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Des découvertes sur l’ensemble du globe

DU LOUP AU CHIEN A TRAVERS LA PALEONTOLOGIE

A) Des découvertes sur l’ensemble du globe

Au cours de la période préhistorique suivante, entre – 9 000 et – 7 000, un grand nombre de restes de chiens fut découvert dans de nombreux sites à travers le monde. Les caractères du crâne et des dents, typiques des chiens, devenaient alors plus développés. Plus d’une centaine de fragments appartenant à des grands chiens domestiques ont été retrouvés sur le site de Jarmo en Irak (- 9 250 – 7 750) (26). Certains d’entre eux ont des dents dont la taille est comparable à celle des dents appartenant aux loups européens dont la population s’étend dans ces régions. Il est pourtant difficile de certifier s’il s’agit de loups apprivoisés ou de grands chiens.

En Chine, on retrouve des chiens sur des sites de – 7 000 ans avant Jésus Christ. Un des sites les plus riches de cette période se situe dans la province de Zhejiang. On y compte quatre niveaux d’habitation. Les deux niveaux inférieurs contiennent les restes d’une culture jusque là inconnue, vivant il y a plus de 6 000 ans. On y trouva six chiens qui sont de petites tailles. Leur museau est court et leurs dents sont serrées. En fait, les plus vieux restes retrouvés sont déjà ceux d’un animal bien évolué, ce qui laisse supposer que sa domestication est antérieure. Par ailleurs, les nombreuses fouilles des périodes suivantes ont toutes révélé qu’il existe une apparente variation de taille entre tous les chiens du néolithique chinois, qui restent tous distinguables du loup local. (276).

Sur la péninsule du sud est asiatique, aucun reste de chien n’a été découvert dans les sites antérieurs à 5 000 ans. En dépit de la relative pauvreté des restes de chien de cette région ceux ci revêtent une assez grande importance. Les études comparées réalisées par Hingham Kijingam et Manly (cité par 276), ont montré qu’ils ont beaucoup plus d’affinité avec les loups Canis lupus chanco et Canis lupus pallipes qu’avec les autres canidés sauvages de la région, comme le chacal doré et le dhole. La relative pauvreté des restes de cette région peut s’expliquer par les fluctuations du niveau de la mer, qui à la fin du pléistocène, ont dû être importantes et engendrer la disparition pour toujours de nombreuses traces.

Au Japon, des restes de chiens ont été trouvés avec ceux de loups japonais Canis lupus

hodophilax, sous espèce maintenant éteinte, sur le site de Tocibara datant de – 8 000.

En Amérique du Nord jusqu’en 1987, le record fossile des plus anciens chiens, provient de la grotte du Jaguar en Idaho. Les sédiments étaient datés à – 10 000. Cependant la datation de deux des fragments osseux a révélé une intrusion plus récente, – 3 200 pour la plus ancienne. (109). Ces dates ne réfutent pas nécessairement l’idée selon laquelle les humains d’Amérique du Nord, au début de l’holocène, possédaient des chiens domestiques. Cependant elles montrent combien il est nécessaire d’obtenir des dates au carbone 14 directement sur les restes d’animaux et surtout lorsque ceux-ci proviennent de grottes. Ce type de problème a été également rencontré à propos de la datation d’un fragment de mandibule à Palegawra, en Irak daté de – 12 000 puis réévalué à – 7 500. Quoi qu’il en soit, les restes canins de Jaguar Cave sont significativement différents de ceux des loups locaux Canis lupus

lycaon. Ces restes plus petits présentent un raccourcissement des mâchoires, à l’origine d’un

chevauchement dentaire. Par ailleurs les ossements sont significativement plus massifs que ceux du coyote actuel, le museau plus court.

Il faut remonter au nord du continent pour retrouver les premières transitions entre chiens et loups. En 1932 et 1953 vingt huit crânes plus ou moins complets de loups furent isolés des restes fossilisés recueillis à Fairbanks en Alaska. Leur datation est extrêmement délicate car ils furent découverts lors de sondage pour une exploitation minière de la région. Ce type de sondage ne tenant aucun compte de la stratigraphie du site, de nombreux restes d’âges différents furent mélangés. Cependant, selon toutes vraisemblances, ils auraient un peu

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plus de 10 000 ans. Beaucoup des crânes retrouvés ont une région antérieure plus courte et moins large que les espèces sauvages. Deux d’entres eux n’ont pas toutes leurs prémolaires. D’autres ont toutes leurs dents mais disposées obliquement, un spécimen a des dents nettement plus petites, de la taille de celles des chiens d’Esquimaux. Le stop est par ailleurs plus marqué, les crêtes occipitales et sagittales sont plus basses. Les études comparées sur un large échantillon de loups d’Alaska actuels ont été menées et d’après Olsen (276) aucune n’a révélé des différences aussi marquées que celles trouvées parmi les loups des champs ossifères de Fairbanks. Aussi cet auteur voit en eux l’amorce des futurs chiens d’Esquimaux (figure 8 et 9).

Figure 8 : Comparaison des crânes d’un loup normal et d’un loup à face courte de Fairbanks, Alaska.

A) Vue latérale du crâne d’un loup normal B) Vue dorsale du crâne d’un loup normal C) Vue latérale du crâne d’un loup à face courte D) Vue dorsale du crâne d’un loup à face courte (276).

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Figure 9 : Comparaison des crânes d’un loup à face courte, d’un chien groenlandais et d’un siberian husky.

A) Vue latérale du crâne d’un loup à face courte du pléistocène d’Alaska B) Vue latérale du crâne d’un groenlandais

C) Vue latérale du crâne d’un siberian husky (276).

De nombreuses fouilles préhistoriques ont été réalisées sur les deux rives du détroit de Béring, notamment dans l’optique de découvrir les restes des lieux d’habitation des premiers migrants d’Asie vers l’Amérique. Mais malheureusement, les conditions climatiques et géologiques de la région sont extrêmement défavorables à la préservation des ossements. Aussi les résultats de toutes ces fouilles sont extrêmement minimes et beaucoup d’interrogations restent en suspens. On sait pourtant grâce à la découverte de cinq crânes de chiens, tout à fait comparables à ceux des chiens d’Esquimaux actuels (alaskan malamute et siberian husky), dans le village d’Ipuitak à l’ouest de l’Alaska, datant de – 1 000, que ces races semblent s’être différenciées très tôt (276). On peut ainsi se demander s’il y a eu migration de Canis lupus variabilis par le détroit de Béring ou transformation de cette forme en Asie, puis migration vers l’Amérique, ou encore éventuellement une domestication à partir des loups d’Alaska. En tout état de cause, il paraît vraisemblable que les flux et reflux des migrants humains comme des canidés, au gré des changements climatiques permettant le franchissement du détroit, autorisent plusieurs scénarios possibles.

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Sur le reste du continent américain, des restes de chiens ont été retrouvés sur un site peu commun puisque situé en Amérique du Sud, en Patagonie chilienne. Ces restes sont datés de – 8 500 à – 6 500. Les fragments retrouvés s’apparentent plus au genre Canis qu’aux espèces sauvages locales comme le renard des Andes (Dusicyon culpaeus) ou le renard gris d’Argentine (Dusicyon griseus), ce qui laisse supposer, que les premiers colons humains ont apporté avec eux les chiens domestiques (276).

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