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D’INTÉRÊT SCIENTIFIQUE QUI A LONGTEMPS ÉTÉ

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 56-58)

sur les Amériques :

D’INTÉRÊT SCIENTIFIQUE QUI A LONGTEMPS ÉTÉ

à son égard persiste.

Si l’antiaméricanisme expliquait en grande partie la situation dans les décennies de guerre froide, la cause principale de ce manque d’intérêt serait maintenant plutôt à chercher dans l’illusion que l’Amérique du Nord, faisant partie du même monde occidental, serait connue. Une autre raison pourrait être la peur d’affronter les États-Unis sur leur propre terrain. Il est vrai que les chercheurs étatsuniens forment le milieu universitaire le plus important au monde d’un point de vue démographique et que les États-Unis sont le pays qui publie le plus sur lui-même. Les études nord-américanistes françaises portent de surcroît largement sur les États-Unis et dans une moindre mesure sur le Canada (bien que le Mexique fasse géographiquement partie de l’Amérique du Nord, les études sur ce territoire relèvent traditionnellement de celles sur l’Amérique Latine en histoire et en civilisation).

1. Histoire

La recension de toutes les thèses portant sur l’Amérique du Nord et soutenues dans toutes les disciplines, entreprise par l’enquête AMNOR que Paul Schor a pilotée au CENA entre 2004 et 2008, montre que les travaux sur l’Amérique du Nord en France avant la Seconde Guerre Mondiale étaient loin d’être insignifiants, alors même qu’il n’existait à cette époque aucune structure institutionnelle à laquelle adosser des enseignements et des recherches. L’éparpillement et l’isolement de ces recherches empêchaient cependant tout effet cumulatif et la constitution d’un champ disciplinaire. Alors que partout ailleurs en Europe, la présence étatsunienne après la Seconde Guerre Mondiale explique la création de chaires et centres de recherche spécialisés en études nord-américanistes, le processus a été particulièrement long et difficile en France, peut-être en raison d’un antiaméricanisme plus virulent qu’ailleurs. À ce jour, il existe plusieurs unités de recherche en France qui accueillent des « concentrations » de chercheurs ou d’enseignants-chercheurs et/ou hébergent des centres de recherche spécialisés sur l’Amérique du Nord, notamment en histoire. L’existence de ces lieux distincts permet de maintenir des approches diverses de l’histoire nord-américaine, grâce à des croisements disciplinaires variés (histoire et relations internationales, histoire et anthropologie, histoire et science politique) et favorise le débat scientifique sur cet objet éminemment complexe et pluriel que sont les États-Unis et le Canada.

En 1967 était créée à la Sorbonne une première chaire d’histoire nord-américaine qui est longtemps restée unique. C’est autour de cette chaire que son premier détenteur, Claude Fohlen, fonda le Centre de recherches d’histoire nord-américaine (CRHNA). André Kaspi lui succède en 1989 et développe de manière

LE DÉCALAGE ENTRE LE POIDS DE L’AMÉRIQUE DU

NORD DANS LE MONDE CONTEMPORAIN ET LE PEU

D’INTÉRÊT SCIENTIFIQUE QUI A LONGTEMPS ÉTÉ MANIFESTÉ À SON ÉGARD

significative les activités américanistes avec la collaboration d’Hélène Trocmé puis d’Hélène Harter. Après avoir été intégré à l’Institut Pierre Renouvin créé en 1983, le CRHNA a rejoint ensuite l’UMR 8138 (CNRS / Université Paris 1 Panthéon Sorbonne / Université Paris Sorbonne), désormais dénommée SIRICE (Sorbonne – Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe). Depuis 1988, le CRHNA abrite aussi une bibliothèque et un centre de recherches (le Centre de recherches d’études canadiennes, CREC) dédiés spécifiquement à l’histoire du Canada. Le CRHNA comprend actuellement trois enseignants-chercheurs : Annick Foucrier, sa directrice, dont les recherches portent sur les migrations vers les États-Unis, l'histoire des Français et des francophones en Amérique du Nord, l’histoire de la Californie, de l’Ouest américain et du monde pacifique ; Nicolas Vaicbourdt qui travaille sur la politique étrangère des États-Unis ; et Florian Michel qui est un spécialiste d’histoire religieuse et d’histoire des universités aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Montée par Claude Fohlen avec l’aide des services culturels des ambassades étatsunienne et canadienne à partir de 1970, la bibliothèque du CRHNA qui porte le nom de son fondateur constitue avec plus de 10 000 ouvrages en français et en anglais le plus grand fonds nord-américaniste spécialisé en France.

En 1980 était créé à l’EHESS le Centre d’études nord-américaines à l’instigation de François Furet, en partenariat avec le CNRS et la French-American Foundation de New York. C’était l’un des centres aires culturelles de l’EHESS les plus tardivement fondés depuis le programme d’aires culturelles lancé en 1956 par Fernand Braudel. Après avoir fonctionné quelques années grâce aux enseignements assurés par des invités américains dans le cadre de deux directions d’études tournantes, financées l’une par l’EHESS, l’autre par

la French-American Foundation, le CENA s’est développé à partir de l’élection d’un directeur d’études permanent, Jean Heffer, en décembre 1984. Le centre est associé au CNRS depuis 2001, d’abord sous la forme d’une FRE (2001-2002), puis d’une UMR (2002-2005). Depuis le 1er janvier 2006, il appartient à l’UMR 8168 – désormais dénommée Mondes Américains – qui regroupe essentiellement des historiens et des anthropologues et qui réunit, outre le CENA, quatre centres de recherche sur l’Amérique Latine et la Caraïbe : le CERMA et le CRBC (EHESS), le CHRALMI (Université de Paris I) et l’ESNA (Université de Paris Ouest Nanterre La Défense). Cette collaboration fait de Mondes Américains une institution pionnière dans le champ nouveau des études sur les Amériques. À côté de Mondes Américains, il existe un autre laboratoire du CNRS travaillant sur l’ensemble de l’hémisphère occidental, le Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques (CREDA) – UMR 7227, mais il ne comporte pas d’historiens ou d’anthropologues de l’Amérique du Nord. À l’heure actuelle, le CENA est composé de quatre enseignants-chercheurs de l’EHESS (Romain Huret, son directeur, Nicolas Barreyre, Cécile Vidal et François Weil), de trois chercheurs CNRS (Thomas Grillot, Gilles Havard et Sara Le Menestrel) et d’un enseignant-chercheur affilié à une université (Yann Philippe), ainsi que d’une dizaine de doctorants et d’une vingtaine de mastérants. Alors que pendant longtemps un seul directeur d’études pouvait encadrer des thèses, le centre réunit maintenant cinq enseignants-chercheurs ou chercheurs habilités à diriger des recherches. Il est à même d’offrir un encadrement à des doctorants aussi bien en histoire qu’en anthropologie et dans toutes les périodes de l’histoire nord-américaine, y compris la période coloniale. Cette situation nouvelle devrait porter ses fruits dans les années à venir. Depuis de longues années, le centre a également développé

un parcours de spécialisation de Master en histoire nord-américaine. Le CENA s'intéresse à tous les aspects de l'histoire et de la culture nord-américaine selon une perspective nationale ou transnationale. À l’exception de Gilles Havard et de Cécile Vidal, la plupart des chercheurs travaillent quasi exclusivement sur les États-Unis. Ses axes de recherche principaux sont : histoire de l’État ; histoire des inégalités ; histoire de l’économie politique ; histoire des mouvements sociaux ; histoire spatiale ; histoire des migrations ; études urbaines ; histoire des Amérindiens ; histoire sociale de la colonisation, de la traite et de l’esclavage ; études sur la race ;

histoire de la médecine et de la santé et anthropologie d e l a s a n t é m e n t a l e . Ces thématiques se reflètent dans sa bibliothèque que le CENA a entrepris de constituer depuis 2000, avec l’aide de l’EHESS et du CNRS. Elle comprend à ce jour près de 2500 titres, pour la plupart en anglais. Sciences Po Paris regroupe, au sein du

Centre d’histoire ou du Centre de Recherches Internationales (CERI), un nombre relativement important d’historiens (Mario Del Pero et Pap Ndiaye) et politistes (Daniel Sabbagh) des États-Unis. Ces chercheurs travaillent en particulier sur la race, l’ethnicité et les minorités, la ville, les élections américaines, la politique étrangère ou encore les questions de religion et de laïcité. Ils s’inscrivent dans la tradition des études nord-américanistes à Sciences Po qu’ont incarné pendant de longues années Denis Lacorne et Pierre Melandri. Bien que la situation se soit considérablement améliorée lors des trente dernières années, les études nord-américanistes demeurent encore aujourd’hui marginales en histoire. Cette marginalité se manifeste d’abord par

le relativement faible nombre de chercheurs ou enseignants-chercheurs en poste. Pour ce qui est de l’histoire des États-Unis, la France se situe loin derrière la Grande-Bretagne qui comporte la plus importante communauté d’historiens des États-Unis en Europe, à peu près au même niveau que l’Allemagne et devant l’Italie. Mais, contrairement à ce qui se passe en Grande-Bretagne, Allemagne et Italie, le plus grand nombre de ces historiens des États-Unis appartient en France à des départements d’études anglophones et pas à des départements d’histoire, hormis quelques exceptions comme Antoine Coppolani et Hélène

Harter.

La section 33 du CNRS ne comprend ainsi que deux chercheurs travaillant sur l’Amérique du Nord (Thomas Grillot et Gilles Havard). On trouve 19 enseignants-chercheurs se rattachant plus ou moins étroitement au champ de l’histoire des États-Unis dans les départements d’histoire (ont été inclus ceux qui sont spécialistes de relations internationales)16. De 1970 à 2012 il existait une chaire d’histoire nord-américaine à l’Université Paris 8 qui a disparu avec le départ à la retraite de Jacques Portes et l’obtention par Pierre Gervais, auparavant maître de conférences dans la même Université Paris 8, d’un poste de professeur en civilisation américaine à l’Université Paris 3 en 2013. Parmi les historiens des États-Unis, chercheurs ou enseignants- chercheurs en poste dans un département ou centre d’histoire, 11 appartiennent à l’une des trois places parisiennes qui rassemblent plus de deux spécialistes (CRHNA/Paris 1, CENA/EHESS et Sciences Po Paris), tandis que 8 sont isolés au sein d’équipes généralistes. Ces derniers ont rarement la possibilité de faire

BIEN QUE LA

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