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Les modalités de dispersion du territoire natal

DOMAINE VITAL ET TERRITORIALITE CHEZ LE LOUP

B) Les modalités de dispersion du territoire natal

Au cours des observations faites sur l’écologie des loups, un grand nombre d’individus sont observés seuls. La plupart du temps, ces individus résultent d’une dissociation temporaire du groupe, variant de quelques jours à quelques mois. Cependant, quelques loups restent solitaires sur de plus longues périodes, se déplaçant sur de plus longues distances. Ainsi par exemple, un loup fut observé sur 13 mois parcourant 2 300 kilomètres carrés à travers le territoire de différentes meutes voisines (105). Un autre sur 9 mois fut repéré sur 710 kilomètres carrés à travers trois territoires tout en passant 85 % de son temps sur un territoire donné, suggérant une familiarité voire une association préalable avec la meute (282). Les loups réalisent généralement des mouvements itératifs avec un retour préférentiel en certains lieux. Merrill (198), a par exemple observé des excursions de loups à près de 500 kilomètres de leur territoire natal avant d’y revenir 6 mois plus tard. Aux cours de ces trajets, les loups ne manifestent pas de ségrégation spatiale même si une ségrégation temporelle peut exister. En d’autre terme, ils n’évitent pas nécessairement le territoire d’une meute mais plutôt les rencontres avec celle-ci.

Selon les études, les pourcentages de loups se dispersant varient de 20 % (Fritts cité par 113), à 33 % (Peterson cité par 113). Dans l’étude de Messier (202), la plupart des loups observés seuls sont des subadultes de 1 à 2 ans (57 %). Parmi ces loups solitaires, un grand nombre réalise des excursions extraterritoriales. La plupart des loups qui quittent leur territoire natal sont des sub-adultes (53 %). Ces excursions présentent deux pics, un vers 11- 12 mois et l’autre vers 17-19 mois (cf figure 6), même si certains attendent l’âge adulte (exemple d’un loup de 4 ans et demi). La plupart des loups dispersent au printemps et en automne (cf figure 7 et 8). Les distances parcourues sont variables, de 8 à 350 kilomètres avec en moyenne 88 kilomètres dans le Minnesota (113) et de 20 à 25 kilomètres en moyenne au Québec (202). Fritts rapporte une dispersion de 886 kilomètres (105). Les distances parcourues sont généralement inversement proportionnelles à l’âge. Les adultes se rendent dans des territoires adjacents ou proches, les plus jeunes investissent des territoires proches ou lointains (113). En fonction des études, on observe ou non des différences significatives liées au sexe, aussi bien pour les distances parcourues que pour les proportions d’individus se dispersant. Ballard en 1983 (cité par 113) et Fritts (105), observent une dispersion plus importante pour les mâles. Ballard, dans une autre étude en 1987 ainsi que Messier (202) et Lehman (156), notent une proportion plus importante pour les femelles. Mech et Fuller (cité par 113) et Gese (113), n’observent pas de différences significatives.

Lorsque les loups se dispersent, ils peuvent former un couple de reproducteurs, noyau d’une future meute ou ils peuvent être acceptés par une meute voisine. Les intégrations par de nouvelles meutes semblent être plus fréquentes que ce que l’on supposait auparavant (310). Ces nouvelles intégrations peuvent se produire sans heurt ou engendrer la perte d’un individu dominant voire la mort du loup qui si est aventuré. La figure 9 propose un schéma récapitulatif de la dynamique sociale et de la dynamique territoriale des loups.

Même si chaque classe d’âge semble avoir le même succès pour s’établir sur un nouveau territoire, les adultes ont un meilleur succès reproductif vraisemblablement en raison d’une maturité et une expérience supérieure (113). La disponibilité en aires vacantes à proximité est aussi un facteur déterminant pour la réussite des jeunes. Le temps mis pour

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s’établir sur de nouveaux territoires, voire pour s’accoupler, varie de 1 semaine à 12 mois avec des moyennes allant de 2 à 5 mois. Par ailleurs, les voyages extraterritoriaux avant dispersions définitives sont fréquents (plus de 50 % des cas avec en moyenne 1 à 2 voyages jusqu’à 5 selon les études) (113-202). Les durées moyennes de dispersions sont de 1 à 2 semaines (113). Les dispersions se font de manière graduelle ou rapide en fonction des individus.

Finalement, il apparaît que le phénomène de dispersion est primordial et essentiel dans l’écologie du loup. Un dernier exemple synthétise cette idée. Sur les 74 louveteaux étudiés par Gese dont le destin fut connu pour des périodes supérieures à 1 an, seulement 26 sont restés dans leur territoire natal plus de 2 ans, 7 plus de 3 ans et 2 plus de 7 ans (même si quelques radio-transmetteurs furent perdus). Les schémas de dispersions s’avèrent très éclectiques. Ils sont soumis à des stratégies variables en fonctions du contexte social de la meute et des opportunités environnementales. Ils assurent une bonne dispersion génétique en constituant un pré requis essentiel, à la formation de couples reproducteurs s’établissant sur de nouveaux territoires, mais également, à l’intégration de loups étrangers dans des meutes voisines, phénomène apparemment plus fréquent qu’on ne le pensait auparavant.

Figure 6 (113) – Age (en mois) des 75 loups qui ont dispersé dans les forêts du Minnesota de 1969 à 1989.

Figure 7 (113) – Saison de dispersion pour 39 mâles et 36 femelles dans les forêts du Minnesota de 1969 à 1989.

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Figure 8 (113) – Saison de dispersion en fonction des classes d’âges

Figure 9 – Schéma récupitulatif d’après 113-202-282

Dynamique sociale

Temporaire

Formation d’une nouvelle meute dans un nouveau territoire Formation d’une nouvelle

meute dans un nouveau territoire Association avec un loup ou

un groupe de loup d’une autre meute qui a dispersé

T

TEERRRRIITTOOIIRREE

Intégration dans une autre meute

- Dispersion sans intégration - Loup tué par meute - Consommation possible Dispersion

temporaire sans association

Retour accepté jusqu’à 18 mois (309) voire 3 ans

après (52) Sans modification au préalable Suite à la disparition de l’individu alpha

Suite au combat entraînant la disparition de l’individu

183 Dynamique territoriale

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