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L'itinérance des maîtres de musique et des organistes

Les musiciens qui assurent les musiques sacrées ne restent en majorité pas longtemps à Grenoble. Ce qui correspond à la tendance générale pour les villes étudiées par les historiens : celle d'une forte mobilité des organistes et des maîtres de chapelle – musiciens vicariants – qui restent peu de temps dans un même poste afin d'accroître leur expérience, de satisfaire leur curiosité des musiques prati- quées ailleurs, de développer leur qualification professionnelle ou leur grade dans l'institution. Bouzignac, sous-maître de musique, se contente de rester trois mois à Grenoble en 1609, ayant visi- blement acquis à Saint-André le grade de maître qu'il souhaitait, dans l'espérance d'obtenir de meilleures rémunérations par la suite.

Les individus qui restent plus d'un an à Grenoble sont les moins nombreux, et leur parcours est lisible dans le tableau suivant.

Tableau 7 : Musiciens d'Église demeurant plus d'un an à Grenoble

employeur année

de début

informations personnelles durée

plausible dans le poste

(en années)

Saint-André 1587 Pierre Rey est attesté maître du chœur en 1587 et 1601 ; avec

continuité ? 15

Saint-André 1612 L'organiste Gabriel Lorillart officie en 1612 et 1613. 2 Saint-André 1613 Louis Seigneuret est maître du chœur et de grammaire pour les

enfants en 1613 et peut-être jusqu'en 1627.

15 Notre-Dame 1617 Antoine Lavet, de Billon-en-Auvergne, est maître de musique à la

cathédrale en 1617 et 1620.

4 Saint-André 1628 Annibal Gantez est maître de musique en 1628-1629, est logé en une

chambre du cloître de Saint-André, puis quitte Grenoble. 2 Saint-André 1629 Fradel est présent comme maître de musique en 1629 puis en 1632. 2 Saint-André 1630 Pierre Jacquemet est attesté maître du chœur en 1630 puis en 1638,

pour 20 écus par an. 2

Saint-André 1633 Guillaume Germain, de Billon-en-Auvergne, est attesté maître de chœur en 1633, sans doute jusqu'en 1637, puis en 1642 et 1643, invariablement pour 30 écus par an.

5

Saint-André 1639 Denis Chevalier est maître de musique en 1639 et 1643. 2 Saint-André 1642 Guillaume Germain revient comme maître de chœur en 1642 et 1643,

toujours pour 30 écus par an.

2 Saint-André 1645 Revenu à Grenoble, Antoine Lavet, ne retourne pas la cathédrale, mais

est embauché à Saint-André en 1645 et 1648, et est promus chanoine honoraire. Antoine Lavet décède en 1663, âgé de 90 ans : il est enterré à Notre-Dame dans la sépulture des prêtres incorporés de ladite église.

4

Saint-Laurent 1647 Étienne Fabre, venant d'Avignon, est attesté organiste de Saint-Laurent en 1647 et 1649, et habite le quartier.

3 Saint-André 1651 Charpit, engagé comme chantre 1651 est prêtre habitué et maître de

musique en 1653.

3 Saint-André 1656 Annibal Gantez revient en 1656 et repart début 1657. Ayant gagné en

réputation, il est alors promus prêtre habitué et rémunéré au-dessus de la moyenne. Il part pourtant rapidement pour Nevers.

1

Saint-André 1658 Louis Rabourdin semble assumer la fusion des fonctions de maître du chœur et d'organiste décidée par le chapitre en 1658 et ce jusqu'en 1666. Mais les preuves manquent car, dès 1659, la documentation ne mentionne plus que sa qualité d'organiste.

9

Musiques et musiciens

employeur année

de début

informations personnelles durée

plausible dans le poste

(en années)

Saint-André 1670 Jean-Philippe Sauveur est maître du chœur et organiste en 1670 et 171.

2 Notre-Dame 1691 Jacques Mollard, huissier du chapitre, est rémunéré comme facteur

d'orgues en 1691 et en plus comme organiste en 1699. Aucun autre nom n'est connu entre ces deux dates.

9

Notre-Dame puis Saint- André

1702 Guyard devient maître du chœur et organiste à Saint-André, après

avoir été organiste de Notre-Dame. 1

Saint-André et/ou Notre- Dame

1716 Louis Debatz, qui arriva en 1716 de Nogent-le-Rotrou (du Perche : a-t-il d'abord étudié et joué au Mans ? Sylvie Granger l'aurait aperçu ?), est organiste (uniquement organiste?) simultanément de 1716 à 1738 à Saint-André et à la cathédrale : on lui supposera donc au moins un assistant. En 1746 il est (toujours ?) à la cathédrale. Mais René- Charles Allain tient Saint-André en 1732. En 1755, Debatz démissionne de Saint-André, où il était revenu.

40

Si l'on observe les quelques passages d'un employeur à l'autre, on s'aperçoit que les chapitres de Saint-André et de Notre-Dame continuent à se livrer concurrence, et les musiciens vicariants à en jouer dans leur intérêt.

La série d'informations issue des sources souffre souvent du manque des dates précises d'em- bauche ou de départ : une part d'interprétation est alors nécessaire. Trois groupes se dégagent ainsi parmi cet ensemble : ceux qui changent de ville chaque année, ceux qui restent un petit nombre d'an- nées et enfin les exceptions, les musiciens qui restent longtemps, voire s'installent définitivement à Grenoble.

Pour les individus, la répartition entre ces trois catégories penche nettement en faveur de ceux qui ne demeurent qu'un an à Grenoble.

Tableau 8 : Musiciens d'Église – effectifs suivant la durée dans le poste

durée dans le poste effectif des musiciens part de l'effectif

1 an seulement 36 70 %

de 2 à 5 ans 10 20 %

plus de 5 ans 5 10 %

Mais si l'on observe les durées cumulées d'exercice dans une fonction musicale, afin d'établir le caractère plus ou moins nomade du personnel musical religieux, deux remarques s'imposent. Outre l'aspect lacunaire des sources déjà évoqué, il faut noter – comme pour le décompte précédent – que les répartitions sont faussées par le long « règne » probable de l'organiste Louis Debatz qui, au début du XVIIIe siècle, exerce, voire cumule, pendant 40 années peut-être.

à Grenoble au XVIIe siècle

Tableau 9 : Durées cumulées d'exercice dans une fonction musicale

vue d'ensemble jusqu'en 1730 vue jusqu'en 1700

durée d'activité années cumulées taux années cumulées taux

1 an seulement 36 23 % 36 31 %

de 2 à 5 années 33 21 % 33 28 %

plus de 5 ans 88 56 % 48 41 %

Au total, si chaque année, de 1590 à 1730, l'organiste et le maître de musique avaient été connus pour les deux chapitres, cela correspondrait à 488 années d'exercice. En l'état, ce sont 117 années lors desquelles un responsable de la musique est connu. Plus des deux tiers de ces musiciens identi- fiés ne sont restés en poste à Grenoble qu'une année ; ce groupe des musiciens les plus nomades ne cumule qu'un petit tiers du total du temps.

Si les musiciens changent fréquemment de ville, leur provenance n'est que rarement connue. Classés chronologiquement, les rares lieux d'origine mentionnés sont : Piémont, Nice, Paris, Limoges, Marseille, Billon-en-Auvergne, Bérulle-en-Picardie, Virieu, Billon-en-Auvergne, Beaume- la-Roche (diocèse de Langres), Dijon, Embrun, Nogent-le-Rotrou. Deux musiciens venant d'Au- vergne ne font pas une régularité et le paquet d'informations est trop mince pour être significatif. Et naturellement, pour la grande majorité des musiciens dont on ignore la provenance, il est impossible de savoir la part des nomades – logiquement la plus forte – et la part des natifs de Grenoble.

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