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HUITIÈME QUESTION : EFFETS DU GENRE SUR LE COPING

“SCORE DE CONFRONTATION”

V.9 HUITIÈME QUESTION : EFFETS DU GENRE SUR LE COPING

Comme vu plus haut dans la revue de littérature sur le coping à l’adolescence, plusieurs auteurs ont trouvé des différences liées au genre. Si l’on se réfère au modèle en trois dimensions de Seiffge-Krenke (Seiffge-Seiffge-Krenke, 1995; Seiffge-Seiffge-Krenke & Shulman, 1990), il semblerait que les filles utilisent plus que les garçons des stratégies de coping actives et internes, le retrait étant employé dans la même mesure par les individus des deux sexes (Kavsek & Seiffge-Krenke, 1996).

Aussi, les filles se stresseraient plus, et se prépareraient plus que les garçons à la survenue d’un éventuel problème, mais lorsque celui-ci survient, elles auraient plus tendance à le régler directement avec la personne concernée, et demanderaient plus facilement de l’aide à autrui (Seiffge-Krenke, 1995; Seiffge-Krenke & Shulman, 1990). Les garçons, quant à eux, auraient plutôt tendance à attendre que le problème soit imminent pour s’en occuper, et préféreraient essayer de le gérer par eux-mêmes (Boekaerts, 1996; Kavsek & Seiffge-Krenke, 1996).

Au vu de ces résultats, nous nous sommes demandés quelle était la part des différences individuelles observées dans notre contexte expérimental qui s’expliquait par la variable genre, sachant qu’une des particularités de notre méthode, est que les situations rencontrées sont exactement les mêmes pour les filles et les garçons, alors que dans la réalité, le type des situations qui sont jugées stressantes de même que leur fréquence, varient déjà en fonction du genre (Frydenberg, 2000). Plus précisément, nous avons cherché à savoir si, et dans quelle mesure, le genre des sujets avait un effet sur le type de stratégies mises en œuvre, sur l’usage proportionnel des différents types de coping, et sur la capacité d’adaptation.

V.9.1 MESURES

Les mesures employées pour répondre aux questions ci-dessus sont les scores obtenus par les sujets sur les trois types de coping retenus, leur score de confrontation, leur score moyen d’adaptation, et enfin, leur appartenance à l’un ou l’autre des trois groupes de sujets mis en évidence lors de la question deux (variables nos. 552, 554, 555, 556, 596 et 867).

Le genre des sujets constitue une seule variable catégorielle (variable no. 5), et, afin de contrôler les éventuels effets de l’âge, deux variables ont été employées : la première est quantitative, il s’agit de l’âge en années (variable no. 6), la deuxième est la variable catégorielle, qui constitue un recodage en deux catégories autour de la médiane, de la variable d’âge quantitative (no. 7).

V.9.2 MÉTHODE D’ANALYSE

Une analyse de covariance a été réalisée pour chacun des scores de coping retenus (VD) avec pour variable indépendante le genre, l’âge (variable no. 6) étant introduit comme covariable. Un test du Chi2 a aussi été mené pour voir si la répartition des sujets entre les trois groupes (variable no. 556) était la même pour les filles et les garçons.

V.9.3 RÉSULTATS ET DISCUSSION

La table no. 26 comprend les moyennes et les écarts-types des filles et des garçons sur les cinq variables de coping retenues, de même que les résultats des ANCOVAs y relatives.

Table no. 14 : Coping par genre : moyennes, écarts types et résultats des ANCOVAs.

Garçons Filles

M (SD) M (SD) F (1, 45) p η 2

Coping de base 36.47 11.26 33.00 7.64 1.58 .216 .034

Coping stratégique 10.53 7.64 6.55 5.15 4.54 .039 .092

Coping de protection 7.16 4.57 4.48 3.30 5.65 .022 .111

Score de confrontation 12.18 12.42 14.77 14.81 .377 .542 .008

Score d’adaptation .39 .09 .32 .07 7.79 .008 .148

Notes: Italique = Test Levene significatif, les variances des résidus ne sont pas homogènes. Fond Gris = significatif à p

≤ .05.

Si les garçons ont une moyenne légèrement plus élevée en coping de base que les filles, cette différence n’est pas significative. Pour les deux autres types de coping, et pour le score d’adaptation, les scores des filles sont significativement plus faibles que ceux des garçons : les filles produisent moins de comportements stratégiques et moins de comportements de protection que les garçons. Elles ont aussi un score d’adaptation plus faible que ces derniers.

Ces résultats indiquent d’une part, que de manière générale, les filles ont produit moins de comportements que les garçons, indépendamment du type de coping, et d’autre part, que les garçons ont été mieux à même d’adapter leurs comportements aux situations rencontrées dans ce contexte.

Mais le fait que ces différences ne soient pas significatives pour le coping de base, pourrait vouloir dire que les filles ont surtout été moins inventives et moins spécifiques : rappelons que le coping de protection et le coping stratégique ont en commun le fait qu’il s’agisse principalement de

comportements nouveaux, qui n’ont pas été appris et exercés durant l’entraînement, et que les individus ont du créer eux-mêmes, notamment en combinant des conduites apprises. Ainsi, plus que les garçons, les filles auraient eu recours à des comportements appris.

Le fait que les filles aient un score d’adaptation plus faible que les garçons est probablement lié au fait que ceux-ci ont utilisé sensiblement plus de comportements stratégiques qui, eux, sont corrélés fortement au score d’adaptation. Cependant, comme confirmé lors de la sixième question, la capacité des individus à adapter leurs conduites aux circonstances des situations ne peut pas être réduite à la simple utilisation de comportements stratégiques, quelle que soit la situation rencontrée.

Dans ce contexte, le genre n’a pas eu d’effet sur la fonctionnalité du coping : les filles et les garçons ne diffèrent donc pas quant à la proportion que prend le coping de protection par rapport aux deux autres types de coping. Ce résultat montre que, si les filles et les garçons ont eu une façon différente de gérer les situations dans ce contexte, les garçons ayant plus souvent recours à des comportements stratégiques et de protection, ce dernier type de coping reste largement minoritaire pour les deux groupes, et bien en dessous de la limite de la fonctionnalité (= 1 / 5) définie par Seiffge-Krenke (Seiffge-Krenke, 1994).

Le fait que les garçons aient eu plus souvent que les filles, recours à des comportements stratégiques, est à l’opposé des différences de genre décrites dans la littérature (Kavsek & Seiffge-Krenke, 1996; Seiffge-Seiffge-Krenke, 1994; Seiffge-Krenke & Shulman, 1990). A titre d’exemple, Seiffge-Krenke a montré que les filles rapportaient utiliser plus de coping actif et de coping interne que les garçons, ces deux styles de coping ayant pour point commun de viser une résolution du problème (Seiffge-Krenke & Shulman, 1990), à l’instar du coping stratégique dans le jeu expérimental.

Précisons par ailleurs, que si l’âge a été contrôlé pour cette analyse, et de ce fait introduit comme variable contrôlée, il s’avère que les jeunes adolescents ont un score de confrontation significativement plus faible que les adolescents plus âgés (F (1, 45) = 4.386, p ≤ .05, η2 =.089), la corrélation entre ce score et l’âge au moment de l’expérience étant également significative (r = .298, p ≤ .05).

Bien que ces différences ne fassent pas l’objet d’une question de recherche, notons que ces résultats divergent de ce qui est dit à ce propos dans la littérature, plusieurs auteurs ayant en effet observé que le coping centré sur le problème était relativement stable au cours de l’adolescence (Boekaerts, 1996; Kavsek & Seiffge-Krenke, 1996).

Le test du Chi2, réalisé entre la variable genre, et la classification des individus en trois groupes, n’est pas significatif (Chi2 (2)= 3.60, p >.10). On note cependant que dans les groupes II et III,

caractérisés respectivement par une préférence pour le coping stratégique et pour le coping de protection, la majorité des sujets sont des garçons, alors que le premier groupe, caractérisé par un score plus faible sur ces deux types de coping, est composé majoritairement de filles.

Table no. 15 : Répartition des filles et des garçons dans les 3 groupes définis par le coping

Effectifs observés

Ce résultat est relativement étonnant si l’on considère la proportion des filles et des garçons qui se trouve dans le groupe simple (I) : en effet, alors que seulement 57.89% des garçons font partie de ce groupe, ce sont 82.76% des filles qui s’y trouvent. Ainsi, une nette majorité des filles se caractérise par un usage du coping de base proportionnellement très élevé relativement aux deux autres types de coping, tandis que presque la moitié des garçons (les 42% restant) ont utilisé cette forme de coping dans une moindre proportion (voir aussi descriptifs de ces groupes en question deux).

Ces résultats font sens si on les met en relation avec les différences de genre observées en termes de confiance en soi. Rappelons en effet que les filles ont eu significativement moins confiance en leurs propres capacités de faire face, et que cette variable est liée positivement et significativement au coping stratégique.

Au vu de ce qui précède, on serait tenté de dire que dans ce contexte particulier d’un jeu d’ordinateur, probablement les garçons sont plus à l’aise, ce qui fait qu’ils ont plus confiance en eux-mêmes et que, de ce fait, ils ont plus souvent recours à des comportements stratégiques.

Seulement, il semble qu’il s’agisse d’un phénomène plus général, cette différence de genre relative à la confiance en ses propres compétences ayant également été mise en évidence dans d’autres contextes : à titre d’exemple, Bandura note qu’avec l’âge, les filles ont de moins en moins confiance en leurs compétences dans le domaine des mathématiques (Bandura, 1997, p. 430), aussi, les filles auraient de manière générale, tendance à avoir une estime de soi plus faible que les garçons (Seiffge-Krenke, 1998, p. 167).

Pour conclure, nous retiendrons que les garçons se distinguent des filles par un recours plus fréquent à des comportements dits “nouveaux”, que ceux-ci aient pour particularité d’agir sur les conditions qui sont à l’origine du stress ou de parer momentanément à la vulnérabilité de l’agent, et

par une capacité d’adaptation supérieure dans ce contexte. La différence de genre observée en termes de capacité d’adaptation est probablement liée au fait que les filles emploient moins de coping stratégique que les garçons, mais ne peut se réduire à cela.

A ce stade, ces différences de genre restent donc difficiles à interpréter, et semblent même contraires à la littérature dans ce domaine. Ces données seront donc rediscutées dans la suite de ce travail, à la lumière des liens trouvés entre le coping dans le cadre du jeu expérimental, et des variables externes à celui-ci.

V.10 NEUVIÈME QUESTION: COPING IN SITU ET COPING MESURÉ

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