de la restauration, l’autre dans le secteur de la

121

Réparation H7

Centre de soins de santé F5, F8 Consultation commerciale et culturelle F10

Assurance et finance F6 Courtier immobilier F4

Traduction F7

Une grande partie des créateurs n’ont pas élaboré leur projet d’entrepreneuriat avant l’immigration. L’expérience de travail sur le marché local les conduit à développer leur sensibilité à l’environnement commercial, à saisir des occasions d’affaires et à développer l’habileté en entrepreneuriat. On constate que chez les immigrants d’origine chinoise, leurs projets d’études et d’entrepreneuriat sont plus fréquemment sans lien avec leur formation initiale en Chine. Et ce phénomène est très commun chez les créateurs34.

En ce qui concerne la répartition des entreprises selon le moment de la fondation, dans la moitié des cas, les entreprises ont été créées entre 2008 et 2013. Six entreprises créées sur huit35 se situent dans les domaines d’expertise proches de la

culture chinoise. Les entreprises sont majoritairement de petite taille et le nombre d’employés embauchés est relativement limité. Majoritairement, ces entreprises ne possèdent pas d’employés ou elles ont seulement un employé.

Tableau 10. Répartition d’entreprises créées selon l’origine des employés Entreprise et employés Nombre

d’entreprises Sans employé ou avec un employé ethnique 5

Employés issus des réseaux familiaux (entre 2 ou 3 personnes)

2

34F5, F6, F7, F10 et H7 ont créé leur entreprise dans un domaine différent de leur domaine d’études en Chine. F6 a créé deux

entreprises dans différents secteurs. Les sept créateurs ont donc huit entreprises.

35Toutes les créatrices travaillent dans les domaines d’expertise proches de la culture chinoise alors que le créateur travaille

Employés d’origines diverses (entre 15 à 30

personnes) 1

Ceux qui créent une entreprise semblent ne pas demander de l’aide pour l’étape du montage financier. Ils comptent en général sur leurs ressources personnelles, notamment leur revenu d’un autre travail et leur épargne.

Il est constaté qu’au lieu de se concentrer dans les secteurs typiquement ethniques, les créateurs ont choisi d’offrir des services en dehors de l’enclave. Leur secteur de travail porte souvent sur la culture du pays d’origine et leur clientèle va au-delà des immigrants chinois. Leur choix de secteurs d’affaires répond aux constats de Li (2001), qui a mené une recherche longitudinale sur les immigrants ayant une propension à être travailleurs autonomes. Il a souligné que « not all immigrants who engage in self-employment necessarily do so in the immigrant enclave, as they can be independent professionals or service and goods providers to the general market rather than the specialized immigrant community » (Li, 2001 : 1108).

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