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SIXIÈME QUESTION : COPING ET INDICES GLOBAUX

“SCORE DE CONFRONTATION”

V.7 SIXIÈME QUESTION : COPING ET INDICES GLOBAUX

Comme déjà mentionné plus haut, et selon Porter (Porter, 1995), dans le contexte d’un jeu d’ordinateur, même s’il existe une part d’aléatoire, les conduites du sujet sont à considérer comme des déterminants des gains et des pertes subies par l’individu. Ceci étant, après avoir mis en évidence trois types de coping, et après avoir vu que les individus diffèrent quant à l’usage proportionnel qu’ils font de ces trois types, et quant à leur capacité d’adapter leurs comportements aux circonstances, la présente question consiste à rechercher des liens entre ces cinq variables, et différents aspects du déroulement du jeu et de son issue.

V.7.1 MESURES

Les premières variables employées ici sont les scores obtenus par les sujets sur les trois types de coping, le score de confrontation et le score d’adaptation (variables nos. 552, 554, 555, 596 et 867).

La deuxième partie des variables utilisées pour cette question sont les indices globaux liés au déroulement du jeu, définis au chapitre précédent, et dont la distribution a été décrite au début de la présente partie (variables nos. 111, 107, 113, 109, 108, 110, 112, 115).

V.7.2 MÉTHODE D’ANALYSE

Trois types d’analyses ont été menées, dépendant de la nature des variables dont le lien est étudié.

La relation entre des paires de variables quantitatives a été mesurée au moyen d’une corrélation, et dans un cas d’une corrélation partielle, tandis que pour évaluer le lien entre des variables qualitatives et des variables quantitatives, ce sont des analyses de variances (ANOVAs) qui ont été effectuées. Dans le cas de deux variables qualitatives, nous avons eu recours au test du Chi2 de Pearson.

V.7.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION

Comme le montre la table no. 24, la durée totale du jeu s’avère liée significativement au coping stratégique, et tendanciellement au coping de base, mais pas au coping de protection ni au score d’adaptation. La relation avec le coping de base, bien que faible, indiquerait que dans ce contexte, plus les individus ont fait des efforts et agi face aux situations de stress rencontrées, plus ces situations ont duré.

Table no. 12 : Corrélations entre types de coping, score d’adaptation et indices globaux.

r = Coping de base

Coping stratégique

Coping de protection

Score de confrontation

Score d’adaptation

Durée du jeu .263 t .396** .134 .033 .227

Score final .153 .658** .020 .311* .576**

Nbre victoires .464** .696** .007 .385** .524**

Nbre pertes -.049 -.513** -.119 -.131 -.535**

Nbre blessures .080 -.310* .102 -.084 -.386**

Nbre situations

risquées .223 .111 .221 -.106 -.046

% temps passé en

situations risquées -.313* -.456** -.080 -.195 -.275 t

Proportion de bonus

récoltés .073 .194 -.017 .087 .210

Notes : t = tendanciel ; * = p ≤ .05 ; ** = p ≤ .01. Fond Gris = significatif à p ≤ .05.

La relation plus forte entre la durée du jeu et le coping stratégique pourrait s’expliquer, quant à elle, par le fait que ce type de coping comprend le comportement no. 97. Ce dernier consiste à se réfugier dans un lieu sûr et à y séjourner pendant plusieurs secondes, voire plusieurs minutes, impliquant que le sujet s’accorde un peu de répit pour réfléchir à la situation, et probablement pour planifier la suite des événements.

Ainsi, le fait de chercher à agir sur les facteurs qui sont à l’origine du stress nécessiterait la capacité de prendre du temps pour penser, et aurait pour conséquence que cette façon de gérer les situations prend définitivement plus de temps, qu’une attitude qui consiste à y réagir au fur et à mesure (coping de base) ou à s’en protéger momentanément (coping de protection).

Le nombre de victoires remportées par le joueur sur les différents types d’ennemis est lié positivement au coping de base, au coping stratégique, au score de confrontation et au score d’adaptation, mais pas à la protection. Ceci paraît sensé puisque à la fois le coping de base et le coping stratégique comprennent des stratégies qui consistent à éliminer des ennemis, tandis que le coping de protection n’en comprend aucune.

Aussi, si le lien entre le nombre de victoires remportées et le coping stratégique est plus fort qu’avec le coping de base, c’est probablement parce que parmi le coping stratégique se trouvent des comportements complexes, qui consistent à bloquer les ennemis dans une partie du labyrinthe, et à

les éliminer les uns après les autres, alors que les comportements élémentaires compris dans le coping de base ne permettent généralement pas de remporter plusieurs victoires successives.

Le score final du joueur est quant à lui corrélé uniquement au coping stratégique, au score de confrontation et à la capacité d’adaptation. Le score final dépendant à la fois du nombre de victoires, des bonus récoltés et de la capacité à préserver son agent, ces résultats confirment le fait que même si le coping de base permet de remporter de nombreuses victoires, il n’est pas possible pour le joueur d’avoir un score final élevé s’il n’a pas cherché parallèlement à préserver l’intégrité de son agent. Il semblerait, au vu de cela, que l’absence de lien entre le coping de base et le score final soit liée, d’une manière ou d’une autre, à l’absence de relation entre ce type de coping et la capacité d’adaptation.

Le nombre de pertes est également lié (négativement) au coping stratégique, mais pas au coping de base, ni au coping de protection, ou au score de confrontation. Le lien entre score d’adaptation et nombre de pertes n’a rien d’étonnant puisque ce score a été calculé sur la base des pertes subies dans chaque situation, et que cette variable s’est avérée fortement corrélée au coping stratégique mais pas aux autres formes de coping. Cependant, l’absence de relation avec le coping de base et avec le coping de protection reste surprenante si l’on se souvient, d’une part, que le coping de base est très important quantitativement et proportionnellement par rapport aux autres types de coping, et d’autre part, que les comportements de protection sont par définition censés parer, ne serait-ce que temporairement, à la vulnérabilité de l’agent face au risque de subir des pertes.

L’absence de relation entre le score de confrontation et le nombre de pertes, le nombre de blessures, ainsi que le temps d’exposition à des risques élevés, est d’une très grande importance. Rappelons que les pertes et les blessures ont été considérées comme les critères par excellence, d’un coping adapté dans ce contexte. Si ces critères ont été employés pour définir, situation par situation, quels étaient les comportements qui peuvent être considérés comme adaptés, ces indices sont également des critères d’adaptation pour l’ensemble du jeu, toutes situations confondues.

Ceci étant, l’absence de lien entre ces indices et le score de confrontation est d’autant plus frappante qu’elle contraste avec les relations significatives entre ces mêmes indices et le coping stratégique et le score d’adaptation. Ces résultats indiquent que, dans ce contexte, il ne suffit pas d’avoir tendance à se confronter au problème pour parvenir à des résultats concrets en termes de risques encourus, de pertes ou de blessures, il est nécessaire de savoir quand et comment s’y prendre, et là, seule la capacité d’adaptation joue un rôle significatif.

Comparée au lien entre le coping stratégique et le nombre de pertes, l’absence de lien entre cet indice et le score de confrontation peut s’expliquer par le fait que le coping de base, dont les

comportements ne modifient pas nécessairement les conditions qui sont à l’origine du stress, constitue une part importante de ce dernier.

Etant donné les liens trouvés lors de la question précédente entre le coping stratégique et le score d’adaptation, et puisque ces deux variables sont corrélées significativement et négativement au nombre de pertes d’agent, il nous a semblé nécessaire de vérifier si, relativement à cette dernière variable considérée comme le critère d’un coping adapté dans ce contexte, le score d’adaptation offrait réellement une information qui n’était pas contenue dans le coping stratégique.

Autrement dit, nous nous sommes demandés si, outre le fait d’avoir régulièrement recours à des comportements stratégiques, et ceci quelle que soit la situation rencontrée, le score d’adaptation jouait réellement un rôle en soi, favorisant une réduction des pertes subies.

Pour répondre à cette question, une corrélation partielle a été calculée entre le score d’adaptation et le nombre de pertes d’agent, le score de coping stratégique étant introduit ici comme variable contrôlée. Cette analyse a montré que, une fois l’usage du coping stratégique contrôlé, le score d’adaptation était toujours lié négativement et significativement au nombre de pertes subies (r = -.323, p ≤ .05). Ce résultat indique que si le fait de recourir régulièrement à des comportements stratégiques est très adapté puisque le nombre de pertes en est fortement réduit, il est également important de savoir adapter ces comportements, et ceux qui relèvent des autres types de coping, aux circonstances précises des situations rencontrées. Ceci implique aussi que la capacité d’adaptation, représentée dans ce contexte par le score d’adaptation, ne peut définitivement pas être réduite au fait d’utiliser régulièrement des comportements stratégiques.

Le nombre de fois où les joueurs se sont trouvés dans une situation à haut risque n’est pas lié aux différentes formes de coping ou à l’usage proportionnel qui en est fait, ni au score d’adaptation, indiquant que tous les sujets ont du faire face à de telles situations dans la même mesure, quelle que soit leur façon de les anticiper ou d’y réagir.

Par contre, le temps passé dans ces situations est négativement, et significativement lié au coping de base et au coping stratégique, tendanciellement au score d’adaptation et pas du tout au score de confrontation.

Ces résultats impliquent que le fait de faire des efforts quels qu’ils soient lorsqu’on se trouve dans une telle situation a pour effet de réduire le temps d’exposition au risque, et ce d’autant plus si ces efforts consistent à modifier les conditions de la situation qui sont à l’origine du risque élevé. Le fait de se protéger momentanément ne résout quant à lui pas le problème, ni n’a d’effet sur la durée du risque, de même le fait d’avoir une tendance générale à adopter des comportements de confrontation du problème.

Si l’on compare ces derniers résultats avec ceux qui portent sur la durée totale du jeu, on peut en conclure que le fait de s’arrêter, de réfléchir et de planifier des stratégies qui modifient les conditions qui sont à l’origine du stress prend du temps, mais ne prolonge pas l’exposition au risque pour autant. Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que plusieurs des comportements qui font partie du coping stratégique nécessitent une planification, et constituent de ce fait une forme de coping anticipateur. Il est très probable en effet, que les personnes qui ont un score élevé sur cette dimension de coping aient pris du temps en dehors des situations hautement risquées, et avant celles-ci, pour préparer leur façon d’agir, de sorte que quand ces situations se sont présentées, elles aient été capables d’y faire face plus rapidement, réduisant ainsi la durée de l’exposition au risque.

Par ailleurs, les différents résultats apportés pour répondre à la présente question, indiquent que si le coping de base et le coping stratégique sont utiles dans ce contexte, le coping de protection lui n’a pas d’effet significatif sur la façon dont le jeu se déroule ni sur la qualité de son issue.

Ces résultats viennent confirmer les interprétations proposées pour ce type de coping: s’il est possible qu’il ait une fonction, comme c’est aussi le cas de certaines conduites d’évitement ou de retrait, qui peuvent avoir une utilité pour un individu à un moment donné, mais qui typiquement n’ont pas d’effet mesurable en termes de résolution du problème, le coping de protection n’a définitivement pas d’effet sur la situation concrète qui est à l’origine du stress, et ce type de coping ne devrait pas prendre la place des autres formes qui visent à agir sur les conditions de celle-ci.

Lors de la cinquième question, il apparaissait déjà que le coping stratégique se distingue des deux autres types par son lien étroit avec le score d’adaptation. La présente question nous a permis de constater qu’il est également lié à d’autres aspects du déroulement du jeu et de son issue. Reste à savoir maintenant si, et comment, la façon de percevoir ou d’appréhender les situations rencontrées est liée au coping.

V.8 SEPTIÈME QUESTION : COPING ET ÉVALUATION COGNITIVE

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