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ANTHROPOLOGIE ET SOCIOLOGIE :

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 125-128)

sur les Amériques :

ANTHROPOLOGIE ET SOCIOLOGIE :

Sans remonter jusqu’aux travaux d’Alfred Métraux sur le vaudou haïtien (1958), les études françaises sur la Caraïbe doivent beaucoup aux travaux de Michel Leiris et de Roger Bastide, dans les années 1970, sur les "Amériques noires". C’est à la faveur de ce paradigme émergent, mais aussi de l’essor des « aires culturelles » en France, qu’ont été effectuées des recherches en sociologie et anthropologie, alors soutenues par le CNRS, sur les Antilles et la Guyane françaises, comme celles de Michel Giraud (socio-anthropologue, CNRS, ex-CRPLC aujourd’hui à la retraite), de Marie-Josée Jolivet (anthropologue, IRD, ex-ORSTOM, aujourd’hui également à la retraite), de Jean-Luc Jamard (ex-CNRS également), Edith Kovatz-Beaudoux (à qui l’on doit la seule enquête de terrain à ce jour sur les Blancs créoles de la Martinique,

dits « békés », et qui fut soutenue en 1969…), ou ceux encore de Laënnec Hurbon (ex-CNRS) et Gérard Barthélémy sur Haïti, toujours en sociologie et anthropologie. La plupart de ces chercheur-e-s ont collaboré à la mise en place, en tant que doctorant-e-s, ou jeunes docteur-e-s, du Groupe de recherche sur l’Organisation et le Milieu des Sociétés de la Caraïbe (soutenu par Michel Leiris) à la Maison des Sciences de l’Homme, à Paris, au début des années 1970. Il faut se rappeler que M. Leiris fut l’auteur en 1955 de Contacts de civilisations en Martinique et en Guadeloupe, dans le cadre d’une mission pour l’UNESCO en 1952.

de cette équipe d’accueil s’est élargi à la Guyane française, avec la thèse de Bernard Cherubini, lequel poursuivra ses travaux sur la Guyane depuis l’Université de La Réunion, avant de rejoindre l’Université de Bordeaux. Formé autour du professeur Jean Poirier, le pôle niçois s’est intéressé, notamment avec le professeur Jean-Pierre Jardel, à la tradition orale, aux contes et à la linguistique, puis avec le recrutement du professeur Francis Affergan, aux discours, aux savoirs et au langage. A Paris, à partir des années 1980, c’est autour de chercheurs rattachés tantôt à l’aire culturelle africaniste, tantôt à l’aire culturelle américaniste, voire européaniste, que l’anthropologie et la sociologie de la Caraïbe se sont développées, en tentant de faire émerger un champ à part entière, mais ouvert et relié à ses mondes d’origine et d’enracinement. Ainsi l’anthropologue Marie-José Jolivet (IRD, alors membre du CEAF, et directrice jusqu’en 2008 à l’IRD de l’URCIM « Unité de recherche Construction identitaires et mondialisations ») et l’ethnolinguiste Diana Ray Hulmann (CNRS, LACITO) ont animé depuis 1988 un séminaire comparatif à l’EHESS sous le titre « Anthropologie des sociétés post-esclavagistes. Recherches comparées à partir de la Caraïbe et des Amériques noires », repris aujourd’hui par Odile Hoffmann (IRD, URMIS) et Anne-Marie Losonczy (EPHE, CERMA). Ce séminaire a permis à un vivier de jeunes chercheurs de se rencontrer et de débattre par-delà les clivages linguistiques ou thématiques qui les séparaient. Marie-José Jolivet a fait émerger à l’Orstom (actuel IRD) l’étude des questions identitaires dans les sociétés créoles de la Caraïbe. Elle a été ainsi amenée à prendre en charge la responsabilité de diverses équipes centrées sur l’étude de ces questions et de celles sur les migrations dans la Caraïbe. A ce sujet, on peut signaler le programme financé par l’ANR intitulé Dans les années 1980, la recherche sociologique

et anthropologique a pris un nouvel essor impulsé par Jean Benoist, d’abord au Canada au sein du Centre de Recherche Caraïbes de l’Université de Montréal, puis en France autour de quelques pôles de recherche dont ceux d’Aix-en-Provence et de Nice. Sous l’impulsion des professeurs Jean Benoist, spécialiste de la Martinique, puis Jean-Luc Bonniol, spécialiste de la Guadeloupe, le pôle aixois s’est développé à l’IEP autour du Centre de recherches et d’études sur l’Amérique centrale et les Caraïbes (CREAC). À partir de 1983, le champ de recherche

‘Dynamiques des circulations migratoires et mobilités transfrontalières entre Guyane, Surinam, Brésil, Guyana et Haïti’ (ANR/AIRD, « Les Suds, aujourd’hui », coordinateur : Luc Cambrézy, IRD/CEPED (2007-2011).

Dans la phase actuelle, deux équipes de l’ex-Université des Antilles et Guyane développent des recherches prioritairement articulées autour de la linguistique créole, des sciences de l’éducation et des langues et cultures régionales: le CRLPC (UMR 8053) que viennent de rejoindre, en 2015, deux anthropologues, Marianne Palisse (Université de Guyane) et Isabelle Dubost (Université des Antilles) ; l’EA 4095 CRILLASH, dont l’antenne guyanaise (CADEG) a accueilli, comme chercheur associé, le professeur ethnomusicologue

Jean-Michel Baudet (Université de Paris X-Nanterre). Sur le terrain guyanais, les recherches des linguistes et socio-linguistes au sein du CELIA (IRD/CNRS/INALCO) et les travaux de Odile Lescure (IRD), Michel Launey (Paris VII-CNRS), Laurence Goury (IRD), Soplie Alby (IUFM Cayenne), ont permis, depuis plus

d’une vingtaine d’années, d’initier de nouvelles recherches sur le plurilinguisme et les contacts de langues, et de constituer une équipe à Cayenne (CELIA-SEDYL/ IUFM Guyane). En métropole, une poignée de chercheurs de la discipline est rattachée à des équipes travaillant sur le genre et les politiques familiales, comme l’EA 3149 Atelier de Recherche Sociologique (Université de Bretagne Occidentale) avec le Professeur Arlette Gautier ; ou bien encore sur la mémoire de l’esclavage comme l’UMR Les Afriques dans le Monde (IEP de Bordeaux) avec Christine Chivallon. Cette géographe et anthropologue du CNRS a mis en œuvre un programme international de formation « France-Caraïbe » qui prépare à une spécialisation sur les sociétés de la Caraïbe

- francophone et anglophone - et conduit à l’obtention des diplômes des trois établissements partenaires (IEP de Bordeaux, Université des Antilles, University of the West Indies).

Depuis les années 1990, plusieurs travaux ont renouvelé l’approche en anthropologie des religions « afro-cubaines » (Kali Argyriadis, Erwan Dianteill, Emma Gobin, Katerina Kerestetzi), et ont donné lieu depuis à des enseignements sur ces objets à l’EHESS, à l’Université de Paris Ouest Nanterre et à l’Université Paris Descartes. Entre 2003 et 2009, un groupe de recherche sur Cuba s’est structuré à Paris autour de l’anthropologue Kali Argyriadis (alors chercheure IRD à l’URCIM) et de la sociologue Lorraine Karnoouh (alors doctorante

au CSPRP) à Paris Diderot. Plus récemment, le renouveau des études portant sur l’île a débouché sur la création d’un groupe de travail à l’IHEAL. Plusieurs séminaires interdisciplinaires en sont issus. Le processus de transnationalisation de ces pratiques syncrétiques a été exploré en particulier dans le cadre de l’ANR RELITRANS (www.ird.fr/relitrans), de 2007 à 2012. Pour leur part, Blandine Destremau (CNRS, IRIS), Nils Graber (EHESS) et Jérôme Leleu (EHESS) s’intéressent au changement à Cuba. Une publication est prévue pour 2017.

A partir de l’URMIS, et dans le cadre du LMI MESO (http://meso.hypotheses.org), coordonné par Odile Hoffmann (IRD, URMIS), qui adopte une approche élargie de la Caraïbe en tant que bassin méso-américain incluant les côtes continentales qui l’entourent, un axe coordonné par Kali Argyriadis (IRD, URMIS), Maud Laëthier (IRD, URMIS) et Jhon Picard Byron (LADIREP, Université d’État d’Haïti) est dédié à l’épistémologie comparée des anthropologies cubaine et haïtienne. Cet axe est soutenu LES HISTORIENS FRANÇAIS SPÉCIALISTES DE LA CARAÏBE SONT EUX-AUSSI ÉPARPILLÉS DANS LE PAYSAGE DES ÉTUDES CARIBÉENNES.

par des financements JEAI IRD et PICS CNRS dans une logique partenariale étroite avec les collègues des deux pays. En Haïti, depuis 2012, une Jeune Equipe Haïtienne Associée à l’International (IRD) travaille sur l’histoire de l’ethnologie dans le cadre d’une collaboration avec le laboratoire LADIREP de la Faculté d’ethnologie de l’UEH et l’URMIS. Les recherches sur Haïti sont également développées au sein de l’URMISrmis par Maud Laëthier qui étudie les réseaux migratoires mis en place à partir d’Haïti et en direction de plusieurs pays caribéens. Enfin, dans le champ de l’anthropologie de la santé, Christiane Bougerol (CNRS, CERMES), spécialiste de la Guadeloupe, a également développé et encadré d’importants travaux, touchant aussi à la question des conflits et de la sorcellerie. Sur le terrain guyanais, les travaux de Gérard Collomb (CNRS/LAIOS) sur la question amérindienne, ceux de Francis Dupuy (Université de Poitiers) sur les relations dites interethniques pourraient également être cités.

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 125-128)