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Statut social et saisons

DOMAINE VITAL ET TERRITORIALITE CHEZ LE LOUP

C) Les facteurs de variation 1) Méthodologie

2) Statut social et saisons

On observe en général une diminution du domaine vital utilisé en été (106-201-214). Cette différence d’utilisation de l’espace est essentiellement liée au statut reproducteur des individus de la meute.

Dans les deux mois qui précèdent la mise bas, les femelles reproductrices, étudiées par Okkarma, investissent un domaine 20 % plus petit que leur territoire hivernal. Dans les deux mois qui suivent la parturition, les mères restent à proximité de la tanière dans une aire qui représente environ 10 % de leur domaine hivernal (214).

Dans les semaines qui précèdent la mise bas et jusqu’au sevrage des louveteaux (vers un mois), les femelles reproductrices passent plus de 80 % de leur temps à la tanière. Puis elles s’absentent de plus en plus souvent (jusqu’à 60 à 90 % du temps loin des louveteaux) (38), dans des activités de prédation, pour assurer une demande de plus en plus importante pour les jeunes en croissance.

Dès le début, le mâle reproducteur passe le plus clair de son temps à rechercher de la nourriture en quittant la tanière vers l’aube pour revenir de manière plus aléatoire souvent le soir, une fois une source de nourriture acquise.

En règle générale, les louveteaux restent 7 à 10 semaines à proximité de la tanière. A partir de la fin mai à début juillet, en fonction des latitudes, la meute quitte la tanière. Les louveteaux trop petits pour suivre les adultes à la chasse, les attendent en passant la majorité de leur temps dans des aires réduites (clairières etc.), généralement inférieures à 4 000 mètres carrés (152), communément appelées sites de rendez-vous. Ils y sont soit laissés seuls, notamment la journée pour les loups étudiés dans le Minnesota (126), soit accompagnés d’un ou plusieurs loups plus âgés. Différents sites de rendez-vous peuvent être utilisés successivement jusqu’au moment où les louveteaux soient suffisamment grands pour suivre

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les adultes. Dans une étude canadienne des années 1970, différents sites, de 1.6 à 6.4 kilomètres carrés, furent utilisés (152). La durée d’occupation d’un site peut aller de 10 jours à 2 mois. Jusqu’à 10 sites peuvent être utilisés par une meute au cours d’une même saison. Mais la tanière, ou un site de rendez-vous proche, peut être utilisée jusqu’à la fin de la période estivale. Comme pour la tanière, certains sites peuvent être utilisés d’année en année. Progressivement, les louveteaux passent d’une vie sédentaire à une vie plus nomade et la meute abandonne ces lieux en automne. Cependant, des membres de la meute peuvent y retourner parfois plusieurs jours notamment lors de séparation avec le reste du groupe. Mech rapporte l’utilisation de sites de rendez-vous dans le Minnesota jusqu’à la fin janvier (124).

La vie sédentaire des louveteaux conditionne les mouvements des adultes qui se déplacent en étoile (figure 3, a et c). Lorsque pour certaines meutes les louveteaux sont déplacés, ces changements engendrent une modification évidente dans l’agencement spatial des adultes (figure 4, c).

Les jeunes et les adultes non reproducteurs sont moins affectés par la présence des louveteaux. Ils voyagent à travers tout le domaine de la meute, souvent séparément. Dans l’étude de Messier au Québec, les loups non reproducteurs fréquentaient peu les sites occupés par les louveteaux (201).

Figure 3 (201) – Utilisation du domaine vital pour 2 meutes reproductrices H6 et L4 durant la période estivale comparée avec la période hivernale.

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Figure 4 (201) – Utilisation du domaine vital pour 2 meutes non reproductrices L5 et H8 durant la période estivale et représentation d’un changement territorial saisonnier exprimé par une meute reproductrice H2

Dans celle de Harrington (126) dans le Minnesota, les louvards (jeunes de un an), passaient plus de 50 % de leur temps vers les louveteaux. Cette tendance s’accentuait alors que l’été progressait. Pour l’auteur, les sites de rendez-vous sont des lieux d’échange de nourriture dont les subordonnés pourraient tirer bénéfice. Ils peuvent intercepter de la nourriture, ce qui expliquerait leur retour plus stéréotypé à la tombée de la nuit quand les loups commencent à revenir avec le butin de leur chasse, ou tirer partie d’informations concernant la localisation d’une proie. A titre d’exemple, l’auteur cite une excursion de 48 heures de la meute, à 16 kilomètres de leur site de rendez-vous habituel, sur une carcasse d’élan. Cette excursion s’est accompagnée d’une augmentation de la présence des subordonnés sur le site de rendez vous pendant les 15 jours suivants. Comme si ces derniers anticipaient une découverte similaire. Par conséquent l’organisation spatio-temporelle des loups non reproducteurs paraît tributaire de la disponibilité en ressources, qui influe sur la

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réussite de leurs excursions. Elle peut varier d’une meute à une autre en fonction de la qualité (expérience, type de liens sociaux etc.) des individus qui la composent.

Pour les meutes non reproductrices, durant l’été, l’utilisation du terrain reste plus restreinte qu’en hiver, mais la différence est plus réduite (75 % de l’aire hivernale) (214). Ces meutes non reproductrices parcourent leur territoire plus librement et l’utilisent de façon plus homogène (figure 4 a et b).

En hiver, les mouvements de la meute sont essentiellement influencés par la présence des carcasses des proies auprès desquelles les loups restent plusieurs jours (figure 3 b et d).

Les différences d’utilisation du territoire en fonction des saisons sont également reflétées par la variation des liens sociaux au sein de la meute. Au printemps et en été, Okkarma (214), a révélé que dans 65 % des cas, les loups se déplacent seul ou en paire avec quelques observations de la famille réunie en fin d’été. Ce résultat tombe à 38 % en hiver avec dans 51 % des cas plus de 4 loups se déplaçant ensemble.

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