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DU MONDE ANGLOPHONE SUR L’ENSEMBLE DU

Dans le document Les études sur les Amériques en France. (Page 66-68)

sur les Amériques :

DU MONDE ANGLOPHONE SUR L’ENSEMBLE DU

TERRITOIRE FRANÇAIS

De cette cartographie, il ressort, en ce début de XXIe siècle, un paysage complexe et pluriel qui met en évidence le dynamisme des départements d’études du monde anglophone sur l’ensemble du territoire français dans l’enseignement et la recherche sur les relations internationales de l’Amérique du Nord, même si, en région, l’absence de bibliothèques richement dotées (cf. BDIC à Nanterre, FNSP à Sciences Po, ou bien encore les Archives diplomatiques françaises à la Courneuve) ou l’éloignement des ambassades et des contacts diplomatiques rendent cette recherche peu aisée. Or, afin que la France puisse continuer à bénéficier de l’expertise de chercheurs travaillant spécifiquement sur les relations extérieures des États-Unis

et du Canada, que ce soit dans leur dimension globale, régionale (transatlantique, par exemple) ou bilatérale, et non pas seulement de l’apport de spécialistes de politique intérieure américaine ou canadienne qui, occasionnellement, s’intéressent à tel ou tel aspect

de politique étrangère, il convient de soutenir cette recherche par définition onéreuse et insuffisamment financée par les établissements universitaires. En effet, les séjours de recherche impliquent systématiquement des séjours dans des pays éloignés de la France, parfois dans deux pays étrangers — États-Unis/Chine ; États-Unis/Russie, États-Unis/Amérique latine — et les invitations d’experts américains ou canadiens dans les colloques, séminaires ou cursus représentent un coût que toutes les institutions ne peuvent se permettre. L’Institut des Amériques, par l’aide aux manifestations scientifiques et à la recherche doctorale qu’il apporte à ses membres, contribue à soutenir efficacement cette recherche.

4. Littérature

Le temps est presqu’oublié où la littérature américaine devait se frayer clandestinement une place dans un petit coin des « études anglaises » sous le prétexte d’illustrer une « civilisation américaine » qui ne méritait pas d’être associée à la grande culture. « L’âge d’or du roman américain » cher à Claude Edmonde Magny, après la Seconde Guerre mondiale, a mis fin à l’ostracisme. Désormais la littérature américaine tend même à faire jeu égal dans les programmes universitaires et ceux des classes préparatoires littéraires avec la littérature des Iles britanniques, son histoire plus courte étant compensée par son foisonnement au vingtième siècle. A bien des égards, les auteurs ont précédé dans cette découverte l e s u n i ve r s i t a i re s : Balzac a admiré Cooper, Baudelaire a traduit Poe, bien avant que DH Lawrence ne commence à avertir que la littérature du Nouveau Monde n’était pas une littérature pour la jeunesse. L’histoire de la littérature américaine s’appuie donc sur une approche des grands auteurs à travers la méthodologie française de l’explication de texte, ou close reading, qui distingue notre approche au- delà des frontières et est associée aux Etats- Unis à la French Theory. Intégrée aux licences d’études anglophones, l’étude de la littérature américaine, depuis l’historique Introduction to American Literature, « Time Present and Time Past » de Françoise Grellet (Hachette, 1984-2009), s’appuie sur de nombreux ouvrages de synthèse (Ronan Ludot-Vlasak et Jean-Yves Pellegrin, Le roman américain, PUF, 2011 ; …). Interface originale entre les chercheurs et le grand public, la collection Voix Américaines (Belin) n’a pu décliner qu’une cinquantaine de monographies sur des auteurs américains avant que l’éditeur n’y mette un terme.

Les programmes de l’agrégation, bien qu’ils accordent encore une place mineure au fonds américain, assurent dans le territoire un renouvellement des auteurs étudiés et la vivacité de l’étude de la littérature américaine. Ils suscitent la publication de recueils d’articles de circonstance (en particulier par les éditions Ellipses ou CNED), et en aval, nombre de sujets de thèse, et le renouvellement des contenus de cours. Les colloques thématiques organisés par les grandes équipes d’accueil ou le congrès annuel de l’AFEA facilitent la diffusion des nouvelles approches, nouvelles plumes. Quelques centres mieux dotés peuvent parfois financer des invitations d’écrivains. Le festival America des littératures et cultures d’Amérique du Nord (Vincennes, les années paires) permet tous les deux ans aux chercheurs et au public de rencontrer les auteurs.

Traditionnellement, les américanistes français se sont intéressés à l’écriture des minorités, noirs, migrants et amérindiens. De nouvelles thématiques renouvellent ces approches collectives, autour de l’autobiographie, des études féminines, des trauma studies, proches dans d’autres contextes de recherche des cultural studies qui continuent de susciter quelque réticence. A côté des recherches de qualité sur les grands classiques de la littérature américaine, les Poe, Hawthorne, Emerson, Thoreau, Melville, Dickinson, Whitman, Twain, Cather, James, Wharton, Fitzgerald, Faulkner, Hemingway, Morrison, dans le sillage des travaux de Pierre-Yves Pétillon (La Grand- Route : Espace et Ecriture aux Etats-Unis ; Notre demi-siècle) et de Marc Chénetier (Au-delà du soupçon: la nouvelle fiction américaine de 1960 à nos jours, Seuil 1989), les jeunes américanistes se sont lancés à l’affût des expérimentations les plus décoiffantes du post-modernisme, en prose ou en poésie, à la lisière des installations et de la musique. Favorisée par l’entrée timide des arts visuels

dans les programmes de l’agrégation, le champ des études d’adaptation filmiques d’œuvres littéraires est très actif, et les études littéraires favorisent plus largement un intérêt pour les arts du récit, auxquels il convient d’annexer les séries https://gric.univ-lehavre.fr/ et la bande dessinée.

Créée en 1968, l’Association Française d’Etudes Américaines http://www.afea.fr , avec près de 1000 membres, a vocation à rassembler les anglicistes de l’enseignement supérieur et de la recherche qui étudient l’Amérique du Nord anglophone (doctorants compris), sans être une association « fille » de la Société des Anglicistes de l’Enseignement Supérieur. Les « littéraires » y sont majoritaires par rapport aux « civilisationnistes ». L’AFEA a mis en ligne, avec le soutien de l’Ambassade des Etats-Unis, une bibliographie des américanistes qui regroupe les publications en France et à l'étranger des membres de l'AFEA. Dans le cadre de leur inscription, les membres de l’AFEA reçoivent la Revue Française d’Etudes Américaines (Belin), déclinée en dossiers thématiques, reflet significatif des tendances de la recherche française. La Revue applique les normes scientifiques pour la soumission des articles, mais le rayonnement international en est limité par l’usage du français qui reste majoritaire. La Revue est accessible par le portail de Cairn, et pour les volumes les plus anciens sur Persée. Depuis 2001, l’AFEA parraine une deuxième revue scientifique en ligne, Transatlantica

https://transatlantica.revues.org/ , qui autorise des formats plus souples. Le site de l’AFEA recense un grand nombre de revues partiellement ou totalement consacrées aux études américaines, littérature et civilisation mêlés : voir

h t t p : //a fe a .f r/ R ev u e s - f r a n c a i s e s -

et-europeennes.html . A noter en

particulier : Cercles (Université de Rouen)

http://www.cercles.com/, qui s’est fait une spécialité des recensions, Miranda (Université

C E N T R E S D E R EC H E RC H E E N F R A N C E

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