• Aucun résultat trouvé

DÉFINITIONS ET LIENS CONCEPTUELS

II.4 UNE APPROCHE ALTERNATIVE: L’ÉTUDE DU COPING EN TANT QUE RÉSOLUTION DE PROBLÈMES

II.4.1 DÉFINITIONS ET LIENS CONCEPTUELS

Dans le but de mieux comprendre pourquoi des personnes sont stressées par des problèmes personnels ou professionnels, et de quelle façon ces personnes peuvent être aidées pour gérer plus efficacement ces problèmes, une approche du coping en termes de résolution de problèmes (“problem solving”) a été développée (Ostell, 1988).

Cette approche est basée à la fois sur des modèles de traitement de l’information, qui offrent une description des processus cognitifs et des structures impliquées dans la résolution de problèmes, et sur les approches transactionnelle et cognitivo-comportementale du stress (Ostell, 1988 ; 1991).

La notion de problème fait référence à une situation dans laquelle il y a un décalage entre ce que la personne voudrait qu’il se passe, ou ce qui est censé se passer, et ce qui se passe réellement (Ostell, 1988 ; 1991). A l’instar du stress, les problèmes n’existent pas en soi: ce sont des situations qui deviennent problématiques à un moment donné et pour un individu (Ostell, 1988 ; 1991).

Trois conditions doivent être réunies pour qu’une personne ait un problème (Ostell, 1988 p. 191):

premièrement, l’individu en question doit reconnaître qu’il existe une disparité entre l’état actuel des choses et l’état désiré, reconnaissance qui ne doit pas forcément être ni précise ni réaliste.

Deuxièmement, l’individu doit être motivé pour résoudre le problème, et troisièmement, il ne doit

exister pour cet individu aucune manière facile et immédiatement disponible de résoudre le problème.

Cette définition inclut toutes les situations qui de par leur nouveauté, leur complexité, leur ambiguïté, ou encore de par la conflictualité entre les différentes demandes qui leur sont inhérentes, présentent des circonstances qui mettent en échec des actions efficaces que l’individu utilise généralement de façon automatique, et nécessitent de ce fait un comportement de résolution de problèmes (D' Zurilla & Goldfried, 1971, p. 108).

Défini de cette manière, le concept de problème introduit explicitement dans la discussion sur le stress l’idée d’une orientation par rapport à un but (Ostell, 1988). En effet, face à un problème il convient de rechercher une solution. Cette dernière est une réponse de l’individu qui change la situation de telle sorte que celle-ci ne soit plus vécue comme problématique, et qui minimise les conséquences négatives tout en maximisant les conséquences positives (D' Zurilla & Goldfried, 1971, pp. 108-109).

La notion de résolution de problèmes fait alors référence aux activités dans lesquelles une personne s’engage pour que la situation ne soit plus problématique (Ostell, 1991, p. 12). Les activités comprises dans cette définition peuvent viser soit un changement de ce qui est en train de se passer dans la réalité, soit un changement dans les désirs de la personne, soit enfin un ajustement des désirs et des circonstances actuelles en vue d’un compromis (Ostell, 1991).

Dans la vie quotidienne, la résolution de problèmes consiste la plupart du temps à gérer d’une part des disparités non désirées, en les résolvant ou en s’y adaptant, et d’autre part, nos propres réactions cognitives, émotionnelles et comportementales, à ces disparités (Ostell, 1991).

Si l’on compare ces définitions avec le modèle transactionnel du stress et du coping, on peut voir qu’il existe un certain nombre de parallèles d’une part, entre les concepts de stress et de problème, et d’autre part, entre ceux de coping et de résolution de problèmes.

Tout d’abord, les concepts de stress et de problème sont tous deux définis sur la base de l’évaluation subjective que fait l’individu d’une situation. Aussi, si une situation interprétée comme problématique comporte des coûts significatifs, il s’agit probablement d’une condition suffisante pour que cette situation soit perçue comme stressante (Ostell, 1991). Les auteurs qui ont étudié le coping selon cette approche ont considéré les situations stressantes comme des situations problématiques, et le coping comme une forme de comportement de résolution de problèmes (Cox, 1987).

Si l’on s’en tient à la définition de la résolution de problèmes telle qu’elle se manifeste dans la vie

(Ostell, 1991). Il faut relever toutefois, que le concept de coping est plus large, et s’il comprend des activités de résolution de problèmes, il inclut aussi des activités qui n’en font pas partie (D' Zurilla

& Chang, 1995).

Rappelons ici que selon la conception transactionnelle du coping, la notion de résolution de problèmes fait référence à une partie des stratégies dites centrées sur le problème, et qui sont étroitement liées aux différentes étapes du processus de résolution de problèmes (Lazarus &

Folkman, 1984).

Par ailleurs, le processus de résolution de problèmes comprend des étapes, qui, dans le modèle transactionnel, sont décrites en termes de processus d’évaluation primaire et secondaire et qui ne font, en ce sens, pas partie du coping à proprement parler. Les concepts de résolution de problèmes et de coping se recoupent partiellement l’un l’autre, mais ne sont donc pas équivalents. Pour les auteurs du coping, la résolution de problèmes fait référence à un sous-ensemble de stratégies, tandis que pour les chercheurs du domaine de la résolution de problèmes, ce concept fait référence à l’ensemble d’un processus qui comprend des activités de coping, mais pas uniquement.

Dans la littérature, lorsqu’il est question de résolution de problèmes sans autre qualificatif, il s’agit en général de recherches menées dans la perspective du traitement de l’information, et qui selon Cox (Cox, 1987), ont tendance à présenter un modèle idéal, rationnel de la façon dont ce processus devrait se dérouler. Ces recherches font généralement référence à des situations qui, typiquement, n’ont aucune implication réelle pour le bien-être de l’individu, et les auteurs accordent relativement peu d’attention à l’impact des réactions émotionnelles sur le déroulement de ce processus (Ostell, 1988).

Idéalement, la résolution de problèmes devrait se dérouler selon une séquence rationnelle d’“actions”19 (Cox, 1987), regroupées en plusieurs étapes. Si ces étapes peuvent être décrites de manière distincte, notons que dans la réalité elles sont en interaction et se chevauchent sans cesse (D' Zurilla & Goldfried, 1971). Selon D’Zurilla, ces cinq étapes sont l’orientation générale, la définition et la formulation du problème, la génération d’alternatives, la prise de décision, et la vérification (D' Zurilla & Goldfried, 1971, pp. 111-120) .

Si on les compare au modèle transactionnel du stress et du coping, on peut dire que ces différentes étapes correspondent probablement aux mécanismes cognitifs impliqués non seulement dans certaines formes de coping, mais aussi dans les différents processus qui ont trait au stress, à savoir l’évaluation primaire, l’évaluation secondaire, et la réévaluation, tels que ces processus se réitèrent

19 L’auteur emploie le terme d’action bien qu’il s’agisse principalement de cognitions.

dès le moment où une transaction est jugée stressante, et ce jusqu’au moment où elle n’est plus considérée comme telle.

Les auteurs du présent modèle précisent d’ailleurs que le résultat concret de la résolution de problèmes tel qu’il a été réalisé par la personne, ne dépend pas seulement de ce processus cognitif tel qu’il est décrit ici, mais aussi d’autres facteurs (D' Zurilla & Goldfried, 1971). Ainsi, une personne peut résoudre un problème au niveau cognitif, mais échouer lors de la réalisation des solutions trouvées pour différentes raisons, liées notamment à la motivation ou à des déficits comportementaux (D' Zurilla & Goldfried, 1971).

Sur la base de la clinique, les auteurs notent que d’ordinaire, les personnes qui ne parviennent pas à gérer efficacement les problèmes qu’ils rencontrent, montrent des difficultés variées qui ne touchent pas seulement au processus de résolution de problèmes, mais aussi à l’exécution concrète des réponses choisies au cours de celui-ci (D' Zurilla & Goldfried, 1971).

Le fait de recourir à une modélisation idéale ou rationnelle des processus cognitifs tels qu’ils devraient avoir lieu lorsqu’une personne se trouve face à un problème ou à une situation stressante, a certainement son utilité (Cox, 1987), mais comporte aussi un certain risque : celui d’oublier qu’il ne s’agit pas d’un portrait fidèle de la réalité (Ostell, 1988).

Contrairement à ce qui se passe au laboratoire, dans les situations de la vie quotidienne les choses sont en effet plus “embrouillées”, on manque en général d’informations claires, et surtout, ces situations n’offrent pas forcément un but ou une direction à suivre (D' Zurilla & Goldfried, 1971).

Selon Cox (Cox, 1987, p. 11), dans la réalité quatre éléments principaux diffèrent par rapport au processus rationnel: les individus récoltent généralement des informations insuffisantes et l’analyse de la situation reste inadéquate. Une solution unique, ou à la limite, un tout petit nombre de solutions sont générées et considérées. Une seule solution est réalisée sans aucune évaluation, et finalement, l’individu ne fait pas d’apprentissage lors de cette expérience. Mais si ces modèles rationnels de la résolution de problème sont idéalistes, ils peuvent servir d’objectifs pour des interventions destinées à améliorer le fonctionnement de ce processus, soit au niveau individuel, soit auprès de certains groupes (Cox, 1987).

Outline

Documents relatifs