Environ 240 000 [150 000–320 000] personnes atteintes du VIH vivaient au Moyen-Orient et en Afrique du Nord en 2014. Deux tiers d’entre elles (150 000 [110 000–190 000]) étaient des hommes et 13 000 individus [10 000–16 000] étaient des enfants.
Progrès vers l’objecTif d’enrayer eT de commencer à inverser l’éPidémie de sida La région Moyen-Orient/Afrique du Nord est l’une des deux seules régions où le nombre de nouvelles infections à VIH n’a cessé d’augmenter, avec un nombre en hausse de 26 % de 2000 à 2015. Près de 22 000 [13 000–33 000] nouvelles infections se sont produites en 2014 (Figure 76).
La République islamique d’Iran, la Somalie et le Soudan comptent environ trois quarts de l’ensemble des nouvelles infections dans la région (Figure 77).
La couverture de la prévention du VIH pour les femmes enceintes
Source : Enquête la plus récente menée auprès de ménages représentatifs au niveau national, 2005-2013.
Figure 75
Prévalence de la violence conjugale récente chez les femmes non célibataires, par âge
Inde Timor-Leste Bangladesh
Pakistan
népal
Philippines
Cambodge
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Pourcentage
Âge : 25 à 49 ans Âge : 20 à 24 ans Âge : 15 à 19 ans
PrévenTion de nouvelles infecTions à vih Parmi des PoPulaTions clés Les épidémies dans la région découlent essentiellement de la transmission du VIH parmi certaines populations clés. La prévalence du VIH est élevée chez ces groupes dans le contexte d’épidémies par ailleurs de faible ampleur. Les pays d’Afrique du Nord sont affectés par des épidémies variées parmi les prostitués, allant de l’absence d’infection détectée en Égypte à une prévalence de 10 % en Algérie en 2014. Parmi les pays bordant l’Océan indien, Djibouti (16 %) présente le taux de prévalence du VIH le plus élevé parmi les prostitués, et la Somalie affiche quant à elle un taux de prévalence supérieur à 5 %, tandis qu’une enquête menée en 2013 n’a permis de dépister aucune infection parmi les prostitués au Yémen (Figure 78). Les homosexuels et les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes sont fortement affectés par la maladie et affichent un taux de prévalence supérieur à 5 % mesuré en 2014 en Algérie, au Liban et en Tunisie (Figure 79). Les personnes consommant des drogues injectables présentent un taux de prévalence du VIH modéré dans des pays qui effectuent des activités de surveillance, mais des taux relativement élevés ont aussi été observés au Maroc et en République islamique d’Iran (Figure 80).
L’Algérie (96 %) et le Liban (84 %) affichent un taux élevé d’utilisation du préservatif au cours des derniers rapports sexuels parmi les prostitués, tandis que l’Égypte, le Soudan, la Somalie et
Figure 77
nouvelles infections par le vih au moyen-orient et en afrique du nord, 2014
Iran (République islamique d’) Soudan
Somalie Maroc Égypte Algérie Autres pays
Source : estimations de l’ONUSIDA de 2014.
Tableau 6
couverture de la thérapie antirétrovirale parmi les adultes vivant avec le vih âgés de plus de 15 ans au moyen-orient et en afrique du nord, 2014
couverture de la thérapie antirétrovirale (%)
<25% 25-49% >50 %
Somalie Liban Algérie
Iran (République islamique d’) Oman
Soudan
République arabe syrienne Djibouti
Yémen Égypte Maroc Tunisie
Source : GARPR 2015. Les pays sans barre reflètent la prévalence du VIH mesurée à 0 % au moins une fois.
2014 2013 2012 2011
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Algérie Djibouti Égypte Jordanie Liban Maroc Somalie Soudan Tunisie Yémen
% vivant avec le VIH
Figure 78
Prévalence du vih chez les professionnels du sexe au moyen-orient et en afrique du nord, 2011-2014
Figure 79
Prévalence du vih chez les homosexuels et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des personnes de même sexe au moyen-orient et en afrique du nord, 2011-2014
Source : GARPR 2015.
2014 2013 2012 2011
0 5 10 15 20
Algérie Égypte Jordanie Liban Libye Maroc Soudan Tunisie Yémen
% vivant avec le VIH
25 30
Le taux d’utilisation du préservatif chez les homosexuels ou les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes était aussi faible ; seul le Liban a dépassé le seuil de 50 % avec un taux d’utilisation du préservatif de 75 %. L’Algérie et le Liban ont affiché des taux de couverture de dépistage récents du VIH élevés, mais seule l’Égypte (56 %) a rapporté un taux de couverture du dépistage supérieur à 50 %.
Quatre pays ont signalé une distribution d’aiguilles et de seringues, bien qu’aucun d’entre eux n’aient atteint la proportion
de 100 aiguilles distribuées par personne consommant des drogues injectables, bien en dessous de la proportion recommandée de 200 aiguilles. Il est frappant de constater le signalement de taux très élevés d’utilisation d’une seringue stérile lors de la dernière injection : le Liban (99 %), la Tunisie (89 %) et la République islamique d’Iran (82 %) avaient dépassé les objectifs recommandés de 80 %, et le Maroc (74 %) en est proche. Le taux déclaré d’utilisation du préservatif visant à prévenir la transmission sexuelle du virus par des personnes consommant des drogues injectables était particulièrement faible dans les trois pays
déclarants, allant de 29 % à 42 %. Le taux de dépistage du VIH au cours des 12 derniers mois atteignait moins de 1 % à Oman et culminait à 100 % au Liban et en Arabie saoudite.
Des progrès en termes de prévention ont néanmoins été réalisés.
La République islamique d’Iran a mis en place un important programme de distribution d’aiguilles et de seringues impliquant l’ouverture d’environ 600 centres de distribution. Le pays est aussi à l’avant-garde en termes de fourniture d’un traitement de substitution aux opioïdes, permettant ainsi à quelque 600 000 personnes de bénéficier d’un traitement.
vers un accès universel au TraiTemenT anTi-vih
Contrairement aux tendances mondiales, le nombre de décès liés au SIDA a plus que triplé dans la région entre 2000 et 2014. En 2014, 12 000 [5 300–24 000] personnes sont décédées au Moyen-Orient et en Afrique du Nord de causes liées au SIDA (Figure 81).
Le fait que le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord présentent le taux de couverture de traitement anti-VIH le plus faible de toutes les régions explique dans une large mesure la persistance de la hausse du nombre de décès liés au SIDA dans ces deux régions. En 2014, seules 14 % [9–19 %] des personnes atteintes du VIH dans la région ont suivi une thérapie antirétrovirale, le taux de couverture signalé étant comparable chez les adultes (14% [9–19 %]) et les enfants (15 % [11–18 %]). Le taux de couverture du traitement n’a connu qu’une amélioration modeste depuis 2010 lorsque 7 % [4–9 %] des personnes atteintes du VIH suivaient une thérapie antirétrovirale. Dans ces régions, l’Algérie et Oman font figure
d’exception par rapport à ce défi et dans l’accès à une thérapie antirétrovirale (Tableau 6). Avec un taux de couverture de 57 % [54–>95 %], l’Algérie a été le premier pays de ces deux régions à avoir étendu l’admissibilité au traitement en 2010 aux personnes présentant un taux de CD4 de 350 à 500. D’après les estimations, le financement national algérien couvre 90 % de sa riposte thérapeutique.
Dans d’autres pays de la région, le déficit de diagnostic précoce de l’infection à VIH constitue l’une des principales raisons de la persistance d’une couverture de traitement aussi faible et des résultats liés au VIH aussi médiocres. Comme c’est le cas en Afrique subsaharienne, la vaste majorité des personnes vivant au Moyen-Orient et en Afrique du Nord chez lesquelles le VIH a été diagnostiqué sont orientées vers une thérapie antirétrovirale et obtiennent une suppression virale, ce qui souligne le besoin urgent de renforcer les efforts de dépistage.
L’impact de l’infection à VIH non diagnostiquée est évident au Soudan (Figure 82). Dans ce pays, seule une personne sur quatre atteintes du VIH connaît son statut sérologique. La rareté des soins semble aussi constituer un important défi au Soudan. Suite aux nets reculs enregistrés tout au long de la cascade de traitement anti-VIH, seules 4 % des personnes atteintes du VIH au Soudan suivent une thérapie antirétrovirale et ont continué à le suivre après 12 mois.
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ne sont pas encore en passe d’atteindre l’objectif de réduire de 50 % le nombre de décès liés à la TB chez les personnes atteintes du VIH, étant donné que le nombre des décès de ce type a augmenté de 34 % de 2004 à 2013 (Figure 83).
Figure 80
Prévalence du vih chez les consommateurs de drogues injectables au moyen-orient et en afrique du nord, 2011-2014
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Algérie
Iran (République islamique d’)
Liban
Maroc
oman
Arabie saoudite République arabe syrienne
Tunisie
Figure 81
nombre de décès liés au sida au moyen-orient et en afrique du nord, 2000-2014
nombre de décès
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
Figure 82
cascade du continuum de soins et de traitements anti-vih, soudan, 2013
Source : Analyse de la cascade du dépistage du VIH, du traitement et du maintien sous traitement au Soudan, 2013.
Source : Estimations TB, OMS, 2013.
nombre de décès liés à la tuberculose
Figure 83
estimation du nombre de décès liés à la tuberculose parmi les personnes vivant avec le vih au moyen-orient et afrique du nord, 2004-2013
3 000
Source : Enquête la plus récente menée auprès de ménages représentatifs au niveau national, 2005-2012.
Figure 84
attitudes discriminatoires envers les personnes vivant avec le vih : pourcentage de femmes âgées de 15 à 49 ans qui n'achèteraient pas de légumes frais chez un commerçant si elles savaient que cette personne vivait avec le vih
100
Source : Enquête la plus récente menée auprès de ménages représentatifs au niveau national, 2005-2012.
Figure 85
Prévalence de la violence conjugale récente chez les femmes non célibataires, par âge
Jordanie
Égypte
0 5 10 15 20 25
Pourcentage
Âge : 25 à 49 ans Âge : 20 à 24 ans Âge : 15 à 49 ans
créaTion d’un environnemenT ProPice à une riPosTe vigoureuse au sida Des taux exceptionnellement élevés de stigmatisation et de discrimination ont été signalés dans l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Dans chacun des trois pays où des enquêtes démographiques ont été menées, 70 % ou plus des personnes interrogées ont exprimé des attitudes stigmatisantes à l’égard de personnes atteintes du VIH (Figure 84).
Bien que les taux de violences conjugales signalés soient généralement plus faibles au Moyen-Orient et en Afrique du Nord que dans bon nombre d’autres régions, la fréquence de
ces violences dans la région reste néanmoins préoccupante. En Égypte, plus de 20 % des femmes ayant été mariées, âgées de 20 à 24 ans, déclarent avoir récemment subi des violences conjugales (Figure 85).