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histoRique du sida

Dans le document CHANGÉ A TOUT (Page 81-84)

1981-1985

mysTère eT confusion

L’année 1981 est généralement considérée comme celle du début de l’épidémie de VIH moderne. Les premiers cas d’immunodéficience inhabituelle sont identifiés chez les homosexuels en Californie et à New York aux États-Unis. Le Rapport hebdomadaire sur la morbidité et la mortalité des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) du 5 juin 1981 désigne un syndrome appelé dans un premier temps GRID (immunodéficience liée aux homosexuels) qui deviendra plus tard le SIDA. En décembre 1981, il devient évident que cette maladie affecte d’autres groupes que les homosexuels : aux États-Unis, les premiers cas de pneumocystose (une infection opportuniste associée au VIH) chez des personnes consommant des drogues injectables sont signalés, ainsi que la première femme atteinte du SIDA et le premier cas de SIDA pédiatrique. Dans le même temps, le premier cas de SIDA est documenté au Royaume-Uni.

En 1982, des communautés se forment d’ores et déjà afin de lutter contre la crise actuelle. La ville et le district de San Francisco, en étroite coopération avec la fondation San Francisco AIDS Foundation, le projet Shanti Project et d’autres partenaires, développent le modèle de soins « San Francisco Model of Care » qui met l’accent sur les services basés à domicile et au sein de la communauté. L’organisation Gay Men’s Health Crisis est établie à New York et des organisations communautaires des États-Unis et du Royaume-Uni commencent la promotion de pratiques sexuelles sûres chez les homosexuels.

En 1982, le SIDA est aussi signalé chez des hémophiles et des Haïtiens. Un groupe de cas chez des homosexuels de Californie du Sud laisse penser que le SIDA pourrait être causé par un agent infectieux transmissible. Dans le même temps, un enfant de 20 mois ayant bénéficié de plusieurs transfusions de sang et de produits sanguins décèdent des suites d’infections liées au SIDA.

Ce cas fournit des preuves claires que le SIDA est causé par un agent infectieux, ce qui suscite des préoccupations quant à la sécurité de l’approvisionnement en sang. Les CDC font aussi état des premiers cas possibles de transmission du SIDA de la mère à l’enfant. En Ouganda, les médecins constatent les premiers cas d’une nouvelle maladie dégénérative fatale, rapidement connue localement sous le nom de « maladie de la maigreur ».

Fin 1982, le SIDA est signalé dans 14 pays, dont l’Australie, le Brésil, le Canada, de nombreux pays européens et en Afrique du Sud.

En 1983, les CDC publient une déclaration qui stipulent que :

« les personnes pouvant être considérées comme exposées à un risque élevé de contracter le SIDA sont celles présentant des symptômes et des signes suggérant le SIDA : les partenaires sexuels

de patients atteints du SIDA ; les homosexuels sexuellement actifs ou les hommes bisexuels ayant plusieurs partenaires ; les Haïtiens entrant sur le territoire des États-Unis ; les anciens et les actuels toxicomanes consommant des drogues injectables ; les patients atteints d’hémophilie et les partenaires sexuels d’individus exposés à un risque élevé de contracter le SIDA. » (1).

En France, des scientifiques de l’Institut Pasteur, sous la direction de Luc Montagnier, isolent le virus associé à la lymphadénopathie (LAV), plus tard connu sous le nom de virus de l’immunodéficience humaine (VIH). L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) tient alors sa première réunion afin d’évaluer la situation mondiale de l’épidémie de SIDA et de lancer une surveillance internationale.

Fin 1983, le SIDA est signalé dans 33 pays, dont 15 pays européens, sept pays d’Amérique latine, Haïti et le Zaïre (maintenant appelé République démocratique du Congo).

La peur et la panique commencent à se répandre. Le premier cas de discrimination lié au SIDA aux États-Unis est présenté à la justice en 1983 par Joseph Sonnabend qui souhaite prévenir l’exclusion de son cabinet médical spécialisé dans la prise en charge du SIDA.

À Denver, l’Association américaine des personnes vivant avec le SIDA publie une déclaration de 17 principes d’autonomisation, allant des décisions relatives aux soins aux droits civiques en passant par les processus de prise de décision et le comportement sexuel. Ces Principes de Denver résument la riposte au SIDA et changent alors à jamais les soins de santé de manière générale. À partir de là, la gestion du deuil devient un besoin et la cérémonie de commémoration AIDS Candlelight Memorial se tient pour la première fois à San Francisco. Cette action a ensuite été répétée par des communautés du monde entier au cours des années suivantes.

Des mesures de prévention du VIH, bien qu’étant controversées, sont peu à peu identifiées et mises en œuvre, tandis que le secrétaire d’État américain à la Santé et aux Services sociaux prédit une épidémie brève et une guérison rapide. Le premier programme d’échange d’aiguilles et de seringues à petite échelle est par exemple lancé à Amsterdam aux Pays-Bas en 1984.

Une importante percée se produit en 1985 avec l’approbation du premier test de dépistage des anticorps anti-VIH par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux. Ce test permet la confirmation de cas ainsi que l’extension du dépistage volontaire et de l’assistance dans un climat de peur. Cette année voit aussi le premier signalement d’un cas de transmission du VIH de la mère à l’enfant par l’allaitement, ainsi que la première conférence internationale sur le SIDA (Ière Conférence internationale sur le SIDA) qui se tient à Atlanta aux États-Unis. Au moins un cas de VIH ou de SIDA est rapporté à l’OMS dans chaque région du monde, 51 pays comptabilisant au total 20 303 cas.

Les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis ont publié le premier rapport officiel sur ce qui deviendra plus tard

Dans le document CHANGÉ A TOUT (Page 81-84)