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HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 128-130)

sur les Amériques :

HISTOIRE ET GÉOGRAPHIE

Les historiens français spécialistes de la Caraïbe sont eux-aussi éparpillés dans le paysage des études caribéennes. Seuls les enseignants-chercheurs du Département d’histoire situé dans le périmètre des universités des Antilles ou de la Guyane semblent faire exception. Adossés à une formation en archéologie, patrimoine et histoire du monde caribéen, les travaux spécialisés menés par les doctorants et les enseignants-chercheurs de l’équipe "Archéologie industrielle, Histoire et Patrimoine" (AIHP) - réunie désormais au sein de la nouvelle EA AIHP-GEODE - sont exclusivement consacrés aux Antilles et à la Caraïbe. Fondé et dirigé jusqu’à son éméritat par la Professeure Danielle Bégot, dont les recherches ont porté notamment

sur l’archéologie industrielle et sur le patrimoine sucrier, puis sur l’histoire de l’art et de la création artistique aux Antilles, le laboratoire AIHP a été le premier laboratoire, à dominante historique, à l’Université des Antilles et de la Guyane. L’équipe comprend aujourd’hui une vingtaine de membres dont les problématiques de recherche sont extrêmement variées : peuplement précolombien (Benoit Berard), histoire militaire (Boris Lesueur), sport et assimilation (Jacques Dumont), procès de socialisation dans la Caraïbe post-esclavagiste (Latévi Georges Lawson Body), patrimoine artistique (Christelle Lozere), mémoires des sociétés et civilisations des Guyanes (Jean Moomou), intégration des affranchis (Dominique Rogers), etc. Le CRPLC de l’UA compte également quelques historiens du Droit : Jean-François Niort, Yerri Urban, Gérard Gabriel Marion et une historienne du fait colonial, Myriam Cottias, Directrice de recherche au CNRS.

Dans l’Hexagone, la recherche française en histoire de la Caraïbe est souvent liée à la présence d'un petit nombre d’éléments actifs dans un groupe à thématique plus large. C’est par exemple le cas de Jacques de Cauna, spécialiste reconnu notamment pour ses travaux sur Toussaint-Louverture. Fondateur de la Chaire Haïti à Bordeaux, il est membre du CIRESC (EHESS) que dirige actuellement Myriam Cottias. Depuis sa fondation en 2006, ce laboratoire international associé (LIA) articule ses recherches autour de la question de l'esclavage, des traites et de leurs productions sociales et culturelles contemporaines, selon quatre axes prioritaires : biographies et littérature des esclaves et des populations affranchies et descendants d’affranchis ; citoyenneté et nation (politiques publiques) ; circulations culturelles, patrimonialisation et politique de la mémoire ; mobilités, migrations et transformations. C’est également le cas de Giulia Bonacci (IRD, URMIS) qui est spécialiste

de la Caraïbe anglophone (19°-20° siècles), notamment de l’histoire sociale, politique et culturelle de la Jamaïque, mais ces travaux restent peu valorisés en France parce qu’ils ne peuvent se développer que dans des réseaux scientifiques non-francophones. D’autres chercheurs comme Zélie Navarro-Andraud, spécialiste de l’administration coloniale française d’Ancien Régime et des réseaux sociaux transatlantiques (XVII-XIXème siècles) ou Dominique Goncalvès (CEMMC) qui étudie les questions stratégiques atlantiques et la société coloniale à Cuba, sont membres associés au FRAMESPA (Université Toulouse Jean Jaurès) dont le champ chronologique couvert s’étend de la période médiévale au XXIe siècle. Les axes thématiques de ce centre de renom concernent l’histoire des paysages, des réseaux sociaux, des structures familiales, des formes de production, du goût, des migrations, des identités, du genre, des productions culturelles. Soulignons également les travaux de Madeleine Dupouy (Université du Havre) sur la diaspora transatlantique des familles dominguoises et ceux d’Erick Noël (Université de Nantes) sur les gens de couleur, le chevalier de Saint-Georges et la Légion noire sous la Révolution. Bien que la discipline ait su tirer parti de l’intérêt suscité par les périodes de commémorations de l’abolition de l’esclavage, on relève difficilement, au cours de ces quinze dernières années, plus d’une dizaine de thèses soutenues en histoire moderne et histoire et civilisation. Malgré l’engouement pour les questions mémorielles relatives à l’esclavage, d’importants travaux sont menés en histoire contemporaine, particulièrement en Martinique et en Guadeloupe. Jean-Pierre Sainton, professeur au pôle Guadeloupe travaille sur l’histoire sociale ; Monique Milia Marie-Luce (MCF en histoire contemporaine en Martinique), auteure d’une thèse sur les politiques migratoires de la France et des Etats-Unis dans la Caraïbe

(Antilles-Porto Rico, sous la direction de Gérard Noiriel, à l'EHESS) mène actuellement des recherches au croisement des questions migratoires et de genre. Jacques Dumont (PR, Guadeloupe, et actuel président de l’Association of Caribbean Studies) étudie l’histoire politique récente des Antilles depuis la départementalisation. Sur la question de l’esclavage dans la Caraïbe francophone, on note les travaux de Frédéric Régent (MCF à Paris 1), Dominique Rogers (formée à Bordeaux III, MCF à l’UA, pôle Martinique et directrice du département d’Histoire), Marcel Dorigny (émérite Paris 8), Florence Gauthier (PR émérite Paris 7) et ceux de Bernard Gainot (émérite Paris 1), consacrés aux Antilles françaises et Saint-Domingue/Haïti dans un souci d’inscrire l’histoire caribéenne de la France dans une histoire nationale plus large et plus complexe. S’agissant de la géographie, depuis les travaux pionniers de Louis Papy, Eugène Revert, et Guy Lassère, la participation des géographes français à la connaissance de l’aire caribéenne est parvenue à se maintenir jusqu’à nos jours. Néanmoins, à l’exception des chercheurs et enseignants-chercheurs en poste dans les Antilles et la Guyane, on retrouve dans cette

discipline la même dispersion des spécialistes qu’en lettres, en sociologie, en anthropologie ou en histoire, les géographes français spécialistes de la Caraïbe étant disséminés, en métropole, dans le paysage universitaire et scientifique. C’est au sein de l’équipe GEODE Caraïbe (composante de l’actuelle EA 929 AIHP-GEODE) que les géographes spécialisés sur

les identités caribéennes sont les plus nombreux. Des personnalités reconnues comme Maurice Burac, Henry Godard, Thierry Hartog, Philippe Joseph, Françoise Pagney, ou Colette Ranely Verge-Depre, pour n’en citer que quelques-uns, ont puissamment contribué à la

connaissance scientifique du monde caribéen. On pense également à Pascal Saffache et Olivier Dehoorne qui conduisent depuis la Martinique des travaux sur le tourisme, les littoraux et les questions d’aménagement/ développement. La revue numérique Etudes caribéennes que ce dernier dirige participe, par une approche pluridisciplinaire, à la réflexion sur le développement de l’espace caribéen. Elle propose trois numéros annuels organisés autour d’un dossier thématique central. Les objets géographiques liés à l’environnement et à la biodiversité, à l’insularité ainsi qu’aux espaces urbains intéressent pareillement des chercheurs ou chercheurs associés de GEODE, comme Philippe Joseph, Thierry Nicolas ou Jean-Valéry Marc.

La mise en place de collaborations entre spécialistes ultra-marins et métropolitains s’est révélée ces dernières années des plus fructueuses. Les problématiques abordées sont nombreuses. Depuis une quinzaine d’années, on assiste à une montée en puissance de la question des migrations/diasporas caribéennes. On citera en particulier les recherches conduites par André Calmont, professeur émérite (GEODE), et Cédric Audebert (UMR 7301 Migrinter

Poitiers) sur la territorialisation des dynamiques migratoires. Plusieurs géographes s’intéressent également à des problématiques géopolitiques. C’est le cas notamment de collègues comme Eric Lambourdière (IUT Martinique), Jean-Marie Théodat (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), spécialiste des relations haïtiano-dominicaines et des frontières, actuellement détaché au MAEDI ; François Taglioni (Université de la Réunion), spécialiste du régionalisme et de la régionalisation en milieu insulaire ; ou bien encore Christian Girault, professeur émérite (IHEAL- CREDA) spécialiste des Relations Internationales, du tourisme et des flux économiques caribéens. A l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Denise Douzant- Rozendelde est connue notamment pour ses travaux sur l’agriculture et l’économie rurale à Cuba, et Yvette Veyret-Mekdjian pour sa recherche sur le développement durable et la gestion des risques naturels dans les Antilles. Des collaborations entre des géographes de l’enseignement secondaire (Monique Bégot, Patrice Roth) et du CNRS (Pascal Buléon, Université de Caen) ont également permis de réaliser, dans le cadre d’un programme Interreg IV Caraïbes, un projet (RICAe) ayant pour objectif la mise en réseau des connaissances de la Grande Caraïbe. Mené par l’Association de Recherche et d’études de la Caraïbe (AREC), en partenariat avec le Centro Cultural Eduardo Léon Jiménez de Santiago de los Caballeros (République Dominicaine) et le Conseil Régional de la Martinique, ce projet a donné lieu à la publication d’un atlas de géographique politique.

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