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Les instruments de l'Église pour la musique liturgique Les orgues

Les orgues constituent l'instrument le plus répandu pour la musique de l'Église ; du moins elles tiennent la principale place – quasi exclusive – dans les sources disponibles.

À Notre-Dame, l'orgue existe depuis le XVe siècle. Il est restauré d'abord en 1587 par Jean dit Grenoble. Le XVIIe siècle ne paraît guère favorable aux finances de Notre-Dame. Ce n'est qu'à la fin

du siècle, puis au suivant, qu'on voit se mobiliser des crédits pour réparer les orgues, de 1698 à 1701, et encore de 1713 à 1715. Quelques détails émergent alors qui indiquent que tel organiste avait un autre métier – horloger –, ou qu'existait un relatif va-et-vient entre organistes de Saint-André et de Notre-Dame. Tardivement apparaît une mention de rémunération du titulaire de l'instrument 151 :

146 Gilles-Marie Moreau, Le Saint-Denis des Dauphins, op. cit., p. 232. 147 Id., p. 89.

148 L. Royer, Les musiciens…, op. cit., p. 250-251 ; la note 4 renvoie à AMG CC 971. 149 ADI 2 C 510 : Rôle des capitations de 1739.

150 Lise Soulbieu, Le château de Sassenage. Gardien de la mémoire familiale. Grenoble, PUG, coll. Patrimoine, 2015, p. 20. 151 Gilles-Marie Moreau, Notre-Dame…, op. cit., p. 268.

à Grenoble au XVIIe siècle

Enfin, en 1772, l'organiste recevait 280 livres d'appointements, et le souffleur 20 livres.

La collégiale Saint-André possédait un orgue depuis au moins 1439, mais ne disposait pas d'un organiste attitré. La fonction permanente de l'organiste aurait pris place dans son dispositif musical au cours du XVIe siècle. Ensuite, en 1501 pour la première fois, l'instrument est maintenu et

amélioré à plusieurs reprises. Ces travaux laissent quelques précieuses traces comptables dans les archives, ainsi que d'heureuses précisions techniques sur l'instrument. En 1646, le chapitre, grâce à quelques dons complémentaires, n'aurait déboursé que 800 livres pour faire construire de nouvelles orgues par un Dominicain. En 1686, les chanoines font améliorer et déménager cet orgue dans une nouvelle tribune édifiée à cet effet. François Du Fayet, facteur d'orgues établi à Lyon, est engagé par le chapitre pour ce faire. Pour 264 livres, il devra :

(…) relever l'orgue de l’église Saint-André, la transporter à la nouvelle tribune, et à cet effet il fera un sommier neuf qui aura les jeux ci-après mentionnés : le bordon, la montée, l'octave, l'octave douce, la quinte, la quinzième et le cornet, lesquels jeux se trouvent dans le ledit orgue, et il adjoutera une fourniture à quatre tuyaux, une cimbale à trois tuyaux, et augmen- tera aussi de nouveau le cornet susdit de deux teaux, puis il se chargera de faire une trompette tenant tout le clavier, une petite tierse et un uzard, plus de faire un tremblant, adjoutera un gros C, sol, ut, fa, avec les semi-tons, il mettra en état dans cinq mois à commencer dans 15 jours, moyennant la somme de 264 livres. 152

En 1701 et 1704, 690 livres sont consacrées à de nouvelles améliorations et cet effort financier pour les orgues se poursuivra jusqu'à la Révolution.

La seconde paroisse de Grenoble, celle de l'église Saint-Laurent, a des orgues et les fait jouer, puisqu'en 1647, Étienne Fabre est dit « maître organiste de St-Laurent » 153. Répondant à l'extension

de la ville, deux églises nouvelles sont construites à la fin du siècle : Saint-Joseph est consacrée en 1697, puis Saint-Louis en 1699. Si Saint-Louis est promptement édifiée, l'achèvement de ses orgues connaît quelques difficultés. L'Hôpital se décharge en 1720 d'une obligation reçue en héritage de faire terminer les orgues de Saint-Louis, en offrant au curé et marguillier de Saint-Louis, à la place de ces travaux, une tapisserie et un tapis d'Auvergne 154.

Cet instrument est également attesté au monastère des Dominicains. Leur établissement est fondé à Grenoble en 1288, bâti entre la Pertusière et la place du Breuil, jusqu'à la porte Traîne. Ce bâtiment est ruiné en 1562 par les Réformés, puis reconstruit. 0n peut lire dans le Dictionnaire du Dauphiné de Guy Allard (1635-1716) que les Dominicains disposaient d'une belle bibliothèque, des nombreux tableaux – des portraits – et d'orgues 155.

Le Monastère royal des dominicaines de Montfleury est l'établissement religieux le plus considé- rable de la vallée du Grésivaudan depuis le Moyen Âge. Il possède son orgue depuis 1639 au moins. Après le second incendie général du monastère du 4 décembre 1625, les dominicaines reçoivent des dons multiples pour sa reconstruction, dont un considérable destiné à acheter des orgues :

Parmi les magnifiques présents que reçut le monastère l'un des plus remarquables fut sans contredit celui que lui firent Mme de Lacroix Chevrières et son fils, en 1639, de fort belles orgues qui coûtèrent 2 000 livres et furent placées plus tard a la tribune. 156

Le serpent

Un autre instrument apparaît dans le dispositif des musiques des églises, mais une seule fois : le serpent. Cet instrument à vent, en bois et à embouchure, d'un registre modérément grave, est bien connu dans d'autres villes pour accompagner le registre aigu des enfants du chœur lors des offices.

Son usage d'accompagnement du plain-chant est-il traditionnel aussi à Grenoble, au moins à Saint-André, ou bien s'agit-il d'un essai d'amélioration de la musique décidée par le chapitre ? Qu'il

152 Maignien, Les artistes, op. cit. ; Min. de Me Mailhet, f° 102.

153 AMG, ISAP, GG 144.

154 Emmanuel Pilot de Thorey, Documents et notes sur la musique et les musiciens en Dauphiné. N° 41 – Instruments de musique.

BMG, Ms, R.7906, n° 41. Note 5.

155 Edmond Maignien, Notice sur le couvent des dominicains de Grenoble, extrait du journal Le Dauphiné, in Ed. Maignien – Divers,

tome I, Grenoble, imprimerie de Prudhomme, 1866. BMG V. 11274 (1).

156 Henri Maillefaud (de), Recherches historiques sur le Monastère royal ou Chapitre noble de Montfleury, près Grenoble, de l'ordre de

Saint-Dominique, Grenoble, Imprimerie Maisonville, 1857, 183 p. (p. 53).

Musiques et musiciens s'agisse d'un renouvellement ou d'un premier achat, ce n'est manifestement pas à Grenoble que se trouve alors un facteur assez habile pour fabriquer ce serpent. Le maître de musique Sauvestre doit aller jusqu'en Bourgogne en faire l'achat. À moins qu'il ne préfère effectuer cet achat à Dijon, ville où il officiait juste avant de venir à Grenoble 157 ?

Le 27 août 1655, il fut décidé que le sieur Sauvestre, maître de musique [de Saint-André], irait en chercher un en Bourgogne et que le chapitre lui ferait tenir l'argent pour le payer 3.

3. AMG G 452.

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