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UN PREMIER CONSTAT PORTE SUR LA VITALITÉ DES ÉTUDES

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 91-99)

sur les Amériques :

UN PREMIER CONSTAT PORTE SUR LA VITALITÉ DES ÉTUDES

DE GÉOGRAPHIE TOURNÉES VERS L’AMÉRIQUE LATINE EN FRANCE.

touchée par les départs massifs en retraite des dernières années (on recense ainsi 17 émérites récents, qui ne figurent pas dans le tableau), mais toutes les catégories n’ont pas connu la même évolution démographique : ainsi du côté des EPST, on compte 8 DR émérites récents pour seulement 11 DR en activité, alors que du côté des universités, le ratio est moins défavorable

Fig. 1 : Nombre de géographes par université ou établissement (juin 2016)

CNRS IRD Toulouse 2 Rennes 2 Le Mans Pau Paris 7 Paris 1 Grenoble - Alpes Tours Versailles Saint-Quentin Brest Nantes Paris 3 Lyon 3 Caen Antilles-Guyane Paris 13 ENSA Toulouse Orleans Bordeaux 3 Montpellier 3 Dunkerque Lorraine Paris-Est Limoges EHESS Lille 1 CEMCA Avignon Bordeaux 2 INRA ESPE Cergy-Pontoise Aix-Marseille Université LaRochelle 0 2 4 6 8 10 12 14

(8 PU émérites récents pour 20 PU en activité). De façon générale, alors que les universités, et dans une moindre mesure le CNRS, ont continué de recruter des chercheurs sur l’Amérique latine au cours de la période récente, l’IRD a vu ses recrutements s’effondrer et ne compte plus aujourd’hui que 5 CR travaillant sur l’Amérique latine (contre 44 MCF et 9 CR CNRS).

A côté des pôles universitaires traditionnels que sont Paris, Toulouse ou Rennes, qui sont fortement impliqués dans le fonctionnement de l’Institut des Amériques, on voit émerger de nouveaux pôles du latino-américanisme en France (comme Le Mans ou Pau), tandis qu’un pôle ancien comme Bordeaux semble au contraire en retrait.

La carte du latino-américanisme en France est également liée au positionnement des laboratoires. La montée en puissance des UMR de l’Ouest (LETG et ESO) et du Sud-ouest (GEODE, PASSAGES, LISST) est manifeste, l’autre pôle fort étant Paris, avec PRODIG, le CREDA, le CESSMA, etc. Concernant le CREDA, on peut noter qu’en dépit de son rôle historique dans la structuration du latino-américanisme en France, c’est l’unité qui a été la plus fortement affectée récemment par le déséquilibre entre départs en retraite et recrutements. En dehors des trois pôles majeurs que sont Paris, l’Ouest et le Sud-Ouest, les autres géographes travaillant sur l’Amérique latine sont dispersés dans des unités réparties sur l’ensemble du territoire français.

Ceci ne dit bien sûr rien des collaborations qui peuvent exister entre laboratoires, ou dans le cas des GIS et fédérations de recherche qui ont pu apparaitre au cours de la période récente, à l’image du CIST27, qui compte de nombreux latino-américanistes dans ses rangs.

De même, les dernières années ont été marquées par la conduite de plusieurs grands programmes ANR portant sur l’Amérique latine ou sur les Suds, qui ont joué un rôle fédérateur entre équipes, avec une large ouverture sur l’interdisciplinarité et sur les coopérations internationales : DURAMAZ 1 et 2, METAL, PERISUDS et PERIMARGES, JUGURTA, etc. A ce titre, on peut redouter que les coupes budgétaires au sein de l’ANR et l’élévation constante du taux de sélectivité ne joue un rôle dissuasif pour les chercheurs. Ainsi, la seconde campagne du programme ANR « Les Suds Aujourd’hui », en 2010, n’a-t-il vu aucun projet sélectionné en géographie sur l’Amérique latine. On peut signaler que le dispositif ANR, qui ne permet que très difficilement de rétribuer des chercheurs du Sud (en dehors des 2 appels spécifiques sur les Suds), est mal adapté aux possibilités de partenariat avec l’Amérique latine. De même, la mise en place des appels ECOS-Nord, ECOS-Sud et COFECUB28 depuis une vingtaine d’années a donné leur chance à de nombreux jeunes chercheurs et permis de soutenir de nombreux partenariats émergents (ou consolidés) entre la France et l’Amérique latine, mais il s’agit d’un dispositif un peu rigide (notamment sur la réciprocité des échanges) et qui dispense des moyens relativement limités.

Fig. 2 : Nombre de thèses soutenues par an en géographie en France sur l’Amérique latine (1990 – 2015)

0 5 10 15 20 25 19 90 19 91 19 92 19 93 19 94 19 95 19 96 19 97 19 98 19 99 20 00 20 01 20 02 20 03 20 04 20 05 20 06 20 07 20 08 20 09 20 10 20 11 20 12 20 13 20 14 20 15 Nombre de thèses

27 Collège international des sciences du territoire : http://www.gis-cist.fr.

La répartition de ces soutenances par établissement (Figure 3) confirme les polarités observées précédemment, avec un rôle qui reste central pour Paris 3 (siège de l’IHEAL et du CREDA), une bonne position pour autres établissements parisiens, ainsi que pour les établissements du Sud-ouest et de l’Ouest, et une excellente position pour l’université des Antilles et de la Guyane. Sur le long terme (1990-2015), des thèses ont été soutenues sur l’ensemble du territoire français, y compris dans des établissements ne comptant plus aujourd’hui d’encadrant titulaire.

Fig. 3 : Nombre de thèses de géographie soutenues par établissement sur l’Amérique latine (1990 – 2015)

0 10 20 30 40 50 60 70 Reims Tours INPL La Reunion Nancy 1 Paris-Est Strasbourg Univ. de Lorraine Avignon Brest La Rochelle Lille 1 Nice Clermont-Ferrand 2 Dijon Le Mans Lorraine Orleans Paris 12 Rouen Angers Nantes Pau Lyon 3 Aix-Marseille Poi�ers Grenoble Caen Lyon 2 Paris 7 Montpellier 3 Paris 8 EHESS Paris 10 Bordeaux 3 Rennes 2 Paris 4 An�lles-Guyane Paris 1 Toulouse 2 Paris 3 Nombre de thèses

Signalons pour finir le cas particulier des Antilles et de la Guyane, avec de petits effectifs dans l’université et dans les équipes de recherche locales, mais une recherche qui n’en est pas moins active sur cet espace spécifique, avec le soutien de chercheurs basés dans d’autres laboratoires ou institutions en métropole. Cela se traduit notamment par un nombre élevé de thèses.

Concernant les thèses, le bilan que le l’on peut faire est globalement positif, avec un nombre de thèses soutenues en progression régulière sur les 25 dernières années (Figure 2), en dépit d’une légère baisse entre 2010 et 2015. En tout, 283 thèses ont été soutenues sur l’ensemble de la période et 151 étaient en cours au 1er janvier 2016 ; soit un total de 434 thèses référencées.

Concernant à présent la répartition des régions étudiées dans les thèses soutenues ou en cours, la Figure 4 montre la prééminence du Brésil et une répartition équilibrée entre les Andes, les Caraïbes, le Cône Sud et l’Amérique centrale (Mexique inclus). La surreprésentation relative de la Caraïbe (eu égard à son poids démographique dans la sous-région) s’explique principalement par l’importance des thèses sur les Antilles françaises et la Guyanes dans les universités concernées. Les études transversales, portant sur l’Amérique latine dans

son ensemble ou sur les Amériques dans leur dimension Nord-Sud restent rares, tout comme les comparaisons – un peu plus nombreuses– entre la France (métropole ou départements d’outremer) et l’Amérique latine. Il reste donc une marge de progression importante dans le champ des études transaméricaines, qui il est vrai ne semblent envisageables facilement qu’en associant les compétences d’encadrants spécialisés sur l’une et l’autre des deux aires culturelles. 0 20 40 60 80 100 120 140 Amérique centrale Amérique du sud Amériques Andes Brésil Caraïbes Cône Sud Plusieurs pays Nombre de thèses

Fig. 4 : Nombre de thèses soutenues ou en cours par région étudiée (1990 – 2015) Le détail par pays (Figure 4) confirme la primauté

du Brésil, dont le rayonnement académique au cours de la période considérée n’a cessé de se renforcer, tant sur le plan continental (les échanges universitaires entre le Brésil et l’Amérique hispanophone n’ont cessé de se renforcer) que sur le plan mondial. On doit souligner à ce sujet le lien particulièrement fort entre les écoles française et brésilienne de géographie, qui a pour origine évidemment l’action de Pierre Monbeig au Brésil (où il fut membre fondateur de la société de géographie du Brésil) et en France (où il fonda l’IHEAL).

Avec des structures et des programmes tels que la CAPES et le COFECUB, « Brésil sans Frontières », les conventions inter-universitaires et autres, les coopérations franco-brésiliennes sont nourries autant par le « Sud » que par le « Nord ». En particulier, on peut signaler la montée en puissance des co-tutelles, qui sont plus faciles avec le Brésil qu’avec d’autres pays où les formations doctorales en géographie sont encore limitées.

29

0 20 40 60 80 100 120 140

Costa Rica GuatemalaHonduras République dominicaineSainte Lucie An�llesCuba NicaraguaUruguay Paraguay GuadeloupeHaï� Guyane françaiseVenezuela Bolivie Equateur Mar�niquePérou ColombieChili Argen�neMexique Mul� Brésil Nombre de thèses

Fig. 5 : Nombre de thèses soutenues ou en cours par pays étudié (1990 – 2015) Ensuite on note que les études comparatives

entre plusieurs pays ont encore le vent en poupe (avec 83 thèses soutenues ou en cours), ce qui répond à une vieille tradition des études latino-américanistes en France (surtout en géographie). La liste des pays qui suivent correspond peu ou prou à leur poids démographique et universitaire, avec toutefois une surreprésentation du Chili et au contraire une sous-représentation de certains

pays comme le Venezuela ou le Paraguay. Les Antilles et la Guyane françaises occupent à nouveau une place spécifique ; les Antilles hispano - ou anglophones étant au contraire sous-représentées.

D’un point de vue thématique, les 434 thèses soutenues ou en cours entre 1990 et 2015 sont représentatives de la diversité des domaines de recherche explorés par la géographie française29.

Fig. 6 : Nuage de mots réalisé à partir des titres des thèses soutenues ou en cours en France sur l’Amérique latine (1990 – 2015)

Ainsi, alors que les études des dynamiques, des évolutions et des mutations sociales et territoriales continuent de constituer un fil rouge pour de nombreuses thèses, la question du développement – durable mais aussi social et économique – s’est imposée comme un paradigme majeur dans les années 2000, en lien notamment avec des outils tels que la télédétection ou des objets d’étude relativement nouveaux (comme le paysage), qui permettent de revisiter la question traditionnelle en Amérique du monde rural et des productions agricoles. La question des risques (naturels et sociaux), qui avait fait une percée dans les années 1990, continue d’occuper une place significative. Les villes restent également importantes, en lien bien souvent avec les questions d’urbanisme et de gouvernance locale. La question de la mondialisation et

des intégrations régionales (en lien avec le tournant néolibéral) est également présente mais sans doute moins dans le titre des thèses qu’en toile de fond dans le contenu des thèses elles-mêmes. Assez curieusement, la question des inégalités, centrale durant toute la seconde moitié du XXe siècle, ne semble plus faire autant recette. D’autres thématiques sociales, pourtant en vogue en Amérique latine (comme le genre, l’empowerment ou la participation citoyenne) restent également discrètes dans le titre des thèses.

Une analyse lexicale des co-occurrences de mots menée avec le logiciel Iramuteq à partir des mêmes titres de thèse fait ressortir six grandes classes correspondant à six thématiques majeures au sein de la géographie française de l’Amérique latine : la première est centrée sur La Figure 6 est un nuage de mots établi sur wordle à partir des titres

le monde rural, l’agriculture, le développement local, les front pionniers et les modèles familiaux associés (au Brésil et en Amazonie, mais aussi en Bolivie ou dans la Caraïbe) ; la deuxième porte sur les migrations, l’ouverture internationale, l’intégration régionale et les transformations territoriales associées (en référence à l’échelle américaine – les autres lieux cités étant le Mexique et les Antilles et la Guyane françaises) ; la troisième porte sur les politiques et les espaces publics ainsi que sur les formes de gouvernance (et de résilience) à l’échelle nationale (Pérou, Colombie) ou urbaine (Bogotá, Port-au-prince) ; la quatrième porte sur les villes : centres et périphéries, quartiers historiques, marché du logement et habitants, fragmentation et classes populaires, à Mexico, Santiago et Buenos Aires principalement ; la cinquième est centrée sur les risques naturels et à la vulnérabilité (notamment des paysans), en lien avec l’insularité (Martinique, Haïti, Antilles) ou avec le volcanisme (Equateur) ; enfin la sixième renvoie au développement durable des milieux tropicaux et subtropicaux (arides ou au contraire humides), aux bassins- versants, à la déforestation, à la dégradation environnementale et à la télédétection, au Brésil, en Argentine et au Chili principalement. Pour finir ce tableau, on dira un mot des revues publiant des articles de géographie sur l’Amérique latine. Sur les 223 revues françaises et internationales référencées en 2013 par le HCERES en géographie, aménagement et urbanisme, deux seulement sont spécialisées sur l’Amérique latine (le Bulletin of Latin American Research et Problèmes d'Amérique latine), mais la majorité des autres revues, généralistes ou thématiques – dont plusieurs revues nord-américaines, publient régulièrement des articles sur l’Amérique latine, comme

30 La liste du HCERES précisant toutefois que « les approches pluridisciplinaires dominent aujourd’hui le paysage par exemple les Annales de Géographie, les Cahiers de Géographie du Québec, Cybergeo, Geocarrefour, M@ppemonde, la Revue Européenne des Migrations Internationales, Tiers Monde, etc. Parallèlement, une étude du REDIAL parue en 2016 et portant sur les revues latino-américanistes en Europe a recensé 74 revues spécialisées sur l’Amérique latine, dont 18 en France. Sur ces dernières, une seule est spécialisée en géographie (Confins, qui porte sur le Brésil), toutes les autres étant interdisciplinaires, avec 11 revues à dominante SHS qui publient régulièrement des articles de cette discipline : Brésil(s). Sciences humaines et sociales ; le Bulletin de l'Institut français d'études andines ; les Cahiers des Amériques Latines ; Études Caribéennes ; IdeAs. Idées d'Amérique ; le Journal de la Société des Américanistes ; L'Ordinaire des Amériques ; Nuevo Mundo Mundos Nuevos ; Problèmes d'Amérique Latine ; RITA et Trace. Une seule est présente dans la liste du HCERES (Problèmes d'Amérique Latine), ce qui impose aux géographes français travaillant sur l’Amérique latine de choisir entre privilégier un affichage disciplinaire ou un affichage par aire culturelle. Une solution à ce dilemme serait que les revues non référencées demandent à l’être30 .

6. Archéologie

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