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La hiérarchie du PDTB

Dans le document Vers une algèbre des relations de discours (Page 57-61)

2.2 Les relations de discours

2.2.2 Les ensembles de relations de discours

2.2.2.4 La hiérarchie du PDTB

Les hiérarchies de relations sont développées dans l’idée de définir des relations de différents niveaux de granularité, en prenant en compte certaines distinctions parmi les relations de discours. Elles sont notamment utiles dans une perspective d’annotation. En effet, en partant d’un ensemble de relations donné, il est plus ou moins facile d’identifier les relations qui s’établissent entre deux unités discursives. Dans certains cas, on peut identifier non pas une relation, mais un sous-ensemble de relations qui partagent certaines caractéristiques. Les hiérarchies proposent alors de définir des relations de plus gros grain qui correspondent à ces sous-ensembles pertinents. Nous présentons dans cette section la hiérarchie du Penn Discourse TreeBank, développée dans le cadre de la construction d’un corpus annoté en discours (voir section 3.2.2).

La hiérarchie du PDTB contient des classes, des types et des sous-types. Les classes, les types et les sous-types sont des relations de différents niveaux de granularité — du plus gros grain au grain le plus fin. Les classes sont décomposées en types, qui peuvent eux-mêmes être décomposés en sous-types. Les types sont donc des raffinements pour une classe donnée, et les sous-types des raffinements pour un type donné. Le manuel du PDTB (The PDTB Research Group, 2008) tente de fournir une définition formelle de la sémantique des relations de la hiérarchie. Dans les définitions, la convention suivante est adoptée : si Arg1 et Arg2

sont les deux arguments d’une relation donnée, on note kArg1k le contenu de Arg1et kArg2k

le contenu de Arg2.

Dans la hiérarchie, il existe quatre classes principales de relations : Temporal, Contin- gency, Comparative, et Expansion. Ces quatre classes correspondent aux quatre groupes principaux de relations définis par Halliday & Hasan (1976) : Temporal, Causal, Ad- versative, et Additive. De même, dans la taxonomie des relations de Martin (1992), présentée à la Figure 2.11, les quatre relations principales, ou relations de plus gros grain, sont : temporal, consequential, et comparative et additive.

additive comparative temporal consequential addition alternation similarity contrast simultaneous successive purpose condition consequence concession manner

Figure 2.11 – Taxonomie des relations de Martin (1992)

Si l’on tente d’inscrire les classes du PDTB dans la taxonomie de Sanders et al., on peut placer les relations de la classe Temporal (voir Figure 2.12) et les relations de la classe Expansion (voir Figure 2.15) dans les relations additives. La classe Contingency (voir Figure 2.13) recouvre les relations causales de polarité positive. La classe Compari- son (voir Figure 2.14), elle, regroupe à la fois des relations causales de polarité néga- tive (comme Concession), et des relations additives (comme Contrast, qui correspond au contraste formel que nous avons mentionné à la section précédente).

Temporal

Synchronous Asynchronous

precedence succession

Figure 2.12 – La classe Temporal du PDTB et du FDTB

La classe Temporal La classe Temporal du PDTB, présentée à la Figure 2.12, se subdivise tout d’abord en deux types : Asynchronous, qui correspond aux cas où les deux arguments d’une relation décrivent des situations qui ne se recouvrent pas temporellement,

Contingency

Cause Pragmatic Cause Condition Pragmatic Condition

reason result justification

hypothetical general unreal factual

relevance implicit assertion

Figure 2.13 – La classe Contingency du PDTB

Comparison

Contrast Pragmatic Contrast Concession Pragmatic Concession

juxtaposition opposition expectation contra–expectation

Figure 2.14 – La classe Comparison du PDTB

Expansion

Conjunction Instanciation Restatement Alternative Exception List

specification equivalence generalization conjunctive disjunctive chosen alternative

Figure 2.15 – La classe Expansion du PDTB

et Synchronous, qui correspond aux cas où il y a recouvrement temporel entre les situa- tions décrites dans les arguments. Le type Asynchronous se subdivise en deux sous-types : precedence, qui correspond à Flashback dans la SDRT, et succession, qui correspond à Nar- ration dans la SDRT. Le type Synchronous ne possède pas de sous-types, et correspond à la relation Background de la SDRT.

La classe Contingency La classe Contingency du PDTB, présentée à la figure 2.13, recouvre des relations causales de polarité positive, opérant au niveau séman- tique (types Cause et Condition) ou au niveau pragmatique (types Pragmatic Cause et Pragmatic Condition). Ces relations sont soit véridicales (type Cause) soit non véridi- cales (type Condition). Les relations opérant au niveau pragmatique peuvent également être véridicales (Pragmatic Cause) ou non véridicales (Pragmatic Condition). Le type Condition donne lieu à plusieurs sous-types. Ce sont des raffinements qui ne se retrouvent pas dans les autres jeux de relations présentés.

La classe Comparison Comme nous l’avons dit précédemment, la classe Comparison regroupe des relations causales de polarité négative (type Concession), et des relations additives (type Contrast). Le type Concession donne lieu à deux sous-types, expectation illustrée en (69) et contra-expectation illustrée en (70), dont l’ordre des arguments sont inverses.

(69) Expectation a. Marie est sortie b. bien qu’ il pleuve. (70) Contra-expectation

a. Il pleut,

b. mais Marie est sortie quand même.

La classe Expansion La classe Expansion recouvre des relations additives compa- rables à celles définies dans les jeux de relations de la RST et de la SDRT : les relations Conjunction et List — comparables à Joint et List dans la RST, et Continuation dans la SDRT. Ces relations sont symétriques. Les relations correspondantes dans la RST sont des relations multinucléaires et la relation correspondante dans la SDRT est coordonnante. La classe recouvre également les types Instanciation et Restatement, qui sont des relations additives asymétriques. La relation Instanciation est définie comme suit : son premier argument décrit un ensemble et son second argument le décrit plus en détail. Cet ensemble peut être par exemple un ensemble d’événements. Au vu de sa définition, cette relation est proche de la relation Elaboration de la SDRT. Le type Restatement se subdivise en trois sous-types :

– specification, proche de la relation Elaboration de la SDRT, dont le second argument décrit plus en détail la situation décrite dans le premier argument (ce qui est formalisé par kArg1k → kArg2k, où → symbolise l’implication logique) ;

– equivalence, dont les arguments décrivent deux aspects de la même situation (kArg1k ↔

kArg2k) ;

– generalization, proche de la relation Summary de la RST (kArg1k ← kArg2k).

Outre ces relations, la classe Expansion recouvre les types Alternative et Exception. Le pre- mier correspond à la relation Alternation de la SDRT. Cette relation est non véridicale. Elle exprime une alternative, et donc une disjonction entre les contenus de ses arguments, ce qui l’exclut des relations additives telles qu’elles sont définies par Sanders et al. — on n’a pas P ∧ Q, mais P ∨ Q. Le type Exception est à rapprocher de la relation du même nom définie par Sanders et al., qui la considèrent comme une relation additives et de polarité négative.

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