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3. Promotion des femmes au sein du secteur du numérique : engagement,

3.1 Discours ambivalent des nouvelles écoles du numérique : l’exemple de

3.1.2 Wild Code School

Comme le site de Simplon.co, le statut ou autrement dit, la définition de ce qu’est la Wild Code School n’est pas visible à première vue, sinon à travers la mention de « School » dans son nom, qui pourrait être traduite par « L’École Sauvage du Code ». En effet, dans le header il n’existe pas d’onglet « Qui sommes-nous ». Cette école se présente à travers les onglets « Nos campus », « Nos formations », « Entreprises », « Notre équipe », « FAQ », « Contact » et

« /Blog » (avec le « / » en référence à l’ADN de la Wild Code School qui est le développement web). Fondée en 2014 par Anna Stépanoff et Romain Cœur, cette école a pour vocation d’être une « école alternative basée sur le blended learning ou apprentissage hybride pour former

des développeurs web et mobile »244.

Annexe 27 : capture d’écran de la page d’accueil du site de la Wild Code School (version intégrale disponible en annexe 27)

A travers sa baseline « Booste ta carrière dans le numérique…sans chaussures ! », nous analyserons la manière dont la Wild Code School souhaite communiquer sur une image de « nouvelle école du numérique » qui « casse » les codes traditionnels de l’école, développe un réseau géographique et promeut l’accès des femmes aux métiers du numérique, néanmoins de manière assez « subtile » comme Simplon.co. Pour ce faire nous avons découpé la page d’accueil de ce site en dix grands axes qui nous serviront de lignes directrices pour analyser la page d’accueil du site internet de la Wild Code School en annexe 27.

La puissance d’un réseau national et d’un « numérique sans frontières »

Dès le header, la Wild Code School assume la mise en avant des lieux de ses formations avant leur contenu, à travers le premier onglet « Nos campus » du menu principal. Contrairement à Simplon qui incarnait l’imaginaire du « numérique social », la Wild Code School propose un imaginaire de « numérique sans frontières ».

En effet dans le 5ème axe du site internet (« Où trouver la Wild Code School »), nous pouvons

remarquer la mise en avant de la puissance d’un réseau géographique qui s’illustre à travers des

244 Wikipédia, « Wild Code School », [En ligne] https://fr.wikipedia.org/wiki/Wild_Code_School, consulté le 25

visuels qui comblent la majorité de la page et qui peuvent faire penser à l’architexte d’un site de voyage tel que le site d’Airbnb par exemple. Il est aussi intéressant de noter que seule une des quatorze images représente les « Wilders », soit les élèves de la Wild Code School. Le reste des images des campus dans les villes est « déshumanisé » et il s’agit de beaux visuels, travaillés et représentant des lieux emblématiques de chaque ville (Miroir d’eau de Bordeaux, la Tour Eiffel de Paris…). C’est donc plus l’imaginaire du voyage et de l’expansion ou encore de praticité géographique des campus qui est mis en avant : il est possible de se former au numérique partout.

La communauté des Wilders n’intervient qu’en dessous de cette rubrique, dans le 6ème axe « La

parole est aux Wilders » (semblable au site d’Elles Bougent « La parole à nos marraines ! »). Cette rubrique prend notamment une grande place dans la page en termes d’espace et symbolise l’importance des retours d’expérience des élèves. Dix témoignages sous forme de verbatim sont présentés à travers une « humanisation des élèves » représentés par des photos de nouveaux ou anciens élèves, de l’équipe interne de la Wild Code School ou encore de professionnels qui témoignent de leur expérience à la Wild Code School. A noter qu’au sein de cette première page, les mots « réseau » et « communauté » ne sont pas employés mais qu’ils sont connotés du fait que ces personnes qui témoignent sont rassemblées sous le même surnom, celui de « Wilders ».

Outre l’aspect géographique de ses campus que la Wild Code School utilise pour attirer des nouveaux « élèves », cette école représente les nouvelles structures de formations au numérique qui peuvent être physiques (Simplon.co, Social Builder, l’École 42, Le Wagon etc.) ou encore en ligne (OpenClassrooms) qui se créent et qui ont pour ambition de former des hommes et des femmes mais aussi de répondre au manque de profils techniques (type développeurs) que recherchent les entreprises. La Wild Code School évolue ainsi dans un nouvel environnement concurrentiel de « nouvelles écoles du numérique » aux statuts différents, et va chercher à se démarquer en proposant de renouveler les codes traditionnels de l’école tout en démythifiant le numérique avec l’image du développeur « cool ».

Renouveler les codes traditionnels de l’école tout en démythifiant le numérique avec l’imaginaire du développeur « cool »

En effet, cette « école d’un nouveau genre » est reconnue par l’État et homologuée pour délivrer le titre d’État de Développeur logiciel (équivalent Bac+2), inscrit au RNCP et est aussi labellisée « Grande École du Numérique » (reconnaissance gouvernementale). Pour autant, il est intéressant d’étudier la manière dont elle va chercher à mettre en avant une certaine

légitimité sur son site, notamment à travers le 7ème axe : « Nos partenaires nationaux » avec des

logos d’institutions reconnues assez visibles (Pôle Emploi et le gouvernement français) ou encore dans le 9ème axe : « La Wild Code School dans la presse » avec des logos visibles de

médias de l’audiovisuel (TF1, France 2…) et de la presse en ligne et hors ligne (Le Monde, Frenchweb.fr...).

Pour se démarquer dans cet environnement concurrentiel des nouvelles écoles du numérique, la Wild Code School ne joue pas seulement sur la mise en avant d’une certaine légitimité, mais propose un imaginaire de l’école et du développeur qui vont à l’encontre des stéréotypes traditionnels existants.

Tout d’abord, la Wild Code School met en avant l’imaginaire d’une école du numérique « ouverte à toutes et tous » qui contrairement aux écoles traditionnelles, n’a pas de condition d’âge ni de diplôme pour l’intégrer. On retrouve néanmoins les codes traditionnels associés à l’école tels que le mot « admission » aux formations qui est utilisé mais aussi le bouton « Je candidate ». Il est intéressant de voir que celui-ci se situe au même niveau de la page que celui du site de Simplon qui avait nommé ce bouton « Recrutement ». Soit dans ce cas, le recrutement interne qui était mis en avant et qui connote plus l’univers de l’entreprise de Simplon qui cherche à recruter. Nous pouvons supposer que cette notion de « recrutement » ne s’adressait volontairement pas aux personnes que Simplon allait former, notamment pour appuyer l’imaginaire d’accessibilité pour tous et toutes au numérique.

Aussi, la Wild Code School cherche à renouveler les codes liés au lieu qu’incarne l’école traditionnelle. Il ne s’agit plus de parler de « professeurs » sinon de formateurs mais surtout aussi de revoir l’espace physique de la pédagogie : la notion de salle de classe est transformée, tout comme la manière d’être à l’école. En effet, la Wild Code School met en avant en imaginaire de liberté de choix du campus, mais aussi d’aspect « cool » des formations qui se retrouvent dans sa baseline : « Booste ta carrière dans le numérique…sans chaussures ! ».

Cet imaginaire de liberté, de « free spirt » et de « wild school », se retrouve notamment dans son logo qui est un cerf pouvant symboliser la nature et peut-être la sagesse et l’apprentissage. Cela fait notamment écho aux imaginaires libertaires du web en tant que « territoire vierge à découvrir » pour le sociologue Dominique Cardon.

Aussi, la Wild Code School propose une relation de proximité et de symétrie avec ces futurs et actuels élèves -ou encore Wilders- qui incarnent la page, en leur proposant des rendez-vous pour favoriser l’appartenance à cette école d’un nouveau genre, notamment dans le 4ème axe :

élèves s’incarne en particulier dans le ton employé et le tutoiement : « Une école près de chez toi », « Viens nous rencontrer » ou encore « Tu peux rencontrer l’équipe et les élèves et échanger autour de ton projet de formation ». Dans le 10ème axe « Des news #tech & #wild »,

la reprise des codes des réseaux sociaux tels que le hashtag de Twitter permet de favoriser la prise de contact avec des cibles jeunes mais aussi avec des cibles adultes via des canaux plus traditionnels comme le mail via la newsletter.

Enfin, est-il possible de dire que la Wild Code School met en avant la promotion des femmes au sein des métiers du numérique à travers son site ? Tout comme Simplon, à première vue cela ne semble pas être le cas, notamment en analysant le premier axe du site internet qui est une image qui représente un homme avec son ordinateur et ses écouteurs. Cela renvoie à des stéréotypes « négatifs » associés à l’imaginaire du développeur tels que son côté asocial (représenté seul sur la photo et de dos) ou encore qui serait « déconnecté » du monde « réel » et des personnes qui l’entourent (écouteurs sur les oreilles sur la photo). Néanmoins la baseline de la Wild Code School « Booste ta carrière dans le numérique... sans chaussures ! » fait appel à un imaginaire d’un développeur plus « cool » qui coderait « sans chaussures ». Il ne s’agit donc pas seulement de l’imaginaire du développeur traditionnel, considéré comme répulsif pour certaines personnes qui est reconfiguré, mais aussi celui des femmes au 8ème axe.

La mise en avant (relative) des femmes au sein des formations

Dans l’axe, « Nos dernières News », la Wild Code School présente ces dernières actualités avec la promotion de formations, de témoignages mais aussi un article qui vise à promouvoir les femmes dans les métiers du numérique : « Elles codent ! 2ème saison pour une promotion féminine à Marseille ». L’image utilisée pour illustrer cet article représente une femme seule, avec les cheveux courts et un casque audio, cette fois autour du cou et non pas sur les oreilles contrairement à la première image du développeur présenté par la Wild Code School que nous avions étudiée. Aussi par rapport à Simplon, la femme n’a plus son casque sur ses oreilles et n’incarne donc plus d’une certaine façon le stéréotype du codeur(se) avec son « casque sur les oreilles » (cf: retranscription Alix). Cette femme est représentée dans une position confortable, « cool » (allongée sur un canapé en chaussette) et elle semble être dans un environnement accueillant et confortable. Enfin, les femmes sont aussi mises en avant, dans une certaine mesure, dans le 6ème axe « La parole est aux Wilders » à travers deux témoignages féminins sur

Synthèse

Il existe une réelle problématique qui touche aux nouvelles écoles du numérique comme Simplon.co ou la Wild Code School qui passe par une légitimation de par leur nouveau statut qui se retrouve sur leurs sites internet (présence médiatique, partenariats avec des institutions ou des grands groupes mis en avant) mais aussi par des stratégies de communication pour se différencier de leurs concurrents : imaginaire de l’accessibilité au numérique pour Simplon et du « numérique sans frontières » ou du « Code où tu veux » (campus nationaux et internationaux ou sur un canapé !) et « Code comme tu veux » (sans chaussures, allongé, en écoutant de la musique…) pour la Wild Code School par exemple qui reconfigure l’imaginaire de l’école traditionnelle. Ces deux écoles mettent notamment en avant une communauté ou un réseau (Simplonien(nes) ou Wilders) et vont plus ou moins promouvoir les femmes au sein de leur formation, mais surtout leur engagement pour les aider à s’insérer dans le secteur du numérique.

En effet, il existerait des tensions entre l’imaginaire du « numérique pour toutes » décrit sur ces deux sites internet et la réalité. Aussi, nous approfondirons cette problématique à travers des entretiens qualitatifs réalisés avec des personnes ayant travaillé ou étudié au sein de la Wild Code School, de Simplon.co ou encore d’Elles Bougent.