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La première partie de la thèse propose un cadrage du « triangle du lithium » en abordant les différentes dimensions qui le caractérisent : l’espace, la ressource et la représentation.

Ainsi, le premier chapitre présente une mise en perspective historique et géographique de l’espace des salares andins, qui pré-existe à l’intérêt mondial qui lui est aujourd’hui porté pour ses ressources en lithium. À travers la notion de marge, je caractérise cet espace et la manière dont il s’insère dans les territoires argentin, bolivien et chilien. Je précise les territorialités qui y sont prégnantes : indigène, touristique et minière. Cela permet de constater que ces marges frontalières partagent une histoire et des territorialités, qui sont à prendre en compte dans l’analyse des reconfigurations spatiales liées aux projets d’exploitation du lithium.

Le deuxième chapitre se focalise sur le lithium et l’histoire de son exploitation dans les Andes. La réflexion s’organise autour de la notion de ressource, envisagée dans une perspective constructiviste, bien que ma démarche soit aussi sensible à sa dimension matérielle. Qu’est-ce qu’une ressource ? Dans quelle mesure constitue-t-elle un enjeu politique, social, juridique ? Ces questionnements invitent à considérer les jeux d’acteurs et les rapports de pouvoir autour du lithium. Mener cette réflexion sur les acteurs conduit également à considérer leurs représentations, notamment en interrogeant le rôle du temps et de l’idée de « futur » dans la manière dont est pensée, puis régulée la ressource.

Quant au troisième chapitre, il interroge le syntagme « triangle du lithium » en partant du postulat qu’il s’agit d’une représentation, c’est-à-dire d’une construction sociale et mentale du réel. J’en retrace l’histoire, depuis sa constitution jusqu’à sa généralisation dans les discours sur le lithium sud-américain. Puis, dans une démarche critique, il s’agira de déconstruire cette représentation. Je montrerai alors que si cette dernière a le mérite d’être particulièrement évocatrice et de conférer une dimension spatiale aux gisements lithinifères andins, elle ne propose qu’une vision restrictive des systèmes relationnels et des territorialités dans lesquels s’inscrivent les

salares. Les gisements de lithium se situent dans des espaces complexes, qui dépassent les simples

relations entre trois pôles. Ce constat m’amène à adopter une approche relationnelle de cet espace. La deuxième partie de la thèse rend compte des recompositions spatiales induites par les projets d’exploitation du lithium, au prisme des dynamiques d’intégration que connaissent les marges. Trois échelles sont abordées : mondiale, nationale et locale.

Le chapitre quatre porte sur la manière dont les marges où se situent les salares andins se connectent au monde, par l’intermédiaire des projets d’exploitation du lithium. Ces connexions passent surtout par l’insertion dans des réseaux, qu’il s’agisse des réseaux de production et de commercialisation de la ressource ou de réseaux d’acteurs (transnationales, États, institutions financières internationales, universitaires). L’intégration des marges lithinifères à la mondialisation passe aussi par des discours et représentations, qui circulent entre échelles d’action. Ces analyses m’amènent à questionner l’existence de marges mondialisées.

Le chapitre cinq analyse les trajectoires des marges étudiées à l’échelle nationale. Il débute par un état des lieux des politiques de régulation du lithium dans chacun des pays concernés, qui révèle de fortes différences dans la manière de gérer l’accès à la ressource et son exploitation. Poursuivant cette réflexion sur les divergences entre l’Argentine, la Bolivie et le Chili, je montrerai ensuite que concurrence économique et différends géopolitiques participent aussi à cette fragmentation entre les trois marges lithinifères. Toutefois, si les États induisent des forces centrifuges entre les marges, la valorisation mondiale des ressources lithinifères provoque l’intégration de ces espaces à leurs territoires nationaux respectifs. Je détaillerai chacune de ces histoires d’intégration à l’échelle nationale, au travers une grille d’analyse décomposant l’intégration en cinq dimensions.

Le chapitre six s’intéresse aux interactions entre les projets extractifs et leur milieu d’accueil, à l’échelle locale. L’entrée par les acteurs et leurs relations permet d’observer les modalités de production de l’espace local de la ressource, entre résistance aux processus d’intégration et acceptation du modèle extractiviste. L’analyse des rapports de pouvoir entre acteurs montre toutefois une absence de conflit ouvert au sein du « triangle du lithium », malgré l’existence de tensions latentes. Je m’attarderai sur cette singularité, avant d’interroger les dynamiques de développement potentielles que peuvent susciter les projets d’exploitation de lithium dans leurs territoires d’implantation.

Enfin, la troisième partie pose la question de la pertinence de l’échelle régionale dans l’analyse géopolitique du « triangle du lithium ».

Le chapitre sept s’ouvre sur une mise au point théorique, d’une part sur la distinction entre les notions d’intégration régionale, de régionalisation et de régionalisme et, d’autre part, sur une contextualisation des phénomènes régionaux dans le contexte sud-américain et mondialisé. Les dynamiques régionales restent déterminantes dans le cadre de la mondialisation, mais en Amérique du Sud les projets d’intégration régionale peinent à se structurer. À partir de cette contextualisation, le chapitre retrace l’histoire des projets de régionalisme autour du lithium et fait le constat de leurs difficultés à voir le jour. Cela s’explique notamment par une prégnance de l’échelle nationale dans la régulation des ressources, et du lithium en particulier.

Pour terminer, le chapitre huit envisage l’existence de dynamiques de régionalisation plus informelles dans l’espace qualifié de « triangle du lithium ». Le cloisonnement étatique entre les marges argentine, bolivienne et chilienne est surmonté par des circulations d’informations, d’expériences et d’acteurs, ainsi que par la régionalisation de réseaux et flux. Cela participe à la structuration d’un espace régional transfrontalier du lithium. Je montre que cet espace régional existe aussi bien par la régionalisation des réseaux universitaires, que par l’activité des entreprises extractives, ou encore l’émergence d’un contre-projet territorial porté par les populations locales.

Partie I.

L’espace des salares andins

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