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CHANGÉ A TOUT

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

OMD 6 : 15 ANS, 15 LEÇONS D’ESPOIR DE LA RIPOSTE AU SIDA

COMMENT LE SIDA

A TOUT

CHANGÉ

(2)
(3)
(4)
(5)

comment le sida

a tout

changé

omd 6 : 15 ans, 15 leÇons d’esPoiR À tiReR de la RiPoste au sida

(6)
(7)

à tous ceux

qui ont œuvré à la réalisation

des objectifs du Millénaire

pour le

développeMent

(8)

Table des maTières

13

Préface

Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies

14

avanT-ProPos

Michel Sidibé, Directeur exécutif de l'ONUSIDA

20

inTroducTion 15 millions de personnes Entretien avec Michel Sidibé

30

un hériTage sur lequel bâTir

Donner une impulsion pour mettre fin à l’épidémie de SIDA

48

les objecTifs du millénaire Pour le déveloPPemenT

Comment la riposte au SIDA a transformé la santé et le développement mondiaux

64

la réPonse des naTions unies Rallier le monde entier

78

bref hisTorique du sida Un bref historique des 35 ans d’épidémie

98

l’éTaT du sida L’épidémie et la réponse à l’ère des objectifs du Millénaire pour le développement

(9)

154

enseignemenTs sur le leadershiP PoliTique

172

enseignemenTs sur le Plaidoyer

186

enseignemenTs sur le financemenT

222

enseignemenTs sur

l'aPProPriaTion naTionale

236

enseignemenTs sur les ParTenariaTs

252

enseignemenTs sur la sociéTé civile

264

enseignemenTs sur l'accès aux TraiTemenTs

280

enseignemenTs sur la PrévenTion du vih

296

enseignemenTs sur les droiTs eT la jusTice sociale

312

enseignemenTs sur la sécuriTé eT les quesTions humaniTaires

330

enseignemenTs sur les femmes

350

enseignemenTs sur les PoPulaTions clés

366

enseignemenTs sur les enfanTs eT les jeunes

388

enseignemenTs sur la recherche scienTifique

408

enseignemenTs sur les données

426

réduire l’écarT Le verre à moitié plein

438

les 15 Prochaines années Mettre fin à l’épidémie de SIDA d’ici 2030, un des objectifs de développement durable

450

annexes

524

références

(10)

conTribuTeurs

nos sincères remerciements à tous ceux qui ont consacré généreusement de leur temps, leur sagesse et leur créativité.

salim s. abdoul Karim Directeur du Centre for the AIDS Programme of Research in South Africa page 404

jonaThan adler Designer

pages 6 et 159 Kofi annan

Président de la fondation Kofi Annan Foundation

page 39

daw aung san suu Kyi Députée et Secrétaire générale de la Ligue Nationale pour la Démocratie, Birmanie page 304

ban Ki-moon

Secrétaire général des Nations Unies page 13

deborah birx Coordinatrice des opérations internationales de lutte contre le SIDA pour les États-Unis page 340

barbara jeanne baumhoff Artiste

pages 237, 239, 331 et 333 george w. bush

Fondateur, George W. Bush Institute Quarante-troisième président des États-Unis d'Amérique

page 201

PeTer caTon

Photographe, India HIV/AIDS Alliance page 261

helen clarK

Administratrice du Programme des

marTina clarK

Membre original de la Délégation des organisations non gouvernementales au Conseil de Coordination du Programme ONUSIDA

page 71

ray chambers

Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le paludisme et le financement des Objectifs du Millénaire pour le développement

page 61

william jefferson clinTon Fondateur de la fondation Bill, Hillary &

Chelsea Clinton Foundation page 42

michael conway McKinsey & Company marK dybul

Directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme

page 197

anThony s. fauci

Directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies contagieuses (National Institute of Allergy and Infectious Diseases), États-Unis page 402

nell freeman, alliance inTernaTionale vih/sida Photographie

page 259

Tedros adhanom ghebreyesus

Ministre des Affaires étrangères de l'Éthiopie

alberT gonzçlez farran Photographe, Mission conjointe de l’Union africaine et des Nations Unies au Darfour page 322

eric goosby

Directeur, Centre des sciences de l’application en santé internationale, Université de Californie, San Francisco page 441

grassrooT soccer Photographie

page 382

anand grover

Fondateur du Collectif des avocats, Inde page 309

anne hidalgo Maire de Paris page 444

fédéraTion inTernaTionale de la croix rouge eT du croissanT rouge

Photographie page 319

alliance inTernaTionale vih/sida

Photographie pages 255 et 343 elTon john

Fondateur, Elton John AIDS Foundation page 181

jonaThan Klein Getty Images

nalumu vivien julieT Coordinatrice de site pour Mothers2Mothers, Ouganda page 378

(11)

nduKu Kilonzo

Directeur du Conseil national de lutte contre le SIDA, Kenya

page 289

sTePhen lewis

Cofondateur et co-directeur de AIDS-Free World

page 74

loyce maTuru

Membre du Comité directeur du réseau mondial de jeunes vivant avec le VIH Y+

page 342

dasha maTyushina-ochereT Représentant de la société civile

page 260

gideon mendel Photographe

pages 30, 90–91, 253, 255 et 536–537 suzeTTe moses-burTon Directrice exécutive du Réseau international de personnes vivant avec le VIH

page 273

aaron moTsoaledi Ministre de la Santé publique d’Afrique du Sud

page 231

Kgalema moTlanThe

Représentant pour une génération exempte du SIDA en Afrique

page 168

lydia mungherera

Fondatrice et directrice de l'association Mama's Club, en Ouganda

page 338

alice munro

Directeur du Bureau de lutte contre le SIDA de la Conférence des évêques catholiques du sud de l’Afrique page 246

chrisToPher murray

Professeur de santé mondiale à l'Université de Washington, États-Unis

page 417

ePeli nailaTiKau

Président de la République des îles Fidji page 162

chrisToPh niemann Artiste

page 248

morolaKe (rolaKe) odeToyinbo

Directeur exécutif et fondateur de

l’organisation Positive Action for Treatment Access, Nigeria

page 165

ayu oKTariani

Membre du Conseil d’administration du Réseau des femmes séropositives indonésiennes

page 448 PeTer PioT

Directeur de l’École d’hygiène et de médecine tropicale de Londres page 58

john rawlinson Photographie

page 293 sujean rim Artiste

pages 6 et 335 bill roedy

Ancien PDG et de Président du Conseil d’administration de MTV Networks International page 245

annah sango

Conseillère en soins du Réseau

international de jeunes vivant avec le VIH, Zimbabwe

page 207

richard silver Photographe

pages 154, 172, 186, 222, 264 et 450–451 elhadj as sy

Secrétaire général de la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge

page 327

charlize Theron

Fondatrice du projet Charlize Theron Africa Outreach Project

page 182

daniel TobÓn garcía Activiste, Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights et PACT

page 384

jonaThan TorgovniK Photographe

page 455

naTions unies Photographie

pages 64, 66, 72–73, 86–87 et 529 universiTé du

wiTwaTersrand Photographie

page 242

leigh ann van der merwe Coordinatrice, Collectif féministe de promotion du statut social, de la santé et de l’autonomisation des femmes transsexuelles et intersexuées d’Afrique

page 360

(12)
(13)
(14)
(15)

Préface

ban Ki-moon

Secrétaire général des Nations Unies

Il y a quinze ans, le SIDA ravageait des familles, des communautés et des nations entières.

Toutefois, l’épidémie du SIDA a aussi uni la communauté internationale derrière les efforts visant à stopper les ravages et à inverser la tendance tout en assurant l’accès de toutes les personnes du monde entier à des médicaments vitaux. L’objectif du Millénaire pour le développement 6 a joué un rôle central dans la mobilisation internationale massive visant à intensifier les actions contre l’un des obstacles au développement les plus complexes et dévastateurs de notre époque.

La riposte au SIDA a été sans précédent et s’est concentrée dès le départ sur les personnes et leurs besoins. Cette approche a marqué un tournant décisif pour la reconnaissance de la santé en tant que droit de l’homme et donné d’extraordinaires résultats en termes de traitement et de prévention.

La communauté internationale a atteint les cibles de l’objectif du Millénaire pour le déve- loppement 6 relatives au SIDA. L’épidémie a été maîtrisée et la tendance inversée. En 2000, moins de 700 000 personnes avaient accès aux médicaments antirétroviraux. Aujourd’hui, quelque 15 millions de personnes y ont accès, preuve que nous avons atteint l’un des prin- cipaux objectifs thérapeutiques de l’Histoire.

Au cours de la même période, le nombre de nouvelles infections à VIH a chuté de 35 %.

Je suis particulièrement enthousiasmé par les avancées réalisées dans la prévention de la transmission du VIH aux nouveau-nés. Aujourd’hui, le nombre d’infections à VIH chez les enfants a baissé de 58 % par rapport à il y a 15 ans. Je suis certain que nous pourrons prochainement mettre un coup d’arrêt aux nouvelles infections à VIH chez les enfants.

Nous avons aussi mis en lumière les affres de la discrimination. Rien de tout cela n’aurait été possible sans le dynamisme des personnes atteintes du VIH et des partenaires sur le terrain qui ont été convaincus de pouvoir combattre efficacement la stigmatisation et qui ont veillé à y parvenir.

Cette importante étape démontre qu’ensemble, nous pouvons nous fixer des objectifs ambitieux voire inspirants, les atteindre puis en définir d’autres. Un nouvel objectif nous attend en effet : mettre fin à l’épidémie du SIDA d’ici 2030.

L’activisme dont est empreinte la riposte au SIDA a permis de tirer d’importantes leçons qui guideront nos travaux futurs tout au long du programme de développement. Nous prenons à présent conscience de l’importance de la pleine santé physique, émotionnelle, sexuelle et mentale de tout un chacun. Nous reconnaissons aussi qu’il est nécessaire de faire preuve de courage pour traiter des problèmes difficiles qui affectent la société, à savoir les droits de l’homme, l’éducation, la sécurité, le droit, l’égalité des genres et l’inclusion sociale.

Mettre fin à l’épidémie de SIDA, qui est une menace pour la santé publique, d’ici 2030 est un objectif ambitieux, mais réaliste, comme le démontrent les 15 dernières années et l’illustre cet ouvrage. Nous savons aussi que cet objectif est essentiel à la construction d’un avenir juste et équitable. Je me réjouis de travailler avec l’ensemble des partenaires à la construction d’un futur durable, équitable et sain pour tous.

(16)

Nous avons atteint un moment décisif dans la riposte au SIDA. Contre toute attente, nous avons atteints toutes les cibles de l’objectif du Millénaire pour le développement 6 relatives au SIDA.

Le SIDA a tout changé.

Cette épidémie nous a glacé d’effroi, a fait roder la mort auprès de nous et a ouvert nos yeux sur l’injustice de la stigmatisation et de la discrimination à laquelle font face les personnes les plus vulnérables parmi nous. En 2000, face à cette crise, la communauté internationale a décidé d’opposer une riposte d’une ampleur sans précédent.

Ensemble, nous avons fait face à certains des problèmes les plus difficiles de notre société et réalisé une percée en matière d’équité et de justice. Nous avons veillé à ce que les progrès de la science puissent profiter à tout le monde et partout dans le monde. Par ailleurs, nous nous sommes toujours demandés : « Et après ? »

Mes amis, nous devons à présent finir ce que nous avons commencé. Nous devons nous donner pour objectif de mettre fin à l’épidémie du SIDA d’ici 2030 dans le cadre des objectifs de développement durable.

Nous avons constaté que la riposte au SIDA est une puissante initiative pionnière. En effet, en déployant des efforts pour éradiquer cette épidémie qui constitue une menace pour la santé publique, nous évoluons aussi sur la voie qui mène à l’amélioration de la santé, de l’éducation et de l’emploi des familles et communautés.

Je suis enthousiasmé par la manière dont les partenaires engagés dans la riposte au SIDA ont à maintes reprises cherché à trouver la meilleure option plutôt que celle qui paraissait suffisante. De l’accès égal aux services et aux médicaments de qualité à la protection des droits et la promotion du respect et de la dignité, nous avons été guidés par les preuves et nos cœurs.

Les objectifs du Millénaire pour le développement définis en 2000 n’étaient que le commencement. Deux résolutions du Conseil de Sécurité et trois Déclarations politiques ultérieures des Nations Unies ont exigé plus de nous et ont mis l’accent sur la définition d’objectifs de plus en plus ambitieux. En 2011, les dirigeants du monde ont plaidé en faveur de l’accès de 15 millions de personnes aux médicaments salvateurs contre le VIH

avanT-ProPos

michel sidibé

Directeur exécutif de l’ONUSIDA Vice-secrétaire général des Nations Unies

(17)

En l’espace de 15 ans, nous avons réduit le nombre de nouvelles infections à VIH de 3,1 millions [3 millions–3,3 millions] à 2 millions [1,9 million–2,2 millions]. Si nous avions fait preuve d’inaction, 30 millions de personnes supplémentaires auraient contracté le VIH, 7,8 millions de personnes supplémentaires seraient décédées et 8,9 millions d’enfants de plus seraient devenus orphelins à cause du SIDA.

Le mouvement de riposte au SIDA démontre que grâce à une vision et une responsabilité communes, à la solidarité mondiale et au dynamisme des personnes atteintes du VIH et des communautés affectées et à l’action individuelle, nous pouvons changer le cours de l’histoire. Nous pouvons transformer les espoirs en attentes, et transformer ces attentes en engagements non négociables.

Les avancées sans précédent que nous avons réalisées n’auraient pas été possibles sans le dynamisme du Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, et de son prédécesseur, Kofi Annan. Je tiens à les remercier au nom de tous ceux qui œuvrent à la riposte au SIDA.

Les pages qui suivent contiennent de précieuses informations ainsi que des expériences innovantes et réjouissantes tirées des travaux innovants et excitants que les partenaires, les communautés et les pays ont réalisé et réalisent encore dans le cadre de la riposte au SIDA.

Toutefois, elles contiennent également des témoignages bouleversants à propos des défis qui restent à relever.

Nous espérons avoir appris de nombreuses leçons qui nous permettront d’atteindre mieux encore les nouveaux objectifs mondiaux servant de modèle d’approche de développement centrée sur les personnes. Il s’agit d’un héritage dont nous faisons profiter les générations futures.

Enfin, mes amis, j’espère que les réussites que nous partageons aujourd’hui vont donner envie à chacun d’entre vous d’agir demain avec encore plus de dynamisme. Les cinq prochaines années seront particulièrement déterminantes pour jeter les bases de notre engagement futur. La concentration des investissements et l’accélération de nos efforts au cours de cette période devraient nous permettre de mettre fin à l’épidémie du SIDA d’ici 2030.

Alors mettons-nous au travail et réalisons-le.

(18)

auparavant maintenant Perspectives

Personnes séropositives bénéficiant d’une thérapie antirétrovirale

2015 2030

2001

million

1 Toutes

les personnes atteintes du vih

15

millions

décès liés au sida

2014 2030

2004

2,0

millions

0,2

millions

1,2

millions

nouvelles infections à vih

2014 2030

2001

millions

3 2

millions

0,2

millions

investissements en faveur de la riposte au sida

2015 2020

2001

milliards de

4,9

dollars us

21,7

milliards de dollars us

milliards de

32

dollars us Quinze ans de progrès et d’espoirs. Mais encore un long chemin à parcourir

pour mettre fin à l’épidémie de SIDA d’ici 2030, de nouvelles étapes à franchir, de nouveaux obstacles à surmonter et de nouvelles frontières à traverser.

(19)

2014 2030 2001

25 % 35 % >90 %

2014 2030

2001

530 000 220 000 <50 000

2014 2030

2009

14,4

million

13,3

million

0

orphelin de plus, tous les orphelins

pris en charge et en bonne santé

Pays qui criminalisent les relations entre personnes de même sexe

enfants devenus orphelins à cause du sida

nouvelles infections à vih chez les enfants

2014 2030

2006

92 76 0

(20)

espérance de vie d’une personne atteinte du vih

2014 2030

2001

+ 36

ans

+ 55

ans

identique autres aux

2014 2030

2001

3

jours

30

minutes minutes

3

nombre de comprimés pris par

des personnes atteintes du vih durée d’obtention du résultat d’un test de dépistage du vih

2014 2030

2001

comprimés

8

par jour (moyenne)

comprimé

1

tous les trois mois comprimé

1

par jour

2014 2030

2001

10 000

dollars us

100

dollars us schéma thérapeutique

de première intention

100

dollars us tous les schémas

thérapeutiques disponibles

coût de médicaments antirétroviraux

auparavant maintenant Perspectives

(21)

2014 2030 2008

59

pays

0 37

pays

pays

Préservatifs distribués (afrique subsaharienne)

2014 2020

2001

0,4

milliard

1,7

milliard

20

milliard

décès dus au sida liés à la

tuberculose restrictions de déplacement

2014 2030

2001

520 000 348 000 0

9,1

millions

circoncision médicale volontaire

2008-2014 2015-2030

67

millions

auparavant maintenant Perspectives

(22)

15 millions de Personnes

Entretien avec Michel Sidibé

Le temps pour vous d’achever la lecture de cette phrase, trois nouvelles personnes auront pour la première fois accès à un traitement

anti-VIH qui leur sauvera la vie.

Permettre à 15 millions de personnes d’avoir accès à une thérapie antirétrovirale constitue l’une des principales réalisations de l’histoire de la santé, du financement et du développement à l’échelle mondiale.

Lorsque les objectifs du Millénaire pour le développement ont été fixés en 2000, près de 10 000 personnes en Afrique subsaharienne étaient en mesure d’accéder à un traitement anti-VIH. Pour remettre cela en perspective, la Zambie a inscrit 46 000 personnes supplémentaires au programme de traitement rien qu’au cours du premier trimestre 2015.

La manière dont nous avons atteint 15 millions de personnes est l’exemple incroyable de ce que nous pouvons réaliser si la communauté

internationale s’unit et la preuve que la somme des parties peut créer quelque chose de plus grand que n’importe quel pays ou groupe ait pu imaginer. Lorsqu’un mouvement mondial créé une telle dynamique, cela

permet de donner naissance à une nouvelle génération d’espoir et à des

(23)

la communauté internationale n’était pas unie. le sida a révélé le meilleur et le pire dans chacun de nous. en 2000, un traitement anti-vih était disponible sous forme de traitement combiné depuis déjà quatre ans et ce dernier a cristallisé les espoirs et les injustices de la riposte au sida.

faiT : En 2000, les comprimés sont devenus à la fois un symbole d’espoir et de désespoir.

michel : Et c’est compréhensible, car au cours de la première décennie de l’épidémie, on ne pouvait pas offrir grand chose aux personnes mourant du SIDA. Le mieux que l’on pouvait espérer, c’est que votre propre famille ne vous jette pas dehors. Vous auriez donc eu beaucoup de chance que quelqu’un prenne soin de vous, à domicile ou à l’hôpital.

Bien trop souvent, la peur et la suspicion ont donné lieu à des situations impossibles. Le SIDA bouleversait tout. Les grands-mères et les enfants devaient prodiguer des soins et ne plus rien attendre de ceux censés les accompagner. Il s’agit d’une situation qui s’est répétée au sein de communautés dans le monde entier, et notamment en Afrique.

Puis soudainement, l’espoir est apparu sous la forme d’un comprimé, un résultat que les militants avaient réussi à obtenir. Toutefois, vous vous apercevez que tout ce que vous auriez pu gagner en une vie ne suffirait pas pour vous payer le traitement pendant un an. Quel genre d’espoir cette situation doit-elle générer ? La colère a donc commencé à monter.

faiT : À cette époque, 28,6 millions de personnes étaient atteintes du VIH et environ 1,6 millions de personnes étaient décédées de maladies liées au SIDA en 2000.

michel : Avant l’arrivée du traitement contre le VIH, l’histoire du SIDA était avant tout une alternance entre des militants réclamant des actes et des personnes condamnés à mourir en raison de l’inaction de la communauté internationale. Il s’agit d’une histoire qui a perpétué des mythes à propos de ce qui était possible, y compris le mythe selon lequel un traitement combiné ne pouvait pas être administré à tous ceux qui en avaient besoin, et la riposte au SIDA a ouvert les yeux des populations sur ces affirmations ridicules.

L’année 2000 a marqué un tournant. L’histoire a changé. Les gens qui ont eu la chance de bénéficier d’un traitement anti-VIH, après avoir été à l’article de la mort, ont recommencé à travailler quelques semaines plus tard. L’injustice de mourir d’une maladie traitable est devenue intolérable. De même, l’injustice découlant du fait que les gens n’avaient pas les mêmes chances de rester en vie selon le pays où ils vivaient ne pouvait plus être ignorée. La mort de millions de personnes terrassées à la fleur de l’âge à cause du SIDA était de plus en plus connue du grand public et l’épidémie a fini par être considérée par certaines personnes, à l’instar de [l’ancien ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies] Richard Holbrooke, comme une menace mondiale pour les économies et la sécurité

Ces idées jumelles de démocratiser les opportunités et de médiatiser une menace à la sécurité mondiale ont effectivement forcé les dirigeants et les communautés du monde à agir. Je suis fier que les Nations Unies aient servi de plateforme pour ce changement, mais admettons aussi qu’il a mis du temps à prendre forme. Fort heureusement, nous n’avons pas ralenti le rythme depuis lors.

(24)

Aujourd’hui, un an de traitement anti-VIH coûte moins de

dollars 100 us

faiT : La résolution 1308 du Conseil de Sécurité, le Sommet du Millénaire pour le Développement et la toute première Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies relative au VIH/SIDA ont tous renforcé l’action en y association des objectifs et des cibles.

michel : Ils sont même allés plus loin : ils ont permis de réunir les chefs d’État et les personnes atteintes du VIH ainsi que l’ensemble des différents partenaires et acteurs qui gèrent et soutiennent la riposte au SIDA depuis lors. Il s’agit de la principale différence à propos de ce mouvement : il a permis d’engager et de responsabiliser chaque secteur et chaque couche de la société.

Les gens ont immédiatement pensé aux obstacles qui empêchaient les malades de rester en vie. L’une des principales percées a été de se convaincre que rien n’était impossible et que personne ne devait être laissé pour compte. Cette vision impliquait le traitement de personnes vivant dans des villages reculés ainsi que ceux vivant dans l’ombre, mais cela a aussi supposé de ne pas avoir peur de s’attaquer aux groupes pharmaceutiques et aux pratiques commerciales injustes.

Prenons le prix du traitement de première intention : 10 000 dollars US par an en 2000. Lorsque vous ajustez ce prix à l’inflation, un an de médicaments coûterait actuellement environ 14 000 dollars US. L’industrie pharmaceutique exerçait une certaine emprise sur les politiques gouvernementales et une véritable mainmise sur les prix. Par ailleurs, n’oublions pas qu’il s’agissait d’une époque où les dirigeants de ce monde négociaient la protection des droits de propriété intellectuelle à l’OMC [Organisation Mondiale du Commerce].

Toute concession pouvait ouvrir grand les portes aux exceptions.

Le Brésil et la Thaïlande se sont alors mis à fabriquer des médicaments antirétroviraux génériques de manière astucieuse : ils ont révélé que les comprimés étaient relativement peu coûteux à fabriquer. Cette révélation a coupé l’herbe sous le pied de l’industrie pharmaceutique et permis à l’ONUSIDA d’engager des négociations avec ces groupes afin de réduire les prix.

Personne ne souhaitait se mettre autour de la table : les responsables des groupes ne voulaient pas être accusés de fixer les prix et les militants estimaient que nous étions fous à la seule idée d’organiser une telle réunion. Cette initiative a constitué une importante étape préliminaire, laquelle a permis une tarification différentielle en fonction des capacités de paiement. Ensuite, une autre percée a eu lieu : des fabricants ont commencé à produire des médicaments génériques en Inde. En 2001, Cipla a réduit le prix des médicaments de 800 dollars US à 350 dollars US. Je me rappelle qu’à cette époque, l’ancien président [des États-Unis] Clinton avait annoncé qu’à la fin de son mandat, la réduction des prix serait sa mission. Aujourd’hui, un an de traitement anti-VIH coûte moins de 100 dollars US.

faiT : Toutefois, les prix avaient-ils été assez réduits à cette époque ? michel : Pas encore. La plupart des pays ne disposaient pas du budget

nécessaire au paiement du traitement, même à prix réduit. En outre, à cette époque, aucun organisme ne finançait le traitement. Kofi Annan [ancien Secrétaire général des Nations Unies] avaient alors appelé à la création d’un fonds afin d’obtenir des résultats sur le terrain. Pour revenir à la question de l’injustice et de la peur, les gens de toutes les couches de la société ont commencé à croire en la possibilité d’une certaine justice et d’autres encore ont reconnu cette épidémie comme une menace à la sécurité. Les arguments qui ont poussé les responsables politiques à riposter au SIDA ont également permis de

(25)

« le mouvement de lutte contre le sida vise essentiellement à garantir, à protéger et à promouvoir les droits des plus vulnérables. »

faiT : Pendant ce temps, les militants ont aussi fait preuve de créativité.

La Campagne d’accès au traitement a poursuivi le gouvernement d’Afrique du Sud en justice afin de forcer le pays à faciliter l’accès aux médicaments antirétroviraux, et des manifestants ont appelé à la modification de la protection des brevets pour réduire les prix.

michel : Je ne soulignerai jamais assez l’importance des militants engagés dans la lutte contre le SIDA. Ils ont utilisé tous les moyens possibles pour maintenir la pression sur tous les acteurs. Les contraintes exercées sur l’OMC en faveur de la reconnaissance des limites de la protection des brevets en cas de crise sanitaire ont donné lieu à des flexibilités de l’Accord sur les ADPIC [Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce] en ce qui concerne les licences obligatoires et les dérogations.

Ces victoires ont enclenché une dynamique et nous a permis d’oser rêver plus grand, comme lorsque Jim Kim a lancé le concept de

« 3 millions de personnes avant 2005 » à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une campagne visant à permettre à 5 millions de personnes de bénéficier d'un traitement en l'espace de 3 ans.

faiT : Cette initiative était audacieuse. Au milieu des années 2000, le PEPFAR [le Plan d’urgence du Président des États-Unis pour la lutte contre le sida] a alors été créé et tout ce dont vous avez parlé s’est mis en place.

Quelque 2,2 millions de personnes avaient alors accès à un traitement.

Nous avons raté l’échéance de 2005, mais nous étions en bonne voie de dépasser le seuil de 5 millions en 2008.

michel : La dernière décennie a été placée sous le signe de l’intensification, d’une intensification vraiment massive, et cela ne pouvait se produire que grâce au leadership des pays, à la résilience des communautés et à une vision partagée de l’objectif zéro :

faiT : zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida.

michel : Cette vision nous a accompagné dans des périodes mouvementées : une récession économique, des crises mondiales, des troubles sociaux, des changements de leadership et bien plus. Malgré tout cela, la riposte au SIDA est restée forte et ne cesse d’augmenter afin de satisfaire la demande.

faiT : Qu’est-ce qui explique la réussite du mouvement ?

michel : Le mouvement de lutte contre le SIDA vise essentiellement à garantir, à protéger et à promouvoir les droits des plus vulnérables. Ce sont les mêmes valeurs que Jim Grant [ancien Directeur exécutif d’UNICEF] m’a insufflées au début de ma carrière à l’UNICEF, et ce sont ces mêmes valeurs qui permettent de rassembler des pays et des communautés.

En 2009, j’ai appelé à mettre fin à la mortalité infantile due au VIH.

Dans les pays à revenu élevé, pratiquement aucun enfant ne naissait porteur du VIH, mais dans d’autres régions du monde, quelque 400 000 enfants avaient contracté le VIH. C’était vraiment scandaleux.

Nous avons lancé le Plan Mondial [pour l’élimination de nouvelles infections par le VIH chez les enfants d’ici 2015] en coopération avec le PEPFAR en 2011. Nous avons appelé les pays les plus affectés à agir. Nous avons mobilisé des fonds. Comme résultat, 73 % de toutes les femmes enceintes atteintes du VIH ont accès à des médicaments antirétroviraux et nous avons réduit le nombre de nouvelles infections à VIH chez les enfants de 58 %. Nous avons aussi amélioré la qualité des médicaments administrés aux femmes et aux enfants.

(26)

Une chute de 90 % du taux de nouvelles infections à VIH en Chine chez des personnes suivant

un programme de traitement par méthadone.

90  %

faiT : Comment y êtes-vous parvenu ?

michel : Nous avons entièrement changé de stratégie. Auparavant, les pays avaient recours à l’administration d’une dose unique de névérapine, un médicament peu coûteux mais pas assez efficace. Nous avons réclamé que chaque femme enceinte atteinte du VIH ait accès à la trithérapie et bénéficie d’un accès à vie à un traitement contre le VIH, ce que nous appelons l’option B+. Il aurait été facile pour les pays de traîner les pieds, mais étant chargés de faire le point sur l’état d’avancement, nous avons déclaré que nous ne compterions que les femmes recevant une trithérapie par rapport aux objectifs de notre Plan mondial. Sachant cela, aucun pays n’a voulu être à la traîne et nous avons ainsi pu nous assurer qu’il en serait de même pour les femmes.

Dans le même temps, nous avons appelé à l’utilisation de médicaments de meilleure qualité pour les enfants et tout récemment, la FDA [Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux] a approuvé l’utilisation de minuscules granules pouvant être introduites dans la nourriture des enfants.

faiT : Peut-on parvenir à l’objectif zéro nouvelle infection à VIH chez les enfants ?

michel : C’est ce que Cuba a réussi à faire. Le pays a reçu une certification avant la publication de cet ouvrage. Il existe plus de 60 pays où le nombre de nouvelles infections à VIH chez les enfants est de moins de 50 par an. Au cours des cinq dernières années, nous avons atteint autant d’objectifs qui nous auraient pris 17 ans par le passé.

faiT : Quelle est l’importance du leadership des pays ?

michel : Énorme. Presque chaque pays du monde a mis en place un plan de lutte contre le SIDA, et cette année, 177 pays ont présentés leurs rapports à l’ONUSIDA. Je ne suis plus surpris par le niveau de connaissances des responsables à propos de leurs plans parce que je constate les effets qu’une puissante stratégie de lutte contre le SIDA a sur un pays. La lutte contre le SIDA est une initiative pionnière dans la gestion de questions difficiles.

Il y a quelques années, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, j'ai été invité en Chine à une réunion de travail par le Premier ministre d’alors, Wen Jiabao, et plusieurs autres ministres, dont les Ministres de la Santé publique et des Finances, ainsi que des personnes atteintes du VIH et des membres de la société civile.

Grâce à son programme de lutte contre le SIDA, la Chine étend son traitement par méthadone aux personnes consommant des drogues injectables. Lancé en 2004 sous la forme d’un projet pilote de moindre envergure couvrant seulement quelques sites auxquels Peter Piot avait rendu visite alors qu’il était Directeur exécutif [de l’ONUSIDA], ce projet s’est aujourd’hui étendu à tout le pays et couvre plus de 700 cliniques traitant près de 200 000 toxicomanes. Ainsi, la Chine a vu son taux de nouvelles infections à VIH chuter de 90 % chez les personnes incluses au programme. Une nouvelle formidable.

faiT : Il s’agit de l’année où la Chine faisait face à un déficit de financement international.

michel : Et ce déficit aurait pu menacer de ralentir l’expansion des programmes, tels que les cliniques de traitement à la méthadone. Cette réunion a vraiment été incroyable : le Premier Ministre s’est tourné vers le Ministre des Finances pour lui demander de combler le déficit par des fonds nationaux, il s’est ensuite tourné vers nous et à appelé la communauté internationale à respecter son engagement à l’égard de notre vision

(27)

Il existe de nombreux exemples illustrant des changements importants.

Des pays tels que l’Afrique du Sud s’investissent fortement aujourd’hui dans leur stratégie de lutte contre le SIDA. La confusion et la

frustration régnaient néanmoins avant l’arrivée au pouvoir du président [sud-africain] Zuma en 2009. Les responsables de programme et chercheurs du gouvernement on travaillé dans les coulisses afin de faire ce qu’ils pouvaient tandis que les activistes étaient en première ligne pour obtenir une plus grande mobilisation.

Je me souviens d’un dessin humoristique en Afrique du Sud qui représentait tout simplement une feuille blanche sur laquelle figurait l’en-tête « Plan de traitement de l’Afrique du Sud ». Aujourd’hui, près de 3,0 millions de personnes suivent un traitement contre le VIH en Afrique du Sud qui est payé par le gouvernement. Le Président Zuma et son ministre de la Santé publique, Aaron Motsoaledi, méritent d’être salués pour avoir mené cette transformation.

L’Afrique du Sud s’est aussi fortement appuyé sur la société civile et les communautés afin de contester le refus et l’inaction, et de partager la charge de la fourniture des services par la mise en œuvre de programmes de VIH aux côtés du gouvernement et en partenariat avec ce dernier.

faiT : Rien de tout cela n’aurait été possible sans financement.

michel : Nous n’aurions pas pu faire face à un problème aussi nouveau et grand que l’épidémie de SIDA sans de nouveaux financements.

Depuis 2002, 84 milliards de dollars US ont été investis dans la riposte au SIDA par des donateurs. Près de 48 % de ces fonds proviennent des États-Unis. Nous ne remercierons jamais assez le peuple américain pour sa reconnaissance de la crise et sa poursuite des investissements nécessaires à sa résolution.

Ce dont bon nombre de personnes ne se rendent peut-être pas compte, c’est que les pays apportent jusqu’à 60 % des investissements totaux. Ce partenariat de solidarité mondiale et de responsabilisation des pays fonctionne.

Le financement innovant est une autre caractéristique de la riposte au SIDA. La France a montré la voie en créant l’organisation UNITAID financée par une taxe imposée sur les billets d’avion [en 2006].

Les pays nordiques ont été les champions en matière d’efforts de prévention du VIH. Le Royaume-Uni a toujours établi un lien entre le VIH et d’autres problèmes de développement. L'Australie est un pays pionnier dans la réduction des risques dans la région Asie-Pacifique.

Dans un contexte où les dirigeants du monde entier sont préoccupés par les questions de terrorisme, le SIDA a permis de révéler le meilleur de la solidarité mondiale.

Il a servi de modèle à d’autres problèmes de développement, tels que les changements climatiques, les maladies non transmissibles et l’éducation.

Pour revenir au SIDA, les ressources ont permis aux personnes atteintes du VIH de commencer un traitement vital.

faiT : En 2011, vous avez appelé à ce que 15 millions de personnes puissent bénéficier d’un traitement d’ici 2015. Avez-vous été surpris que les États membres des Nations Unies acceptent cette revendication et en fassent un objectif de leur Déclaration politique ?

michel : Tout le monde savait que l’initiative « 15 x 15 » serait très ambitieuse.

Les pays gagnent en confiance et je suis sûr que nous pourrons un jour atteindre les 15 millions de personnes, mais je suis assez convaincu que personne n’aurait cru que nous réaliserions cet objectif avant la date butoir.

(28)

« j’ai toujours grand espoir qu’un remède fonctionnel soit possible. »

Il y a eu beaucoup de motivation et d’innovation. Des études scientifiques ont même démontré que l’extension de l’accès au

traitement contribue aux efforts de prévention car les personnes suivant un traitement sont bien moins susceptibles de transmettre le VIH.

Mais rien de tout cela n’aurait été possible sans la transformation de la manière dont nous fournissons des services, et ce que j’appelle la

« résilience de la communauté » : la résilience au sein des communautés d’exiger le respect de leur droit à la dignité, à la santé et à la fourniture de services de manière efficace et compétente. Le mouvement de lutte contre le SIDA a permis, et exigé dans certains cas, aux communautés d’innover et de s’adapter, ou de faire sans.

Le VIH est complexe. Néanmoins, tout ce qui concerne la prise en charge du VIH était en cours de simplification, et ce dans une large mesure, grâce au concours des communautés. Certains acteurs faisaient part de la difficulté de gestion de cette épidémie sans laboratoires, ce problème est maintenant réglé. Ils expliquaient aussi que les personnes affectées risquaient d’oublier de prendre leurs médicaments et qu’il fallait s’attendre à des cas de résistance.

Ce problème a aussi été résolu.

Nous avons donné au monde un nouveau modèle de prise en charge de maladies chroniques. La plupart des gens ne savent pas que l’observance thérapeutique dépasse 90 % lorsque les communautés sont impliquées dans la fourniture de soins. L’organisation Médecins Sans Frontières a été pionnière dans cette approche dans de nombreux pays, de la RDC (République démocratique du Congo) au Mozambique. Et cela ne s’applique pas uniquement au VIH, mais aussi à la TB et au dépistage de MNT [maladies non transmissibles].

L’effet démultiplicateur de la fourniture communautaire et du transfert de tâches est énorme, car il permet de perdre moins de temps dans le transport vers les hôpitaux et de réduire les temps d’attente. Le système de santé se concentre sur les personnes nécessitant des soins intensifs, et il existe un certain appui social en ce qui concerne l’observance et les soins.

faiT : Qu’en est-il de la prévention ?

michel : Je suis déçu par les avancées réalisées dans la prévention du VIH, car nous aurions pu faire davantage. Je m’inquiète pour les jeunes femmes et les adolescentes en Afrique. Elles sont les laissées-pour-compte de l’innovation, et les systèmes les excluent. Nous avons besoin d’options de prévention contrôlées par les femmes et nous devons travailler davantage en étroite coopération avec les mouvements de femmes afin de mettre fin aux violences sexistes et de créer plus d’opportunités pour les femmes et les jeunes filles de réussir à l’école et dans la vie.

Vous savez que le SIDA a changé la manière dont nous parlons de sexe et nous devons veiller à fournir une éducation sexuelle exhaustive à tous les jeunes et à ce que ces derniers aient accès à des services de santé sexuelle et reproductive avec tout le respect que chacun mérite.

En ce qui concerne les préservatifs, nous constatons une défaillance totale du marché. Comment peut-on mettre en œuvre un programme de prévention réussi si une personne ne peut recevoir que huit préservatifs par an ? Nous devons aborder les questions d’extension avec plus de sérieux.

faiT : D’après vous, quelles sont les perspectives d’obtention d’un remède ou d’un vaccin ?

michel : Je pense que la première percée concernera le traitement à longue durée d’action. Cette approche permet une prise en charge du VIH

(29)

« la commission mondiale sur le vih et le droit a réalisé un travail formidable dans l’identification des instruments visant à protéger les droits de

l’homme. »

J’ai toujours grand espoir qu’un remède fonctionnel soit possible. La dernière décennie nous a donné la validation de principe d’un vaccin.

La prochaine décennie nous donnera un vaccin plus efficace. Je suis un optimiste, et la recherche constitue une vraie quête mondiale de toutes les régions du monde travaillant aux mêmes objectifs.

faiT : Pourquoi constatons-nous une hausse des taux de nouvelles infections à VIH dans des pays ayant présenté un certain succès au début de l’épidémie ?

michel : L’épidémie refait surface lorsqu’on la perd de vue. Dans certaines régions d’Europe, les taux de VIH augmentent chez les jeunes hommes.

Pourquoi ? Cela est dû à un certain excès de suffisance et à l’absence d’initiatives appropriées permettant d’atteindre les personnes qui en ont besoin. Je parle notamment des lois qui empêchent certaines personnes d’accéder à des services. Il est nécessaire de protéger et de promouvoir les droits des populations clés de chaque pays. Il s’agit d’une priorité absolue pour combler le déficit et atteindre les personnes à plus haut risque, notamment les prostitués, les homosexuels et les personnes consommant des drogues injectables.

faiT : Vous avez parlé de la réduction des risques comme les programmes de substitution par méthadone en Chine, pourquoi une telle initiative n’est- elle pas partout partagée ?

michel : La peur et l’idéologie. Et cela doit changer. Les toxicomanes ne doivent pas être considérés comme des criminels. Une approche de santé publique à l’égard des drogues permettra de sauver des vies et de réaliser des économies.

Elle permettra aussi aux communautés de bénéficier d’une plus grande sécurité. C’est pourquoi j’appelle à la formation d’un pilier de santé publique pour le cadre de contrôle international des drogues. Cela permettrait de responsabiliser les pays dans leurs efforts visant à faire bénéficier les personnes consommant des drogues de services de réduction des risques. Nous devons tenir compte des faits et des résultats, de la Chine et de la Malaisie, du Népal à la République islamique d’Iran, cela fonctionne.

faiT : Qu’en est-il des lois qui bloquent certaines personnes ? michel : Les lois sont censées protéger les personnes et ne doivent pas

constituer des obstacles à l’accès au traitement. Nous avons constaté que les institutions qui ont été créées pour protéger les droits des personnes n’avaient qu’un seul objectif, protéger les personnes.

Aujourd’hui même, la Cour suprême des États-Unis a établi que le mariage homosexuel est un droit. Récemment, la Cour suprême canadienne a confirmé les droits des prostitués. La Cour suprême indienne a quant à elle restauré la dignité des transsexuels en admettant qu’ils faisaient partie du troisième sexe.

La Commission mondiale sur le VIH et le droit a réalisé un travail formidable dans l’identification des instruments visant à protéger les droits de l’homme.

faiT : Vous parlez de communautés fragiles. Qu’entendez-vous par là ? michel : Les communautés fragiles sont présentes partout. Prenons par exemple

Atlanta : le taux de prévalence du VIH chez les Afro-américains et les Afro-américaines est parmi les plus élevés des États-Unis. Ils sont laissés pour compte dans le cadre de la riposte au SIDA. Peu importe que vous viviez dans un pays à revenu faible, intermédiaire ou élevé, nous ne pouvons pas nous permettre de priver des communautés fragiles de leurs droits. Nous devons faire l’inverse et dépasser les attentes.

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« Plus vite vous aurez intensifié votre riposte, plus vite vous en constaterez les bénéfices. »

Le leadership des pays est crucial, et à mesure que nous obtenons de meilleures données et mettons en œuvre de programmes de meilleure qualité, nous pouvons mieux nous concentrer sur des populations délaissées. C’est pourquoi le travail que nous réalisons avec des villes et leurs maires est si important.

faiT : Que s’est-il passé avec le SIDA en tant que menace à la sécurité ? michel : Nous avons géré la menace. Le monde aurait été différent si la

riposte au SIDA était restée au niveau de 2000. Près de 8 millions de personnes supplémentaires seraient alors mortes des suites de maladies liées au SIDA.

faiT : Qu’en est-il de l’avenir ?

michel : Certaines personnes continuent à penser que bénéficier d’une solide défense signifie disposer de la sécurité qui nous mettra hors de danger. Je pense que la défense et la sécurité sont deux choses bien différentes. La sécurité, c’est mettre fin à l’épidémie de SIDA, c’est permettre une répartition équitable des chances et établir un progrès économique partagé. J’ai l’intime conviction que seule la sécurité peut être gage de stabilité.

On peut en dire autant lorsque l’on parle de santé mondiale, ce qui a fonctionné il y a 20 ou 30 ans n’est pas la solution dont nous avons besoin dans notre monde interconnecté.

faiT : En bousculant l’ordre établi ?

michel : Parlons plutôt de simplification. Le monde est suffisamment complexe.

Nous devons toujours veiller à lever les voiles de mystère, et ne pas à en ajouter.

faiT : Nous avons parlé de volonté politique. Quelle a été sa part dans la promotion de la lutte ?

michel : La promotion de la lutte a pris toutes les formes originales dès son origine. Des acteurs, des footballeurs, des artistes, des musiciens, des lauréats du prix Nobel et des militants, les gens se sont vraiment mobilisés pour mettre leurs talents au service de la cause.

Les temps changent. Aujourd’hui, un tweet suffit pour atteindre des millions de personnes, bien plus qu’un panneau publicitaire ne l’aurait fait. Toutefois, nous auront besoin d’un nouveau type de promotion de la lutte pour les 15 prochaines années afin de mettre fin à l’épidémie.

faiT : Lorsque l’on parle des 15 prochaines années, certains estiment qu’il n’y a pas assez d’argent pour tout, et il convient donc de fixer les attentes à l’égard du VIH à des niveaux plus réalistes.

michel : Il ne devrait y a avoir aucune différence entre ce à quoi nous aspirons et ce qui est réalisable. Il y aura toujours des tensions, mais nous ne pouvons pas laisser nos peurs présider à la définition des objectifs. Je préfère que nous ayons des engagements à satisfaire qui nous forcent à en faire plus, comme permettre à 15 millions de personnes de bénéficier d’un traitement plus tôt que prévu.

Nous parlons maintenant de mettre fin à l’épidémie de SIDA en tant que menace à la santé publique. Il n’existe aucune raison scientifique pour que cela échoue, nous devons tous faire en sorte de rendre possible « ce qui est possible ».

Et dans le cas de l’épidémie de SIDA, nous ne pouvons pas nous permettre de nous contenter de moins. Nous disposons d’un fragile délai de cinq ans. Nous avons plié la courbe du SIDA, mais nous ne l’avons pas rompue.

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« Pour moi, la plus grande leçon est qu’aucune personne, aucun secteur ou aucun pays ne peut mettre fin au sida en faisant cavalier seul. nous allons devoir assimiler toutes les leçons apprises et

en apprendre quelques autres pour stopper le sida. »

michel : Et sans intervention drastique pour réduire cette incidence, le très grand nombre de personnes qui nécessiteront un traitement anti-VIH nous amènera à un point de rupture.

faiT : L’ONUSIDA et la Commission Lancet a récemment publié son rapport final qui explique que si nous ne maintenons pas le rythme, nous risquons de donner à nouveau beaucoup de travail aux entrepreneurs de pompes funèbres. Il s’agit d’un scénario très difficile.

michel : Je suis fier de constater la naissance d’une nouvelle génération d’enfants qui grandissent sans devoir assister à un enterrement chaque week-end à cause du SIDA. Restons sur cette voie.

faiT : Supposons que la communauté internationale fasse baisser le nombre de nouvelles infections à VIH et augmenter le nombre de personnes ayant accès à un traitement d’ici 2020. Que se passera-t-il ensuite ? michel : Il s’agit d’un scénario bien plus positif. Cela signifie qu’au plan mondial,

nous pourrons continuer à accélérer nos efforts d’éradication du SIDA, et avec l’avantage de la baisse du nombre de personnes infectées par le VIH, cela entraînera une diminution des ressources et des fonds alloués.

En raison de la baisse du nombre de personnes mourant du SIDA, les sociétés seront en meilleure santé et plus productives.

Cette approche constitue un lien fondamental avec les objectifs de développement durable. La réalisation des objectifs pour 2020 nous permettra aussi d’obtenir l’égalité en termes d’accès. Nous ne pouvons pas sous-estimer l’importance de l’amélioration de la qualité de vie des personnes vivant au sein de communautés fragiles.

faiT : Quels seront les efforts nécessaires ?

michel : Bien que nous ayons déjà réalisé un travail formidable, nous ne sommes qu’à mi-parcours. Bon nombre de déficits doivent être comblés, tels que ceux concernant la mise à disposition de services aux adolescentes et aux jeunes femmes. Certains pays ne participent pas aux efforts, et j’aimerais m’adresser à eux et leur conseiller de regarder les résultats auxquels leurs voisins sont en train de parvenir. C’est positif pour l’économie et bon pour vos citoyens, et plus vite vous aurez intensifié votre riposte, plus vite vous en constaterez les bénéfices. Chaque pays doit accélérer ses efforts pour mettre fin au SIDA.

faiT : Cet ouvrage est consacré au partage de ce que nous avons appris.

Quelle est votre plus importante leçon ?

michel : Pour moi, la plus grande leçon est qu’aucune personne, aucun secteur ou aucun pays ne peut mettre fin au SIDA en faisant cavalier seul.

Nous allons devoir assimiler toutes les leçons apprises et en apprendre quelques autres pour stopper le SIDA.

En ce qui concerne l’avenir, nous devons anticiper les besoins, faire preuve de flexibilité ainsi que d’adaptabilité et veiller à ne pas refaire les mêmes erreurs.

J’ai beaucoup d’espoir parce que nous avons déjà obtenu des résultats avérés dans la lutte contre le SIDA et parce que nous avons élaboré des principes justes qui mettent les personnes au centre de nos attentions et ne négligent personne.

faiT : Et si les gens devaient se rappeler une chose ?

michel : Rappelez-vous que chacune des 15 millions de personnes ayant accès à un traitement est un exemple de réussite. Cette personne va en effet pouvoir bénéficier de la même espérance de vie qu’une personne non séropositive, avoir les mêmes chances de contribuer à sa communauté et les mêmes chances de voir grandir ses enfants dans une génération sans SIDA.

Nous y sommes arrivés ensemble et c’est ensemble que nous vaincrons le SIDA.

(32)
(33)

un héritage

l’atteinte des cibles de l’objectif du Millénaire pour le développeMent 6 relatives au sida instaure une dynaMique visant

à Mettre fin à l’épidéMie de sida.

suR lequel bâtiR

(34)

aTTeinTe des cibles de l’objecTif du

millénaire Pour le déveloPPemenT 6 relaTives au sida

D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/SIDA et avoir commencé à inverser la tendance actuelle

Audacieuse et apparemment hors de portée en 2000, l’aspiration de cet objectif du Millénaire pour le développement (OMD) semble maintenant modeste comparé à l’objectif de développement durable visant à stopper l’épidémie de SIDA d’ici 2030.

En 2000, le SIDA était alors décrit comme un train express sans aucun contrôle. Rattraper l’épidémie et ralentir sa croissance était considéré comme un véritable exploit. Son inclusion aux objectifs OMD constituait en elle-même un fait notable, étant donné que bon nombre de responsables refusaient d’inclure le SIDA par peur d’un échec.

En 2000, limitée par les données disponibles à l’époque, l’ONUSIDA estimait qu’il existait 34,3 millions de personnes atteintes du VIH. Très peu de personnes vivant dans des pays à revenu faible et intermédiaire, à l’exception notable du Brésil, avaient alors accès à un traitement antirétroviral vital. En effet, le nombre de personnes recevant un traitement anti-VIH en Afrique subsaharienne atteignait à peine 10 000 et cela était largement dû à la mise en œuvre d’un programme pilote visant à tester la faisabilité de la fourniture d’un traitement dans des régions dépourvues de ressources sanitaires. Telle était l’incrédulité quant à la capacité de la communauté internationale d’agir.

la charge

La lecture de la Déclaration du Millénaire aujourd’hui permet d’apprécier à nouveau la prévoyance des dirigeants du monde à cette époque. Les valeurs fondamentales énoncées dans la Déclaration de liberté, d’égalité, de solidarité, de tolérance, de respect de la nature et de responsabilité partagée ont largement été adoptées par la riposte au SIDA sans précédent qui a suivi.

la déclaration compte de nombreux objectifs, mais quatre d’entre eux sont consacrés au sida :

01 D’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du VIH/SIDA et avoir commencé à inverser la tendance actuelle.

02 Fournir une assistance spécifique aux enfants devenus orphelins en raison du VIH/SIDA.

03 Encourager l’industrie pharmaceutique à élargir l’accès aux médicaments essentiels et à les rendre plus abordables

04 Aider l’Afrique à renforcer ses capacités afin de contrer la pandémie de VIH/SIDA.

La riposte au SIDA a été efficace pour ces quatre objectifs, en voici la preuve.

01

d’ici à 2015, avoir enrayé la propagation du vih/sida et avoir commencé à inverser la tendance actuelle

Cet objectif peut être interprété de plusieurs manières. Une nouvelle conception de l’épidémie de SIDA indique la tendance à la baisse a commencé en 2000 : le nombre de nouvelles infections à VIH a diminué de 2 % entre 1995 et 1999. La courbe de l’épidémie vient de commencer à fléchir.

Cela signifie-t-il que l’objectif avait été atteint avant sa définition ? Absolument pas.

Le monde faisait face à un nombre extraordinaire de nouvelles infections à VIH : près de 3,0 millions de personnes contractaient le VIH chaque année. En 2000, 10,5 millions de personnes sont mortes des suites des maladies liées au SIDA, et le nombre augmentait chaque année avant que la thérapie antirétrovirale ne produise ses premiers effets en 2005.

Les progrès vers l’atteinte de l’OMD 6 peuvent être mesurés à l’aune des extraordinaires avancées réalisées dans la réduction de l’incidence du VIH et du nombre de décès liés au SIDA. Il est tout aussi important de noter le contraste entre ces progrès et ce qu’aurait été la situation mondiale du SIDA si la communauté internationale n’avait pas agi et avait laissé l’épidémie se

développer : la mort des personnes, un effondrement économique et la multiplication de menaces à la sécurité.

réducTion du nombre de nouvelles infecTions à vih

Le nombre de nouvelles infections à VIH a été réduit de 35 % depuis l’an 2000. Le nombre annuel de nouvelles infections à VIH est passé à 2,0 millions [1,9 million–2,2 millions] en 2014 (contre 3,1 millions [3,0 millions–3,3 millions] 14 ans plus tôt). Dans 83 pays, le nombre de nouvelles infections à VIH a significativement diminué ou est resté identique.

Lorsque l’on compare les 2 millions de nouvelles infections à VIH aux 6 millions qui auraient pu se produire en 2014 si la riposte au SIDA avait été maintenue à son niveau de 2000, on note qu’il s’agit d’une réduction par trois du nombre d’infections potentielles à VIH. Au total, les efforts consentis au niveau mondial ont permis de prévenir environ 30 millions de nouvelles infections à VIH de manière cumulée depuis 2000.

Le taux de diminution des nouvelles infections à VIH a aussi accéléré. Avant la définition des OMD, le taux de nouvelles infections à VIH avait uniquement diminué de 2 % entre 1995 et 1999, tandis

(35)

Cette tendance démontre les bénéfices irréversibles obtenus dans la majorité des pays où des baisses du nombre de nouvelles infections à VIH ont été enregistrées. Ces réductions peuvent être largement attribuées à l’expansion précoce de programmes de prévention du VIH alors que le traitement anti-VIH n’avait toujours pas connu une extension suffisante. Elles se sont produites à un rythme encore plus rapide alors que les véritables bénéfices en termes de prévention du VIH permis par la thérapie antirétrovirale ne se sont réalisés qu’au cours des années suivantes.

Dans plus de 61 pays, le nombre de nouvelles infections à VIH a été inversé de plus de 20 % et l’épidémie a été stoppée dans 22 pays.

Cette dernière a néanmoins augmenté de 20 % ou plus dans 56 pays.

Dans la région la plus affectée par l’épidémie, l’Afrique

subsaharienne, le nombre de nouvelles infections a chuté de 41 % entre 2000 et 2014.

réducTion du nombre de nouvelles infecTions à vih Parmi les jeunes L’un des tout premiers indicateurs adoptés pour mesurer le succès de l’OMD 6 a été la réduction de 25 % du taux de prévalence du VIH chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans. À cette époque, le taux de prévalence du VIH chez les jeunes était considéré comme un substitut à l’évaluation du nombre de nouvelles infections à VIH. Cependant, suite à des améliorations des outils de données, l’incidence (fréquence de nouvelles infections à VIH) est désormais considérée comme le meilleur moyen de mesure.

L’incidence chez les jeunes a été réduite de 37 %. Ces réductions ont été permises par un changement de comportement : de plus en plus de jeunes attendent plus longtemps avant d’avoir leur premier rapport sexuel, ont moins de partenaires sexuels et utilisent des préservatifs. En Afrique de l’Est et dans le sud de l’Afrique, où la vulnérabilité au VIH chez les jeunes femmes et les jeunes filles est la plus élevée, le pourcentage de jeunes filles et de garçons sexuellement actifs avant l’âge de 15 ans a baissé respectivement de 16,6 % à 14,3 % et de 14,5 % à 10,9 %. Le taux d’utilisation du préservatif a augmenté de 21,1 % à 22,2 % chez les garçons et de 21,6 % à 32,5 % chez les jeunes filles au cours de la période d’application de l’OMD.

réducTion significaTive du nombre d’infecTions à vih Parmi les enfanTs L’une des plus remarquables réussites dans la réduction du nombre de nouvelles infections à VIH a été constatée chez les enfants de moins de 15 ans. La communauté internationale est sur le point d’éliminer les nouvelles infections à VIH chez les enfants.

L’expansion rapide des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant a eu un impact sanitaire considérable sur tous les enfants du monde et a contribué aux efforts mondiaux de réduction de la mortalité chez les enfants de moins de 5 ans.

Depuis 2000, les médicaments antirétroviraux ont permis d’éviter environ 1,4 million d’infections à VIH chez les enfants.

Près de 73 % [68–79 %] des femmes enceintes atteintes du VIH dans le monde entier ont reçu un traitement visant à stopper la transmission du VIH à leur enfant. Il s’agit d’un pas de géant comparé à 2009 lorsque 36 % des femmes enceintes recevaient des schémas thérapeutiques efficaces et encore plus par rapport à 2000, année où seulement 1 % des femmes enceintes atteintes du VIH bénéficiaient d’une quelconque forme d’accès à des services de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

nouvelles infections à vih

2014 1995

Nouvelles infections sur la base des niveaux de couverture de l’ART en 2000 et l’absence de prévention

Nouvelles infections à VIH 8 000 000

7 000 000 6 000 000 5 000 000 4 000 000 3 000 000 2 000 000 1 000 000 0

30 millions d’infections évitées entre 2000 et 2014 grâce au lancement de l’ART et à la prévention

décès dus au sida dans le monde entier, de 2000 à 2014

2014 2000

Décès liés au SIDA sur la base des niveaux de couverture de l’ART en 2000

Décès liés au SIDA signalés 3 000 000

2 500 000 2 000 000 1 500 000 1 000 000 500 000 0

7,8 millions de décès évités entre 2000 et 2014 grâce au lancement de l’ART

nombre total d’enfants ayant perdu un ou leurs deux parents en raison de causes liées au sida

2014 2000

Enfants devenus orphelins en raison du SIDA sur la base des niveaux de couverture d’ART de 2000

Enfants déclarés orphelins en raison du SIDA Sources : estimations de l’ONUSIDA de 2014

30 000 000 25 000 000 20 000 000 15 000 000 10 000 000 5 000 000 0

8,9 millions d’enfants non orphelins en raison du SIDA entre 2000 et 2014 grâce à l’extension de l’ART

(36)

Réduction de

8 à 1

du nombre de comprimés à prendre chaque jour

15 millions

de personnes suivant un traitement anti-VIH

Réduction de

42 %

du nombre de décès liés au SIDA depuis le pic de 2004

Division par

100

des prix des médicaments antirétroviraux de première intention

Baisse de

35 %

du nombre de nouvelles infections à VIH

objectif du millénaire pour le développement 6

L’héritage de la riposte au SIDA

Prévention de

7,8 millions

de décès liés au SIDA depuis 2000

Diminution de

58 %

du nombre de nouvelles infections à VIH parmi les enfants

Références

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