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Les relations de la classe causale

Dans le document Vers une algèbre des relations de discours (Page 66-69)

2.2 Les relations de discours

2.2.3 Définition de l’ensemble adopté

2.2.3.2 Les relations de la classe causale

La relation Result La relation Result a pour conséquence sémantique l’établissement d’une relation causale : l’éventualité décrite dans le premier argument de la relation est la

cause de l’éventualité décrite dans le second argument — voir (79a). Cette relation causale implique également des contraintes temporelles sur les éventualités : si la première éventua- lité est un événement, une succession temporelle est établie — voir (79b).

(79) a. φResult(α,β)⇒ cause(eα, eβ)

b. (cause(eα, eβ) ∧ event(eα) ⇒ eα≺ eβ

La relation Result peut être établie par la présence de marques linguistiques comme les connecteurs de discours donc, du coup, alors, etc. — voir l’implication monotone en (80a) pour le cas du connecteur donc. Elle peut également être établie de façon non monotone grâce au prédicat causeD, défini comme suit : causeD(α, β) signifie que (α) décrit une cause possible

de (β). Ce prédicat est établit à partir de connaissances lexicales et extra-linguistiques comme : pousser(x, y) est une cause possible de tomber(y). La règle de déclenchement en (80b) permet par exemple d’inférer la relation Result(α, β) dans le discours en en (81).

(80) a. (?(α, β) ∧ [donc](β) → Result(α, β) b. (?(α, β) ∧ causeD(α, β) > Result(α, β)

(81) a. Léa a poussé Max. b. Il est tombé.

À partir d’une étude des différents rôles pouvant être associés au connecteur du français alors, Bras et al. (2007, 2009) proposent, dans le cadre de la SDRT, de distinguer deux sous- cas pour la relation Result : un premier correspondant à l’établissement d’une dépendance causale « forte », et un second correspondant à l’établissement d’une dépendance causale « faible ». Ils définissent respectivement pour ces deux sous-cas les relations Strong Result et Weak Result. Selon Bras (2008), la définition de la dépendance causale forte ou « ordinaire » correspond à celle du prédicat cause, qui est associé à l’établissement de la relation Result par Asher & Lascarides (2003). La dépendance causale forte, pour laquelle Bras proposent une formalisation, couvre l’implication non monotone Kα > Kβ. La définition de de la

dépendance causale faible peut être glosée par : si eα n’avait pas eu lieu, eβ n’aurait pas eu

lieu non plus. Pour le discours en (82) qui exemplifie Weak Result, on peut dire que si Pierre n’avait pas ouvert les rideaux, alors il n’aurait pas vu qu’il pleuvait.

(82) a. Pierre a ouvert les rideaux. b. Alors il a vu qu’il pleuvait.

Notons que la présence d’une dépendance causale forte implique la présence d’une dépen- dance causale faible. La distinction entre les relations Strong Result et Weak Result peut être assimilée à la distinction entre « provoquer » et « permettre » : dans le cas de Strong Result, une éventualité en provoque une autre, et dans le cas de Weak Result, une éventualité permet qu’une autre se réalise. La description de Bras et al. est restreinte aux cas où les éventualités causalement reliées sont des événements. Cependant, les relations Strong Result et Weak Result peuvent également impliquer des états.

Sur ce point, Bras et al. (2007) décrivent les emplois de alors dans des discours au sein desquels les éventualités décrites sont des états, et où la relation exprimée entre deux unités correspond à une conséquence logique, comme dans le discours en (83). Bras et al. (2009) proposent, pour traiter ces discours, la définition d’une troisième relation, Inferential Result,

qui implique la présence d’une implication non monotone Kα→ Kβ. Si l’on s’interroge sur

le niveau auquel opère cette relation, on aboutit à la conclusion suivante. On peut soit considérer la relation comme opérant au niveau sémantique, dans la mesure où un état est la conséquence (logique) d’un autre, soit considérer la relation comme opérant au niveau pragmatique, dans la mesure où le contenu d’un l’énoncé cause l’assertion d’un autre énoncé, qui est ici l’assertion d’une conclusion.

(83) a. Ce nombre est égal à quatre. b. Alors il est pair.

La relation Explanation La relation Explanation a pour conséquence principale l’éta- blissement d’un lien causal — voir (84a). En ce qui concerne les contraintes temporelles qu’elle établit, Asher & Lascarides (2003) proposent, pour le cas général, la contrainte en (84b) : l’éventualité eβ n’a pas lieu avant eγ. Intuitivement, cela signifie que l’effet ne peut

précéder la cause dans le temps. Si eβ est un événement, la contrainte temporelle qu’ils

associent à la relation est plus précise : c’est une précédence temporelle — voir (84c). Cette relation peut être déclenchée par la présence de marqueurs comme parce que. Comme la re- lation Result, elle peut être établie grâce au prédicat causeD — avec arguments dans l’ordre

inverse.

(84) a. φExplanation(α,β) ⇒ cause(eβ, eα)

b. φExplanation(α,β) ⇒ ¬(eα≺ eβ)

c. (φExplanation(α,β)∧ event(eα)) ⇒ (eα≻ eβ)

La relation Result* La relation Result* — que nous noterons Pragmatic Result pour plus de lisibilité — est une relation opérant au niveau pragmatique. Asher & Lascarides (2003) lui associent la contrainte sémantique : eα a causé l’assertion de (β) par S(α) —

S(α) désigne l’agent qui a asserté (α). Bien que cette contrainte ne soit pas formalisée dans la SDRT, nous adoptons la notation cause(eα,Say(β)).

La relation Explanation* La relation Explanation* — que nous noterons Pragmatic Explanation pour plus de lisibilité — est également une relation opérant au niveau prag- matique. Asher & Lascarides (2003) lui associent la contrainte sémantique : le contenu de (β) explique pourquoi l’agent qui a asserté (α) avait les buts communicatifs reliés à l’acte de langage qu’il a réalisé en assertant (α). Nous adoptons pour cette relation une contrainte similaire à celle adoptée pour Pragmatic Result : cause(eβ,Say(α)).

Les relations non véridicales La SDRT définit la relation Consequence, qui s’établit dans des discours comme en (85). Ses effets sémantiques couvrent l’implication monotone Kα → Kβ, mais le contenu des unités est hypothétique : la relation est non véridicale.

Comme nous l’avons dit à la section 2.2.2.3, la SDRT ne définit pas de relation dont les arguments soient inversés par rapport à Consequence, pour traiter par exemple de la relation établie en (86). Nous appelons Condition la relation établie en (86). Si l’on considère que Consequence est une relation dont l’ordre est basique, alors Condition présente les mêmes caractéristiques que Consequence, excepté qu’elle est dans l’ordre non basique.

(85) a. Si un nombre est divisible par deux, b. alors il est pair.

(86) a. Un nombre est pair b. s’ il est divisible par deux.

Nous adoptons également la relation Goal, qui correspond à la relation Instrument-Goal de la taxonomie de Sanders et al. et à la relation Purpose de la RST — voir section 2.2.2.2. Cette relation est illustrée par le discours en (58), repris ici en (87).

(87) a. Max est rentré tôt du travail b. pour faire plaisir à Léa.

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