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D. Limite de matière :

4. Annonce du plan

La première partie s’attachera à étudier la manière dont se définit et se structure l’Etat en Chine (s’entend à l’intérieur de ses frontières). Cette partie cherche à comprendre comment est défini l’Etat chinois par la pensée politique contemporaine. Le premier chapitre s’attache à définir le régime actuel. L’objectif ici est de qualifier le régime tel qu’on le trouve à la période actuelle c’est-à-dire la période des réformes. Pour ce faire, nous essayerons de tracer les grandes lignes de l’évolution entre la période maoïste et la période des réformes. Mais l’étude du régime montrera aussi les éléments qui n’ont pas changé. De cette manière, une classification du régime chinois pourra être tentée. Pour bien comprendre l’évolution du régime, il convient d’analyser correctement la pensée politique (la doctrine) de celui qui fut l’initiateur de la politique de réformes. C’est pour cela que les grandes lignes la pensée de Deng Xiaoping seront retracées, le but étant de comprendre quelle est sa vision de la Chine au plan interne, certes, mais aussi au niveau international. Enfin, la réforme économique sera étudiée. La réforme est pensée comme une redéfinition de l’Etat. Puis, on expliquera les lignes directrices du passage à l’idéologie actuelle en insistant, d’abord, sur la réorganisation du politique à la mort de Deng Xiaoping. Il a fallu penser un nouveau mode de gestion du politique, mode de gestion qui ne pouvait plus comme du temps de Deng ou de Mao reposer sur une légitimité révolutionnaire. Puis,

on insistera sur la transition qui s’est opérée entre la troisième génération de dirigeants (disandai _第三代), celle des Jiang Zemin, Zhu Rongji ou encore Li Peng, et celle de la quatrième génération (disidai _ 第四代), celle de Hu Jintao ou encore Wen Jibao. Cette transition dessine le cadre d’un nouveau modus vivendi au sein de l’Etat, révélateur de l’évolution de la structure de l’Etat. Ce modus vivendi nous donne les clés pour aborder la transition qui se dessine entre l’équipe actuellement aux affaires et la cinquième génération de leaders (diwudai _ 第五代) appelée à prendre sa suite au cours de la décennie 2010. Au terme de cette analyse de l’évolution du régime, nous pourrons donc nous consacrer à ce qui nous semble être aujourd’hui le cœur idéologique et pratique du régime : le nationalisme. Nous tenterons de montrer qu’il s’agit là d’une ligne directrice forte et ancienne du politique en Chine et qu’elle guide aujourd’hui la manière non seulement de penser le politique mais aussi les évolutions que devra suivre la Chine dans le chef des dirigeants du Parti.

Le chapitre 2 cherche à montrer que toute définition de l’Etat dans la pensée politique chinoise s’est faite (jusqu’alors) en terme de puissance (et non de liberté ou de pouvoir au peuple). L’Etat dans la Chine moderne est pensé comme moyen de « restaurer la Chine » c’est-à-dire la Chine d’avant les « traités inégaux ». Ceci explique l’importance accordée aux problèmes frontaliers. En effet, cette question frontalière marque la difficulté qu’a la Chine à se définir comme Etat-nation ne serait- ce que physiquement. En insistant sur la notion « un pays deux systèmes », nous montrerons qu’au-delà de la formule, on y trouve toute la pensée de l’Etat dans la Chine des réformes. Enfin, on montrera en quoi la question de Taiwan est essentielle aux yeux des dirigeants de Pékin car elle touche à la définition de l’Etat. De manière concomitante à cette volonté de « restaurer la Chine », l’Etat est pensé comme un moyen pour rendre à la Chine une place sur la scène internationale qui lui reviendrait de droit. Dans cette optique, conception de l’Etat et conception géopolitique vont de paire. Mais, cela ne peut se faire sans les outils de la puissance. Une évolution de la conception de l’Etat implique de repenser l’armée afin de réaliser cette visée géopolitique.

Au terme de cette première partie, nous aurons expliqué que l’évolution de l’Etat, tel qu’il est pensé au niveau interne, conduit à une ouverture du pays. Mais ceci conduit à une double dynamique. Si la réforme et la volonté de se maintenir au pouvoir du Parti

communiste ont conduit à ouvrir le pays au monde, cette ouverture a des conséquences sur la manière dont l’Etat va être pensé. La deuxième partie s’attachera donc à voir dans quelle mesure l’ouverture de la Chine a fait évoluer la conception de l’Etat.

La seconde partie étudiera les implications internationales des politiques chinoises. C’est-à-dire que cette seconde partie cherche à définir la place de l’Etat chinois, tel qu’il a été défini dans la première partie, sur la scène internationale.

Un premier chapitre étudiera en quoi le facteur économique est un outil de puissance sur la scène internationale et montrera que les politiques économiques doivent être comprises pour une large partie dans ce sens. Cette transformation est de deux ordres. D’abord, la politique de modernisation réforme l’Etat dans sa structure et sa mission. L’objet des réformes est d’amener une rationalisation du fonctionnement de l’Etat selon les critères imposés par l’ouverture c’est-à-dire ceux de l’économie de marché. Puis on s’interrogera sur la portée de ces évolutions : assistons-nous vraiment à une limitation par l’Etat de son pouvoir afin de satisfaire à des exigences d’efficacité ? L’ouverture économique n’a pas affecté toutes les provinces de la même manière. Il convient alors de se demander si l’ouverture économique n’a pas conduit la Chine à une situation de fédéralisme de facto. Mais pour satisfaire aux exigences de l’économie internationale, l’Etat chinois a dû entamer une modification de son cadre légal. On s’arrêtera d’abord sur la question de la construction d’un Etat de droit dans le contexte de la mondialisation. Puis, le deuxième paragraphe abordera la question de la juridicisation du politique et la politisation du juridique dans la Chine des réformes. Un second chapitre s’attachera plus précisément à étudier la tentation de la diplomatie chinoise qui est celle d’une politique hégémonique (retrouver la place perdue en Asie à l’arrivée des Occidentaux). On essaiera de montrer en quoi l’intégration croissante de la Chine dans la communauté internationale, notamment au travers de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), implique une évolution, une adaptation de sa politique étrangère. Aujourd’hui, un grand nombre d’Etats utilisent la politique étrangère comme un moyen d’exporter leur propre modèle et prônent les vertus et les succès de leur régime interne pour promouvoir leurs objectifs de politique étrangère. L’exportation du modèle, la transmission de l’image se pratiquent avec plus ou moins d’intensité suivant l’importance du pays et de sa politique étrangère, suivant la qualité de son idéologie, le succès avec le quel les forces populaires sont mobilisées

et le développement effectué, etc.… La politique de réforme et d’ouverture a donné à la Chine un poids sur la scène internationale qu’elle n’avait jamais connu depuis la fondation de la République populaire en 1949. Mais au travers de l’importance donnée au nationalisme, à l’héritage du fuguo bingqiang, on ne peut occulter la tentation de puissance de la Chine. De son nouveau statut, la République populaire de Chine a désormais les moyens de ses ambitions sur la scène internationale. On essaiera donc de comprendre les ambitions du régime chinois en ce début de XXI° siècle.

PARTIE 1 :

L’ETAT CHINOIS COMME