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Etat de la recherche en économie sur l’Amérique latine

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 114-121)

sur les Amériques :

LA RECHERCHE EN ÉCONOMIE

10. Etat de la recherche en économie sur l’Amérique latine

formant les BRICs (Brésil, Chine, Inde et Russie) avec d’autres pays émergents, notamment en Amérique latine et dans les Caraïbes, en fonction de leurs points communs et de leurs différences afin d’imaginer les trajectoires possibles de chacun de ces pays à la lumière des autres.

De même, le Centre d’Economie de Paris Nord (CEPN), de l’Université de Paris 13, qui a traditionnellement regroupé un certain nombre d’économistes reconnus par leurs compétences et leurs travaux sur l’Amérique latine, développe des recherches sur cette région dans le cadre des thématiques pays émergents, développement et globalisation, ou encore science et innovation, souvent dans une perspective comparatiste (par exemple avec les économies asiatiques).

Les revues consacrées à l’Amérique latine en France comme Cahiers des Amériques latines ou Problèmes de l’Amérique latine, ou encore celle qui traite de l’ensemble des Amériques comme Ideas, de l’Institut des Amériques, ont abordé de manière ponctuelle les transformations des économies latino-américaines, même si l’économie n’est pas, bien entendu, la discipline dominante dans ces publications.

Parmi les publications consacrées occasionnellement aux économies latino- américaines il convient de mentionner la Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs soutenue par la Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, par l’Institut des Sciences humaines et sociales du CNRS, ainsi qu’un réseau de centres de recherche. Cette revue vise à fournir un lieu d’expression pour les analyses qui s’inscrivent dans la filiation des recherches régulationnistes, et plus largement institutionnalistes, ainsi que pour les chercheurs qui souhaitent en débattre, en économie et au-delà. En effet, l’influence de

la théorie de la régulation dans les universités latino-américaines a été déterminante dans la diffusion des travaux des économistes adhérant à ce courant. Dans les années 2000 de nombreux articles concernant les économies de la région latino-américaine ont été publiés dans cette revue qui a aussi consacré un numéro spécial aux capitalismes en Amérique latine paru au printemps 2012.

En province d’autres centres de recherche consacrent des travaux aux économies de l’Amérique latine et des Caraïbes comme à Toulouse avec son école d’économie (TSE) et le laboratoire d’Etude et de Recherche sur l’Economie, les Politiques et les Systèmes Sociaux (LEREPS) rattaché à Sciences Po Toulouse. A Clermont-Ferrand nous pouvons citer le Centre d’Etude et de recherche en Développement International (CERDI) dépendant de l’école d’économie de l’Université d’Auvergne. De même, des recherches sont effectuées à Grenoble (Sciences Po Grenoble et Université des Alpes, laboratoire Cerdhap2 et laboratoire PACTE), à Sciences Po et à l’UFR Sciences Economiques et l’Université de Picardie-Jules Verne, où des chercheurs reconnus travaillent sur les évolutions économiques et sociétales en Amérique latine.

S’agissant des thèses en économie sur l’Amérique latine et les Caraïbes, l’évolution du nombre de soutenances sur les vingt-cinq dernières années (Figure 1) est plutôt irrégulière avec tout de même une moyenne de 8,6 thèses soutenues chaque année. Sur la période considérée 223 thèses ont été soutenues et 59 thèses étaient toujours en cours au 1er janvier 2016 ; soit un total de 282 thèses référencées dans la base thèses.fr.

Fig. 1: Nombre de thèses soutenues par an en économie en France sur l’Amérique latine et les Caraïbes (1990-2015)

20 18 16 14 12 10 8 6 4 2 0 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 199 7 1998 1999 2000 2001 2002 200 3 2004 2005 2006 200 7 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015

Le classement des établissements selon le nombre de soutenances (Figure 2) renforce les principaux centres de recherches doctorales en économie au niveau national. Cependant Paris 13 devance Paris 1 avec 30 thèses soutenues pour le premier contre 27 pour le second entre 1990 et 2015. Nous retrouvons plus-bas un second groupe qui compte en moyenne une quinzaine de soutenances avec l’EHESS,

Paris 3 – grâce notamment à l’existence au sein de cette université de l’IHEAL et du CREDA- et Paris 10. Le reste des établissements ne dépasse pas dix soutenances sur la même période mais nous remarquons, après les grandes universités parisiennes, une bonne position de Grenoble et des Antilles-Guyane.

Fig. 2: Nombre de thèses d’économie soutenues par établissement sur l’Amérique latine et les Caraïbes (1990-2015)

0 20 40 60 80 Plusieurs pays Brésil Caraïbes Andes Mexique Cône Sud Amérique centrale Amériques Amérique du sud

La répartition des thèses soutenues ou en cours par région étudiée (Figure 3) favorise les analyses comparatives entre plusieurs pays latino-américains avec des pays développés, comme la France ou en voie de développement, notamment les autres pays dits « émergents », en Afrique et en Asie. La nature des phénomènes étudiés en économie pousse bien entendu à dépasser les frontières lorsqu’il s’agit par exemple de la mondialisation sous toutes ses formes, des enjeux de la négociation d’accords commerciaux déterminants les investissements directs étrangers. Nous relevons également des problèmes de politique économique communs à de nombreux pays de la région comme la

question de l’endettement extérieur ou les politiques de taux de change. Suivant le Brésil qui demeure le principal objet d’étude dans la région, la place des Caraïbes s’explique par l’intérêt porté à Haïti par des recherches qui sont souvent réalisées sur place par l’université des Antilles-Guyane. Nous retrouvons aussi le Mexique en tant que pays de premier plan dans la région après la région andine et suivi par le Cône Sud. En revanche l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud dans son ensemble sont moins représentées, tout comme les études transversales entre l’Amérique du Nord et l’Amérique latine et les Caraïbes.

Plusieurs pays Brésil Mexique Haïti Argentine Colombie Chili Pérou Écuateur Venezuela Nicaragua Guadeloupe Uruguay Costa Rica Porto Rico 0 20 40 60 80 100

Fig. 4: Nombre de thèses soutenues ou en cours par pays étudié (1990-2015) Le classement des thèses par pays étudié

(Figure 4) confirme la prépondérance des analyses comparatives entre plusieurs pays au nombre de 93, soit près du tiers du total des thèses soutenues ou en cours. De même le Brésil demeure le principal pays étudié avec 66 thèses, presque un quart du total. Cette prééminence peut s’expliquer par le poids relatif du pays, le plus grand de la région, l’émergence économique du Brésil à partir du début des années 2000, certes en situation de crise actuellement, et surtout par la vitalité des

échanges universitaires avec ce pays depuis la fin des années 1980. Nous trouvons ensuite un autre grand pays de la région, le Mexique, avec 30 thèses soit moins de la moitié du nombre des travaux consacrés au Brésil puis Haïti, dont la place particulière en tant que petit pays peut s’expliquer par sa francophonie et les recherches menées au sein de l’université des Antilles-Guyanes mentionnée plus-haut. Mises à part l’Argentine et la Colombie, le reste des pays compte moins d’une dizaine de thèses à leur sujet.

Mondialisation et intégration régionale Crise et politiques conjoncturelles ou structurelles Rôle de l’État, société civile et politiques publiques

Analyse sectorielle et economie de l’entreprise Modèles de développement et de croissance Inégalités, santé et protection sociale Agriculture, milieu rural et environnement Investissement, innovation et cycles de croissance

Économie géographique régionale ou urbaine Emploi formel et informel

Autres

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45

Finalement nous avons opéré un classement thématique de toutes les thèses soutenues ou en cours selon dix sections (Figure 5). En première position nous trouvons les sujets liés à la mondialisation et à l’intégration régionale reflètent l’intérêt porté à un phénomène qui a connu une phase d’accélération depuis la fin des années 1980 avec la libéralisation et l’expansion des flux commerciaux et financiers mondiaux. Nous retrouvons au sein cette section de nombreux sujets sur les investissements directs étrangers d’une part, concernant leurs déterminants et leurs impacts, et sur la formation de blocs régionaux comme le Mercosur d’autre part, mentionnant notamment l’Union européenne en tant que partenaire potentiel ou point de comparaison. La seconde section thématique concentre des sujets de thèses sur les crises à répétition qui ont secoué la région depuis

le milieu des années 1980 et leurs réponses politiques tant sur le plan conjoncturel que sur le plan structurel. La question de la dette est également centrale au sein de cette section comme mécanisme financier de la crise et en tant que problème endémique pour de nombreuses économies latino-américaines. Il convient enfin de mentionner la troisième section thématique rattachée au rôle de l’Etat et à son évolution depuis la vague de privatisations qui a marqué la région au cours des années 1990. De nombreuses analyses s’inscrivent ici dans un cadre théorique institutionnaliste ou regulationniste visant à mettre en valeur l’intervention de l’Etat dans certains secteurs comme la santé, l’industrie ou l’énergie. L’organisation de l’action collective au sein de la société civile fait aussi partie des thèmes traités dans cette section d’un point de vue plutôt micro-économique ou en utilisant des outils de la science politique.

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