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ECONOMIE, DROIT ET SCIENCE POLITIQUE

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 131-133)

sur les Amériques :

ECONOMIE, DROIT ET SCIENCE POLITIQUE

Aux Antilles, les recherches caribéennes dans les disciplines économiques, juridiques et politiques sont essentiellement nourries par les chercheurs de deux laboratoires : - d’une part, le Centre d'Etude et de Recherche en Economie, Gestion, Modélisation et Informatique Appliquée (CEREGMIA) constitue depuis sa création, en 1986, un pôle de formation, de recherche et de valorisation pluridisciplinaire, à dominante économique, dont l’insertion dans l’environnement régional est le point fort. Il a réuni une quinzaine de chercheurs dont les Professeurs Fred Célimène, Jean Crusol (émérite), spécialiste des économies insulaires, ou Charley Granvorka ; d’autre part, le Centre de Recherche sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (CRPLC) est une UMR qui a contribué, depuis sa fondation en 1982 par le Professeur Jean-Claude Fortier, à l’étude des transformations institutionnelles touchant les territoires ultra-marins de la France. Il rassemble des juristes de renom comme Emmanuel Jos (émérite) et Karine Galy, spécialistes des institutions politiques caribéennes et de l’insertion régionale des collectivités territoriales françaises des Amériques ; Maude Elfort, Alain Laguerre et Thierry Michalon (à la retraite) spécialistes des droits de l’Homme, ou bien encore Joël Boudine, spécialiste des régimes fiscaux des Départements d’outre-mer. Les politistes du CRPLC travaillent eux-aussi sur des thématiques variées. Citons par exemple les recherches fécondes de Jean-Claude William (émérite) en histoire politique et administration publique de la Caraïbe ; celles d’Eric Nabajoth sur les Relations internationales et la gouvernance ; celles d’Aurélie Roger sur les constructions sociales des rapports politiques entre l’Outre- mer français et le pouvoir national ; celles de Fred Constant (en détachement au MAEDI) sur le multiculturalisme et la citoyenneté ; celles de Fred Reno (directeur adjoint du CRPLC) sur les systèmes politiques, les mobilisations

sociales et la gouvernance du développement durable ; ou bien encore celles de Justin Daniel, directeur du laboratoire, sur la démocratie et les politiques locales notamment.

En France métropolitaine, seule une poignée d’économistes, de juristes et de politistes étudie l’objet Caraïbe. A Paris, on pense surtout, au sein de l’IHEAL-CREDA, aux Professeurs Carlos Quenan, spécialiste d’économie internationale, et Jean-Michel Blanquer, reconnu notamment pour ses travaux sur le constitutionnalisme et l’insertion régionale de la Guyane française en Amérique latine. Avec la disparition du Professeur Daniel Van Eeuwen, spécialiste reconnu de l’Amérique centrale et latine, et des relations internationales interaméricaines de l’IEP d’Aix-en-Provence dans lequel il avait contribué à créer le Centre de Recherche et d’Etude sur l’Amérique Latine et les Caraïbes (CREALC) dont il assurait la direction, les politistes métropolitains réfléchissant sur le monde caribéen sont aujourd’hui peu nombreux. Parmi eux, mentionnons Janette Habel (émérite) et Marie-Laure Geoffray, toutes les deux cubanistes spécialistes des régimes autoritaires et des mouvements sociaux, qui animent, depuis un an, un groupe de recherche pluridisciplinaire sur Cuba dans cette institution ; sans oublier, à l’Université Paris-Est, Stephen Launay, pour ses études comparées des régimes politiques de la Grande Caraïbe, en particulier ceux de la Colombie et du Venezuela. Sur la Caraïbe française, des travaux, encore peu abondants, menés en sociologie historique notamment, tentent d'élargir la question du politique au-delà du seul prisme des politiques publiques ou des questions électorales, pour interroger les tensions coloniales du national dans une perspective transatlantique et caribéenne, comme ceux de Syliane Larcher dans sa thèse de science politique effectuée sous la direction de Pierre Rosanvallon (Collège de

France/EHESS), publiée chez Armand Colin et prix de l’IdA 2012.

A Bordeaux, Irma Arnoux (Université Bordeaux Montaigne) étudie le droit des autochtones et de la bioéthique dans l’espace caribéen. Quelques juristes du Centre de Recherches et de Documentation Européennes et Internationales (CRDEI –EA 4193) de l’Université de Bordeaux se distinguent également par leurs travaux sur les collectivités territoriales ultramarines. Dirigé depuis 2004 par Loïc Grard, Professeur de Droit public, ce laboratoire se consacre notamment à l’étude des Régions Ultrapériphériques (RUP) et du droit de l’Union Européenne. De son côté, le Centre d’Études et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE) fondé en juin 2004 par le Professeur Ferdinand Mélin-Soucramanien qui en est l’actuel directeur, articule ses axes de recherches autour de quatre thématiques, dont celle de l’outre-mer. Succédant au Professeur Fred Constant, la nouvelle Ambassadrice, déléguée à la coopération régionale dans la zone Antilles-Guyane, Madame Véronique Bertile, est rattachée à cette équipe d’accueil. Au sein de cette même Université de Bordeaux, deux enseignants-chercheurs du Centre Montesquieu de Recherches Politiques de l’Institut de Recherche Montesquieu (IRM-CMRP) mènent et pilotent des recherches caribéennes comparées, en histoire politique, Relations internationales et anthropologie politique de la Caraïbe. Eric Dubesset étudie les changements (géo)politiques dans l’aire hispano-caribéenne. Ses dernières publications ont été consacrées à l’analyse comparée des régimes politiques, ainsi qu’aux relations internationales des Etats caribéens hispanophones, en particulier Cuba et le Venezuela. Dans le cadre d’un partenariat avec l’Institut des Amériques (IdA), il a récemment coordonné, avec Carlos Quenan

et Viktor Sukup, pour le compte de l’Agence Française de Développement (AFD), une étude sur la présence de la Chine dans la Caraïbe. Il assure actuellement le pilotage scientifique du nouveau programme « Horizons caribéens : Innovation(s) et coopération(s) régionale(s) dans l’espace atlantique ». Pour sa part, Bernard Cherubini étudie, à partir de l’anthropologie, l’évolution des liens entre l’outre-mer français et l’Etat-nation, à travers l’analyse des pratiques mémorielles, des idées politiques (nationalisme, régionalisme, multiculturalisme, autochtonie) et des politiques publiques dans la zone Caraïbe. En l’état actuel, il n’y a pas réellement, dans le paysage universitaire français, de formations spécialisées dans un domaine qui aurait pu s’intituler « droit et science politique caribéens ». Seule l’Université des Antilles dispose d’une filière « science politique » comprenant une licence sur les campus de Guadeloupe et de Martinique et un Master localisé en Guadeloupe dans lequel s’affirme la dimension caribéenne. Consacré à la politique comparée et aux relations internationales de la Caraïbe, ce diplôme propose un volet recherche et un volet professionnel. Le premier porte principalement sur les politiques publiques, sur les identités dans leur rapport au politique,

centres de recherche autour de problématiques communes intéressant la Caraïbe : au CRBC, Jean Hébrard traite Saint-Domingue/Haïti à l'époque révolutionnaire ; à l'ESNA, François Regourd travaille sur science et empire aux Antilles et en Guyane à la période moderne ; au CENA, Cécile Vidal dont les travaux portent sur l’histoire sociale des empires et des mondes atlantiques à la période moderne. Le récent recrutement de Céline Flory au CERMA, auteure d’une thèse sur l’engagisme de travailleurs africains après l’abolition de l’esclavage aux Antilles et en Guyane, constitue un signe de l’encouragement adressé par le CNRS aux recherches historiques sur la Caraïbe.

Au demeurant, il existe une petite poignée d’institutions pour lesquelles cette aire géoculturelle constitue l’essentiel des activités de recherche. C’est singulièrement le cas de quatre laboratoires phares de l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG) dont la récente scission a donné lieu à la naissance de l’Université des Antilles (UA) et à l’Université de la Guyane (UG) :

- Le Centre de Recherches sur les Pouvoirs Locaux dans la Caraïbe (UMR 8053) a été créé autour de compétences juridiques par Jean-Claude Fortier, professeur de droit public, sur le campus Schœlcher. Par son dynamisme et la qualité de sa recherche, cet espace de dialogue interdisciplinaire est devenu une UMR du CNRS. Actuellement dirigé par le Professeur Justin Daniel, il est structuré autour de trois axes : Gouvernance, démocratie et développement dans les Etats et territoires ainsi que sur la coopération et l’intégration

régionales. Le second se recommande par une préparation aux métiers de l’action publique locale et aux métiers de l’action internationale. Le Master 1 de science politique propose, en plus des enseignements méthodologiques et théoriques, un cours d’histoire générale des mondes caribéens et américains, un cours d’institutions et de gouvernements comparés et un cours de Relations Internationales de la Caraïbe. En Master 2, des enseignements et des séminaires spécialisés sur la coopération régionale et le développement, l’ingénierie de projet, la prévention et la gestion des risques dans la Caraïbe sont également proposés.

2. Institutions incontournables

De cette présentation synthétique de l’état actuel du dispositif universitaire français consacré à l’étude de la Caraïbe qui vient d’être dressé, il ressort que de nombreux laboratoires français sont impliqués, à des degrés divers, dans les études caribéennes. Pour la plupart d’entre eux, l’objet ‘caraïbe’ représente une thématique parmi d’autres. C’est particulièrement le cas à Paris de l’IHEAL- CREDA, de l’URMIS (IRD, CNRS, Université Paris-Diderot et Université de Nice Sophia Antipolis), du CRIMIC et du CIRESC (EHESS) ; à Poitiers de MIGRINTER ; à Toulouse du FRAMESPA, du GRAL et de l’IPEALT ; à Aix-en-Provence du CHERPA ; à Pau de l’Arc Atlantique (LLCAA), ou bien encore à Bordeaux d’AMERIBER, du CRDEI, du CERCCLE, du LAM et du CMRP déjà cités. Or, s’il n'existe pas de centre spécialisé sur la Caraïbe dans ces unités de recherches, il n’en demeure pas moins vrai que les efforts entrepris pour rendre visible et développer les études caribéennes y sont réels. Tel est notamment le cas de Mondes Américains (UMR 8168, anciennement MASCIPO). Créée en 2006 sous la double tutelle du CNRS et de l’EHESS, cette unité mixte rassemble plusieurs

DE NOMBREUX LABORATOIRES

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