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Les relations de la SDRT

Dans le document Vers une algèbre des relations de discours (Page 53-57)

2.2 Les relations de discours

2.2.2 Les ensembles de relations de discours

2.2.2.3 Les relations de la SDRT

Dans cette section, nous présentons le jeu de relations défini dans le cadre de la SDRT. Asher & Lascarides (2003) définissent 7 groupes de relations de discours :

23. Les relations Evaluation et Interpretation sont considérées comme thématiques par Mann & Thomp- son. La relation Enablement, elle, est difficile à caractériser en partant de la définition de Mann & Thompson.

– des relations au niveau du contenu, ou content-level relations, qui correspondent aux relations opérant au niveau sémantique ;

– des « méta-relations » ou meta-talk relations, qui correspondent aux relations opérant au niveau pragmatique ;

– des relations structurelles ou text-structuring relations, nommées ainsi parce que leur établissement implique la présence de certaines contraintes sur la structure des unités reliées ;

– des relations au niveau du contenu impliquant des interrogatives ; – des relations au niveau du contenu impliquant des impératives ; – des relations cognitives ;

– des relations de divergence.

Nous présentons à la Table 2.4 les relations couvertes par les trois premiers groupes. Les quatre derniers groupes de relations sont définis dans le cadre de l’analyse de dialogues, dont nous ne traitons pas ici. Dans la table présentée, nous précisons le type des relations (coordonnant ou subordonnant), le niveau auquel elles opèrent (sémantique, prag- matique ou structurel), ainsi que leur statut véridical ou non véridical. Comme nous l’avons déjà mentionné, la SDRT a la particularité de chercher à représenter le contenu sémantique du discours. Elle s’attache donc à définir les contraintes sémantiques associées aux relations de discours qu’elle définit24

. De ce fait, on peut regrouper les relations de la SDRT en fonction de la nature des liens sémantiques auxquels elles sont associées.

Les relations additives temporelles On peut identifier un groupe de relations sont les effets sont essentiellement temporels, contenant les relations Narration, Flashback et Background, respectivement illustrées par les discours en (61), (62) et (63). Les contraintes temporelles associées à ces trois relations sont respectivement la succession temporelle, la précédence temporelle et le recouvrement temporel. Ces trois relations sont respectivement associées à d’autres contraintes — des contraintes sur le type des éventualités reliées, des contraintes spatiales — mais elles ont en commun d’impliquer des contraintes sur l’ordon- nancement temporel des éventualités décrites dans leurs arguments.

(61) Narration

a. Pierre a fait des courses, b. Puis il est allé au cinéma. (62) Flashback

a. Pierre est allé au cinéma, b. après avoir fait des courses. (63) Background

a. Pierre est allé faire des courses. b. Il pleuvait des cordes.

En reprenant les distinctions de Sanders et al., si l’on considère les arguments de la relation Narration comme étant dans l’ordre basique — les éventualités sont décrites dans l’ordre temporel — alors la relation Flashback (ou Précondition), introduite par Bras & Asher

relation type niveau statut

Narration Coordonnante Sémantique Véridical

Flashback Subordonnante Sémantique Véridical

Background Subordonnante Sémantique Véridical

Result Coordonnante Sémantique Véridical

Explanation Subordonnante Sémantique Véridical

Consequence Coordonnante Sémantique Non véridical

Defeasible Consequence Coordonnante Sémantique Non véridical

Continuation Coordonnante Sémantique Véridical

Elaboration Subordonnante Sémantique Véridical

Alternation Coordonnante Sémantique Non véridical

Consequence* Coordonnante Pragmatique Non véridical

Explanation* Subordonnante Pragmatique Non véridical

Result* Coordonnante Pragmatique Non véridical

Contrast Coordonnante Structurel Véridical

Parallel Coordonnante Structurel Véridical

Table 2.4 – Relations de la SDRT

(1994), est dans l’ordre non basique. Notons que ces relations ne mettent pas en jeu une causalité, et constituent donc, si l’on applique les critères définis par Sanders et al., un sous-ensemble des relations additives.

Les relations additives non temporelles Les autres relations additives définies dans la SDRT sont les relations Continuation et Elaboration. La relation Continuation, dont le marqueur prototypique est et, est une relation peu spécifique, comme les relations Joint ou List de la RST. En revanche, la relation Elaboration est associée à des contraintes sémantiques spécifiques : si la relation Elaboration s’établit entre deux unités, alors il existe une relation de partie à tout entre les éventualités décrites dans ces unités, représentée par le prédicat Part (Aurnague & Vieu, 1993). La relation Elaboration est additive, mais, comme les relations Elaboration et Summary de la RST, cette relation est asymétrique.

Les relations causales Pour mieux comparer les relations causales de la SDRT avec celles des jeux de relations présentés précédemment, nous présentons à la Table 2.5 une projection sur la taxonomie de Sanders et al., en y ajoutant la distinction véridicale/non

niveau ordre polarité statut relation

Sémantique Basique Positive Véridical Result

Sémantique Basique Positive Non véridical (Defeasible) Consequence

Sémantique Basique Négative Véridical Contrast

Sémantique Non basique Positive Véridical Explanation

Sémantique Non basique Positive Non véridical –

Sémantique Non basique Négative Véridical Contrast

Pragmatique Basique Positive Non véridical Result*

Consequence*

Pragmatique Basique Négative Non véridical Contrast

Pragmatique Non basique Positive Non véridical Explanation* Pragmatique Non basique Négative Non véridical Contrast

Table 2.5 – Projection des relations causales de la SDRT sur la taxonomie des relations de Sanders et al. (1992)

véridicale. On observe que la SDRT ne définit pas de relation dont les arguments soient dans l’ordre inverse de ceux de la relation Consequence — qui, en reprenant les distinctions de Sanders et al., est dans l’orde basique. Pourtant, les arguments de la relation Conse- quence peuvent apparaître dans l’ordre inverse, comme on le voit dans les discours en (64) et (65). La RST définit la relation Condition pour couvrir la relation établie en (65). Cette relation peut être considérée comme le pendant non basique de la relation Consequence, tout comme Explication est le pendant non basique de la relation Result.

(64) Consequence a. S’ il pleut,

b. alors Marie ira au cinéma. (65) Condition (RST)

a. Marie ira au cinéma b. s’ il pleut.

Notons que les relations opérant au niveau pragmatique ont un statut non véridical, selon la définition de la SDRT. On trouve également parmi les relations non véridicales la relation Alternation, qui est illustrée par le discours en (66).

(66) Alternation

a. Max ne voulait pas venir, b. ou bien il a oublié.

La relation Contrast Au sein des relations structurelles de la SDRT, on trouve les relations Contrast et Parallel. Celles-ci sont définies à partir de contraintes sur la structure de leurs arguments : les unités reliées doivent présenter une similarité structurelle. En ce qui

concerne la relation Contrast — que nous illustrons par le discours en (67) —, ces unités doivent de plus contenir des thèmes contrastifs. Cette relation a un statut véridical, tout comme Parallel, et ne met pas en jeu une causalité. Selon la taxonomie de Sanders et al., cette relation est donc une relation additive. Cependant, cette relation recouvre également des discours comme en (68), dans lequel est établie une relation causale de polarité négative — voir la projection faite à la Table 2.5. Asher & Lascarides (2003) reconnaissent la distinction entre le contraste formel, comme celui qui s’établit en (67) et le contraste impliquant une violation d’attente, comme en (68), mais ils les regroupent sous le même label Contrast25

.

(67) Contrast

a. Marie a accepté la proposition. (α) b. Par contre, Julie a refusé. (β) (68) Contrast

a. Marie a accepté la proposition (α) b. bien que Julie ait refusé. (β)

Au regard de la distinction entre relations additives et causales, les relations établies en (67) et (68) — toutes deux recouvertes par Contrast dans la SDRT — n’appartiennent pas au même groupe : la première est additive, et la seconde causale — et de polarité négative.

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