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DEUXIÈME QUESTION: DIFFÉRENCES INDIVIDUELLES RELATIVES À L’USAGE DES DIFFÉRENTS TYPES DE COPING

V. Questions de recherche, analyses et résultats

V.3 DEUXIÈME QUESTION: DIFFÉRENCES INDIVIDUELLES RELATIVES À L’USAGE DES DIFFÉRENTS TYPES DE COPING

Etant donné que les comportements observés au cours du jeu expérimental ont pu être regroupés en un nombre restreint de types de coping, cette deuxième question porte sur l’usage qu’en font les individus. En d’autres termes, nous nous sommes demandés premièrement, si les individus se distinguent les uns des autres quant à l’utilisation qu’ils font des différents types de coping, et deuxièmement, s’il est possible de regrouper les sujets sur cette base.

Par ailleurs, comme déjà exposé dans la revue de littérature, Seiffge-Krenke (Seiffge-Krenke, 1994) s’est intéressée à la distinction entre un coping “normal” ou fonctionnel, et un coping dysfonctionnel (Seiffge-Krenke, 1994). Tout en reconnaissant qu’une stratégie à priori

“dysfonctionnelle” peut être adéquate à un moment donné (comme certaines conduites d’évitement ou de retrait par exemple), cet auteur a montré que ce qui différencie un coping sain d’un coping dysfonctionnel, c’est la proportion que prend l’usage de ce type de stratégies (Seiffge-Krenke, 1994).

Plus précisément, Seiffge-Krenke a montré que sur un ensemble de situations stressantes relevant de différents domaines de préoccupations, et indépendamment des propriétés de ces situations, le retrait ne doit pas dépasser un cinquième des efforts de coping, tous types confondus (Seiffge-Krenke, 1994).

Dans le contexte du jeu expérimental, et comme discuté plus haut, le coping de protection semble très proche du retrait décrit par cet auteur. En raison de cela, il convient de vérifier d’une part, quelle est la proportion de stratégies de protection employées par les adolescents relativement au coping de base et au coping stratégique réunis, et d’autre part, si les sujets se distinguent les uns des autres quant à l’usage proportionnel de cette forme de coping.

Le terme de coping de confrontation sera employé pour faire référence à cette proportion entre les coping de base et stratégique, par rapport au coping de protection. Le score ainsi obtenu permet d’évaluer la fonctionnalité du coping dans ce contexte, telle que celle-ci a été opérationnalisée par Seiffge-Krenke. Autrement dit, lorsqu’un individu aura un score de confrontation supérieur ou égal à quatre, nous considérerons que dans le cadre du jeu expérimental, il a eu un style de coping dit fonctionnel.

V.3.1 MESURES

Les mesures employées pour cette deuxième question sont les variables nos. 506 à 551 qui représentent les fréquences absolues des 45 comportements observés pour chaque sujet, toutes situations confondues.

V.3.2 MÉTHODE D’ANALYSE

Dans un premier temps, et pour chaque sujet, un score brut a été calculé qui représente la fréquence absolue à laquelle des comportements relevant de chacun des quatre clusters retenus ont été réalisés (variables nos. 552-555). Ces scores ont donc été obtenus par une sommation des comportements observés appartenant à chacun de ces clusters.

Un score proportionnel a par la suite été calculé pour chaque type de coping sur la base des scores bruts ci-dessus, et par rapport à l’ensemble des comportements réalisés par le sujet (variables nos.

558 à 560, et 866). Puis, un score de confrontation a été calculé, qui représente la proportion des coping de base et stratégique réunis par rapport au coping de protection (variable no. 867, = (coping de base + coping stratégique) / coping de protection).

Dans un premier temps, ce score n’a pu être calculé que pour 44 sujets sur les 48 que comptent l’échantillon, les quatre autres n’ayant réalisé aucun comportement de protection. Afin que ces individus aient tout de même un score de confrontation, celui-ci a été recalculé manuellement, la somme de leurs scores de coping de base et stratégique ayant été divisée par 1 au lieu de 0.

Afin de voir si les individus se regroupent en fonction de leur utilisation des différents types de coping, une analyse de clusters sur les sujets (cases) a été réalisée, dans un premier temps sur la base des scores bruts des types de coping I, III et IV (variables nos. 552, 554, 555), puis sur la base des deux derniers types de coping seulement (nos. 554 et 555). Les raisons pour lesquelles les deux premiers types de coping n’ont finalement pas été inclus dans cette analyse sont décrites plus bas lors de l’interprétation des scores obtenus sur ces différents types.

S’agissant de données quantitatives, c’est la méthode “Between-groups linkage”, qui garantit que les différents clusters regroupés sont composés d’individus dont les moyennes sont proches, et le critère du carré de la distance euclidienne “Squared Euclidian Distance”, qui ont été employés pour ces analyses. Comme c’était aussi le cas pour la question précédente, il n’existait aucune façon a priori d’établir le nombre de clusters à retenir, et les solutions offrant entre deux et cinq clusters ont été considérées.

Une analyse de variance (ANOVA) a ensuite été menée avec pour variable indépendante l’appartenance des sujets aux différents groupes issus de l’analyse sus mentionnée, et pour variables dépendantes le score brut et le score proportionnel du coping de base qui n’avait pas été pris en compte pour la présente classification, de même que le score de confrontation (variables nos. 552, 558, et 867).

V.3.3 RÉSULTATS

La table no. 15 contient un résumé de la distribution des scores bruts et des scores proportionnels obtenus par les adolescents sur les différents types de coping, tandis que l’annexe no. 7 comprend les histogrammes des scores bruts obtenus sur les différents types de coping, et du score de confrontation.

Table no. 3 : Scores bruts et scores proportionnels / types de coping

Scores bruts +

Scores proportionnels M SD Min. Max.

I : “Coping de base” 34.38 .71 9.29 .11 18 .43 60 .90

II : “Comportements résiduels” 1.27 .03 1.53 .03 0 0 8 .12

III : “Coping stratégique” 8.13 .15 6.48 .10 0 0 28 .41

IV : “Coping de protection” 5.54 .11 4.03 .07 0 0 16 .26

“Score de confrontation” 13.75 13.84 2.86 64

Ces données montrent que les comportements compris dans le coping de base sont très fréquemment observés chez tous les individus, ce qui n’est pas le cas des comportements des trois autres clusters.

L’utilisation de comportements dits résiduels semble définitivement marginale par rapport aux scores obtenus sur les autres types. Cette catégorie “résiduelle” (II) ne sera que rarement reprise dans la suite de ce travail, en raison de l’absence d’interprétation possible, de l’extrême rareté des comportements qui en font partie, et de leur importance marginale relativement aux autres formes de coping.

Des différences inter-individuelles ont été observées relativement à l’usage qui est fait des comportements liés aux types I, III et IV. La distribution des scores bruts du type I, et la proportion

à laquelle cette forme de coping est utilisée, laissent penser que le coping de base constitue une mesure “grossière” du taux d’activité des joueurs versus de leur passivité. Dans le présent échantillon, tous les joueurs sans exception ont employé ce type de comportements dans une proportion relativement importante, ce qui semble indiquer que pour faire face aux différentes situations rencontrées dans le présent jeu expérimental il est nécessaire d’y avoir recours.

Il n’en va pas de même pour les comportements appartenant aux types III et IV. D’un point de vue quantitatif, l’usage de ces comportements paraît complémentaire à ceux des comportements basiques : pas tous les joueurs réalisent de tels comportements, et pour la majorité de ceux qui y ont recours, la proportion de ces comportements “nouveaux”, par rapport aux comportements de base, reste relativement faible. Aussi, d’un point de vue qualitatif, si la plupart des individus réalisent quelques comportements relevant de ces deux types, certains n’usent que de l’une ou de l’autre de ces formes de coping.

Rappelons à ce propos que les comportements de base qui ont été appris et exercés lors de la phase d’entraînement, n’ont en commun que leur aspect élémentaire, tandis que les comportements relatifs au coping stratégique et au coping de protection sont liés sur le plan sémantique relativement à leur fonction. Ces différents éléments font penser que le coping de base permet de différencier les individus sur un axe unidimensionnel d’ordre général et quantitatif, tandis que les deux autres types de coping, qui semblent complémentaires et facultatifs, permettraient une différenciation de type qualitative.

L’analyse des corrélations entre ces différents types de coping montre que si l’emploi des comportements basiques est tendanciellement lié avec les comportements stratégiques (r = .247, p ≤ .10) et significativement avec les comportements de protection (r = .317, p ≤ .05), ces deux derniers types de coping ne sont pas du tout liés entre eux (r = .040, p >.10).

Le score de confrontation, est quant à lui, lié positivement au coping stratégique (r = .305, p ≤ .05) et fortement, mais négativement, au coping de protection (r = -.675, p = .000); il n’entretient par contre aucune relation avec le coping de base (r = .006, p >.10).

Ceci revient à dire que plus les individus réalisent des comportements qui relèvent du coping de base, plus ils tendent aussi à produire des comportements des deux autres types. Par contre, l’usage du coping stratégique n’influence en rien le recours au coping de protection, et vice versa. Ces deux derniers types de coping semblent ainsi faire référence à différentes façons de gérer des situations qui peuvent être employées conjointement ou non, mais qui n’entretiennent aucun lien systématique, ce qui paraît cohérent avec les interprétations proposées plus haut pour ces deux formes de coping.

L’absence de corrélation entre le score de confrontation et le coping de base est surprenante puisque ce premier score est constitué en majorité par des comportements de base.

Précisons par ailleurs que, comme le montre la table no. 2 de l’annexe no. 7, chacun des trois types de coping décrits ici est lié positivement et significativement à la fois au nombre total de comportements observés sur l’ensemble du jeu expérimental, et à la variété des comportements observés, c’est à dire à la richesse du répertoire de coping.

Afin de voir comment les adolescents qui ont participé à cette étude se répartissent par rapport à l’usage qui est fait de ces différentes formes de coping, une première analyse de clusters a été réalisée sur la base des fréquences absolues des types I, III et IV. Les solutions observées (2 à 7 clusters) de même que les différents groupes constitués dans chacune de ces solutions, différaient principalement d’un point de vue quantitatif, et relativement à l’usage qui était fait du coping de base. De ce fait, aucun critère ne permettait de sélectionner une solution de clusters par rapport aux autres partitions possibles, aussi, il n’était pas possible de donner un sens aux différents clusters de manière à ce que ceux-ci soient distincts les uns des autres d’un point de vue qualitatif.

Du fait que les scores obtenus sur le coping stratégique et sur le coping de protection semblaient plus à même de distinguer d’un point de vue qualitatif entre les individus, une deuxième analyse de clusters a alors été menée, cette fois-ci uniquement sur la base des scores bruts de ces deux types.

Cette analyse (voir dendrogramme, en figure no. 2 de l’annexe no. 7) a permis de mettre en évidence trois groupes d’individus distincts.

Figure no. 1: Scores bruts des types de coping stratégique et de protection, pour les 3 groupes issus de la classification des sujets.

0 5 10 15 20 25

Groupe I (n = 35) Groupe II (n = 5) Groupe III (n = 8)

Score brut = Nbre de comportements observés

Coping stratégique Coping de protection

Comme le montre la figure no. 8, la majorité des individus se trouvent dans le premier groupe (n = 35) et ont réalisé à peu près autant de comportements stratégiques que de comportements de protection, tandis que les personnes appartenant au deuxième groupe (n = 5) ont réalisé plus de comportements de protection que de comportements stratégiques, et que les joueurs du troisième groupe (n = 8) ont réalisé beaucoup de comportements stratégiques et peu de comportements de protection.

La table no. 16 résume la distribution des scores bruts, mais aussi des scores proportionnels relatifs aux différentes formes de coping, et au score de confrontation, pour les individus appartenant à ces trois groupes. Comme attendu, tant les scores bruts que les scores proportionnels pour le coping de protection obtenus par les sujets du groupe II sont plus élevés que ceux des autres groupes. De même les individus du groupe III ont des scores bruts et proportionnels plus élevés que les autres groupes pour le coping stratégique.

Table no. 4 : Utilisation des trois dimensions de coping retenues par groupe de sujets Scores bruts + scores proportionnels

Groupes d’individus : M SD Minimum Maximum

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