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Corrélats d’un coping adapté

II.1.3 ETAT ACTUEL

II.1.3.4 Corrélats d’un coping adapté

Sachant que certaines personnes s’en sortent mieux que d’autres lorsqu’elles sont confrontées à des situations stressantes (C. R. Snyder, 1999), la question qui se pose est alors de savoir qui sont ces individus capables de choisir les bonnes stratégies au bon moment, ou de parvenir à réaliser les stratégies qu’ils ont choisies avec plus d’efficacité.

Il est probable que de nombreux aspects du fonctionnement psychologique sont liés de manière plus ou moins directe au coping. Compte tenu du nombre important de liens décrits dans la littérature récente, il serait impossible de les aborder tous, nous n’en mentionnerons donc ci-après que quelques exemples.

II.1.3.4.1 Les traits de personnalité

Certains traits de personnalité ont été étudiés pour le lien qu’ils entretiennent avec le coping (Carver et al., 1989 ; Parkes, 1986; Watson, 1999 ). Parmi ceux-ci le névrosisme, qui selon Watson (Watson, 1999) est fortement lié à la psychopathologie (dépression, anxiété, abus de substances, troubles alimentaires, somatoformes et de personnalité), semble aussi avoir le plus d’influence sur la vulnérabilité au stress (Matthews et al., In press).

Les personnes qui ont un score de névrosisme élevé semblent rencontrer plus souvent que d’autres des événements négatifs ; ils tendent aussi à s’auto-évaluer et à évaluer leur environnement avec pessimisme, à employer plus de stratégies de coping centrées sur l’émotion et sur l’évitement, et moins de stratégies centrées sur le problème (Matthews et al., In press; Watson, 1999 ).

L’extraversion quant à elle entretient des liens négatifs avec les mêmes pathologies psychiques (Watson, 1999), et corrèle positivement avec l’emploi de stratégies de coping centrées sur le problème, et négativement avec le coping centré sur l’émotion (Watson, 1999). Lorsqu’elles sont

confrontées à des situations stressantes, les personnes extraverties auraient aussi plus de facilité à se tourner vers autrui, par exemple pour demander de l’aide (Watson, 1999).

II.1.3.4.2 L’intelligence

La notion d’adaptabilité des capacités cognitives à de nouveaux problèmes semble être une caractéristique reconnue du facteur g ou d’intelligence générale (Matthews et al., In press), tel qu’il a été mis en évidence par de nombreux auteurs pour l’importance de son rôle dans des tâches cognitives variées (Carroll, 1993; Spearman, 1904 ).

Dans une même perspective, Zeidner (Zeidner, 1995, p. 304) considère que l’intelligence fait référence à une forme globale d’adaptation à l’environnement, et s’attend à ce que des personnes dites “intelligentes” soient mieux ajustées socialement et émotionnellement que celles qui le sont moins.

Telle une ressource personnelle, l’intelligence devrait alors influencer le processus de coping à différents niveaux (Zeidner, 1995, pp. 304-305): premièrement, l’intelligence pourrait affecter le processus d’évaluation en permettant à l’individu de considérer des alternatives plus complexes, à la fois lors de l’évaluation primaire et lors de l’évaluation secondaire. Deuxièmement, l’intelligence pourrait influencer à la fois le choix des stratégies de coping, et leur implémentation. Zeidner postule notamment que les stratégies de coping centrées sur l’émotion et sur le problème sont utilisées à la fois par les personnes qui ont un score élevé sur des épreuves d’intelligence et par celles qui ont un score faible, mais que ces dernières emploient plus souvent des stratégies centrées sur l’émotion car elles évalueraient plus de situations comme étant de celles où rien ne peut être fait (Zeidner, 1995, p. 305).

Troisièmement, des corrélations ont été trouvées entre certaines mesures d’intelligence ou de réussite intellectuelle, et des construits qui sont liés à la confiance que chacun a dans ses propres capacités de coping, tels la “self efficacy” et l’estime de soi (Matthews et al., In press ; Zeidner &

Matthews, 2000), ce qui va dans le sens d’une influence plutôt indirecte sur le coping.

Comme Zeidner le fait remarquer (Zeidner, 1995), bien que l’importance de l’intelligence en tant que ressource de coping ait été soulignée, la recherche empirique dans ce domaine est extrêmement rare et lacunaire.

Une autre forme d’intelligence par contre, l’intelligence émotionnelle (Salovey, 1999), est devenue très populaire tant dans les milieux scientifiques qu’auprès du public, et les liens entre celle-ci et le coping ont été discutés par plusieurs auteurs.

II.1.3.4.3 L’intelligence émotionnelle

Le concept d’intelligence émotionnelle (EI) désigne un type d’intelligence qui à trait à la capacité de traiter des informations émotionnelles (Roberts, Zeidner, & Matthews, 2001). Si les auteurs semblent diverger quant au contenu précis de cette forme d’intelligence (Roberts et al., 2001), le fait de gérer correctement des situations stressantes est souvent vu comme un élément clé de l’intelligence émotionnelle (Matthews et al., In press). D’après Matthews (Matthews et al., In press), un coping adapté serait même parfois considéré comme de l’intelligence émotionnelle “en action”.

Il semble probable que les processus liés à la régulation des émotions et qui sont au cœur du concept d’EI, sont d’une grande importance pour le coping aussi (Matthews et al., In press): par exemple, certaines compétences sociales faciliteraient l’établissement de liens sociaux durables ainsi que leur utilisation lors de situations de stress (Salovey, 1999). Mais selon Matthews (Matthews et al., In press, pp. 29-30), ces processus ne sauraient à eux seuls rendre compte d’un coping adapté.

Au vu de cela, il semblerait qu’à l’instar de l’intelligence “classique”, l’intelligence émotionnelle serait à considérer comme une ressource pour le coping, comme cela a été proposé par Salovey (Salovey, 1999), au même titre d’ailleurs que d’autres facteurs, comme le support social.

II.1.3.4.4 Le support social

Selon Avison (Avison & Gotlib, 1994), la notion de support social désigne le fait qu’une personne ait un réseau social plus ou moins large, composé de personnes auxquelles elle peut faire appel, et qui sont susceptibles de lui offrir un certain soutien. Il semble qu’il s’agisse d’une ressource importante pour le coping (Parker & Endler, 1992).

Le support social semble avoir principalement deux façons de contribuer à un coping efficace:

premièrement, indépendamment du niveau de stress présent dans la vie d’une personne, le support social constituerait un facteur protecteur au sens où il procurerait un support émotionnel susceptible de renforcer la confiance en soi et l’estime de soi, et de rehausser la santé mentale et physique (Holahan et al., 1996 ; Plancherel, Bolognini, & Nunez, 1994; Salovey, 1999 ).

Deuxièmement, selon l’hypothèse connue sous le nom de “l’effet buffer”, le support social interviendrait entre l’événement stressant et l’expérience de stress, en amortissant l’impact du stress sur le bien-être de l’individu, par exemple en lui procurant des conseils qui l’aideraient à mieux évaluer la situation et à planifier des stratégies de coping plus adéquates (Holahan et al., 1996 ; Plancherel et al., 1994; Salovey, 1999 ).

A titre d’exemple, des études longitudinales ont montré qu’un degré élevé de support familial prédit une augmentation du recours à un coping centré sur le problème, et une baisse des autres formes de coping (Holahan et al., 1996)15.

II.1.3.4.5 Confiance en soi et concepts similaires

Dans la littérature sur le coping, il est souvent fait référence à différents concepts qui se chevauchent partiellement, et qui ont trait à la façon dont l’individu se perçoit lui-même, ou / et appréhende les situations qu’il rencontre. Ces variables semblent exercer une influence plus ou moins directe sur la façon dont ces situations sont évaluées, sur la réaction émotionnelle qui s’en suit, ainsi que sur les efforts de coping que l’individu tente ou ne tente pas de mettre en place pour y faire face.

Parmi ces variables on trouve la confiance en soi, le “self-efficacy belief” (Bandura, 1997), la contrôlabilité (perçue), l’estime de soi, mais aussi certaines tendances d’attribution causale ou de locus of control (Rotter, 1966), et même l’optimisme.

A titre d’exemple, les personnes qui ont un niveau élevé de “self efficacy” tendent à appréhender des situations stressantes de manière active, et à persister dans leurs efforts, alors que les personnes qui ont un niveau faible de “self efficacy” tendent à éviter ce type de situations (Holahan et al., 1996). Aussi, les personnes optimistes auraient tendance à employer des stratégies centrées sur le problème tandis que les pessimistes préfèreraient les stratégies centrées sur l’émotion (Holahan et al., 1996).

Selon Cox (Cox, 1987), au moment de l’évaluation d’une situation, la perception que l’individu a de ses propres capacités de coping serait plus importante encore que le fait de posséder réellement ces capacités, notamment pour déterminer si et combien la situation est vécue comme stressante.

Nous retiendrons de ce qui précède que, s’il semble important de posséder certaines ressources mentionnées plus haut comme l’intelligence, l’intelligence émotionnelle, ou le support social, il paraît d’autant plus important d’en être conscient et de pouvoir croire qu’il nous est possible de modifier dans une certaine mesure les situations rencontrées, sans quoi il semble difficile de mobiliser ces ressources et d’entamer des efforts de coping.

15 Comme vu plus haut, pour cet auteur le coping d’évitement comprend tout ce qui n’est pas de l’approche, celle-ci étant équivalente à ce que nous avons appelé coping centré sur le problème. Ici Holahan parle d’une augmentation du coping d’approche et d’une baisse du coping d’évitement, nous l’avons donc traduit dans notre terminologie.

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