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Occurrences des participations des différents types de musiciens (indépendemment du nombre de joueurs)

Musiques et musiciens

Tableau 4 : Tableau des associations d'instruments Fonction de la

musique Instruments associés Circonstances

Pour entraîner les cortèges

Hautbois & tambours 1682, 26 avril : Réjouissances à Grenoble en l'honneur du mariage du marquis de Sassenage avec Mlle de St André

Timbales & trompettes 1678, 5 décembre : Suite des réjouissances à Grenoble pour la naissance du comte de Sault Violons, musettes &

tambours

1678, 19 décembre : Réjouissances à Claix pour la naissance du comte de Sault

Violons, hautbois &

musettes 1693, Réjouissances pour la prise de Heidelberg Trompettes, tambours,

fifres & hautbois 1676, septembre : entrée de Mme la duchesse de Sault dans la ville de Grenoble

Pour animer une fête civique pendant toute sa durée ou à certains moments forts

Violons seuls 1619, 19 à 21 octobre : réception de la princesse Christine de Piémont Tambours seuls 1690, novembre : Réjouissances à l'occasion de la victoire de Fleurus Violons & hautbois 1690, novembre : Réjouissances à l'occasion de la victoire de Fleurus Trompettes & violons 1729 : Réjouissances pour la naissance du Dauphin

Violons & tambours 1678, 19 décembre : Réjouissances à Claix pour la naissance du comte de Sault Chantres & instruments 1623, entrée du comte de Soissons, gouverneur de la province Violons, trompettes &

autres instruments 1617, 22 avril : réception de Mgr de Lesdiguières de retour du Piémont Violons, fifres & tambours 1680 : Mariage de Mr de Sayve

Fifres, tambours, musettes 1682, août – Réjouissances pour la naissance du duc de Bourgogne Trompettes, timbales, &

tambours

Le voyage des ducs de Bourgogne et de Berry de la frontière espagnole jusqu'à Versailles (1701)

Hautbois, violons, musettes & autres instruments

1681 : Réception de Mr le Marquis de Saint André Virieu,

Premier Président au Parlement Des joueurs d'instruments

costumés en muses sur un char ; timbales &

trompettes dans une barque sur l'Isère

1678, 5 décembre : Suite des réjouissances à Grenoble pour la naissance du comte de Sault

Pour animer des bals Violons seuls

1682, 26 avril : Réjouissances à Grenoble en l'honneur du mariage du marquis de Sassenage avec Mlle de St André

Violons & hautbois 1688 – Réjouissances pour la prise de Philisbourg

Individuellement, chaque instrument ne paraît pas jouer un rôle spécifique : le hautbois se trouve au bal comme au défilé militaire. Les associations d'instruments apparaissent en réalité des plus diversifiées. Les deux associations les plus fréquentes – observées 7 fois chacune – sont celles des hautbois et violons, et celles des violons et trompettes. L'association des hautbois et tambours est également employée aux deux fêtes de l'arquebuse documentées pour la musique (1682 & 1726) ; elle y semble d'ailleurs traditionnelle. Est-il possible d'observer des critères purement musicaux dans les choix d'assemblages des différents instruments ? La multiplicité de ces types d'associations laisse à penser que, tant pour faire marcher la procession, que pour charmer le public, tout instrument semble bon aux organisateurs pourvu qu'il soit disponible, qu'il provienne de la milice, de l'armée,

à Grenoble au XVIIe siècle

ou de professionnels indépendants. De plus, la forme des témoignages parvenus incite à une analyse très modeste de ces associations. Cette documentation demeure laconique quant à l'exercice musical concret : constater que sonnent plusieurs types d'instruments au cours d'une même fête ne signifie pas forcément qu'ils jouent ensemble.

Cet inventaire sans logique apparente déconcerte. Il ne faudrait pas conclure trop hâtivement que les organisateurs de ces fêtes laissaient au hasard des circonstances le choix des instruments. Le Grand Siècle, au contraire, est une période où les codes musicaux sont précis, tant pour illustrer sentiments et humeurs par des figures convenues dans les compositions musicales, que pour affecter tel instrument à telle figure représentée dans la fête.

Parmi les théoriciens de ces relations dans les fêtes entre personnages symboliques, figures allé- goriques et instruments, Claude-François Ménestrier, jésuite, savant, grand organisateur et narrateur des pompes nécessaires aux entrées, béatifications et canonisations, de Lyon à Chambéry en passant pas Grenoble, indique comme suit l'affectation détaillée des instruments qu'il préconise 236 :

L'Harmonie ne devoit pas donc manquer aux Carrousels, qui sont des Fêtes d'appareil, & des réjouissances publiques. Aussi, comme ce sont des Festes militaires et galantes, des Lieux en forme de Combats, & des Exercices guerriers, changez en Divertissemens, leur harmonie est de deux forces, l'une militere, fiere, & guerriere, l'autre douce & agreable. La premiere se met en teste de chaque Quadrille, pour animer les Cavaliers, & pour annoncer leur venuë, leur entrée dans la Carriere, leurs Comparses, & leurs Courses ; et l'autre ne sert qu'aux Recits, aux Machines, & à la Pompe.

Les Trompettes, Tambours, Tymbales, Clairons, Nacaires, Attabales, Cornets, Timbres, Cimbales, Dulcines, Haut-bois, Cromornes, Fifres, Flutes traversieres, sont les instrumens les plus propres pour cette harmonie guerriere. Les Luths, Theorbes, Guitterres, Musettes, Clavessins, Epinettes, petites Orgues, Violons, Violes, Harpes, Flutes douces, et autres pareils Instrumens, sont les plus propres pour l'Harmonie des Chars, & des Machines, où il y a des Personnages paisibles, comme les Vertus, & les Nymphes.

Ces Instrumens doivent être propres aux Personnes que l'on introduit en ces Festes. On donne des Attabales, & des Nacaires aux Mores, des Tymbales, & des Tambours aux Allemans, des Clairons aux Persans, des Cornets tors aux Tritons, des Flutes aux Satyres, & des Sifflets à sept tuyaux. Aux Bergers des Musettes, & des Chalumeaux, des Trompes aux Postillons, & des Cors de Chasse aux Chasseurs. La Lyre à Apollon, & à Orphée : ainsi des autres. Sur les Machines Militaires, il ne faut que des Instrumens Militaires. Sur les Machines Champestres, & Rustiques, des Instrumens champestres. Sur les Vaisseaux des Trom- pettes Marines.

Or les fêtes grenobloises comportent parfois de ces tableaux aux représentations symboliques et érudites, avec lesquels les choix musicaux ne sont sûrement pas purement aléatoires ou prosaïques, mais qui pourtant nous échappent 237 :

1678, 5 décembre : Suite des réjouissances à Grenoble pour la naissance du comte de Sault

Le jour de la Saint-André (…) la nuict vint, qui fust cause que la char de triomphe que Mr Corréard avoit faict mettre à la teste de nostre compagnie ne peu pas être veu partout. Il y avoit au-dessus un enfent qui représentoit un Achile et un peu plus loin un Mars et un Amour. Le reste estoit des joueurs d'instruments qui représentoient les Muses. Ils avoient pour habits une juppe de femme avec une escharpe ou toilette sur les épaules qui les couvroient et un bonnet avec des plumes, ce qui paroissoit aseurément fort beau. (...)

À la queue de l'infanterie, la jeunesse de la ville, commandée par Mr Dusavel et par le sr Pellat, son lieutenant, estoit à cheval, bien monstez et fort lestement vestus. Ils avoient à leur teste des timballes et quatre trompettes.

[Le lendemain] (…) Mr Dusavel et Mr Pellat firent tirer des fusées sur l'izère qui firent très bien. Ils avoient dans le batteau leurs timballes avec leur quatre trompettes qui sonnoient des fanfares pendant que les fusées alloient en l'air.

Mais entre les souhaits du théoricien et les habitudes locales, ou les manques de ressources des municipalités qui payent ces grands spectacles, un grand écart peut advenir, conduisant à des assem- blages plus aléatoires et restreints au sein de l'instrumentarium disponible. En pratique, quelles musiques jouaient ces instruments associés ? Comme pour la majeure partie de ce tableau de la musique à Grenoble, il n'est possible que d'imaginer les rythmes et les sonorités produites par ces différentes associations d'instruments : la musique jouée nous échappe.

236 Claude-François Ménestrier, De l'Harmonie. in Traité des tournois joustes carrousels et autres spectacles publics (par le P. Fr.

Menestrier), Lyon, Jacques Muguet, 1669, p. 168-169.

237 Mémoires d'Antoine Le Clair..., op. cit., p. 182-184.

Musiques et musiciens

Des musiciens de Grenoble ou d'autres villes ?

Grenoble dispose-t-elle d'un vivier suffisants de musiciens pour ses différents besoins ? Si les sources n'affichent pas que les musiciens rémunérés sont grenoblois, parfois, quand ils viennent d'une autre cité, la chose est précisée. Les exemples en sont rares. En 1619 se produit une délibéra- tion au Conseil des quarante pour l'accueil de la princesse de Piémont, avec le gouverneur de la ville, Abel de Bérenger, seigneur de Morges. Ce dernier ignore-t-il que Grenoble dispose de violo- nistes, ou bien suppose-t-il qu'ils manquent de talents 238 ?

(…) M. de Morges demande qu'on fasse venir des violons d'Avignon et que la jeunesse de la ville soit exercée, à cette occa- sion, à « faire les exercices de guerre qui seront necessères » (25 septembre). On décide qu'on ira chercher des tambours à Lyon ; (…)

Mais ces tambours n'apparaissent finalement pas dans le détail des dépenses. Quant aux violons, le doute est permis par la formulation qui ne mentionne pas le nom du responsable du groupe 239 :

« mandat de six écus à chacun des sept violons qui ont joué les trois jours du passage de la princesse »

Ces violons sont-ils de Grenoble ou d'Avignon ? Deux éléments militent pour qu'il s'agisse de Grenoblois. En effet, c'est lors de ces fêtes que Christine de Savoie semble avoir fait la connaissance des maîtres de violon et de danse de Grenoble, les Farinel et Chapaty, qu'elle fera sans tarder venir à sa Cour. L'autre raison vient du mode de rédaction des sources. En 1623 pour l'entrée du comte de Soissons, un effectif supplémentaire est cherché et trouvé à Lyon 240 :

1623 – Compte des derniers communs – (…) À quatre trompettes venus exprès de Lyon, 168 livres à raison de 7 livres par homme et par jour.

Pour cette entrée, la ville paye des tambours et des fifres, des joueurs de violons qu'elle nomme, mais pour les trompettes venus d'une autre ville, elle précise le fait et leur origine ; d'autant que la dépense en est augmentée par le paiement de leurs journées de marche entre les deux cités.

Comme il n'apparaît pas d'autre cas d'appel à un renfort musical d'une autre contrée, il semble bien que la ressource locale en joueurs de violons et hautbois soit suffisante, d'autant que l'usage municipal est fréquent tout au long du siècle de recruter ces musiciens locaux associés en bandes de violons, associations explicitement mentionnées comme telles.

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