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Les chiens d’arrêt

Le travail du chien d’arrêt consiste essentiellement à repérer et à signaler par une attitude particulière la présence d’un gibier tapis au sol. En effet, le chien d’arrêt travaille avant tout sur des espèces qui ont coutume de se cacher, se fiant à leur camouflage naturel, et

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qui ne se décident à fuir que si elles sont serrées d’assez près. Il s’agit d’oiseaux tels la perdrix, la bécasse etc. et de mammifères comme les lapins et les lièvres. Dans ce type de travail, il est surtout important que le chien ne se précipite pas sur le gibier mais s’arrête à la limite de sa distance de fuite, le bloquant en quelque sorte sur place. Le travail se décompose en plusieurs phases que nous allons décrire. Il s’agit de la quête, l’arrêt et le rapport. En dernier lieu, nous évoquerons le travail plus particulier des chiens leveurs de gibiers.

1) La quête

Le travail du chien d’arrêt commence par la quête. Il doit rechercher méthodiquement toutes les émanations de gibiers, présentes sur une surface. La quête idéale du chien d’arrêt doit prendre la forme de lacets, effectués contre le vent, et devant le chasseur. Cette forme de quête résulte à la fois d’une tendance naturelle du chien à zigzaguer à la recherche d’émanations et d’un dressage minutieux, pour que les lacets deviennent aussi réguliers que possible. Aussi, cette façon de faire n’est pas sans évoquer celle du loup à la recherche des petites proies, petits rongeurs ou insectivores, nichées d’oiseaux, amphibiens etc. En effet, dans les deux cas, il s’agit d’une stratégie d’exploration et de perception essentiellement olfactive afin de recueillir les effluves de gibiers.

2) La phase d’arrêt

S’immobiliser dans une posture particulière est la caractéristique essentielle des chiens d’arrêt. On les appelait autrefois et parfois encore maintenant, chien couchant. La posture, bloquant le gibier au sol, était primitivement couchée. Actuellement, la posture d’arrêt la plus courante est celle du chien debout, le corps tendu, la tête et la queue à l’horizontale, parfois une patte, le plus souvent antérieure, levée.

On peut se demander qu’elle est l’origine à la fois de la posture et du terme d’arrêt. De Waziers cité par Fleurot (78), pense que l’instinct du chien sauvage était sûrement la poursuite du gibier mais que l’homme l’a sélectionnée en choisissant les sujets qui marquaient la proie avant de bondir, et parmi ceux-ci, ceux qui restaient immobiles le plus longtemps. De fait, lorsqu’on observe une technique telle que le saut-de-souris chez le loup, on note que la plupart du temps le sujet s’immobilise, en une attitude tendue et attentive pendant quelques secondes, avant de bondir. Il en va de même avec l’affût au gîte où le prédateur guette immobile et attentif la sortie de sa proie. De plus, lorsqu’ils s’approchent et encerclent un troupeau d’ongulés, les loups les plus en avant marquent souvent un temps d’arrêt, s’aplatissant, parfois à la limite de la distance de fuite de la proie avant de fondre sur elle.

Demeurer immobile quelques instants avant de bondir sur une proie semble donc une caractéristique présente chez le loup. Par sélection et dressage l’homme l’a amplifiée et assujettie à sa volonté pour faciliter sa chasse. A l’époque des origines de la cynégétique et de sa codification, l’arme la plus efficace était le filet que le chasseur jetait sur le gibier un peu comme l’épervier de pêche. C’est pourquoi les chiens primitivement couchant furent appelés vers le 15ème siècle da rete, c’est à dire de filet en italien, terme qui fut déformé en « d’arrêt », ceci aussi parce qu’ils arrêtaient le gibier. Les armes de chasse ont changé mais le chien d’arrêt et sa technique sont demeurés efficaces et non cessés d’être sélectionnés et affinés (78).

159 3) Les chiens leveurs de gibiers

Les chiens leveurs de gibiers, ou encore chiens lanceurs, constituent une catégorie un peu particulière d’auxiliaires de la chasse aux chiens d’arrêt. En effet, ils ont pour spécialité de lever le faisan ou le lapin. Leur technique comprend donc une quête comparable à celle des chiens d’arrêts classiques. Lorsqu’il a localisé sa proie, l’idéal serait que le chien la marque le temps nécessaire au chasseur pour préparer son tir. Puis il doit le lancer, c’est à dire l’obliger à sortir du fourré où il s’est réfugié.

Cette technique tient donc un peu de l’embuscade et peut par exemple faire penser à la meute de loups, où quelques rabatteurs poussent une proie à portée du reste de la troupe, dissimulé à distance, par les reliefs du terrain.

Ainsi la technique de l’arrêt évoque essentiellement la chasse aux petites proies des canidés sauvages et tient à la fois de l’affût et dans une certaine mesure de l’embuscade. L’homme a donc sélectionné chez le chien l’aptitude à demeurer immobile pour indiquer le gibier et l’empêcher de fuir. Incontestablement, il s’agit d’une chasse sociale même si l’acte de chasse par lui-même engendre une récompense endogène pour le chien. Le chien d’arrêt chasse pour son maître comme chaque membre de la meute des loups chasse pour l’ensemble du groupe social. Le travail du lanceur, quant à lui, n’est qu’une variante de l’arrêt, avec une moindre exigence sur la fermeté de l’arrêt, et une autorisation toute relative à effrayer le gibier pour le lever.

4) Les chiens rapporteurs

Les chiens rapporteurs, ou retrievers, sont le fruit d’une sélection visant à produire des spécialistes, de la recherche et du rapport du gibier blessé ou abattu. A l’origine, ils étaient censés compléter les chiens d’arrêt au travail. Leur travail peut se décomposer en trois phases.

La première est le marking, terme anglais qui désigne simplement le fait qu’un bon rapporteur doit être capable de retenir tous les emplacements de chute des pièces tirées, afin d’aller ensuite les chercher rapidement sans en oublier. Fleurot (78), pense que ceci peut rappeler le comportement des loups vis à vis des caches de nourriture qu’ils sont capables de retrouver bien plus tard. Les chiens rapporteurs auraient été ainsi sélectionnés afin de développer cette qualité au profit des chasseurs humains.

La deuxième phase est le pistage. Quand un gibier est tiré il n’est parfois que blessé. Il peut éventuellement s’éloigner de son point de chute, pour se réfugier au couvert. Il est donc nécessaire que le rapporteur piste le gibier afin de le retrouver dans son refuge. C’est pourquoi les qualités de flair et de pistage ont été particulièrement développées chez ces chiens.

Chez les loups, cette qualité est également bien développée permettant de suivre par exemple la trace de sang laissée par la proie blessée à retrouver, au milieu du troupeau de caribous.

Troisième phase, le rapport. Cette caractéristique comportementale fut tout particulièrement maintenue et sélectionnée en vue de spécialiser certaines races de chiens dans l’exercice de cette aptitude naturelle. C’est en l’occurrence le cas pour les chiens d’arrêts, les chiens rapporteurs de gibiers blessés ou tués. La proie est saisie et rapportée au maître.

Le rapport revêt un caractère social indéniable, certainement renforcé par l’apprentissage, (conditionnement opérant par exemple par renforcement positif du maître félicitant son chien à son retour). Mais vraisemblablement il fut maintenu et spécialisé à partir, selon Wolff et Morris (cité par Fleurot (78)), d’un comportement de rapport de nourriture à la tanière chez le loup, pour la femelle allaitante et sa portée ou les gardiens de celle-ci.

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