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Description et caractéristiques des micromondes

II.4 UNE APPROCHE ALTERNATIVE: L’ÉTUDE DU COPING EN TANT QUE RÉSOLUTION DE PROBLÈMES

II.4.3 LA RÉSOLUTION DE PROBLÈMES COMPLEXES ET LES “MICROMONDES”

II.4.3.1 Description et caractéristiques des micromondes

Tanaland figure parmi les premiers micromondes décrits dans la littérature scientifique pour l’étude de la résolution de problèmes ; il date de 1975 et a été développé par Doerner et collègues (Funke, 1988). Depuis, d’autres micromondes ont été créés, comme Lohhausen, où le sujet est le maire d’une ville, Moro, où il est conseiller d’une tribu africaine, Dessy, où le sujet dirige plusieurs équipes de sauvetage pour maîtriser un incendie de forêt simulé (Brehmer & Doerner, 1993), ou

encore Save the Whale, où il doit naviguer entre des icebergs, des kayaks et des planctons pour sauver une baleine (Porter, 1995), pour ne citer que ces quelques exemples.

Les micromondes de ce type possèdent trois qualités intrinsèques (Brehmer & Doerner, 1993, p. 173):

Ce sont des univers complexes, au sens où ils requièrent du sujet, au moment de choisir une action, de prendre en compte à la fois plusieurs buts plus ou moins contradictoires, et plusieurs processus qui interagissent entre eux (Brehmer & Doerner, 1993). Le degré de complexité du système est déterminé par le nombre de ces processus ou variables, et par la structure des relations qu’ils entretiennent (Brehmer & Doerner, 1993).

L’interaction entre ces variables fait que chaque action du sujet a des implications directes et indirectes sur chacune d’elles, et contrairement à des situations où il est possible de définir ce qui est adapté par des règles simples de type “si a alors b”, dans ce contexte, l’adéquation d’une action dépend d’une constellation de conditions, et se définit par des règles fortement conditionnelles de type “si (a + b + c) ou (d + e + f ) ou (g + h + i) alors j” (Doerner & Pfeifer, 1993).

Les micromondes sont dynamiques: ils ont une mémoire, ce qui implique que l’état actuel est fonction de l’histoire des interactions entre le joueur et le système; ces environnements évoluent à la fois de manière autonome, et en fonction des actions du sujet (Brehmer & Doerner, 1993). Cet aspect dynamique fait que les micromondes sont stressants de manière inhérente (Brehmer &

Doerner, 1993).

Ces univers simulés sont opaques, en ce sens que le fonctionnement du système n’est pas transparent, et que certains aspects doivent donc être déduits puis testés par le sujet (Brehmer &

Doerner, 1993).

En plus de ces qualités intrinsèques, pour être employés dans la recherche et posséder une validité écologique, les micromondes doivent encore satisfaire plusieurs critères, à savoir:

• Les processus psychologiques engagés lors de l’interaction avec ces micromondes doivent être les mêmes que ceux qui sont à l’œuvre dans les situations réelles que ceux-ci tentent de reproduire (Omodei & Wearing, 1995).

• Les micromondes doivent se dérouler en temps réel, c’est-à-dire que le joueur doit décider et agir sous pression du temps, et que l’environnement évolue constamment même si le sujet ne fait rien (Omodei & Wearing, 1995).

• L’histoire racontée aux sujets (“cover story”) doit être basée sur des significations issues du monde réel, c’est-à-dire qu’elle doit aller dans le sens des lois de la nature et paraître

plausible, et les représentations graphiques doivent être cohérentes avec ces significations (Omodei & Wearing, 1995).

• L’interface au moyen duquel le micromonde est présenté au sujet, et par lequel celui-ci peut agir sur le système ne doit pas être intrusif: il doit être à la fois assez sophistiqué pour correspondre à la complexité du micromonde et à ses exigences, et assez simple pour que le sujet puisse le comprendre et l’utiliser sans difficulté (Omodei & Wearing, 1995).

L’attention des sujets doit en effet pouvoir être portée entièrement sur ce qui se passe dans la simulation, et non pas sur des aspects mécaniques de l’interface (Omodei & Wearing, 1995).

La manière d’exécuter des commandes, par exemple, doit être naturelle et facilement automatisée (Omodei & Wearing, 1995).

• La consigne qui est donnée au sujet, et que ce dernier est censé accepter de se fixer pour but doit être acceptable (Omodei & Wearing, 1995). Autrement dit, le contenu sémantique du jeu a toute son importance puisqu’il est censé représenter des systèmes réels (Brehmer &

Doerner, 1993).

• Les consignes données au sujet doivent également laisser suffisamment de place à des différences individuelles en termes d’interprétation de ce qui se passe, et de choix stratégiques (Donchin, 1995).

• Le chercheur doit contrôler et enregistrer toutes les variables qui peuvent être pertinentes pour décrire les réponses du sujet (Donchin, 1995). Lorsqu’un individu interagit avec un micromonde complexe, une quantité impressionnante de données est générée, et ces données ne peuvent être interprétées qu’en rapport avec les événements qui ont eu lieu en parallèle.

C’est pourquoi en plus des actions du sujet, l’historique des événements qui ont eu lieu doit aussi être enregistré (Omodei & Wearing, 1995), de même que les positions relatives des autres personnages présents (Porter, 1995).

Les micromondes qui répondent à l’ensemble de ces critères ne demandent pas seulement de la réflexion, de la résolution de problèmes, de la planification ou de la prise de décision. Ils exigent tout cela ensemble de la part du sujet, en plus du fait que celui-ci doit organiser ses actions dans le temps, et gérer les émotions plus ou moins fortes qu’il ressent au fil des succès et des échecs rencontrés (Brehmer & Doerner, 1993).

Dans ces micromondes, comme dans la réalité, aucune stratégie n’est toujours bonne ou toujours mauvaise, et les sujets doivent penser, décider et agir sur la base d’une observation de la situation dans son ensemble (Doerner & Pfeifer, 1993).

Enfin, plus les différents buts qui doivent être poursuivis par le sujet sont conflictuels, plus ce dernier doit fournir un effort important au niveau à la fois cognitif et émotionnel (Brehmer &

Doerner, 1993).

Mais si le fonctionnement des micromondes est aussi complexe que les efforts qu’ils nécessitent de la part du sujet, l’analyse des données issues de ces systèmes ne l’est pas moins.

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